C’est la somme, impressionnante et pharaonique, détenue par les belges sur leurs célèbres « livrets-intérêts ». Plus de 60 % de la dette publique ! … ou environ 20 000 euros par habitant, nourrissons inclus. Mais le plus impressionnant, c’est l’augmentation de cet en-cours : près de 50 % en deux ans !
En France, les (plus ou moins) équivalents livrets A, LDD ou LEP sont à peine moins populaires.
S’il nous semble normal qu’après la gifle infligée en 2008 par les marchés, les fourmis soient devenues prudentes, nous avons tout de même quelques difficultés à comprendre que nos concitoyens se soient à ce point résignés à perdre de l’argent.
Perdre de l’argent ?
Et oui, cher lecteur, les taux offerts pour ces placements dépassent rarement les 2 % alors que l’inflation a atteint, en janvier au sein de la zone euro, les 2,4 % (et 3,2 % en Belgique ! ). L’épargnant est donc certain, en plaçant son précieux bas de laine dans ce genre d’instrument, de perdre du pouvoir d’achat avec la régularité d’un métronome.
Nos concitoyens seraient-ils subitement devenus tous des spécialistes de la macro économie en anticipant un retour prochain de la déflation ? Une telle période serait effectivement propice aux investisseurs pour lesquels « cash is king ».
Non, à notre humble avis, le succès des livrets s’explique par le fait qu’ils apparaissent comme étant les placements les moins risqués : l’argent est rapidement disponible, la valeur marchande n’est pas soumise à de la volatilité et le Fonds de protection des dépôts veille …
Peut-être aussi est-ce dû plutôt au manque de culture financière des épargnants de nos contrées qui leur ferait, par exemple, confondre « volatilité » et « risque » …
Dans ce cas, nous pensons que ce serait dommage. Dans l’équipe des Daubasses, nous sommes de farouches partisans de ce que l’on appelle le « capitalisme populaire ».
Non, le capitalisme n’est pas réservé aux « gros ».
Nous pensons que chacun devrait, tout au long de sa vie et ce, dès son plus jeune âge, acquérir d’infimes portions d’entreprises.
Dans notre monde où le système de Ponzi de la pension par répartition est de plus en plus remis en question par la réalité démographique et mathématique, financer sa retraite par soi-même et grâce aux bénéfices générés par des parts d’entreprises que l’on aurait accumulé tout au long d’une vie nous semble un geste bien plus citoyen que de laisser le financement des retraites de manière lâche et irresponsable, à nos petits-enfants.
La participation d’un plus grand nombre au capital des sociétés permet aussi une démocratisation des décisions économiques (nous avons encore en mémoire le « putsch » des petits actionnaires d’Eurotunnel ou les Assemblées Générales houleuses de la défunte Fortis).
Enfin, le capitalisme populaire mettrait fin à une lutte des classes qui, aujourd’hui encore, n’est pas morte. Si les travailleurs détiennent une part des outils de production (que ce soit par l’intermédiaire d’actions de leur propre employeur ou d’autres entreprises), ils comprendront enfin que les intérêts des entreprises et ceux des travailleurs ne sont pas fondamentalement opposés, contrairement à ce que certains, bien (ou mal ?) intentionnés veulent faire croire.
Mais pour promouvoir ce capitalisme populaire, il faudrait dégonfler cette « bulle du livret » en commençant par cesser de l’avantager fiscalement par rapport à des placements plus participatifs …
.