Archives de catégorie : Chronique d’une mort annoncée

La fin des haricots

Il est temps pour nous, cher lecteur, de tirer les conclusions de l’expérience intellectuelle que fut le suivi de la « mise à mort » de la société Gantois.

Le mandataire judiciaire Fabien Voinot est formel : « du fait de l’ouverture de la procédure de liquidation judiciaire, il apparait qu’effectivement les actions de la société GANTOIS SA ont perdu toute valeur. » Gloups ! Vous trouverez la communication EURONEXT ici

Nous n’y croyions plus vraiment suite aux précédentes annonces, nous pensions seulement qu’il pouvait être possible de récupérer un petit quelque chose. En fait, il ne reste finalement rien pour les malheureux actionnaires…

Nous parlions dans notre dernier article « d’investisseurs intéressés ». Finalement, non… Ce ne sont pas des investisseurs qui se sont intéressés à Gantois mais des industriels qui ont pû reprendre à la barre du tribunal des actifs pour une bouchée de pain. Si nous considérons le bilan humain, nous ne pouvons que nous réjouir de cette issue relativement positive au niveau social.

Que nous apprend ce périple de près de 15 mois ?

Si vous en doutiez encore : investir dans une entreprise qui connaît d’importantes difficultés financières… est risqué ! Notre petit exercice intellectuel de suivi nous confirme un point capital : la solvabilité est un élément important dans la décision d’investir dans une société. C’est elle qui permet à la société en difficulté de « temporiser » et de « tenir » jusqu’à ce que la crise débouche sur une solution acceptable pour toutes les parties (fournisseurs, personnel et actionnaires). Dans le cas contraire, au moins une des parties (mais souvent toutes) s’en trouve lésée.

Ajoutons que nous nous voyons confortés dans les deux autres pierres angulaires de notre approche : pour notre portefeuille, nous privilégions la marge de sécurité (si chère à Warren Buffet ) ET la diversification .

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Gantois : Une seconde vie ?

Suite à la publication des résultats du premier semestre , il est difficile de voir l’avenir en rose pour notre candidate à la disparition : hors les produits liés aux abandons de créance pour 14 570 k EUR, le résultat opérationnel ressortirait à -6 451 k EUR… pour un chiffre d’affaires de 25 317 k EUR. Une bien piètre rentabilité. A ce rythme là et sans amélioration des résultats, les capitaux propres de 8 468 k EUR seront réduits à néant avant la fin du premier trimestre 2011.

Sauf si… un actionnaire venait reprendre le patrimoine de Gantois comme nous l’avions déjà évoqué par le passé .

Un événement heureux qui semble de plus en plus probable. En effet, à en croire Jean-Claude Caudy, secrétaire du comité d’entreprise de l’unité fismoise de chez Gantois interviewé par L’Union – L’Ardennais du 16 novembre  : « Depuis trois semaines, il y a régulièrement dans nos murs des investisseurs intéressés par notre activité. À ma connaissance il y a actuellement six repreneurs potentiels dont on ne connaît pas le nom : quatre industriels français et deux organismes financiers. Certains ont même signé des contrats de confidentialité. » Or la date butoir pour le dépôt des offres était fixée au 3 décembre. Il se pourrait bien que des nouvelles – bonnes, nous espérons ! – arrivent des Vosges dans les jours à venir.

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Gantois : l’agonie se poursuit

Nous poursuivons ici notre feuilleton 2010-2011.

Gantois a rendu public le compte-rendu  que le conseil d’administration fera à l’assemblée générale du 30 septembre prochain. Les résultats financiers sont encore… désastreux !

Le chiffre d’affaires du 1er semestre est en retrait de -12% par rapport au 1er semestre 2009. Le conseil annonce que « les conditions économiques sont toujours très difficiles pour la société ». Malgré une hausse du prix des matières premières de +15% depuis 1 an, les stocks ont été réduits de 0,8 M EUR et la société a pour objectif un nouvel abaissement de 1 M EUR sur le semestre en cours. Néanmoins, revenons à la réalité ! Ce 1er semestre se solde par une perte d’exploitation de -4,8 M EUR pour un CA de 21,9 M EUR. Le résultat net ressort positif à +13,20 M EUR essentiellement par le jeu comptable des abandons de créances entre autres (impact de +16,8 M EUR de résultats exceptionnels).

Ainsi, les capitaux propres s’élèvent désormais à 8,46 M EUR. « Cet apurement de la dette devait permettre à la société d’envisager son refinancement dans des conditions normales », écrit le conseil, qui ajoute cependant que les facteurs exogènes, en dépit des efforts, n’ont toujours pas permis de restaurer la rentabilité d’exploitation, ce qui nécessite un recentrage plus profond, et explique la volonté de l’entreprise de chercher à s’adosser. Mais la cession d’un actif immobilier important n’a toujours pas pu se réaliser, si bien que « la société est susceptible de rencontrer des problèmes critiques de trésorerie », ce qui explique le déclenchement de la procédure d’alerte par les commissaires aux comptes. On apprend également dans ce communiqué que le moratoire de 2 mois portant sur les charges sociales et fiscales pour un montant initial de 1,10 M EUR a été augmenté de 0,50 M EUR et que de nombreuses cessions sont en cours (immobilier, participations industrielles, …). La direction semble satisfaite de ses actions car selon elle ces « mesures prises par l’entreprise devraient permettre à celles-ci de disposer  de quelques semaines pour actualiser le plan stratégique et son financement, et surtout poursuivre activement la recherche de nouveaux actionnaires… ». Le dénouement est proche !

L’actionnaire majoritaire a considéré que les conditions d’un réinvestissement n’étaient pas réunies compte-tenu des difficultés persistantes de l’entreprise, surtout qu’il a déjà apporté de nombreux capitaux par le passé . A défaut de solution positive, le conseil statuera sur « toute procédure utile ».

Pour les bonnes nouvelles, sachez qu’à ce jour, 8 investisseurs ont manifesté un intérêt pour le groupe dans son ensemble, et 4 industriels pour des activités sectorielles. « La direction prend quant à elle toutes les mesures pour préserver la continuité d’exploitation aussi longtemps que possible, sans toutefois être en mesure de pérenniser à ce stade le moyen terme de la société », conclut le conseil du groupe vosgien.

Et pour finir sur une note positive, nous apprenons également que l’ERP est opérationnel depuis le mois de juillet 2010. Bonne nouvelle ! 🙂

Gantois : une AG mouvementée …

Après une présentation et une valorisation de Gantois dans un premier article, notre société en difficultés préférée vient de publier le compte rendu de son Assemblée Générale ordinaire et extraordinaire en date du 2 juin 2010. Il est rare d’avoir un rapport d’AG si détaillé : on s’y croirait ! L’intervention de chaque participant est clairement retranscrite, c’est un régal à lire.

Quelques actionnaires minoritaires ont tenté de chatouiller l’équipe de direction avec des questions et des remarques plutôt directes :

–         « M. Colin (un actionnaire minoritaire) se dit surpris que ni le Bureau, ni les Comissaires aux Comptes n’aient fait de remarques sur le non respect répétitif des obligations légales d’information aux actionnaires, soit trimestrielle, soit annuelle. Il demande à quelle date a été publié le chiffre d’affaires annuel 2009 puis celui du premier trimestre 2010 »

–         M. Paulhac, Représentant de la Tour Gestion, s’interroge sur les conventions réglementées car il trouve les rémunérations mentionnées excessives… »

–         A propos de la cession d’un domaine foncier à la ville de Saint-Dié « suite à la remarque de M. Colin indiquant que le contribuable déodatien (NDLR : l’habitant de Saint-Dié) estime avoir fait une excellent affaire, M. Toillier (le DG) et M. Colin échangent sur le montant présumé »

 Beaucoup de rebondissements lors de cette AG. Avant le vote d’une résolution extraordinaire liée à une augmentation de capital, l’actionnaire majoritaire – Baulder II – représenté par M. Bosco « prend la parole et propose de modifier la résolution. » Rien que ça ! Résolution qui prend maintenant tout son sens depuis que l’on sait que Baulder II souhaite vendre se participation (information diffusée par un communiqué de presse du 15 juillet alors que l’AG a eu lieu le 2 juin).

Hormis tous ces passages croustillants, il y a des éléments financiers intéressants à retenir :

–         Tous les biens immobiliers n’ont pas été vendus. Mais ceux qui ont été cédés l’ont été à un prix au moins égal à celui prévu dans les comptes. C’est rassurant pour les valorisations, mais il faudra surveiller l’évolution des ventes du patrimoine immobilier

–         Le management ne prévoit pas encore de bénéfices pour 2010 malgré une forte réduction des pertes, hors résultat exceptionnel du fait de la renégociation de la dette

–         La renégociation de la dette devait avoir un effet positif, via le résultat exceptionnel, de 15,8 M EUR. En fait, cet effet sera ramené à 13,3 M EUR après prise en compte des paiements entre les filiales du groupe. Nous venons donc de perdre 2,5 M EUR par rapport à notre évaluation !

Nous tenons à signaler qu’il est exceptionnel qu’une société détenue largement majoritairement par un unique actionnaire soit aussi transparente et nous tenons à le saluer.

 Nous vous invitons vivement à lire le compte-rendu officiel sur le site de la société ici 

La suite de l’aventure au prochain épisode.