« Nous allons tous mourir »

Même si c’est le genre de chose qui nous attends tous, ce n’est pas l’équipe des daubasses qui vous annonce cela, c’est plutôt l’ambiance que nous avons cru déceler dans la presse « grand public » qui découvre, avec stupeur, que les états de ces deux côtés de l’Atlantique sont endettés bien au-delà  du raisonnable et que, oui, ça peut poser un problème. Que voilà un sacré scoop !

« Descente aux enfers », « plongée dans les abysses », « Lourde chute des bourses » : voilà le genre de titre que  nous avons pu lire ces derniers jours.

Plusieurs de nos lecteurs nous interpellent pour nous demander ce qu’il convient de faire, si nous sommes déjà proches du « fonds ».

Malheureusement, force nous est de reconnaître que nous n’en savons rien. Ainsi, il nous impossible, en tant que « daubassien » de vous dire si nous sommes arrivés sur un support ou si le marché va aller beaucoup plus bas. Tout comme lors du lancement du portefeuille, fin 2008, nous ne savions pas si nous étions arrivés au bottom (avec le recul, le plus bas ne fut atteint que 3 mois après la création de notre club d’investissement).

En effet, pour le portefeuille du club tel que présenté sur ce blog, nous nous comportons en investisseurs « value » purs et durs : nous nous refusons à faire du « timing de marché ». Nous nous concentrons, de tout temps, sur la valeur des actifs que nous détenons et n’en dérogeons pas. Les statuts de notre club sont d’ailleurs clairs à ce sujet : tant que nous trouvons des opportunités, nous nous devons d’investir et c’est ce que nous avons fait.

Évidemment, comme nous l’avons déjà signalé, ce portefeuille représente une annexe à nos portefeuilles personnels et, pour ceux-ci, chacun d’entre nous est libre d’être investi peu ou prou en fonction de ses propres critères. 

Ainsi, si le marché venait vraiment à s’effondrer nous proposant un  « 2008 bis », voir un « 1929 », nous n’hésiterions pas à augmenter le capital de la « Daubasse Inc » afin d’acheter des actifs super décotés

Ceci dit, nous ne répondons pas à nos aimables lecteurs sur le « quoi faire » en cas de crash. Nous ne vous donnerons pas d’indication en matière de timing : chaque membre de l’équipe a une approche différente sur le sujet et, de toute manière, il existe suffisamment de blogs qui traitent de ce sujet sans que nous ayons besoin d’en rajouter.

Cependant, il nous semble important de rappeler quelques fondamentaux « value » que nous tentons, vaille que vaille, de pratiquer et qui nous semblent  parfaitement adaptés à la situation actuelle.

          Ne jamais investir l’argent dont nous pourrions avoir besoin dans un délai de 7 ans (10 ans, c’est encore mieux).

          Si nous avons une capacité d’épargne importante, nous pratiquons l’investissement programmé.

          Nous conservons toujours une part de liquidité pour pouvoir saisir les opportunités quand elles se présentent sauf dans des situations de pessimismes extrêmes sur le marché, périodes propices à l’achat tous azimuts s’il en est.

          Nous tenons  toujours à jour une liste des sociétés achetables. Cette « liste de courses » vient bien à propos lorsque le marché transforme ces « sociétés achetables » en « super z’occases ».

          A l’instar de Warren Buffett, nous sommes « craintifs quand les autres sont avides et avides quand les autres sont craintifs ».

          Nous privilégions toujours la valeur de l’actif par rapport aux bénéfices. Plus encore en période de récession, les bénéfices peuvent refluer considérablement alors que les actifs restent plus stables.

          Nous n’hésitons pas à procéder à des arbitrages au sein de notre portefeuille, en vendant certaines positions pour d’autres présentant de meilleurs rapports « potentiel/risque ».

          Nous restons attentifs à la solvabilité des sociétés que nous achetons : la solvabilité est un des meilleurs gages mesurables de la pérennité d’une entreprise lors de périodes difficiles.

          Ne jamais vendre lorsque les journaux « grand public » crient «à l’apocalypse ». C’est le plus souvent un signal de fin de baisse.

          Nous ne suivons pas les cours des sociétés au jour le jour, sauf éventuellement les compagnies que nous suivons pour effectuer un achat.

          Enfin, et c’est le plus difficile, nous restons sourds à l’ambiance du marché, en investissant en propriétaire et en tentant de mesurer le mieux possible la valeur de ce que nous achetons par rapport au cours de bourse.

Nous sommes conscients, cher(e) lecteur(trice), que les quelques préceptes ci-dessus ne constituent pas la « recette miracle », voire la « pierre philosophale » permettant de « gagner à tous les coups ». Ils font néanmoins partie intégrante de notre approche de l’investissement et ces points basiques nous ont évité et nous éviterons probablement encore pas mal de déboires.

 

9 réflexions au sujet de « « Nous allons tous mourir » »

  1. Je l’attendais cet article! Merci.

    Avez vous décidez d’un poids relatif maximum pour chaque investissement? Comment décidez vous la part de liquidité que vous allouez pour un achat? Quand vous achetez, gardez vous potentiellement encore des liquidités pour vous renforcez dans cette achat en cas de baisse significative du cours de la dite action?

    1. Bonsoir Walhalla,

      Nous ne pouvons pas répondre à vos questions pour nos portefeuilles personnels puisque chacun de nous a une stratégie différente. Il ne faut donc voir le portefeuille repris sur ce blog que comme une annexe à nos investissements et aussi un laboratoire expérimental « grandeur nature ».

      Pour le portefeuille du club, nous ne gardons pas de liquidité pour « renforcer à la baisse » mais nous achetons systématiquement pour 3,3 % de la valeur de marché du portefeuille au moment de l’achat (sauf pour les fonds fermés pour lesquels, effectivement, vu leur spécificité, nous pensons opter par investissement étalé). Nous renforçons éventuellement certaines lignes si le potentiel nous semble intact et que le poids de la ligne est tombé sous les 3,3 % qui devrait lui être alloué.

      Il nous est en effet arrivé de renforcer un titre après son premier achat et ceci pour plusieurs raisons :

      1) l’action en question a moins performé que le portefeuille globale et donc sa quote-part est passée significativement sous les 3,3% de la valeur totale du portefeuille

      2) le potentiel du titre est resté identique, voire s’est accru.

      Si ces 2 conditions sont réunis, il n’est pas exclu que nous réinvestissions dans ce titre si il ressort en tête des opportunités sur notre plantureuse liste de course. C’est que nous avons notamment fait par exemple avec Avalon Holding : https://blog.daubasses.com/2009/11/19/quelques-emplettes/

  2. Bonjour,

    Question :

    Si l’on souhaite adopter une approche « value » qui resterait valable même dans des scénarios extrêmes, comme par exemple un scénario « inflation » de 10%/an (je crois que ça a été le cas en France il y a 30/40 ans) ou un scénario « déflation » ou bien un scénario « faillite de l’euro ».

    Parmi les différents types de sociétés suivies, quelles sont les plus adaptés à chacune des situations ?

    Par exemple, en cas de risque monétaire, il vaudrait peut être mieux privilégier des matières premières plutôt qu’une société qui a beaucoup de cash.

    1. Bonjour Stéphane,

      En réalité, nous savons que les dettes des états vont entraîner des problèmes économiques … mais c’est la seule chose dont nous sommes certains. Ces problèmes se traduiront-ils par de l’inflation, de la déflation ou de la stagflation ? Nous n’en avons aucune idée(vous remarquerez d’ailleurs parmi les experts ou les investisseurs avertis autant de tenants de chacune de ces trois possibilités) C’est la raison pour laquelle nous nous en tenons, pour le portefeuille du club, à notre stratégie micro économique d’achat d’actifs décotés sans trop tenir compte de prédictions macro futures. En effet, en cas de déflation, ce sont les sociétés garnies de cash qui seront les reines, en cas d’inflation, ce sont plutôt les entreprises capables d’imposer leurs prix de vente aux consommateurs ou celles actives dans l’immobilier qui tireront leur épingle du jeux alors qu’ en cas de stagflation, nous aurions plutôt tendance à investir sur des producteurs de matières premières ou de métaux précieux.

      Autrement dit, si nous choisissons de privilégier une des ces options, nous avons deux chances sur trois de nous tromper. Alors qu’avec notre approche, nous pouvons raisonnablement espérer ne jamais être totalement dans l’erreur.

      1. Merci pour votre réponse, celle-ci est en effet conforme à votre philosophie, c’est une « bonne réponse » car je n’attendais pas une prédiction du futur de votre part.
        Je ne suis pas non plus compétent pour dire ce qui va se passer dans l’avenir, mais j’essaye juste d’entrevoir les différents scénarios pour m’assurer que ma stratégie n’est pas trop mauvaise pour chacun d’eux. Tout ça, pour rester informé, tout en protégeant mon capital.

        Ce que vous me dites correspond à peu près à ce que j’ai trouvé sur le sujet :
        – Déflation = CASH
        – Inflation courte ou Stagflation = Matières premières
        – Inflation longue = Immobilier à crédit

        Pour revenir un peu au sujet de l’article, historiquement 2 scénarios ressortent et chacun d’eux commencent par une déflation (= excellentes opportunités d’achat). Mais la difficulté principale est de saisir ces opportunités avec le bon « timing », car concernant les marchés « action », la déflation a déjà commencé depuis plusieurs années, et pourrait bien se terminer demain ou dans 10 ans. Je pense que pour des particuliers « non économistes/spécialistes/devins » comme nous, seules les stratégies basées sur des critères absolus (par opposition à une sélection par ressenti) peuvent s’en sortir face à toutes ces actualités. Je suis donc tout à fait en phase avec votre article. Encore merci !

  3. Le marché devient excessif, et les bonnes affaires se présentent dans ces moments la, pas quand le CAC40 est à 5000 points.

    C’est un peu dur de voir les MV latentes quand on ouvre son portefeuille, les PV futures se construisent maintenant.

    Les medias sont un bon indicateur, car très souvent en total déphasage.

  4. Analyse de bon sens, merci.
    Impossible de prévoir jusqu’où ira la baisse, mais à 2300 le Cac40 sera plus proche de ses plus bas que de ses plus hauts
    Et pour protéger son portefeuille, des put warrants ou des fonds bear sont fort utiles

  5. Bonjour equipe les daubasses,

    Je tente moi aussi de rester sourd aux ambiances du marché mais la correction actuelle sur tout les marchées est, à mon avis, disproportionnée et devrait rebondir dans les prochains jours à tout le moins.

    Je suis en accord avec vous sur le fait que lorsque les nouvelles sont mauvaises, habituellement c’est le pire temps pour vendre. Pour ma part, j’attends de voir le repli avant de tirer des conclusions.

    Pour le timing – Pour l’instant je ne crois pas avoir choisi le bon moment pour débuter mon portefeuille value selon la methode de joel greenblatt. J’ai débuter il y a un peu plus de 2 mois et maintenant il semble que….. NOUS ALLONS TOUS MOURIR!!!.

    Steeve Harvey

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