Analyse financière adaptée aux daubasses : la solvabilité (4)

4ème partie : la solvabilité

Pour nos daubasses, nous exigeons une solvabilité minimum.

Mais au fait, c’est quoi la solvabilité ? 

La solvabilité permet de vérifier qu’en cas d’arrêt de ses activités, la société pourra bel et bien faire face à ses engagements par la vente de ses actifs. Autrement dit, plus les actifs sont élevés par rapport aux dettes, plus la solvabilité de l’entreprise est élevée.

Un ratio de solvabilité assez connu est le gearing, c’est-à-dire le rapport entre les dettes financières nettes (c’est-à-dire dont on a déduit les placements de trésorerie et le cash de l’actif) et les fonds propres. La doctrine comptable veut qu’idéalement ce ratio soit toujours inférieur à 1.

Quant à nous, nous avons opté pour un ratio de solvabilité proche de ce qu’on appelle le ratio d’indépendance financière mais légèrement adapté à notre sauce.

 

Du ratio d’indépendance financière à notre ratio de solvabilité

Le ratio d’indépendance financière permet de calculer jusqu’à quel point une entreprise est autonome vis-à-vis des tiers pour financer ses activités. Il permet d’établir le rapport de force entre l’entreprise et ses banquiers. On le calcule en divisant les fonds propres par le total du passif.

Nous avons cependant constaté qu’un nombre assez important de sociétés que nous avions en portefeuille détenait une quantité impressionnante de liquidités et de placements de trésorerie. Ces actifs ne sont pas réellement nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise et nous les avons soustraits du total du bilan.

Nous avons donc calculé la solvabilité de nos entreprises sur base de la formule suivante :

fonds propres consolidés / (total du passif* – liquidités et placement de trésorerie)

*fonds propres inclus

Nous avons automatiquement exclu de notre sélection les sociétés qui ne présentaient pas une solvabilité de 40%.

Et en moyenne, notre portefeuille présente un ratio global de 86%. En général, pour une entreprise traditionnelle, un rapport de 25 à 30% est considéré comme satisfaisant.

<< La trésorerie nette (3)

>> L’effet de levier (5)

Barratt Developments PLC

Nous avons acheté, Barratt Developments PLC, Ticker Yahoo : BDEV.L le 26 Novembre 2008

A un prix net de frais de : 50.08
Au 30 Juin 2008 : Son actif Net-Net s’élevait à 516.38 pences

Le Ratio Net-Net est donc de : 0.0970
Au 30 juin 2008 : son ratio de solvabilité s’élevait à : 47.36%

Présentation de la société

Barratt Developments PLC est une société de construction anglaise qui a été fondée en 1958 à Newcastle. En 1968 elle était côté pour la première fois sur le London Stock Exchange.

Barratt Developments PLC déroule aujourd’hui son activité, sur la totalité du territoire anglais. Elle emploie 5 200 personnes et compte 26 divisions.

Barratt Developments PLC développe 4 types de construction : la maison traditionnelle anglaise, la villa familiale, les appartements de luxe et le commerciale

http://www.barrattdevelopments.co.uk/aboutus/

Qu’avons-nous acheté dans cette société ?

Principalement des terrains et des bâtiments en construction, pour une valeur estimée par la direction de 1 393 pences par action. Décomposée comme suis : 900 pences de terrain à Bâtir et 453 pences de bâtiments en construction.

Mais aussi du cash et des paiements à recevoir pour 38 pences par action…

Nous avons donc acheté des actifs courant pour 1 437 pences par action desquels nous avons déduits l’ensemble des dettes soit 921 pencess par action, ce qui correspond a un actif Net-Net de 516 Pence par action, au prix de 50.08 pences. Soit avec une marge de sécurité de 90%.

Barratt Developments PLC est aussi le seul constructeur de notre liste à avoir passé le filtre de solvabilité, avec un ratio de 47.36%. Qui le place donc dans ce secteur de la construction dans la meilleure position pour affronter la crise. D’autres constructeurs comme l’anglais « Taylor Wimpey PLC » affiche un ratio de Solvabilité de 36% quant aux Français « Les Nouveaux Constructeur » et « Capelli », le ratio de solvabilité est de 26%.

Si nous ne pouvons pas exclure la faillite de Barratt Developments PLC, nous constatons également que la société présente actuellement un des plus important potentiel de la liste.

Nous avons vendu nos titres le 13 juin 2013 en multipliant notre mise par 6,28x (bagger) en 1 660 jours.

Quel rendement pouvons-nous espérer de notre portefeuille ?

Les sociétés que nous avons acquises pour constituer notre portefeuille sont très fortement sous évaluées, de cela nous avons la conviction.

Est-ce à dire que nous en retirerons un rendement appréciable ?

Pour répondre à cette question, nous devons nous demander quelle serait la somme que serait prêt à payer un acheteur pour l’ensemble de l’entreprise dans des conditions de marché normales.

A notre avis, le prix minimum que débourserait un acquéreur pour l’entièreté d’une de nos entreprises serait sa Valeur d’Actif Net Tangible (= VANT).

Nous avons vu dans un de nos billets d’analyse financière que l’actif net d’une société est représenté par la valeur de la totalité de son actif moins la totalité de ses dettes.

L’actif net tangible est une notion un peu plus stricte qui reprend la valeur d’actif net de laquelle on déduit les actifs « que l’on ne peut pas toucher » c’est-à-dire le goodwill et les immobilisations incorporelles.

Il s’agit donc d’une valeur très prudente. En effet, une autre approche serait d’analyser le prix que pourrait payer l’acquéreur d’une entreprise sans avantage compétitif particulier. Il s’agirait de la valeur de renouvellement de l’actif. Celle-ci est bien supérieure à la valeur d’actif net tangible.

Nous avons calculé la valeur d’actif net tangible pondérée de l’ensemble de notre portefeuille et rapporté cette valeur au coût d’acquisition de nos actions : la valeur d’actif net tangible est 4,5 X supérieur à nos prix de revient.

Nous avons ensuite estimé que 10 % de nos sociétés allaient disparaître et connaître la faillite. Nous avons également estimé que les sociétés « survivantes » allaient connaître en moyenne une baisse de la valeur de leur actif net tangible de 10 autres pourcents. Ces deux décotes laissent à notre portefeuille un potentiel d’appréciation de 266 % …

Il y a cependant un point que nous ne pouvons déterminer, c’est celui de savoir quand Mr Market connaîtra la fin de sa crise de maniaco-dépressivité.

  • Sera-ce dans 20 ans ? Dans ce cas, notre rendement sera de 6,7 % par an
  • Sera-ce dans 10 ans ? Dans ce cas, notre rendement sera de 13,9 % par an
  • Sera-ce dans 5 ans ? Dans ce cas, notre rendement sera de 29,6 % par an
  • Sera-ce dans 3 ans ? Dans ce cas, notre rendement sera de … 54 % par an.

Bon évidemment il faut prendre ce raisonnement « cum grano salis » : il ne s’agit que d’un scénario, nous avons une conviction raisonnable qu’il pourrait se dérouler de cette manière mais ce ne sont que les joyeux boursicoteurs d’un club d’investissement qui l’écrivent, pas Benjamin Graham ou Warren Buffett …

<< Cas particulier des émissions d’options

>> Finance comportementale : L’effet « moutonnier »