La Tortue et les Daubasses…

…n’est pas une fable que Jean de la Fontaine aurait écrite, sur une feuille volante et qu’un gamin aurait retrouvé par hasard dans le grenier poussiéreux de sa grand-mère.

C’est en fait, cher(e) lecteur(trice), le quatrième volet de notre « trilogie » sur la psychologie de l’investisseur qui devient donc de fait une « quadrilogie ». Mais c’est surtout une espèce de conclusion qui tente d’illustrer que la logique d’investissement dans la valeur appliquée par le groupe « Daubasses » et inspirée par les enseignements de Benjamin Graham, n’est pas le seul apanage des investisseurs dans la valeur.

Dans les trois articles précédents, nous avons essayé de vous expliquer que sans un plan stratégique d’investissement basé sur la logique mais aussi composé de paramètres chiffrés vous disant quand acheter, quand vendre et comment limiter le risque par une diversification quantifiée, vous laissez la porte ouverte à une certaine déconvenue… pour ne pas dire une déconvenue certaine.

Et tout ceci est géré par notre mental dans l’application à la lettre du plan stratégique, en d’autre mot la psychologie de l’investisseur qui doit éviter les « effets moutonniers » et une série de biais qui font surface à chaque étape de l’investissement, biais générés par l’empêcheur de raisonner en rond : Misterrrrrr…….Market ! Dont le seul plaisir ici-bas est de parasiter votre bon sens avec ses sautes d’humeur…

Pour bien comprendre notre démarche, nous invitons ceux qui n’auraient pas tout suivi à relire nos trois articles précédents :

Le processus et le résultat

Le rasoir d’Occam

L’effet d’appartenance

Nous allons donc comparer la logique de la méthode value des « Daubasses » à la méthode des traders dit de « suivi de tendance » expliquée et appliquée par le groupe de traders baptisé les « Turtles ». C’est malheureusement la seule méthode expliquée en détail disponible, en librairie mais aussi sur le net. D’après ce que nous avons pu lire sur le sujet, si certains détails peuvent être différents dans la stratégie d’autres traders de suivi de tendance, l’architecture globale est identique et repose sur la même logique. Ce que nous avons appris également dans notre recherche, c’est que les traders de suivi de tendance sont une minorité dans le monde du trading car la difficulté psychologique pour appliquer la méthode est nettement plus importante que dans d’autres méthodes de trading. Par contre, c’est, semblerait-il, ceux qui gagnent le plus et, fait largement méconnu du public, les meilleurs d’entre eux affichent des résultats à long terme aussi intéressant que les meilleurs investisseurs dans la valeur.

Nous voudrions faire une dernière petite mise au point, avant d’entrer dans le vif du sujet. En comparant la méthode value des « Daubasses » à une méthode de trading, c’est un peu comme si nous tendions la joue, principalement aux investisseurs « long-termistes » qui tentent de copier tant bien que mal Warren Buffett. Ces investisseurs value à long terme pourraient dire, dans un raccourci « libératoire » : « nous savions que ces « Daubasses » étaient des spéculateurs et  nous en avons désormais la preuve puisqu’ils affirment avoir la même logique d’investissement que des traders !!!! »

Nous assumons évidemment pleinement la logique stratégique des traders de suivi de tendance et la comparaison que nous allons en faire avec l’investissement « value » des Daubasses. Par contre, bien que nous n’ayons pas vraiment approfondi le sujet, nous pouvons affirmer que nous avons une grande satisfaction intellectuelle à rechercher des actifs cachés nous permettant pleinement de profiter de l’inefficience des marchés dans le bilan d’une société. Cette satisfaction intellectuelle ne nous semble pas, à première vue, comparable à l’application d’une méthode de trading, pratiquement automatique. Mais voilà : à chacun son bonheur.

Pour conclure, sur la spéculation, nous pensons que si le but de chaque investisseur est d’acheter bas et de revendre plus haut, alors tout le monde est logé à la même enseigne : l’auberge des spéculateurs. Faire une différence pour juste une question de temps, soit 2 jours, 6 mois ou 25 ans de détention de la position, c’est de la pure rhétorique destinée à se donner bonne conscience et ainsi s’imaginer poser un acte économique louable (investir à long terme) opposé à un acte de bas étage moralement répréhensible (investir en Daubasses ou trader).

 

Qui sont ces traders baptisés « Turtles » ?

En fait, nous devons le nom et l’idée de cette expérience a deux traders : Richard Dennis et Bill Eckhard qui ont longtemps séjourné à Singapour et ont fait le pari que n’importe qui pouvait devenir trader, avec un petit apprentissage et des règles précises de trading. Ils font donc le parallèle entre les nombreux élevages de tortues de « Singapour » et une sorte « d’élevage » de trader pour baptiser leur groupe les « Turtles ».

Ils décident de recruter 10 personnes de divers horizons mais qui n’ont de manière générale jamais exercé le métier de trader. L’apprentissage est assez court et consiste principalement à expliquer leur méthode qui devra être appliquée par chaque trader à la lettre. Dans cette méthode, rien n’est laissé au hasard : entrées, sorties, taille de position, perte maximum, … Il y a quelques options laissées à l’appréciation de chaque trader mais elles sont très réduites.

Ce que Richard Dennis et Bill Eckhard vont observer, ce sont les énormes disparités entre leurs « tortues », leurs traders, qui avec une méthode identique, vont générer des résultats différents. Et ceci dû à leur psychologie, voir pour certain à l’incapacité pure et simple d’appliquer la méthode expliquée. Certains d’entre eux seront virés et les autres, tous ceux appliquant la méthode et générant des gains, verront leur compte de trading augmenter avec de nouvelles liquidités. L’expérience a duré 5 ans, de 1983 à 1988 et c’est Richard Denis qui a gagné son pari sur son ami Bill Eckhard puisque le groupe des « Turtles » a généré 80% l’an en moyenne : oui, le trading c’est essentiellement de l’acquis et non de l’innée.

Richard Dennis

Ce qui nous a frappés d’entré chez les traders pratiquant le « suivi de tendance », c’est leur réflexion sur le hasard, comme postulat principale à leur méthode. En fait, ils affirment qu’ils ne savent absolument pas dans quel sens va aller le marché et que de manière générale cela ne les intéresse pas. Ce qui compte pour eux est de capter toutes les tendances qui se dessinent, bien entendu à la hausse comme à la baisse.

Bill Eckhard

 

Nous pensons que l’investisseur dans la valeur n’a pas posé ouvertement pour le moins, le même type de réflexion sur le hasard, se reposant sur les chiffres qui semblent plus sérieux que les seuls cours, qui ne servent qu’à une comparaison avec la valeur qu’il a trouvée.

Et pourtant, aussi bien Charlie Munger que Warren Buffett ont souvent évoqué les probabilités : mettre le plus de chances de son côté. Quand Warren Buffett parle du bridge, un jeu qu’il apprécie, il nous explique le décompte des cartes, tout comme certains traders évoquent le décompte des cartes au black-jack.

En fait, dans une distribution qui fait appel au hasard, il existe certains moments au cours desquels les probabilités de gains sont en votre faveur : vous augmentez à ces moments précis vos chances de gagner… Warren Buffett, toujours lui, nous explique qu’au poker, si vous ne parvenez pas à comprendre qui est le dupe dans la demi-heure, c’est que c’est vous…

C’est évidemment avec le dupe de la partie que l’on a le plus de chances de gagner… Charlie Munger, son célèbre associé, évoque quant à lui le PMU et les course de chevaux où quand se présente une grosse côte (en fait une inefficience de jugement des autres parieurs), sur un cheval qui semble avoir des qualités, c’est le moment de miser gros !

Donc sans vraiment avoir jamais parlé du hasard, Benjamin Graham, voir son meilleur élève Walter Schloss, ont investi en y tenant compte de manière implicite avec la marge de sécurité, la diversification, peu d’endettement, … que des éléments qui mettent le plus de chances de votre côté.

Il faut bien reconnaître que le côté un peu prétentieux des investisseur « value », c’est  surtout de penser qu’ils ont les chiffres avec eux, un peu comme ces guerriers antiques qui croyaient qu’ils avaient les dieux avec eux avant la bataille… contrairement aux traders de suivi de tendance qui reconnaissent lucidement qu’ils ont en face d’eux le hasard.

Mais quand vous réfléchissez plus en profondeur, les chiffres sont juste utiles à augmenter les probabilités de gains dans une situation qui, reconnaissons-le, est aussi composée majoritairement de hasard. Nous avions tenté de vous l’expliquer dans l’article « Malgré la performance vous faites encre des pertes…Ah bon ? » : nous y disions que les sociétés sur lesquelles nous avons perdu de l’argent avaient des critères identiques à nos baggers (titre qui ont une « performance par multiple » : x2, x3  ,… x10).

Attention, ami(e) lecteur(trice), n’allez pas penser que l’investisseur « value » style « Daubasses » gagne juste par hasard ! Au contraire :  il tente en permanence de mettre le plus de chances de son côté avec ses critères « value » à base de chiffres, tout comme le trader de tendance le fait avec sa méthode en ne se basant que sur les cours.

 

La stratégie des « turtles »

Voyons maintenant plus en détail la stratégie d’investissement des traders de suivi de tendance et sa logique avec la stratégie des « turtles »

Nous avons tout d’abord dégagé trois axe principaux pour chasser la tendance :

1. Le signal « technique » qui indique qu’une tendance à la hausse ou à la baisse a commencé à se développer : en un mot le moment d’acheter. Il y a sans doute un tas d’indicateurs que nous ne connaissons pas vraiment mais les « turtles » employaient un simple plus haut ou plus bas des cours à 20 jours ou à 55 jours.

2. La taille de position, ce qui signifie le maximum que vous investissez sur un trade. Les « turtles » avait un algorithme un peu compliqué pour déterminé les sommes engagées selon la volatilité du marché mais ils n’engageaient pas plus de 2% de leur capitaux sur un trade.

3. La sortie de position, soit la vente. Si le hasard faisait que le cours partait dans le mauvais sens, ils coupaient leur perte rapidement en ne dépassant jamais 2% de la somme du trade.

Si la tendance se développait, ils sortaient alors dans le cas d’une entrée sur un plus haut à 20 jours, lors d’un plus bas à 10 jours et sur les 55 jours ils coupaient avec des plus bas ou plus haut à 20 jours selon le sens de départ. De cette manière, ils pouvaient laisser se développer la tendance faite de variations journalière des cours, encadrée dans une règle assez large pour ne pas vendre au premier excès de volatilité.

La méthode est évidemment d’une simplicité déroutante. Mais toute la logique de celle-ci découle essentiellement de la manière de l’appliquer.

En fait les « turtles » tradaient des futures sur plusieurs marché, comme l’or, l’argent, le pétrole, des devises, des matières premières… Ils travaillaient sur une vingtaine de supports. Aujourd’hui, un ancien membre des tortues qui gère un fond de « trading »  Jerry Parker trade environ sur 90 supports. Tout comme Bill Dunn. Mark J. Walsh ou encore Salem Abrahm.

http://www.autumngold.com/capital_trading/capital_cta_profile.php?op=profile&id=388

http://www.dunncapital.com/

http://www.markjwalsh.com/

http://abrahamtrading.com/performance&accept=1

Ces traders de tendances prennent systématiquement position sur tous les supports qui leur donnent un signal.

Donc si sur les 90 supports qu’ils suivent, 50 supports font un plus haut ou plus bas à 20 jours ou à 55 jours, ils prendront systématiquement, selon le signal, position à la hausse ou à la baisse sur tous ces supports.

La logique, c’est d’être certain, en « pêchant » aussi largement de prendre  le plus possible de tendances.

Comme d’un côté, ils vont couper rapidement les pertes, comme nous l’avons vu à maximum 2% et laisser se développer au maximum la tendance, c’est-à-dire encaisser de plus gros gains, le compte final va ressortir en positif.

 

Tout cela semble si facile. Alors où est la difficulté principale ?

La difficulté principale est psychologique car avec cette méthode vous gagnez seulement 3 fois sur 10 environ!  « Aie, ouïe….. !!!! »

Prenons l’exemple simple de dix transactions, vous perdez 7 fois 2%, ce qui représente 0.04% (puisque c’est le maximum autorisé par la méthode 2% x 2%) ce qui fait une perte de 0.28% et d’autre part vous gagnez 3 fois 15%, ce qui représente 0.3% de votre capital (2% x 15%), soit un gain de 0.90%. Résultat : vous êtes en plus-value de 0.62%.

La seconde difficulté, c’est que, comme vous êtes devant le hasard, vous pouvez subir une longue série de pertes consécutives. En d’autres mots, il ne faut pas que vous arriviez avec 0 euro de capital après une mauvaise passe plus ou moins longue. C’est pour cette raison que la taille de position ou l’investissement par trade est réduit à 2% du capital et également qu’il n’est admis que 2% de perte par trade. Avec cette règle, chaque perte enregistrée pèse 0.04% sur votre capital (2% x 2%).

Reprenons un exemple mais cette fois avec 1000 trades. Vous savez donc que normalement 700 trades vont être perdants et 300 trades gagnants mais en aucun cas dans quels ordres vont se présenter ces gains et ces pertes. Imaginons une malchance extraordinaire de 700 trades perdants consécutifs. Vous allez devoir d’abord essuyer une perte de 28% (700 x 0.04%) sur votre capital avant d’afficher un gain de 90% ( 300 x 0.3%). Résultat des courses : de vos 1 000 trades sur une base de 100 euros, vous passez d’abord par -28%, soit 72, avant de faire +90%, soit 136.8 ou 36% de PV au bout du compte.

Vous générez donc 3X plus de gains que de pertes en gagnant seulement 3 fois sur 10 ou 30% du temps.

Voilà donc toute la logique des traders de « suivi de tendance », un type de traders qui minoritaires en raison de la difficulté psychologique de la méthode : il est très difficile d’avoir confiance en une méthode en lutte contre le hasard qui ne gagne que 3 fois sur 10 et qui peut afficher une longue série de pertes consécutives.

Nous allons maintenant vous présenter un petit tableau récapitulatif et comparatif qui rapproche sur un plan logique les deux méthodes.

 

Conclusion

Parfois accusés gentiment d’une certaine « orthodoxie » dans le fait que seul la méthode « value » appliquée par les daubasses serait la seule méthode recevable, nous avons essayé de vous démontrer que ce qui nous importe et devrait vous importer le plus, c’est la logique de la stratégie et cette logique couplée à VOS compétences : ce que vous comprenez et ce que vous pouvez évaluer plus ou moins justement, avec un degré de fiabilité élevé.

Cela pour mettre le maximum de chance de votre côté et forcer le hasard à vous donner raison le plus de fois possible, avec une rapport gain / perte le plus élevé possible.

<< L’effet « moutonnier »

>> Le rasoir d’Ockam parce que « simplicité » ne veut pas dire « simplet »

12 réflexions au sujet de « La Tortue et les Daubasses… »

  1. Heu je crois que vous avez inversé Buffett et Munger : Munger est plus axé Poker et Buffett champ de course (avec sa technique d’handicapeur)

  2. Pour en revenir sur le fond du sujet :

    D’une part, je pense que les facteurs psychologiques sont de moins en moins présent car ce genre de technique (tortue, …) peut-être facilement réalisée à l’aide d’algorithme (et c’est de plus en plus accessible aux particuliers).

    D’autre part, vous vantez des performances relativement élevées pour les traders « suivi de tendance ». Cependant, je ne pense pas que l’on puisse comparer la performance de techniques d’investissements sans prendre en considération le risque. En effet pour les fonds mentionnés savez-vous estimer les risques (ou l’effet de levier) associés ?

    Capital Trading Group, 10.41% brut sur 24 ans (levier ?)
    DUNN Capital, 18% sur 36 ans brut (levier ?)
    Mark J Walsh & Company 20.8% brut sur 27 ans (levier ?)
    Abraham 18.50% brut sur 24 ans (levier ?)
    LTCM, 41.42% brut sur 4 ans (levier x25)…

    Walter J Schloss, 16% net sur 50 ans (levier x1)
    Warren Buffett (Limited Partnership 1956-1969), ~29.5% net sur 13 ans (levier x~1)
    Warren Buffett (Berkshire Hatthaway 1977-2012), ~20% net sur 35 ans (levier x1)

    Selon moi, avec l’approche value on a une performance raisonnable avec un risque faible.

    1. Bonjour Bargain Hunter,

      en fait, nous ne vantons pas vraiment la performance des traders de suivi de tendance. Nous avons juste essayé d’expliquer que la logique d’une stratégie génère de la performance et que cette logique relativement simple et compréhensible n’est pas, contrairement à certaines idées reçues, le seul apanage des investisseurs dans la valeur.

      Au niveau du risque que vous évoquez, de manière absolue, il n’est peut-être pas plus élevé que les investisseurs dans la valeur que vous citez. A condition, que les tailles de position et le maximum de perte soit suivi à la lettre.

      Dans le cas de LTCM que vous évoquez, ils n’ont rien respecté de tout cela croyant sans doute qu’avec quelques Nobel à la barre, ils n’étaient pas dans le même monde que les autres traders. Et nous ne sommes pas certain que nous puissions les ranger dans la catégorie, suivi de tendance.

      1. petite question l’effet de levier est appliquable sur toute les valeurs ou c’est comme la vente a decouvert et le PEA, ou il faut des valeurs spécifiquement éligible ?

  3. Bonjour,
    Je trouve intéressant ce que dit BargainHuntR concernant la mise en application possible par des particuliers et des algorithmes de cette stratégie de suivi de tendance.
    Intéressant pour les investisseurs dans la valeur.

    Car, étant donné que ces suiveurs amplifient les tendances (par définition), plus ils sont nombreux, plus la tendance va être poussée et ceci indépendamment des fondamentaux économiques car, si j’ai bien compris, ils n’interviennent pas dans les décisions.

    Donc, le marché devient plus « maniaco-dépressif » et les chasseurs de daubasses peuvent exploiter ces écarts entre cours et valeur réelle.

    Ils créent donc des opportunités pour les investisseurs dans la valeur, non ?

    1. « Ils créent donc des opportunités pour les investisseurs dans la valeur, non ? »

      Bien sûr Guillaume, c’est le mix de toutes les approches qui fait le marché. Et nous-mêmes, finalement, avec notre technique de « stop loss » https://blog.daubasses.com/2010/02/09/nous-on-utilise-les-stop-loss/ lorsque la juste valeur est atteinte, nous tentons de profiter de la tendance créée par ces suiveurs.

  4. Bonjour, merci pour ce parallèle intéressant. J’aimerai en savoir plus sur les turtle trader. Il y a beaucoup de littérature sur le sujet, mais avez vous un livre en particulier à conseiller ?
    Merci

    1. Bonjour Hervé,

      Il existe un bouquin écrit par le plus talentueux des traders du groupe des « Turtles » : Curtis M. Faith, intitulé tout simplement « La stratégie des tortues » aux éditions Valor. L’auteur sort bien entendu des règles originelles des « Tortues », qui y sont toutefois reprises également, pour aborder des sujets de psychologie, backtest et autres.

      Voici un lien Amazon : http://www.amazon.fr/La-strat%C3%A9gieTortues-Curtis-Faith/dp/2909356736/ref=pd_sim_b_31

  5. Bonjour à tous.

    Article très intéressant. Le parallèle entre les méthodes est judicieux. Cependant, je me permets d’apporter quelques précisions.

    En réalité le risque en capital des Tortues n’était pas de 0,04% du capital total par position détenue. Mais bien (jusqu’à) 2% du total du capital total par position.

    Les Tortues entraient en 4 fois: première fois lors du break, puis en 3 fois lorsque le marché leur donnait raison (ils « pyramidaient » dans le sens de la tendance). La première position était ouverte avec un risque de 1% du capital. Puis les trois autres rreprésentaient 0,33% du capital total.

    Le stop-loss était fixé selon un concept de volatilité calculé sur 20 jours. A cette époque, c’était une méthode révolutionnaire. Aujourd’hui, cet indicateur existe dans tous les logiciels de trading: l’Average True Range. Il mesure en fait les écarts entre les plus hauts et plus bas sur les X dernières séances (les Tortues utilisaient un ATR à 20 périodes). Le stop loss représentait 2 fois l’ATR 20 jours.

    L’indicateur servait aussi à dimensionner la position. Comme les Tortues tradaient les contrats Futures, il fallait connaitre le nombre de contrat(s) à trader pour risquer 1% du capital lors de l’entrée en position. Puis un un autre calcul était réalisé pour les 3 phases de pyramidage.

    Autre précision concernant le risque: le système comportait des limites en terme d’exposition maximale au capital; un trader ne pouvait jamais exposer plus de 8% du total de son capital en même temps.

    Ma dernière réflexion concerne le commentaire sur le levier fait par Bargain Hunter. Ce commentaire est à la fois exact… et erroné. Exact par le fait que certains investisseur dans la valeur surperforment largement des fonds spéculatifs à effet de levier. Mais il est vrai qu’il existe aussi des fonds spéculatifs qui réalisent plusieurs centaines de % depuis plusieurs années. Mais cela est surtout vrai pour des traders individuels (Linda B Raschke, Jesse Livermore, Michael Covel, Nicolas Darvas, etc.). Mais ce n’est pas en cela que son commentaire est en partie erroné.
    Cela tient au fait qu’il faut tenir compte du temps d’exposition au risque. C’est une donnée fondamentale en trading. Prenons un exemple. Admettons qu’un investisseur dans la valeurs soit investit à 90% tout le temps. Il fait tourner son portefeuille chaque année ou chaque semestre. Peu importe. Mais son exposition est constamment à 90% de son capital. A coté de lui, un trader utilisant l’effet de levier. Un trader n’est jamais constamment en position. Il utilise l’effet de levier uniquement lorsque le contexte est favorable à sa stratégie. Admettons à présent qu’en réalité, du fait de sa stratégie de trading en suivi de tendance (donc comme les Tortues), le trader ne soit en position que 30% du temps (les marchés financiers sont en tendance seulement 30% du temps, 70% du temps ils sont sans tendance) avec un levier de 2.
    Eh bien en réalité, l’investisseur a plus exposé son capital que le trader. En effet, sur un an, l’investisseur a exposé 90% de son capital en moyenne. Et le trader? Seulement 60%: levier de 2 x 30% du temps.
    C’est bien sur un exemple très (trop) simpliste, mais il permet de montrer que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent être…

    1. Merci Julien pour ces précisions.

      Juste un point sur lequel nous éprouvons quelques réticences : le fait que vous considériez qu’un investsseur « value » qui détiendrait des actions est exposé au risque.

      Pour nous, tout support est un risque et le risque monétaire représenté par les liquidités stockées sur un compte bancaire ne nous semble pas plus risquée que des droits de proprités sur des biens tangibles représenté par des actions. La volatilité des liquidités est moindre relativement au pouvoir d’achat qu’elles représentent mais le risque qui représente pour nous la perte de pouvoir d’achat définitive et permanente n’est, de notre point de vue, pas plus élevé.

      Pour le reste, nous ne pouvons qu’être en phase : l’investissement « value » est une méthode d’investissement rationnelle et qui, bien menée, peut procurer des rendements intéressants mais ce n’est pas la seule, loin de là. Nous avons l’esprit très ouverts sur le sujet (comme en témoigne d’ailleurs cet article) et, ce qui compte, c’est que chacun utilise une méthode d’investissement qui lui convienne en fonction de son tempéramment, de ses objectifs, de ses disponibilités et de ses compétences … et surtout, une fois que la méthode a été déterminée, il faut s’y tenir.

  6. Merci beaucoup pour la réponse.

    Je suis tout à fait d’accord sur vos propos concernant le risque lié à chaque « support » (action, obligation, sicav, etc.).
    D’autre part, vous avez raison concernant le risque quasi nul sur la détention d’actions très fortement décotées. C’est dans ce but que Graham et ses adeptes, ainsi que d’autres d’ailleur (Lynch), ont developpé des garde-fous (« marge de sécurité », décotes sur actifs, etc.) que vous connaissez d’ailleur bien mieux que moi.
    Mon commentaire précédent avait simplement pour but de nuancer certains clichés concernant l’analyse « technique » (ont retrouve d’ailleur souvent le même type de clichés chez les traders dénigrant l’analyse fondamentale).
    D’ailleur, bien souvent, les meilleurs « spéculateurs » sont ceux qui combinent analyse fondamentale et analyse technique. Darvas (années 1960) et William O’Neil (années 1980/1990/200/2010) en sont de très bon exemple. Idem pour Sylvain Duport qui réalise plusieurs milliers de % chaque année depuis une dizaine d’année (grâce à un effet de levier important).

    En effet, nous sommes « en phase ». Il existe plusieurs centaines de stratégies pour gagner sur le long terme sur les marchés financiers, le tout, c’est la capaçité psychologique de tenir le cap et d’accepter les phases de petites pertes.

    Je salue, en effet, votre ouverture d’esprit. Je ne l’ai pas signalé dans mon commentaire précédent, mais l’article est de très bonne qualité, comme l’ensemble de vos publications d’ailleur.

    Merci de continuer à régaler vos lecteurs dont je fais partie. Bonne continuation.

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