« Small is beautifull » ou « tout ce qui est petit est gentil »

les-plus-grosses-bourses-du-mondeDe temps à autres, des lecteurs nous interpellent sur la taille relativement réduite des sociétés dans lesquelles nous investissons, arguant du fait qu’en cas de « coup dur », il pourrait être difficile de nous dégager rapidement.

Le fait d’être investi en small cap, voir en micro cap, n’est pas une volonté délibérée au départ : si nous trouvions un jour  une action  du CAC 40 ou du Dow Jones sous évaluée, nous n’hésiterions pas longtemps à l’acquérir.

Malheureusement, plus les sociétés sont grandes (en terme de capitalisation boursière), plus elles sont suivies par les analystes et les gérants de fonds  et, comme ceux-ci ne sont pas totalement idiots,  plus la valeur de marché de la société se rapprochera de sa vraie valeur.

Nous sommes donc obligés, tout comme notre ami Franck, d’explorer la jungle hostile et inhospitalière, du moins en apparence, des lilliputiens de la bourse.

Outre l’avantage mentionné ci-dessus qui consiste en la possibilité de rencontrer sur ces marchés un grand nombre d’inefficiences en raison du désintérêt volontaire ou non des « gros » investisseurs,  nous y voyons deux autres avantages :

–         le taux de croissance des petites sociétés est souvent supérieur à celui des grosses sociétés

–         et surtout, pour les chasseurs de daubasses que nous sommes, ces « pygmées  de la bourse » peuvent plus facilement être « avalés » par des prédateurs plus gros qu’eux.

Ces deux derniers points ont permis aux small cap de surperformer les big caps sur de longues périodes.

En témoigne, cette étude de Rolf Banz, « Chief Investment Architect » pour la prestigieuse maison Pictet.  Cet économiste a étudié le rendement de l’ensemble des sociétés cotant sur le NYSE de 1926 à 1980, en fonction de leur capitalisation boursière.

Et le résultat de son étude est édifiant : un investissement annuel systématique dans les entreprises parmi celles dont la capitalisation est la plus faible (en réalité le dernier quintile de l’échantillon)  aurait généré un rendement annuel 12,1 % là où les bigs caps (le 1er quintile de l’échantillon) n’auraient généré que 8,9 % de rendement annuel.

Cela n’a l’air de rien mais 100 dollars placés pendant 20 ans en small cap aurait rapporté un capital de 982 dollars alors que la même somme investie sur les ténors de la cote américaine n’aurait généré pour son propriétaire qu’un capital final de 550 dollars.

Vous comprenez peut-être à présent, cher lecteur, pourquoi l’inconvénient représenté par une faible liquidité se trouve, selon nous, largement compensé par le double avantage que représente l’investissement dans une action à faible capitalisation boursière : la possibilité de dénicher les plus belles histoires de maniaco dépression de Mister Market couplée à un potentiel « naturel » de hausse plus élevé.

16 réflexions au sujet de « « Small is beautifull » ou « tout ce qui est petit est gentil » »

  1. Bonjour l’équipe des daubasses,

    Je souhaite vous entretenir au sujet de l’intérêt d’utiliser les screeners et des paramètres afin de détecter
    des business sous évalués selon Benjamin Graham. Voici une stratégie possible qu’en pensez-vous?
    Vos commentaires seront les bienvenus. Bien sûr à chacun de faire par la suite ses devoirs.

    Tout d’abord utilisons le screener du site: http://www.stockinvestingpro.com/
    Ensuite, entrons les paramètres suivants on sélectionne les small caps
    1) Concernant le prix des actions, on peut commencer avec des prix à partir de 3 dollars minimum

    2) Price/Book Ratio

    Il semble que beaucoup de candidats ont un P/B en dessous de 1. Avec un P/B maximum de 0.8 afin d’éliminer
    les candidats qui ne respectent pas les critères de Benjamin Graham.

    3)Price/Sales Ratio
    L’expérience montre que les candidats ( net net) ont un ratio P/S assez bas, disons sous 0.2 avec un maximum de 0.4 pour essayer de rentrer dans les critères de B Graham.

    4) le ratio Debt/Equity
    Les net net se trouvent généralement avec des ratios autour de 0.1 plus on baisse le ratio plus on pourra trouver des candidats.

    Et vous, les daubasses, pouvez vous nous mettre un peu la puce à l’oreille en utilisant les screeners de façon intelligente
    afin de trouver nos premiers mégots de cigares ( encore fumables!!). Je sais ce que vous allez dire: sacré choukri, cest un curieux celui-là:
    chers daubasses j’assume pleinement, car selon moi un chercheur de daubasses doit être tout le temps à l’affut!!

    Au plaisir de vous lire

  2. Bonjour l’équipe des daubasses,

    Je suis d’accord avec vous sur les côtés pernicieux des screener si on se contente d’en rester là.
    Comme je le disais, il faut bien sûr faire ses propres analyses car le screener ne vous donne des résultats
    qu’en fonction des paramètres que vous lui avez indiqué. Etant moi même joueur d’échecs, j’utilise souvent
    les bases de données pour faire des filtres sur des parties, des variantes et des positions que je compte jouer par la suite.
    Ensuite, je fais mes propres analyses ( en approfondissant la position afin de mieux la comprendre: analyse des forces et des faiblesses).
    En effet, lorsque je joue en compétition je ne me contente pas de débiter les 15 premiers coups de l’ouverture, car si on n’a pas compris comment traiter la position on risque de faire n’importe quoi dès le 16 ème coup et même perdre la partie. Pour les screeners c’est un peu le même process.
    Mais mon propos était plutôt de savoir s’il est ( selon vous) possible d’utiliser de façon plus fine les screeners pour essayer
    de trouver des bons candidats? en effet, le screener possède 150 critères ce qui est énorme, quels critères pourrais je ajouter?
    J’ai indiqué des intervalles de chiffres pour les critères choisis ( ratio dette, ratio P/B etc…) sont ils vraiment pertinents
    pour la détection des net net ( faut il les augmenter ,les baisser).
    Je sais que je suis sur la bonne voie, mais il manque quelque chose dans mon raisonnement ( personne n’est parfait).
    A part les screeners je cherche dans les portefeuilles d’Amiral gestion, Irving Kahn ,M Whitman,les « 50 Most Undervalued Stocks of 2010 »
    par Zack Buckley ( notamment les pharmaceutiques chinoises: je me tape les rapports fi). J’essaie de voir si ce Zack Buckley ne raconte pas
    que des conneries!!
    Allez les daubasses je dois y aller: je termine l’analyse de 3 super daubasses et on en parle si vous voulez.

    1. Bonjour Choukri,

      Les critères que vous proposez sont intéressants. Nous, nous travaillons surtout sur base de l’évolution du cours sur les 2 ou 3 dernières années, fidèle à la méthode de Walter Schloss. Les screener sont un outil de rapide de sélection mais on peut passer à côté de très belles opportunités parce que le screener « ne dit pas tout ».

      Ceci dit, les portefeuilles des gérants de fonds peuvent servir de « boîte à idée » très intéressante, du moins parmi ceux que nous respectons.

  3. bonsoir à tous

    3 petites questions
    -connaissez vous un logiciel gratuit (ou un site gratuit) qui permet d’utiliser un screener (et de le parametrer individuellement)?

    -ensuite avez vous une idée du temps que vous passez pour juger si une société vous interesse?

    -enfin quel doit être le niveau de compétence qu’un lecteur lambda doit maitriser pour chercher, pour etudier d’une manière plus personnelle et au final pouvoir trouver une société « daubasienne »

    merci et bonne continuation

    1. Bonjour Joe,

      1. Choukri vous en propose un dans son commentaire précédent
      2. pour le moment, nous achetons des sociétés sur base de leur « valeur à casser ». Nous pouvons donc nous contenter d’analyses assez sommaires. En général, si la société correspond bien à ce que nous cherchons, 4 à 5 heures de travail suffisent. Mais évidemment, il faut compter le temps que nous passons sur les sociétés que nous ne sélectionnons pas finalement … et en général, nous en rejetons 3 à l’eau pour une que nous conservons dans notre épuisette.
      3. difficile de mesurer un niveau de compétence. A notre avis, il faut beaucoup d’expérience et s’être « cassé la figure » quelques fois pour tirer les bons enseignements. Mais il faut aussi des compétences assez poussées en analyse de bilan et en comptabilité (rassurez-vous, ça peut s’acquérir moyennant pas mal de lecture). Malgré tout, le fait que l’un d’entre nous ait une expérience professionnelle assez longue, passant par tous les échelons de la finance d’entreprise est probablement un réel plus par rapport à l’approche purement théorique dont nous aurions dû nous contenter.

  4. Bonjour,

    Vos performances depuis novembre 2008 sont enormes ,mais pensez vous qu’à l’avenir vous serez apte à maintenir de tels taux de rdt ?.

    Une strategie comme la votre peut faire combien de % non pas sur 2 ou 3 ans mais sur plusieurs decennies ?

    Merci

    Sébastien

    1. Bonjour Sébastien,

      Si vous nous lisez depuis quelques temps, vous vous doutez qu’il nous est impossible de répondre à pareille question. La seule conviction que nous avons, c’est que cette approche permet de faire mieux que la moyenne sur le long terme. Mais ne nous demandez pas quel sera notre rendement cette année ou même pour les 10 années qui viennent.

      Pour cette année, nous n’avons aucune idée, pour les 10 ans qui viennent, nous pensons battre significativement l’indice qui nous sert de référence (le msci world dividendes inclus). Désolé pour cette « réponse de normand faite par des Belges » mais c’est la seule que nous pouvons vous donner avec un certain réalisme.

    1. Au sujet de Greenblatt, ici aussi, si vous nous suivez depuis quelques temps, vous devez vous douter de notre réponse :

      1. Evaluer sur base du modèle de Greenblatt, c’est bien mieux que ne rien évaluer du tout
      2. Avec le modèle de Greenblatt, on s’intéresse à la rentabilité de l’entreprise et non à ses collatéraux (actifs qui garantissent l’investissement), ce qui est contraire à notre approche puisque nous privilégions quant à nous ces fameux actifs.
      3. l’idée d’utiliser une méthode purement automatique sans nuance nous rebutte un peu. Par contre, utiliser le modèle de Greenblatt APRES avoir analysé consciencieusement la société peut, éventuellement, avoir du sens.

      Ceci n’est évidemment pas une critique par rapport à cette approche qui a largement fait ses preuves mais c’est surtout pour expliquer qu’elle ne correspond pas du tout à notre tempérament.

  5. Bonjour à tous,

    Je rebondis sur votre dernier message l’équipe des daubasses. En parlant de « quantité de pièges », ne pourriez-vous pas créer justement un article là-dessus, qui listerait tous les pièges que vous avez rencontré et donner une piste/façon de les éviter (que faut-il regarder en priorité ? où faut-il chercher tout cela ?) ?

    Vous pourriez peut-être aussi revenir sur vos « erreurs » concernant par exemple New Dragon Asia, qui vous ont permis de prendre conscience de certains « attrape-couillons » (par exemple, vous pourriez indiquer le rapport et la page dans laquelle vous avez trouvé l’info de manière à faire prendre conscience à vos lecteurs que la recherche de daubasses ne peut en aucun cas s’avérer 100% automatique).

    Merci pour votre blog toujours aussi intéressant et enrichissant!

    Bonne continuation à vous et bons investissements!

    Edouard

    1. Bonjour Edouard,

      En tant qu’abonné, vous avez pu lire, dans l’analyse à votre disposition en zone premium, quelles sont les erreurs que nous avons commises sur New Dragon Asia. A l’occasion, nous reviendrons sur ces erreurs à ne pas commettre mais vous en avez déjà un aperçu ici : https://blog.daubasses.com/2009/09/22/double-question-des-lecteurs-que-pensez-%e2%80%93-vous-des-screeners-est-il-possible-de-creer-un-portefeuille-de-%c2%ab-daubasses-%c2%bb-avec-une-base-de-donnees/

  6. Bonjour l’équipe des daubasses,

    Un professeur en comptabilité de l’université de Chicago Joseph Piotroski remarque que
    les actions style value ( voire daubasses) rencontrent assez souvent des difficultés ( problèmes
    à surmonter les insuffisances de ressources financières).Partant de ce constat, il a essayé d’améliorer la
    performance d’un portefeuille orienté « value » en éliminant les actions les moins solides sur le plan financier.
    Pour cela, il a mis au point un système de scoring pour évaluer une action en se basant exclusivement sur les
    rapports financiers. Pour lui une action doit passer une série de 9 tests pour que l’action survive ( il faut réunir au moins 8 points/ 10).

    D’après son étude sur 20 ans, les entreprises qui réunissent 2 points ou moins ont 5 fois plus de chances de connaître une
    faillite: voici le lien: http://www.grahaminvestor.com/articles/quantitative-tools/the-piotroski-score/
    Qu’en pensez vous? est ce que cette méthode est trop automatique?
    Ou bien, les ratios de solvabilité, dettes sont ils suffisants?

    1. Loin de nous l’idée de critiquer la méthode de cet illustre professeur, mais une chose est certaine : si nous avions appliqué à la lettre ses critères en exigeant que les sociétés dans lesquelles nous investissons obtienne un score de 5, notre rendement aurait été nettement moindre (ce qui, en soi, ne constitue pas une preuve que la méthode soit mauvaise). Nous avons l’impression que cette « check list » donne un faux sentiment de sécurité à l’investisseur.

      De plus, la plupart des critères se basent sur une comparaison entre deux exercices, ce qui est contraire à la philosophie de Benjamin Graham qui préconise une durée plus longue.

      Non, décidément, nous préférons notre approche qui base l’essentiel de la décision d’achat sur les actifs, la qualité des stocks et des créances, les risques de dilutions, le hors bilan et l’endettement. Tous les ratios de rentabilité utilisés par ce brave Joseph ne nous inspirent guère …

  7. Bonjour l’équipe des daubasses,

    Effectivement, j’ai pensé à la même chose que vous: à partir du moment ou l’on achète des NCAV (pardon, je voulez dire des daubasses!)
    avec « une marge de sécurité » importante et qu’on adopte une diversification appropriée ( 30 actions comme le préconisait cher B Graham)
    et les ratios de solvabilité qui vont avec, on n’a pas besoin d’aller très loin dans l’analyse ( c’est ce que disait B Graham).
    Au fait, puisque je vous parle: j’ai lu l’interview de M Whitman qui date du 27/02/2010 et il explique que les NCAV deviennent de plus en
    plus rares et c’est pour cela qu’il a réajusté la méthode de Graham avec la VANE ( valo de certains actifs cachés ). Si mes souvenirs sont bons, il me semble que vous avez parlé de cela et qu’un lecteur a dit que c’était « farfelu ». Selon moi, c’est plutôt intelligent d’aller chercher
    la valeur ou elle se trouve et il n y a rien de farfelu à essayer de valoriser des actifs dans la société mais qui sont cachés.

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