Questions des lecteurs (1) : Pourquoi votre portefeuille est-il si diversifié ?

De nombreux lecteurs nous adressent par courrier des questions souvent pertinentes.

Ceci nous permet d’ouvrir une nouvelle rubrique qui reprendra les questions fréquemment posées et les réponses que nous tentons d’y apporter. Précisons d’emblée que c’est pour nous une manière d’exposer notre philosophie d’investissement mais certainement pas d’asséner des vérités absolues.

Voici donc une question qui revient assez fréquemment lors de nos échanges que nous avons avec vous, lecteurs de ce blog :

« Pourquoi votre portefeuille est-il si diversifié ? »

L’immense Warren Buffett n’éprouve que peu de considération pour la diversification : « la diversification est requise quand on ne sait pas ce qu’on fait » a-t-il dit un jour.

La majorité des daubasses que nous achetons sont en fait des micro-caps américaines. Comment, nous, boursicoteurs du dimanche, européens francophones de surcroît, pourrions-nous analyser « à fond » ces sociétés ?

Connaître « à fond » une entreprise pour pouvoir dire « je sais ce que je fais », cela suppose :

– Évaluer la direction, son intégrité, sa liberté de parole, sa compétence, sa détermination à créer de la valeur « actionnaire », sa stratégie à court, moyen et long terme.

– Évaluer les produits de l’entreprise et le potentiel du marché dans lequel elle est active

– Déterminer comment le management analyse les coûts et comment il les maîtrise

– Connaître le niveau de motivation des travailleurs de l’entreprise

– Repérer comment l’entreprise pourra assurer sa croissance ou améliorer ses marges

– Reconnaître la force de frappe commerciale et la qualité de son équipe de vente

– Évaluer l’efficacité des efforts de recherche et développement

– Connaître l’environnement légal et fiscal dans lequel évolue l’entreprise et déterminer son impact sur la marche des affaires

– Vérifier la présence, la pérennité et la solidité des barrières contre la concurrence

– ……….

Toutes ces points, nous n’avons ni le temps ni les moyens de les analyser.

Et donc, si « nous ne savons pas ce que nous faisons », au moins cela, nous le savons … comme aurait pu le dire l’illustre Jean Gabin.

Prenant conscience de cela, nous avons donc souhaité nous protéger contre notre propre ignorance et ce, de deux manières :

– en acquérant des sociétés présentant sur papier d’énormes marges de sécurité
– et, nous y venons enfin, en diversifiant au maximum afin que les erreurs dues à notre méconnaissance soient diluées au sein de notre portefeuille.

La forte sous évaluation globale des sociétés en portefeuille nous a amené à estimer que de nombreux « bagger » (cours de vente représentant un multiple du prix d’achat) étaient tout-à-fait envisageables. Chaque fois que la liste produit un bagger, cette société supporte une faillite possible. Donc, par exemple, un « 4 bagger’s » comme WPT Enterprise couvre le risque de 3 faillites possibles. Avec 25 sociétés minimum, l’équilibre est donc fortement présent selon nous.

Brederode : le « Berkshire Hathaway belge »

Nous n’avons pour vous, cher lecteur, aucun secret … du moins en ce qui concerne notre politique d’investissement …

Outre les « daubasses » qui représentent une bonne part de nos portefeuilles personnels, nous chassons aussi, pour notre propre compte, du gibier un peu plus qualitatif mais toujours dans une optique « value ». Cette chasse présente un double but : équilibrer nos portefeuilles afin de ne pas être surexposés à des sociétés type « mégots de cigare » comme le sont les daubasses mais aussi nous préparer à « l’après daubasse » qui arrivera tôt ou tard.

Dans cette optique, nous nous sommes penchés sur une société holding belge, gloire déchue de la cote de Bruxelles : Brederode. Continuer la lecture de Brederode : le « Berkshire Hathaway belge »

Trouver son style !

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Pensez-vous que Walter Schloss investirait, tout comme Warren Buffett dans Coca Cola ?
Est-ce que Warren Buffett investirait dans Toyota comme Marthy Whitman ?
Et Marthy achèterait-il des actions de Horlogic comme Irving Kahn ?

Peter Lynch a détenu jusqu’à 1 400 lignes en portefeuille là où Walter Schloss en détenait une centaine et Phil Fischer rarement plus de 7 ou 8.

Philip Fischer mettait l’entretien avec la direction au centre de sa décision d’investissement alors que Peter Lynch dénichait ses idées dans la vie de tous les jours et que Walter Schloss avouait ne presque jamais quitter son bureau.

Tous ces investisseurs sont catalogués « value » et considérés comme parmi les meilleurs de leur génération et pourtant, le type d’actions en portefeuille, leur taux de rotation ou leur nombre de lignes sont totalement différents.

Tout simplement parce que chacun d’entre eux a son propre style.

Si nous pouvons tirer un grand nombre d’enseignements en observant ces grands investisseurs, il est inutile de tenter de les copier.

Chacun aimerait investir comme Warren Buffett. Quoi de plus normal : c’est le plus grand et le meilleur d’entre nous, les investisseurs « dans la valeur ». Et pourtant, l’oracle d’Omaha lui-même a mis un certain temps à trouver son style. Il paraît qu’il s’est même essayé un certain temps au chartisme.

Le problème est que Warren est unique, qu’il a toujours un coup d’avance sur nous, qu’il a une expérience de l’investissement de près de 60 ans et, quoi qu’il s’en défende, une intelligence très au dessus de la moyenne. De plus, il dispose de moyens financiers que nous, petits boursicoteurs du dimanche, n’avons pas.

Autrement dit : seul Buffett peut faire du Buffett et vouloir le copier revient à tenter l’escalade de l’Everest avec une paire de tong …

Cependant, nous avons, chacun d’entre nous, des qualités qui nous sont propres et qui peuvent nous être utiles afin d’optimiser nos activités d’investisseur. Le plus important est de les découvrir et d’adapter sa politique d’investissement à ces qualités. Bref, il faut TROUVER SON STYLE.

Ce n’est certes pas une chose facile dans notre société faite d’un savant mélange de « star system », de crainte du « qu’en-dira-t-on » et de narcissisme. Et pourtant cette démarche nous semble très importante pour réussir ses investissements : faire sa propre introspection et sentir ce que l’on aime faire, ne pas écouter le troupeau des brebis bêlantes et la meute des loups hurlants, ignorer les medias, les pubs et pseudos gourous. Bref s’assumer …

Parfois, Mr Market n’est pas totalement irrationnel …

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… domage !

Souvenez vous cher lecteur. Vet’Affaires avait lancé une offre de partielle de 350 000 de ses titres au prix de 13 euros (prix qui , reconnaissons le n’était pas le plus généreux qui soit en rapport à la valeur intrinsèque de l’entreprise).

Nous avons appris hier que cette offre avait rencontré un succès … disons … mitigé et c’est un euphémisme ! 5 571 titres ont été déposés soit à peine plus de 0,3 % du capital.

Toutes nos belles évaluations en prévision de la réussite de l’OPRA sont donc à l’eau. Ne reste plus aux pauvres chasseurs de daubasses qu’à se rabattre sur la valeur « normale » de l’entreprise, valeur qui reste tout de même conséquente.