Ancien Edito : comme dans un autre monde …

vacances boursièresEn cette période de douceur estivale, l’équipe des daubasses prend un peu de repos bien mérité.

Certes, entre barbecues et farniente, nous poursuivons notre traque incessante des plus belles daubasses.

Pour la partie rédactionnelle du blog, tout comme les années précédentes, nous avons plongé en apnée dans nos archives afin de vous proposer, cher(e) lecteur(trice), quelques anciens éditos de notre lettre mensuelle tels que nos abonnés ont pu les découvrir à l’époque.

Ces archives nous semblent intéressantes parce qu’elles nous permettent de nous rappeler notre état d’esprit de l’époque et de l’analyser avec un recul suffisant.

Cette fois, c’est l’édito de la lettre de juillet 2012 que nous vous proposons, édito dans lequel nous philosophions à propos de l’ingratitude de l’investissement en daubasses.

Un peu comme dans autre monde …

 

Nous vous proposons dans cet édito de début de grandes vacances, quelques réflexions légères, qu’il vous sera sans doute possible de méditer un peu, en bord de mer, étendu nonchalamment sur le sable à faire le plein de soleil. Et cela nous semble aussi possible d’y réfléchir si vous sirotez tranquillement un petit cocktail. Sauf évidemment, s’il y a des jolies filles dans les environs !

Première réflexion : Un peu comme dans un autre monde

En investissant dans les « Daubasses », nous avons parfois l’impression de ne pas être tout à fait dans le même monde d’investissement que les autres investisseurs. Et nous nous sommes demandé si finalement c’était juste une impression ou un fait bien réel.

Grâce à internet, toutes les informations circulent à grande vitesse, qu’elles aient trait aux sociétés, à la macro économie, à la politique, … Nous nous en abreuvons tout comme les autres investisseurs. On pourrait même dire qu’il n’est pas possible d’y échapper. Nous ne sommes donc pas vraiment dans un autre monde à ce niveau.

Que faisons-nous de ces informations et dans quelle mesure influencent-elles nos décisions d’investissement ? Finalement, nous n’en faisons pas grand-chose et on peut également dire qu’elles n’influencent que très peu, pour ne pas dire presque pas, nos décisions d’investissements. Et pourtant, nous les lisons comme tous les investisseurs. Objectivement cela signifie que nous perdons un peu de notre temps à nous informer de choses qui ne nous sont pratiquement d’aucune utilité.

Seules des informations chiffrées et qui pourraient modifier la valeur patrimoniale des sociétés que nous possédons en portefeuille, nous sont réellement utiles. Peut-on parler de 1% du flot informatif ? Peut-être moins. Et c’est un peu là que tout en étant dans le même monde que les autres investisseurs, du moins sur la forme, nous sommes en quelques sortes dans un autre monde. Car une très grande majorité des investisseurs prennent toutes leurs décisions d’investissement en fonction des nouvelles sur les sociétés et plus particulièrement sur tout ce qui a une relation aux profits futurs, mais sont également conditionnés par la macro économie ainsi que par la politique.

Notre idée d’être un peu dans un autre monde est donc bien réelle, dans le sens où nous sommes finalement presqu’hermétique à ce qui s’y passe. Pour la simple raison que seuls les chiffres du bilan de la société nous dictent la marche à suivre et rien d’autre.

Prenons les trois phases de marché et comparons nos réactions ou nos aspirations à la majorité des investisseurs.

Le point mort – Marché plat – où l’incertitude règne.

Nous recherchons des valeurs décotées et comme il y en a très peu, nos listes s’allongent. Nous espérons que le marché va finir par baisser, pour que notre travail de recherche porte ses fruits.

La majorité des investisseurs attendent que cela se clarifie. Ils ont surtout peur que cela reparte à la baisse, et espèrent surtout un marché clairement haussier.

La marche arrière – Marché baissier.

Comme pour tout investisseur, le recul de l’ensemble du portefeuille est difficile à subir. Mais au lieu d’être focalisés sur les cours qui fondent, nous sommes focalisés sur ce que nous pouvons acheter, sur ce que le marché nous offre. Et nous devenons de plus en plus « radins », nous voulons encore moins cher et encore.

La majorité des investisseurs sont comme tétanisés par les baisses et à chaque nouveau jour dans le rouge, la douleur due aux pertes s’intensifie. Et puis, ils commencent à vendre, par petits morceaux, en espérant que le marché va se reprendre… Puis ils se disent qu’ils auraient dû tout larguer dès la vente des premiers petits morceaux… Mais comme cela baisse encore, ils commencent alors à larguer à n’importe quel prix…

La marche avant – Marché haussier.

Nous devenons presque spectateurs des effets positifs de notre travail qui se transforme en plus-value dès le début du marché haussier et cela nous réjouit. Mais d’un autre côté, les marchés haussiers nous énervent car les recherches ne débouchent sur aucune trouvaille. Et nos listes se réduisent en peau de chagrin.

La majorité des investisseurs, encore « traumatisés » par la baisse, ratent au mieux les premières marches, car ils veulent voir de leurs propres yeux, du vert et des courbes ascendantes. Les plus traumatisés ratent parfois la moitié des marches de l’escalier en direction des étages supérieurs.

Deuxième réflexion : Investir en « Daubasses » peut-il améliorer votre vie sociale ?

A notre connaissance, nous n’avons jamais rencontré la moindre Daubasse ayant créé un objet dont tout le monde se sert, un produit « buzz », une belle nouveauté dont tout le monde parle.

Dans une réunion, il est plus aisé d’intercaler dans une conversation vantant les qualités d’un I-Phone, que vous êtes actionnaire d’Apple et que vous avez eu l’occasion d’entendre de vos propres oreilles Steve Job lors de l’assemblée générale 2009 à laquelle vous avez assisté. Aussitôt, vous risquez de piquer tellement la curiosité de vos interlocuteurs, interlocutrices, qu’ils vont peut-être se mettre à vous poser des questions. C’est rehaussant.

Si vous êtes actionnaires de Scott Liquid Gold, notre marchand de savon liquide préféré, vous aurez par contre toutes les peines du monde à le glisser dans la conversation, à moins que vous ne soyez entouré d’une horde d’aides ménagères… Et encore, comme vous n’avez pas la moindre idée de la qualité des savons de Scott Liquid Gold, vous n’avez même pas l’opportunité de parler du brillant du sol après nettoyage, ni de la fraîcheur persistante du produit à base de lavande…Vous êtes cuit et réduit au silence. Pas la peine d’essayer de dire que vous avez assisté à l’assemblée générale… Tout le monde s’en contrefiche.

Lors d’un repas gastronomique, où la conversation tourne à un certain moment sur le vin, les grands crus classés par exemple, vous n’aurez aucun mal à glisser que vous êtes propriétaire d’un petit morceau du Château Yquem et de Cheval Blanc, et vous piquerez une nouvelle fois la curiosité de vos interlocuteurs qui vous croiront à moitié dans un premier temps, avant que vous ne leur expliquiez que vous êtes actionnaire de LVMH, qui possède ces châteaux Bordelais de grand Prestige…..Si vous enchaînez ensuite sur leurs propriétés en Australie, au Chili, en Nouvelle Zélande, vous pouvez alors monopoliser pratiquement la parole…

Si en revanche vous êtes actionnaire de la « Daubasse » Cottin et Frères, l’une de nos dernières acquisitions, dont nous vous reparlons plus loin dans cette lettre, il vous sera impossible de briller… Dire que vous avez fait une bonne affaire en achetant l’action parce qu’ils ont vendu du vin frelaté (mélange de gros rouge qui tâche, à des crus classés) déclenchera sans doute rire et quolibet… Et vous êtes en plus grillé pour tenter de glisser un avis qui sera pris au sérieux sur la qualité du vin que vous buvez, puisqu’en ayant avoué être actionnaire de Cottin, vous serez associé à un buveur de gros rouge qui tache !!!

Investir en Daubasses ne vous offre donc pas la possibilité de vous conduire en propriétaire de la société, concept si cher à Warren Buffett, seulement parce que personne ne voudrait être propriétaire d’entités aussi obscures, voire aussi ringardes, voire aussi minables.

En société, tout le monde se moque que Scott Liquid Gold pourrait voir son cours multiplier par trois en 2 ans, alors que LVMH offrira si tout va bien 15% sur la même période… plus un beau dividende, n’oublions pas !!!

Investir en Daubasses ne peut donc pas vous permettre de briller ne fut-ce qu’un peu ou de temps en temps en société.

Troisième réflexion : quel rôle économique peut jouer un investisseur en Daubasses ?

La mode actuelle est de montrer du doigt et désigner comme coupables ceux qui gagnent de l’argent avec de l’argent, et ceci de bas en haut de l’échelle. Nous avons récemment réfléchi, chez les daubasses, à la possibilité d’investissement en direct dans des startups. En gros, à effectuer une injection directe de capital dans des sociétés qui démarrent, permettant à leur fondateur de développer leurs produits plus rapidement. Produits innovants peut-être amenés à améliorer le quotidien, produits découverte, … Un article de notre blog a d’ailleurs été écrit sur le crowdfunding et vous pourrez en lire tous les détails ici.

Notre discussion, sur un rôle direct dans l’économie, ne nous a pas du tout été dicté par un sentiment de culpabilité, dû à la mode actuelle, puisque nous vous expliquions dans la première réflexion, que nous étions plutôt hermétiques au monde de l’investissement en général et que ce monde ne nous influençait pratiquement pas, mais juste par une possible idée de diversification pouvant peut-être combiner investissement et rôle direct dans l’économie.

Cette idée nous a tous séduit et nous l’avons retournée dans tous les sens, pour tenter d’y trouver un angle valeur. Un angle tangible, borné, où nous pouvons dire là nous achetons et là nous n’en voulons pas parce qu’il n’y a pas assez de décote.

Mais évidemment, nous ne sommes pas parvenus à trouver cet angle valeur, car tout simplement, il n’existe pas lorsqu’une société démarre.

En fait, profiter d’anomalies de marché, comme nous le faisons avec nos investissements dans des Daubasses, ce n’est pas de l’investissement économique, car nous ne finançons rien du tout. C’est juste de la spéculation, tout comme le fait Warren Buffett. Et nous n’en rougirons nullement. Au contraire, nous sommes plutôt assez satisfaits et même fiers de nos résultats.

S’il est donc clair qu’investir dans les « Daubasses » ne joue aucun rôle économique. Nous pensons néanmoins que nous avons deux sources à connotation morale qui peuvent apporter certaines satisfactions.

Quand nous achetons une Daubasse, nous soulageons un investisseur qui veut se débarrasser des ses titres et qui ne croyait même plus trouver un acheteur devant lui à ce prix. C’est donc un acte altruiste dans toute sa splendeur.

Quand nous vendons une Daubasse, nous offrons en plus un peu de rêve à un acheteur qui pense que vu la multiplication du cours, cela ne peut qu’allez plus haut encore, plus loin, toujours plus haut. C’est donc tenter d’apporter un peu de bonheur et d’espoir dans ce monde de brutes qu’est l’investissement.

En espérant que ces réflexions ne vous causeront pas de migraine sur le bord de la plage, nous souhaitons à tous nos abonnés de superbes vacances.

6 réflexions au sujet de « Ancien Edito : comme dans un autre monde … »

  1. Bonjour,

    Acheter une daubasse n’est-ce pas potentiellement aussi aider cette société à sortir de l’ornière ? (et donc jouer un rôle économique au moins temporairement ?)

    Yannick

    1. Bonjour Yannick,

      On peut dire que tout investisseur en actions cotées, qu’elles soient daubasses ou non, participe à la liquidité de ces actions, permet à l’argent de « circuler » et à la société d’être mieux valorisée (et donc, d’obtenir plus d’argent lors de l’introduction en bourse ou d’éventuelles augmentations de capitales).

      1. Bonjour,

        Certes… 🙂

        Mais j’aime à penser que certaines des sociétés qu’on aide ainsi vont pouvoir pérenniser des emplois par exemple. Il est évident que c’est pour se donner bonne conscience pour bonne part (d’où mon envie de participer suite à votre article).

        Dans le cas de certaines Daubasses, même si leur solvabilité est suffisante pour tomber dans votre escarcelle, je me dis que certaines peuvent rester au fond du trou et avoir un avenir sombre (Vet’Affaires en ce moment par exemple). Dans ce cas, les investisseurs dans la valeur ne font-ils pas partie d’une minorité à continuer à permettre de la liquidité et de manière plus générale à aider à maintenir des emplois ?

        Bon ok, ca fait beaucoup de « si, et si, et si… » mais par rapport à la caricature du « spéculateur » telle que vue par la population, je considère qu’il y a tout de même une différence. Cette différence c’est le choix qu’on fait en ciblant des Daubasses (et pour ma part, pas juste le fait de pouvoir faire 200% au lieu de 15%).

        J’ajouterais qu’une caractéristique de « Daubasse » est d’être une petite ou moyenne capitalisation, pas une multi-nationale. Une caractéristique de taille « plus humaine » qui personnellement m’a attiré. Ca permet de dynamiser l’économie contre les monopoles. C’est un autre aspect potentiellement « plus sain » à mes yeux.

        Naïveté d’investisseur récent ? Car vous ne classez pas ces points dans vos « connotations morales qui donnent certaines satisfactions ». Ce qui m’a un peu surpris en me demandant si je n’étais pas dans l’erreur du coup.

        Yannick

  2. Hahaha, les conclusions de cet article m’ont bien fait rire 🙂

    En fait vous pourriez meme ajouter un supplement de morale, mais pour cela vous devriez changer le statut de votre entreprise : si vous devenez une vrai societe d’investissement et permettez a des gens d’investir dans votre entreprise.

    Cela ferait que vous ˝ participez au reve de gens de gagner de l’argent passivement ˝ et meme a long terme de ˝ realiser le reve d’etre riche ˝. A condition bien sur que vous reussissez a offrir des rendements superieur sur le long terme.

  3. bof, ce n’est que de l’argent. comme un bâton, c’est un outil ou une arme selon ce qu’on en fait.
    donc, inutile de retourner tout ça dans tout les sens pour arrondir les angles et se déculpabiliser. gagner de l’argent n’a rien d’immonde, c’est ce que tout le monde cherche à faire d’ailleurs (ok, ce n’est pas parce que les autres font quelque chose que ça devient normal ou non immoral…).
    gagnez de l’argent, puis faites-en bon usage. point!
    (et n’en faites pas non plus bon usage par culpabilité ou pour votre image, ce serait vain…)

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