Ecomérage : Le plus vieux métier du monde ou presque… !

Comme vous le savez très certainement cher lecteur, la pierre angulaire de l’investissement, chez les Daubasses sous influence de Benjamin Graham, c’est la comptabilité. Et plus précisément un instantané de la santé de l’entreprise sous la forme d’un document comptable, aujourd’hui « PDFérisé », disponible en un clic et présenté chaque trimestre dans  les rapports de gestion.

Cette semaine, nous nous sommes finalement demandés qui avait bien pu inventer la comptabilité, depuis quand et jusqu’où remontaient ses racines.

Nous vous proposons donc dans cet écomérage un petit condensé de l’histoire de la comptabilité.

Ce qui est assez interpellant, c’est que l’invention de la comptabilité a précédé l’invention de l’écriture de trois siècles. On peut donc en déduire que l’homme a su compter bien avant d’écrire. Sans doute parce que c’était plus facile.

En fait l’invention de la comptabilité remonterait à 3600 avant Jésus Christ alors que celle de l ‘écriture remonterait quant à elle à 3300 années avant Jésus Christ.

Si nous faisons un petit calcul rapide, le premier janvier 2012, nous pourrons boire une petite coupe aux 5012 ans de la comptabilité. Sans nul doute le comptable est un candidat sérieux au titre de plus vieux métier du monde et si ce n’est pas le plus vieux métier du monde, on peux sans doute avancer sans gros risque de se tromper que la comptabilité est dans le top 5 des plus vieux métiers du monde. Tout un honneur !

L’histoire de la comptabilité a en fait commencé au milieu du quatrième millénaire avant notre ère à Sumer, entre le Tigre et l’Euphrate, où l’on a retrouvé les premiers témoignages écrits de l’inventaire de biens et de l’enregistrement d’échanges au moyen de tablettes d’argile gravées de pictogrammes. Ces comptes sont du type « à postes superposés », comportant les augmentations en haut et les diminutions en bas.

On a plutôt du mal a s’imaginer l’investisseur de l’époque commandant sa tablette d’argile pour consulter les comptes d’une « net-net ». Plusieurs problème devaient se poser.  Tout d’abord pour le facteur qui devait faire sa tournée en semi-remorque et surtout pour l’investisseur. Si comme votre chère équipe, l’investisseur de l’époque lisait plusieurs centaines de rapports annuels par an, où le stockait-il après lecture ? Une ou deux tablettes d’argile pour décorer un bureau peuvent éventuellement faire un très esthétique décor antique mais des centaines, ça devient tout de suite plus délicat ! Voyons la suite…

 

Quelques centaines d’années plus tard, les Egyptiens ont suivi une voie analogue à celle des Sumériens. La tenue comptable était bien sûr le domaine réservé des scribes. Au départ, seul le support d’écriture est différent : le papyrus, plus léger et plus maniable que les tablettes d’argile, est également plus sensible aux dégradations. Mais les scribes ont su faire évoluer les techniques comptables au fil du temps. C’est notamment eux qui ont imaginé les premiers la méthode des « comptes à colonnes séparées ». Plus tard, les Egyptiens de la période hellénique, qui savaient enregistrer des recettes, des loyers et des dépenses, ont montré qu’ils savaient également falsifier des comptes ou effectuer des enregistrements fictifs pour redresser certaines situations douteuses !

Et m… ! Et nous qui nous imaginions que la falsification comptable avait été inventée par les Yankee d’Enron ou de WorldCom, voire par les belges de Lernout et Hauspie ou les italiens de Parmalat, voire plus proche encore par les chinoiseries cotées sur les bourses US, voilà que nous apprenons ici que ce sont ces sacrés scribes égyptiens qui ont inventé l’art de faire avaler des couleuvres à l’investisseur. Toutefois l’avancée de taille est le support : le papyrus qui permettait à l’investisseur boulimique, à la recherche d’occasions, de ranger cela dans sa bibliothèque et donc bien entendu de pouvoir calculer la valeur d’une « VANTRe » en disposant des rapports des 10 dernières années.  Bon et ensuite…

La comptabilité grecque fut également très développée puisque les offrandes aux dieux se devaient d’être comptabilisées sur des plaques de marbre ou de calcaire (on en a retrouvé de nombreux vestiges). Au-delà de sa fonction religieuse, la comptabilité avait bien sûr en Grèce comme ailleurs une fonction économique. Les Grecs ont du reste étés les premiers à doter la comptabilité de la technique du virement (en mouvementant un même compte « tiers » en positif et en négatif pour éviter les transports de valeurs).

Même si nous considérons le support en marbre ou en calcaire comme une régression,  force est de constater que les Grecs parviennent à offrir à la comptabilité une dimension spirituelle de taille que nous n’imaginions même pas. Nous pouvons aussi en déduire qu’il s’agit en fait des premiers balbutiements d’une comptabilité macro-économique. En effet, l’investisseur de l’époque pouvait conclure, en lisant ces plaques de marbre, que plus il y avait d’offrandes aux dieux, plus la prospérité, voire le trend économique global, était positif et inversement. Au-delà de cet aspect spirituel, nous saluons l’invention de la technique du virement évitant ainsi les transports de valeur. Il faut toutefois savoir qu’à cette époque, des centaines de sociétés de transport de fonds ont fait faillite, le tout précédé comme toujours de grève au finish.  Tout s’est donc terminé de manière chaotique comme vous pouvez l’imaginer… Après c’est nous…. !!!!

La civilisation latine a quant à elle été la première qui a commencé à mécaniser le calcul, à l’aide de l’abacus, composé d’une table qui comporte plusieurs rainures parallèles, figurant les ordres de chiffres, dans lesquelles on pouvait faire glisser des petits cailloux et on obtenait ainsi l’équivalent romain des bouliers asiatiques.

La chute de l’Empire romain marque le début d’une période de recul des échanges. Le volume des transactions diminue considérablement, et les techniques commerciales et comptables périclitent.

On comprend donc que, comme les asiatiques de l’après-guerre, nous avons cette fois copié les calculatrices des asiatiques.  L’histoire n’est donc qu’une éternelle répétition de copies d’un bout à l’autre de la planète et depuis toujours, copies que l’on essaye d’améliorer. Mais nous jugeons quand même la technique des petit cailloux des latins assez flexible… Par exemple dans le cas où vous oubliez votre calculette à base de petit cailloux, il vous suffisait de vous arrêter dans un sentier caillouteux pour faire comme si de rien n’était ! Nettement plus pratique qu’une Texas Instrument que l’on a oubliée dans le tiroir du bureau !

Nous pouvons aussi comprendre que le premier krach de l’histoire n’est pas le krach des tulipes comme les historiens en finances nous le répètent à chaque explosion de bulle mais bien celui de la chute de l’Empire romain. Et cela entérine aussi une fois pour toute l’idée que les Latins sont capables du meilleur comme de l’inévitable « bordel ».

Pour poursuivre avec le meilleur de l’esprit latin, il faut quand même savoir que nous avons finalement définit les techniques comptables héritières directes des techniques d’aujourd’hui.

Au fil des siècles, les négociants italiens se réapproprient les techniques antiques. Ils finiront même par dépasser les techniques anciennes par la mise en place de « tableaux par type d’opération », qui présentent le débit et le crédit sur deux colonnes.

Vers la fin du XIIIième, les Vénitiens et les Florentins tiennent des comptabilités encore plus complexes : un compte par « client » ou par « fournisseur », chacun avec son débit et son crédit. Ils passent deux écritures pour chaque opération : une sur ces comptes « clients » ou « fournisseurs » et une sur le compte de caisse. Chaque écriture a obligatoirement une contrepartie. Le compte débité doit être égal au montant du compte crédité. C’est la naissance de la comptabilité en partie double appelée à ses débuts « méthode comptable vénitienne ».

Voilà donc enfin que surgit à travers les siècle cette idée de bilan, compte de résultat et flux de trésorerie dont nous nous régalons encore aujourd’hui. Il ne reste plus pour conclure qu’a vous présenter celui que nous pouvons considéré comme le père de la comptabilité.

A partir de la fin du XIVième, des savants, des intellectuels et des mathématiciens vont commencer à rédiger traités de comptabilité, comme Luca Pacioli.

Luca Pacioli est un fils d’artisan, placé très jeune chez un marchand de vin ou il apprend le commerce. Il entre ensuite dans les ordres pour pouvoir s’adonner à l’étude des mathématiques. Il publie en 1490 une œuvre majeure, la « Summa di arithmetica, geometrica, proportione et proportionalita ». Cet ouvrage, dont on peut traduire le titre par « Traité d’arithmétique, de géométrie, des proportions et de la proportionnalité » n’a pas un contenu exclusivement arithmétique  puisqu’on y lit aussi de longs développements sur les usages des marchands dans les principales régions du monde, ou sur la manière dont il convient de gérer une entreprise.

Dans le domaine comptable, Luca Pacioli n’invente rien. Il expose simplement dans un langage simple et compréhensible par tous les détails de la « méthode vénitienne », qui supposait selon lui l’utilisation de trois livres de comptes : le mémorial, le journal et le grand livre. Luca Pacioli explique la préparation et la tenue de ces livres, comment les ouvrir et les fermer (de préférence chaque année), comment rectifier les erreurs en passant des contre-écritures, comment tirer sa balance et constater le bénéfice ou le déficit. Il explique comment la fonction d’enregistrement chronologique est réservée au journal, la fonction d’enregistrement analytique est le domaine du grand-livre et la fonction de vérification est dévolue à la balance. Il donne même quelques conseils pratiques pour la tenue des archives !

Les grands principes comptables étant posés, la méthode comptable n’évoluera plus guère au fil des siècles. Seules les techniques d’organisation comptables évolueront encore significativement.

Ce qui nous a finalement le plus frappé, c’est cette filiation que nous trouvons assez étonnante avec la comptabilité grecque.  Rappelez-vous :  les Grecs comptabilisaient leurs offrandes aux dieux. Luca Pacioli, le père de la comptabilité  trouve l’inspiration en menant une vie monacale.

Pouvons-nous encore à ce stade, avoir des doutes sur le caractère sacré de la comptabilité, d’un bilan ou d’un rapport annuel ?

Chez les Daubasses c’est très clair, nous répondons non, plus aucun doute !

Si par contre vous hésitez encore ou ne parvenez pas à trouver de réponse satisfaisante, nous espérons qu’au moins, cette histoire condensée de la comptabilité vous permettra de briller dans un cocktail, entre amis : au lieu de poser la sempiternelle question « savez vous qui est le père de l’analyse financière? », demandez plutôt qui est le père de la comptabilité…

sources : http://www.fiduciaire-lpg.lu/histoire_comptabilite.html

 

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