Le ratio pour vérifier la solidité d’une entreprise

Le principal ratio que nous utilisons

pour vérifier la solidité d’une entreprise

 

Au-delà de la diversification, indispensable non seulement pour capter les gagnants et pour diluer le risque des vilains canards, les daubasses utilisent presque exclusivement un seul ratio financier.

C’est en répondant à un abonné, Serge, que nous avons pensé que cet échange pourrait bénéficier à toute la communauté.

Ou comment nous remarquons que notre ratio de solvabilité est très efficace, sans être magique, attention ! Il est toujours recommandé de lire en détail les rapports annuels pour ne passer à côté d’aucune information clef.

Bonne lecture.

Quelques éléments peuvent paraître techniques, mais vous pouvez sauter les calculs, vous comprendrez le raisonnement.

 

Question initiale de Serge :

Bonjour,

Dans votre dernière lettre de août 2017, je souhaiterais éclaircir un point de votre analyse du rapport financier de la daubasse XXX (réservé aux abonnés) à la date du 29/01/2017.

Vous notez que le ratio de solvabilité est passé de 64,6 % à 65,2 % (incidemment, je trouve,
pour ce ratio, et selon votre propre définition : 22.179.207 / ( 34.762.039 – 82.307) = 64 %).

Mais en revanche le ratio courant : actifs courants/dettes courantes = 1.178.211/10.707.373 = 0,11

Or ce rapport devrait être idéalement > 1

Ceci ne vous inquiète-t-il pas ? Il me semble qu’il est plus facile de régler rapidement des
dettes court terme avec de la trésorerie ou autres actifs courants qu’avec des fonds propres , non ?
Merci de bien vouloir me faire part de votre éclairage.

Cordialement.
Serge

Réponse des daubasses (1) :

Bonjour Serge,

Vous connaissez notre approche : une fois acheté, nous ne vendons que lorsque la VANT est atteinte ou si la solvabilité reste dégradée durablement (ratio de solvabilité > 40% pendant plus de 1 an) afin de limiter les risques de faillite. On ne suit donc pas du tout le ratio courant.

A noter que dans le cas de l’hôtelier anglais, ce ratio s’est fortement dégradé du fait de dettes à long terme qui devenaient exigibles à moins d’1 an à la date de clôture des comptes et qui ont donc été intégrées le passif courant lors de la publication des résultats.

Rien de grave, puisque dans le même rapport nous apprenons que la société s’est refinancée auprès de l’Irish Bank après la date de clôture du bilan annuel :

« Subsequent to the Financial Year End the Company has negotiated a new long term financing facility with Allied Irish Bank. The terms of this new facility, which will enable the Company to repay the outstanding Loan Notes and Director’s loan, will result in a significant reduction in our financial charges going forward. Savings in the financial year 2018/19 are estimated to be not less than £160,000, providing that interest rates remain unchanged. »

En espérant avoir répondu à vos interrogations, nous vous souhaitons une excellente journée,

Les daubasses

 2ème question de Serge :

Bonjour,

Je vous remercie de votre réponse.

Je vais cependant tourner différemment ma question  (indépendamment du cas de  XXX (réservé aux abonnés) ) :

pour quelle(s) raison(s) de fond considérez-vous que le ratio de solvabilité tel que vous le calculez est un indicateur plus fiable  que le ratio courant pour juger de la capacité d’une entreprise à faire face à ses dettes ?

En effet je lis partout et sur votre site, que le ratio courant (actif courant sur passif courant) :

 » Mesure la capacité de la société à faire face à ses échéances financières à court terme et à disposer de suffisamment de liquidités pour pouvoir tourner »

Mas je lis également dans votre dernier courriel  (car  en plus je vous lis  !) concernant votre achat de ADDvantage :  » ……et une solvabilité de 81% qui rassure sur le court terme. »

Finalement d’un côté il semblerait que les deux ratios offrent une certaine assurance sur le court terme, mais d’un autre côté que vous préférez dans vos analyses vous appuyer  sur le ratio de solvabilité pour étayer votre conviction que la compagnie peut faire face à ses dettes,  et non pas sur la ratio courant.

D’où mon interrogation : pourquoi ? quelle est la différence de contenu informatif  entre ces deux ratios

et dans quoi, selon vous,  réside celui du ratio de solvabilité  ?

Merci encore de votre patience pédagogique.

Cordialement.

Serge

 

Réponse des daubasses (2) :

Bonjour Serge,

[après quelques jours de réflexion…] : vaut mieux tard que jamais !

Quel est le meilleur ratio ? En fait, nous n’en savons rien…

Ce qui est sûr, c’est que nous n’investirons jamais dans une société qui a un ratio de solvabilité < 40%.

Après, il est toujours plus prudent d’augmenter ses marges de sécurité.

Alors, si vous souhaitez ajouter un ratio courant > 1 ou > 2 (actifs courants > 2x le passif courant), cela ne peut qu’améliorer la probabilité de la survie de l’entreprise à horizon 1 an, voire 2 ans.

Vient ensuite la question qui fâche : en mettant des garde-fous (trop ?) exigeants, trop nombreux, on limite le risque, mais est-ce qu’on trouve encore des actions qui cochent toutes les cases ?

Si oui, c’est superbe. Si non, sommes-nous trop exigeants ou bien est-ce que cela signifie que le marché est trop cher qu’il faut rester cash ?

(réservé aux abonnés) est un bon exemple, puisque les comptes font ressortir un ratio courant < 0,2 et pourtant nous considérons que l’investissement est peu risqué. Enfin, plutôt que la société ne va pas faire faillite d’ici 2 ans. Car elle a des actifs immobiliers en collatéraux (murs de ses hôtels) qui ne sont certes pas très liquides mais qui sont monnayables et ont une réelle valeur marchande.

Peut être que pour une net-estate le ratio courant est moins « important », surtout si les terrains et bâtiments en collatéraux peuvent avoir une valeur économique relativement évidente (on exclut les immeubles industriels ?). C’est difficile et subjectif…

Nous avons fouillé dans le portefeuille pour voir si le cas de (réservé aux abonnés) se répétait. Voici le résultat :

Autres sociétés du portefeuille daubasses 2 qui ont un ratio courant < 1 : aucune. En fait, les RAPP (réservé aux abonnés) et (réservé aux abonnés) sont les 2 seules sociétés qui ont un ratio courant très légèrement > 1.

Bref, toutes les sociétés cochent cette case du ratio courant. Il y a une seule exception. Nos exigences sur l’ensemble de nos ratios (dont la solvabilité) permettent, sauf dans un cas, de passer le test du « ratio courant >1 ». On respecte donc ce ratio sans le savoir pour (presque) toutes les sociétés en portefeuille, comme monsieur Jourdain ! 🙂

On vous apporte plus de questions que de réponse… Mais la réflexion est intéressante. Peut être fera-t-elle l’objet d’un article et vous serez bien entendu bienvenue pour participer au débat, dans les commentaires, par exemple.

En espérant avoir répondu (dans un timing impressionnant !) à votre question, nous vous souhaitons une excellente journée,

Les daubasses

 

Remerciements de Serge (on se fait plaisir en publiant ça !) :

Merci infiniment pour cet éclairage subtil et détaillé que vous avez bien voulu m’apporter. Je comprends qu’il vous fallait bien [plusieurs] jours de réflexion intense et quotidienne  (si, si, je le sais,  ne niez pas !) pour répondre à  mes épineuses interrogations.

En tout cas j’ai bien progressé grâce à tous  vos écrits  depuis trois ans, alors que je partais de  0 en analyse financière. Vous êtes les meilleurs.

Cordialement.

Serge

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *