Portefeuille au 5 Novembre 2015 : 6 ans 347 jours

Portefeuille : VL 8,2044 € (Frais de courtage et de change inclus)
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Les chroniques de l’investisseur chronique : Quel prix payer sans connaître la valeur ?

chronique investisseurCe texte fait partie de la série proposée par notre ami-chroniqueur Laurent Muller.

Même si nous ne partageons pas tout-à-fait les mêmes principes d’investissement, nous nous sommes trouvés énormément de points communs et les raisonnements développés parLaurent nous ont paru marqués par le sceau du bon sens.

Il nous a semblé intéressant de vous faire profiter de ces raisonnements et c’est la raison pour laquelle Laurent tiendra, sur ce blog et à intervalles réguliers, une chronique présentant ses principes d’investissement.

Ce sera l’occasion de débattre avec l’équipe des daubasses mais aussi avec vous, ami( e) lecteur(trice) des sujets qui seront développés par notre ami.

Lorsqu’il est possible de déterminer la valeur (ou une borne inférieure de la valeur) d’un bien ou d’une action, l’investisseur rationnel achète lorsque le prix proposé est inférieur à cette valeur, de préférence avec une marge de sécurité.

L’investisseur rationnel est-il démuni lorsqu’il n’a aucun moyen d’appréhender la valeur d’un bien dans sa décision d’achat ou d’investissement ? Est-il possible dans ce cas de prendre une décision rationnelle sur base du prix ?

Dispersion des prix

La dispersion des prix proposés pour un objet ou une action permet d’acquérir de la connaissance sur le bien que l’on souhaite acheter.

Personnellement, je ne sais pas comment déterminer la valeur intrinsèque d’une voiture. Mais je constate que le prix de cet objet peut varier entre 0 euros et plusieurs centaines de milliers d’euros, en fonction de différents paramètres du véhicule: modèle, nombre de km, marque, nombre de portes, moteur, etc…

En étudiant la courbe de progression des prix d’un modèle de voiture donné, j’observe une forte chute des prix lorsque la voiture neuve sort du garage. La dérivée du prix par rapport au nombre de kilomètres parcourus n’est pas constante: elle diminue en fonction de la distance parcourue par le véhicule. Plus le nombre de kilomètres parcourus est important et plus la baisse relative de prix est faible.

En prenant comme postulat que la durée de vie d’une voiture est de 200 000 km, le prix du véhicule chutera fortement dans une plage de 0 à 50 000 km, puis diminuera plus faiblement dans une plage de 50 000 km à 200 000 km.

En prenant des voitures aux caractéristiques équivalentes, sur le marché de l’occasion, par exemple, un véhicule autour de 50 000 km d’une même marque et d’un même modèle, il est possible d’observer leur prix qui s’étale sur une plage autour d’un prix moyen. Après analyse des prix sur une période de temps d’un mois, correspondant par exemple à une cinquantaine de véhicules équivalents, l’investisseur rationnel peut acheter une voiture sur le marché lorsque son prix est proche des plus bas observés.

Il est possible d’acheter lorsque le prix est bas, même sans connaître la valeur de ce que l’on achète. Cette approche ne permet pas de conclure, dans l’absolu, que l’acheteur a nécessairement fait une bonne affaire (la valeur pourrait être inférieure au prix payé). Mais, dans l’univers des possibilités qui lui étaient offertes, l’acheteur a payé un prix faible, relativement aux autres acheteurs. Ainsi, si, statistiquement, sur l’ensemble des transactions de l’univers, la valeur est égale au prix moyen (ce qui reste à prouver et n’est pas nécessairement exact), l’acheteur aura acheté à un prix inférieur à la valeur, en moyenne, sur l’ensemble de ses transactions. En conclusion, l’investisseur rationnel aura acheté à un prix relatif inférieur aux autres acheteurs, à défaut d’avoir la certitude d’avoir acheté à un prix inférieur à la valeur, dans l’absolu.

 

Prix et valeur – Le modèle de l’élastique

Un modèle qui me semble intéressant est de considérer que le prix d’une action et sa valeur sont reliés par un élastique: plus l’écart entre le prix et la valeur sera important et plus le prix sera attiré par la valeur car l’élastique se tendra en fonction de la distance.

La tension intrinsèque de l’élastique (lâche ou, au contraire, ferme) entre prix et valeur me semble liée à la facilité de calculer la valeur:

  • Si la valeur est parfaitement connue de tous, le prix évoluera faiblement autour de cette valeur: l’élastique est ferme.
  • Si la valeur est très difficile à déterminer et obscurcie par un calcul difficile, le prix évoluera fortement autour de cette valeur: l’élastique est lâche.

La valeur d’une action variant au cours du temps, il est possible que l’élastique fasse des bonds significatifs.

 

Observations de courbes de prix historiques d’actions

L’observation des prix historiques d’une action montre des variations de prix parfois spectaculaires :

evolution des cours 1

Passant de 27 à 1 en l’espace de deux ans, de 2007 à 2008, quelque chose d’intéressant pourrait arriver à l’acheteur entrant autour de 1 euro si l’entreprise ne fait pas faillite (c’est-à-dire si l’élastique ne casse pas).

En 2007 et 2008, l’entreprise a payé un dividende de 0,6. En achetant fin 2008, l’investisseur pouvait faire le raisonnement suivant : si l’entreprise paie dans un futur à long terme un dividende du niveau de celui payé jusque là, il ne faudra que 2 ans pour lui payer l’argent investi.

En 2009, l’entreprise n’a pas payé de dividende.

A partir de 2010, l’entreprise a repris le paiement régulier du dividende annuel de 0,5.

L’élastique ayant été tendu à l’extrême dans un sens, le voilà repartant dans l’autre sens à grande vitesse : en deux ans et demi, le prix de l’action est multiplié par 10, ajoutant une forte plus value à des dividendes substantiels.

evolution des cours 2

Cette courbe semble l’inverse des deux premières années de la précédente : la tension dans l’élastique est palpable ! La société est prestigieuse, jouissant d’une bonne image auprès du public. Cette entreprise a une grande valeur intrinsèque mais son prix ayant été multiplié par un facteur 70 en dix ans, le prix n’est-il pas encore bien plus élevé que sa valeur ? Si je devais vendre à découvert une action (ce que je ne fais jamais en pratique), celle-ci me semblerait a priori un excellent candidat.

evolution des cours 3

Voilà une courbe de prix intéressante pour un achat, d’un point de vue purement graphique :

  • Le prix de l’action se situe à proximité de ses plus bas historiques.
  • Le prix a connu des alternances de creux et de pics (sur une période encore plus longue que celle montrée par ce graphique). Le prix semble osciller autour de la vraie valeur.
  • D’un point de vue graphique, un nouveau pic à 10 ne semble pas exclu.

 

Une courbe présentant des alternances de pics et de creux de grande amplitude avec des extremums de même hauteur et une fréquence rapide me semblerait particulièrement intéressante. Sans répondre à cet idéal, cette action a connu des variations de fortes amplitudes de facteur 4 (de 2 à 8) :

evolution des cours 4

Conclusions

L’observation des prix historiques ou proposés par des vendeurs différents pour le même type de biens ne donne pas accès à des informations absolues : il n’est pas possible à l’acheteur de dire qu’il a acheté dans l’absolu un bien à un prix inférieur à sa vraie valeur, avec une marge de sécurité. Par contre, il lui est possible de conclure qu’il a acheté à bas prix, relativement aux autres acheteurs.

Dire que les prix passés ne préjugent en rien des prix futurs me semble donc incorrect. N’ayant pas accès à la valeur d’un bien, il est par exemple possible de se positionner de manière relative en achetant par exemple un bien dans les 10 % de la fourchette basse de prix observés, ce qui me semble rationnel à défaut de savoir calculer la valeur.