Plus malin que les autres, vraiment ?

Plus malin que les autres

Fin 2017, impossible de passer à côté du phénomène Bitcoin, des cryptomonnaies en général et de la technologie associée : la blockchain. Sans ignorer ces sujets très techniques, car il faut l’avouer, nous n’y comprenons rien, il faut bien admettre que la vague a envahi tout le paysage médiatique, pas seulement l’univers des geeks, de la presse financière spécialisée, mais bien tout le monde.

Comme par exemple, ce français qui a assisté à une présentation sur le Bitcoin à Paris et qui, interviewé pour le JT de France 2 de 20h du 29 novembre 2017, affiche clairement ses ambitions : « sur 10 000 EUR, j’espère prendre 1 000 000 EUR ». x 100. Rien que ça.

Et il est facile de comprendre l’engouement. Quand les médias rappellent que celui qui a « investi » dans le Bitcoin le 1er janvier 2017 a pu revendre avec une performance de x17 en novembre 2017, soit +1600% ! Forcément, cela crée des vocations. Des envies.

A la vue de ces chiffres, l’individu qui est hors-jeu se sent ringard. Et Oui… Et, il faut bien l’avouer, nous sommes un peu jaloux du succès que peuvent connaître certains spéculateurs. Ceux qui réussissent à surfer sur ces tendances et à en sortir systématiquement gagnant. Nous ne savons pas faire, nous aimerions savoir le faire, mais nous préférons continuer à faire ce que nous savons faire et qui réussit à la hauteur de nos attentes : acheter des daubasses et les revendre au marché avec une plus-value. Alors nous rangeons notre fierté de côté et nous admettons péniblement que nous ne serons pas sur le feu de la rampe. Loin de nous l’idée de vouloir jouer au « plus malin que les autres ». Nous laissons les spécialistes s’amuser avec ces nouveaux jouets, sans aigreur. Bravo à ceux qui savent surfer sur toute sorte de tendance sans jamais se prendre le mur.

Si cet univers d’intangibles ne rentre pas du tout dans notre champ d’application, puisque nous nous contentons de chasser les décotes patrimoniales basées exclusivement sur des actifs tangibles (immeubles, terrains, cash, stocks, créances, …) et accessoirement sur des capacités bénéficiaires cachées (le cas des RAPP), nous pouvons néanmoins nous placer en observateurs. Et nous vous proposons quelques données issues d’un monde que nous connaissons bien, l’univers boursier, pour illustrer l’ampleur du phénomène actuel.

Voici quelques données de 4 entreprises cotées avec un résumé rapide de leurs liens avec l’univers cryptomonnaie / blockchain, le ratio Capitalisation boursière / Capitaux propres (CB / CP) arrêté au 29 décembre 2017 (soit le dernier jour de bourse 2017) – avec les derniers rapports publiés – et nous allons tenter ensuite d’en tirer quelques enseignements.

Candidat #1 – Long Island Iced Tea : du thé glacé blockchainisé

Long Island Iced Tea Corp est un producteur et distributeur new-yorkais de thé glacé comme son ancienne dénomination sociale le précisait bien. Le 21 décembre 2017, la société se renomme en Long Blockchain Corp pour mettre en avant le fait qu’elle souhaite s’intéresser dans un futur plus ou moins proche aux technologies blockchain. Et, ô miracle, le titre a vu son cours tripler le jour du changement de nom.

Pour l’anecdote, ce vendeur de pelles est aussi un acheteur de Bitcoins et en détenait pour 6,79 M EUR au 30 juin 2017. Attention donc au syndrome du barman alcoolique.

Cours du 29 décembre 2017 : 5,10 USD

Nombre d’actions 30/09/2017 : 9,08 million
==> capitalisation boursière = 46,31 M USD

Capitaux propres au 30/09/2017 = 0,62 M USD
==> CB / CP = 74,7x

Candidat #2 – Bitcoin Group SE : le vendeur de pelles officiel

A toute ruée vers l’or, physique ou cryptonique, il faut son vendeur de pelles. Nous pensons avoir  trouvé un bon candidat coté en Allemagne. La société gère la « seule plateforme officielle » allemande autorisée à négocier des cryptomonnaies et, en vedette, le Bitcoin. A noter que lors de l’envolée du cours en 2017 (+892%), le fondateur, et actionnaire archi-majoritaire, s’est allégé au capital de la société pour apporter du papier au marché, affamé, en passant de 95% du capital à 75% au 30 juin 2016. Sur une valorisation alors de 40 M EUR (le cours a réellement explosé en septembre 2017), c’est environ 8,5 M EUR dans la poche. Quoi qu’il advienne, ce vendeur de pelles en chef a déjà gagné. Félicitations !

Pour l’anecdote, la société de services est aussi un acheteur de Bitcoins et en détenait pour 6,79 M EUR au 30 juin 2017. Attention donc au syndrome du barman alcoolique.

Cours du 29 décembre 2017 : 63,91 EUR

Nombre d’actions 30/06/2017 : 5,00 million
==> capitalisation boursière = 319,55 M EUR

Capitaux propres au 30/09/2017 = 9,98 M EUR
==> ratio CB / CP = 32,0x

Candidat #3 – Riot Blockchain Inc : un acteur de la blockchain

La société américaine, qui se définit comme pionnière de la blockchain, a réalisé un chiffre d’affaires de 24 175 USD sur le T3 2017 et a réussi à réaliser une perte comptable de -5,3 M USD sur ce seul trimestre. A noter que la société a distribué une grosse part de ses liquidités en versant le 12 octobre un dividende de 1 USD par action à ses actionnaires. La « magie blockchain » a encore agi, avec une progression de +639%, soit x7,4 depuis l’introduction en bourse début 2017. Performance qui ne tient pas compte du dividende.

Cours du 29 décembre 2017 : 28,40 USD

Nombre d’actions 30/09/2017 : 5,40 million
==> capitalisation boursière = 153,36 M USD

Capitaux propres au 30/09/2017 = 15,47 M USD
==> ratio CB / CP = 9,9x

Candidat #4 – Longfin Corp : un autre acteur de la blockchain ?

La société n’a rien à envier à son concurrent Riot Blockchain. Introduite le 13 décembre à 5,17 USD, l’action atteint un plus haut à 142 USD cinq jours plus tard. Un banal x27 en une semaine de cotation. Qui s’en étonne encore ?

Cours du 29 décembre 2017 : 56,30 USD

Nombre d’actions 30/06/2017 : 12,57 million
==> capitalisation boursière = 707,69 M USD

Capitaux propres au 30/06/2017 = 16,77 M USD
==> ratio CB / CP = 42,2x

Il sera intéressant de suivre l’évolution du cours des actions de ces quatre sociétés et de réaliser un nouveau constat dans 6 mois pour voir si cette nouvelle technologie justifie des ratios si élevés sur le long terme, ou si le marché va avoir une gueule de bois monumentale après une soirée cocktail qui aurait trop duré.

Par comparaison, rappelons qu’au 31 décembre 2017 le ratio moyen CB / FP du S&P 500 était de 3,36x. Avec un ratio moyen pour ces 4 sociétés cotées qui ressort à 39,7x, force est de constater que de toucher de plus ou moins près la technologie blockchain, se renommer, ou avoir un business liée à ce phénomène de cryptomonnaie / blockchain est une incroyable machine à créer de la valeur… boursière !

Des niveaux que des chasseurs de daubasses qualifieront de stratosphériques, quand eux achètent des actions qui cotent à des ratios CB / CP < 0,5x. Et encore, votre équipe d’acharnés de l’investissement dans la valeur retranche systématiquement tous les intangibles des fonds propres. Pas sûrs qu’il reste beaucoup de fonds propres pour les 4 sociétés candidates si nous considérions les actifs intangibles comme sans valeur…

Nulle doute que si nous étions une entreprise cotée, pour créer de la valeur pour nos actionnaires, nous n’hésiterions pas une seconde. Nous accepterions le Bitcoin (ou autre cryptomonnaie) comme moyen de paiement et le ferions savoir en nous renommant par exemple « Blockchain Gestion », ou encore « Bitcoin Asset Management ». Si notre cours de bourse progresse par la suite de +200% à +1000%, ce serait une opération de gestion que les actionnaires salueraient assurément haut la main !

En attendant l’apparition d’une nouvelle technologie disruptive ou d’une bulle, nous terminons l’année 2017 sur une performance de +12,53%. En deçà de l’objectif des +15% annualisés. Mais il faut tenir compte du fait que notre trésorerie a été constamment élevée durant l’année 2017, oscillant de 20%, son niveau le plus bas, à son plus haut à un peu plus de 30% au 31 décembre 2017. Cette trésorerie abondante témoigne du fait que les daubasses se raréfient sur le marché et que nous vendons plus que nous achetons (cf. le rapport de gestion d’octobre 2017). Bref, nous sommes à moitié satisfaits, mais nous avons suivi notre procress à la lettre et avons donc dormi comme des bébés en 2017 avec notre portefeuille diversifié de décotes patrimoniales (plus de 50 lignes).

Il faut juste espérer que quelques vents violents secourront un peu les marchés suffisamment forts pour que quelques pommes pas trop pourries tombent de l’arbre spéculatif qui semble toucher le ciel, afin de faire quelques courses à bon compte.

Excellente année 2018 à vous tous, chère abonnée, cher abonné. Merci pour votre fidélité. Puisse 2018, et les années suivantes, apporter aux daubassiens richesse, prospérité et plus-values !

RAPPORT DE GESTION – Décembre 2017

Au cours de ces années, ami(e) lecteur(trice), nous avons toujours eu la volonté de vous présenter notre parcours d’investisseurs avec autant de transparence que possible.

Nous alimentons régulièrement vos réflexions avec des articles pédagogiques issus de notre propre expérience originale de l’investissement.

C’est dans cette double optique de transparence et de partage que nous vous proposons chaque mois un extrait – publié 2 à 3 semaines après la version « abonnée » – du « rapport de gestion » issu de nos lettres mensuelles. Vous retrouverez les grandes lignes de l’évolution de notre portefeuille et quelques réflexions liées à l’actualité.

— Bien évidemment, ce rapport ne fera en principe pas mention de sociétés individuelles, ce privilège étant réservé à nos abonné(e)s. —

La valeur liquidative de notre portefeuille est en hausse de +1,21% en décembre. Sur l’année 2017, notre performance est : +12,53%.

Cette performance intègre un effet de change défavorable de -5,57% du principalement au Dollar US pesant à lui seul -4,69%, et également avec plus de 25% de liquidités en moyenne sur l’année.

Notre benchmark, le tracker MSCI World est en légère progression de +0,22% sur le mois et affiche une performance pour l’année 2017 de +6,45%.

En décembre, 10 sociétés du portefeuille affichent une performance à 2 chiffres, 5 en zone positive et 1 en zone négative. Ces sociétés sont les suivantes :

(…) cf. Lettre Mensuelle de décembre

Mouvements mensuels

Pas moins de 6 opération en décembre. 4 pour le portefeuille daubasses et 2 dans le portefeuille Pépites PEA.

Portefeuille daubasses

Nous avons vendu le mercredi 6 décembre une de nos parapétrolières Anglaise : Thalassa Holdings, active dans la géophysique marine, le service pétrolier et la robotique. Le cours s’est envolé et a atteint sa VANT après la vente d’une filiale qui a dégagé une plus-value de 10 millions de dollars. Nous avions acheté un premier lot d’actions de la société le 21 avril 2015 et un second lot le 14 Janvier 2016 pour la somme totale de 6 941.94€ frais inclus et nous avons revendu le jour de la Saint-Nicolas (le 6 décembre 2017) et encaissé la somme de 13 802.42€ net de frais. La plus-value en euros est donc de +98.89% en 960 jours (un peu plus de 2 ans et demi). Le change nous a été une nouvelle fois défavorable car en livres sterling la plus-value net de frais est de +137.70%.

Deuxième opération le lundi 15 décembre avec une opération d’arbitrage sur la société anglaise xxx qui fait l’objet d’une OPA depuis plusieurs semaines. Revenons sur le déroulement du film.

… réservé aux abonné(e)

La troisième opération concerne notre holding chinois de Hong Kong : Jardine Strategic qui avait dépassé sa Valeur Liquidative. Nous avions acheté des titres de la société une première fois le 11 février 2013 et nous avions renforcé une seconde fois le 12 décembre 2013 pour une somme totale de 3 978.77€ frais inclus. Le mercredi 20 décembre 2017, nous avons liquidé notre position et encaissé 5 033.52€ net de frais que l’on a ajouté à 88.95€ de dividendes nets de double taxation perçus au cours de notre détention, soit 1 773 jours. Le montant encaissé sur cette position est de 5 122.47€ net de frais. C’est donc +28.75% de plus-value en un peu moins de 5 ans.

Pour rappel, nous avions acheté Jardine Strategic dans le cadre de notre diversification dans la valeur, la plupart des positions de cette catégorie étaient des holdings décotés ou des fonds fermés cotant à moins de 70% de leur VL (avec des critères d’achat stricts). Nous n’en attendions pas de miracle en terme de performance vu le risque assez limité de ces positions. La mission de cette poche de diversification value diversifiée était donc de générer des plus-value sans exigences réelles et donc, parfois, légèrement supérieures au marché, d’autres fois un peu inférieures au marché. Ce qui est le cas avec Jardine Strategic. Et dans son ensemble, cette poche qui répondait déjà à une certaine raréfaction des sociétés décotées par rapport à leurs actifs net-net ou net-estate, a rempli parfaitement sa mission.

Rappelez-vous de Luxempart : +84.97%, Vietnam Holding : +84.11%, FFP : +68.72%, Henderson Land : +65.40%, Ukraine Opportunity Trust : +18.4%, Kinross Gold : +12.47%, Bonheur ASA : +11.32%, …

Quatrième et dernière opération de 2017 avec l’achat le jeudi 28 décembre d’actions de la société xxx. Une net-net, sortie de nulle part, que nous avons épinglée. Cette société est mal gérée et mal embouchée mais cote à 56% de sa valeur net-net et à 49% de sa valeur net-estate et montre un résultat opérationnel positif sur son dernier rapport financier, tout en présentant un potentiel que nous avons estimé à +113% ! L’activité de la société consiste à … réservé aux abonné(e)s.

Nous avons eu quelques difficulté à concrétiser notre position, comptant pour 1% du portefeuille, car le cours s’est envolé après notre premier ordre partiellement exécuté. Nous avons dû relever notre ordre et nous avons vu le cours progresser à la hausse… avant qu’il ne retombe enfin à notre nouveau prix le 28 décembre pour compléter notre position. Nous avons donc au final acheté xxx actions … réservé aux abonné(e)s valant, comme annoncé précédemment, 1% du portefeuille.

Ceci est donc notre 14ième et dernier achat de 2017. Notre plus bas nombre d’achats depuis 2008.

Portefeuille virtuel Pépites PEA

Un achat original le mercredi 13 décembre, avec la nouvelle acquisition pour le portefeuille Pépites PEA, qui présente des caractéristiques intéressantes : potentiel, marge de sécurité et catalyseur. Et sur un titre dont vous n’avez certainement jamais entendu parler ! La marque de fabrique des daubasses.

Retrouvez l’analyse de xxx dans cette lettre.

Enfin, nous avons vendu le mercredi 27 décembre, au cours de clôture, les 145 actions de la société Euronav à 7,68 EUR. Par rapport à notre prix de revient, c’est une performance de +11,7% en moins de 3 mois (2 mois et 25 jours).

Pourquoi cette vente ?

Tout d’abord, parce qu’avec un potentiel de +29%, cette ligne présentait le plus faible potentiel du portefeuille virtuel Pépites PEA.

Ensuite, avec la fusion récemment annoncée avec l’américain Gener8 Maritime qui s’effectuera notamment par échanges d’actions, nous sommes incapables de mesurer les impacts (positifs, comme négatifs) pour les actionnaires d’Euronav. Deux choses sont cependant certaines : 1. les actionnaires d’Euronav vont être dilués et 2. la solvabilité globale va fortement se dégrader du fait du fort endettement de la société américaine. Petite maigre satisfaction en constatant a posteriori que le rôle prétendu de consolidateur d’Euronav, comme nous le soulignions dans notre analyse, s’est bel et bien réalisé.

La hausse qui a suivie l’annonce de se rapprochement nous a donc définitivement motivée à réaliser nos (très rapides) profits.

Le portefeuille, quelques détails supplémentaires

Sur le mois
Nous avons acheté pour la somme totale de 9 303.74
Nous avons vendu pour la somme totale de 5 122.47 

Sur l’année 2017
Nous avons acheté pour la somme totale de 59 233.17
Nous avons vendu pour la somme totale de 103 090.08 €

Les liquidités pèsent en fin de mois 30,11% du portefeuille et progressent de +1,78 points par rapport à fin novembre. C’est aussi une hausse de +52,5% par rapport au 31 décembre 2016.

Pépites PEA

Performance depuis le 30 juin 2017 = +6,6%

Potentiel moyen pondéré = +90,7%

http://www.daubasses.com/zone-premium/projet-portefeuille-pepites-pea-daubasses
(fichier en bas de page)

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