Le bonheur d’acheter des petites sociétés déficitaires… pour obtenir des actifs au rabais

investir en actions de sociétés en perteLors de notre expérience Daubasses, notre process nous pousse bien souvent à acquérir des petites sociétés qui génèrent de fortes pertes. Et parfois depuis de nombreuses années. Pour certaines, elles réalisent des pertes depuis si longtemps, qu’il est impossible de mettre la main sur un rapport annuel où serait stipulé la notion de « bénéfice » ou de « profit » !

Cela peut paraître étonnant … et, en réalité, cela nous étonne ! Mais c’est ainsi : le marché n’aime pas trop les petites sociétés. Et encore moins quand elles ne sont pas rentables. Cela coule sous le sens, peu d’individus veulent se porter acquéreur d’un bout de papier qui les rendraient propriétaires d’une société parfaitement anonyme qui permet très peu de briller dans les diners… Contrairement aux bien évidemment « brillants et heureux » détenteurs d’actions Apple, par exemple, ou autres stars technos. Alors, si en plus, vous devez vous justifier sur la taille de la société et sur le fait qu’elle réalise pertes sur pertes, vous allez à coup sûr amuser vos acolytes de tablé !

Au-delà du contrintuitif lié au fait de préférer acheter des actions d’une société qui n’est pas connue et qui ne réalise pas de profits, il ne faut pas ignorer aussi le rôle les institutionnels. Les « zinzins » seront très peu enclins à investir dans ce type de société, car leurs impératifs institutionnels l’interdit. Il faut comprendre qu’il est écrit quelque part, noir sur blanc, dans le règlement interne de l’institution (société de gestion, assureur, hedge fund, …) que l’univers d’investissement est constitué uniquement de société de plus de 10 Md de capitalisation, avec xx% de flottant minimum, un volume d’échange moyen minimum de xxx M USD par jour, … Ne parlons même pas des pertes. C’est encadré quelque part sur le même document, en rouge et en gras : « toute société qui publiera une perte devra être arbitrée au sein du portefeuille. »

Dès lors, vous comme nous, cher(e) abonné(e), sommes en train de crier HOURA !  … car cela signifie que nous avons très peu de concurrents sur notre domaine de chasse. Attention tout de même, ne nous précipitons pas dans l’euphorie… Si les zinzins écartent automatiquement de leur processus d’investissement ces sociétés, c’est bel et bien parce que les risques sont réels : illiquidités, mainmise de l’actionnaire majoritaire sur la société, pas de création de valeur pour les minoritaires, … En couplant ces problèmes avec les pertes qui dirigent la société vers la banqueroute, la coupe est pleine. Cet univers de sociétés foireuses sort mécaniquement des radars des zinzins. Pour eux, c’est comme si elles n’existaient pas.

C’est pourquoi, s’il nous est arrivé de nombreuses fois d’investir dans des sociétés en pertes, nous ne le faisons pas forcément de gaieté de cœur. Comme vous le savez, nous nous intéressons davantage au bilan qu’aux comptes de résultats, car nous estimons que les actifs sont plus stables dans le temps que des résultats opérationnels. Dès lors, si la valorisation offerte par le marché présente des décotes sur les actifs tangibles suffisamment importantes (au moins 30% sur la VANE ou la VANN selon notre process) et que le potentiel sur la VANT (Valeur d’Actif Net Tangible) permet d’améliorer le potentiel moyen de notre portefeuille, soit en moyenne au moins +100%, alors allouer une petite part de son portefeuille dans une telle société est rationnel.

Rationnel ne veut pas dire évident. Acheter des titres de propriétés d’une petite entreprise en perte n’a rien d’évident, au contraire, c’est contre-intuitif. Et les raisons de ces a priori négatifs sont justifiés puisque le risque de se faire complètement lessiver n’est pas nul. Ainsi, il est possible que cet investissement tourne mal malgré les garde-fous que nous avons mis en place (notamment notre ratio de solvabilité maison, qui doit être supérieur à 40%). Pour éviter de tomber sur ces cas extrêmes, notre process Daubasse nous oblige à raisonner sur un nombre importants d’investissements. Bien sûr, nous avons connu des déconvenues et même si nous améliorons petit à petit notre process, nous n’échapperons pas au pire. Soit une perte totale de notre investissement initial. C’est pourquoi, comme un investisseur en startup qui ne sait pas quelle société dans son portefeuille sera le futur Google, ou quelle société sera un futur rien-du-tout qui va brûler tout le capital investi, il nous semble indispensable de diversifier au maximum. Ce qui est vrai sur un cas isolé le sera beaucoup moins sur de nombreuses sociétés. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : pour un risque sur un événement rare de perte maximale de -100%, nous avons tout un tas de sociétés qui présente un potentiel bien supérieur au +100%. L’asymétrie de rendement joue en la faveur de la diversification de sociétés à forts potentiels.

Nous disions donc un maximum de sociétés, certes, mais sans tomber dans l’abondance du tout et n’importe quoi. Chaque titre acheté respecte strictement nos critères afin de minimiser le risque. La diversification est donc une couverture pour se protéger de ce que nous ne pouvons pas prévoir. Car contrairement à ce que la population financière laisse souvent entendre, les prévisions sont dans la très grande majorité des cas, que ce soit pour un secteur, une devise, une société ou une matière première, imprévisibles. Les convictions et les évidences doivent avoir peu de rôle à jouer dans les décisions d’investissement. Ceux qui n’investissent avec succès que sur des évidences sont des heureux investisseurs qui ont croisé la chance. Et la chance étant un événement aléatoire : elle finira par tourner. Il ne faut jamais ignorer que la plupart des investisseurs ont un niveau d’ignorance qu’ils sous-estiment eux-mêmes. Ceux qui croient « savoir », en savent beaucoup moins qu’ils ne le croient. Mais ils ne s’en rendent pas compte. Ou alors trop tard…

Malgré les succès passés, nous ne sommes convaincus de rien lors d’un investissement sur une société, mais nous savons que sur l’ensemble de nos canards boiteux, certains vont gambader de nouveaux comme des lapins. Nous n’avons pas foi sur une quelconque société. Il nous est par exemple impossible de prédire quelle société au sein de notre portefeuille va devenir notre prochain bagger (multiplication de notre investissement au moins par x2). Par contre, nous avons confiance en la capacité de notre portefeuille, pris dans son ensemble, à créer de la performance à long terme.

Une réflexion au sujet de « Le bonheur d’acheter des petites sociétés déficitaires… pour obtenir des actifs au rabais »

  1. Bonjour, je ne savais pas que votre blog existe encore (je suis un lecteur du début , celui de la crise 2008), mais c’est une stratégie payante sur le long terme.
    Bravo

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