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Joel Greenblatt : une approche "value" basée sur la capacité bénéficiaire

Pour valoriser une entreprise, deux approches différentes existent : la première, celle que nous employons, est basée avant tout sur le patrimoine de l’entreprise. La seconde approche se base sur la capacité bénéficiaire de l’entreprise.

Dans une optique de gestion de portefeuille « à pilotage semi automatique », nous avons décidé d’utiliser la formule de Ben Graham en sélectionnant des sociétés peu endettées et cotant sous la valeur de leur fond de roulement net.

Il existe un équivalent semi automatique à cette formule mais pour l’approche de la capacité bénéficiaire : il s’agit de la formule mise au point par Joel Greenblatt.

Cette approche semi automatique mérite, par son aspect value, une petite présentation sur notre blog : rien de tel que de parfaire sa culture générale pour s’améliorer comme investisseurs.

La méthode de Greenblatt porte le nom un peu pompeux de « formule magique ». Mais passons outre à cette approche un peu « paillettes » pour se pencher sur la méthode qui mérite effectivement qu’on s’y attarde.

Cette « formule magique » représente en réalité un simple « screening » pour dénicher des actions « bon marché et de qualité » c’est-à-dire avec un rapport « cours/valeur d’entreprise » faible et un rendement sur capital investi élevé.

En résumé, voici la méthodologie proposée par Greenblatt :

– ne sélectionner que les sociétés présentant une capitalisation boursière minimum (par exemple 50 millions de dollars)
– exclure de la liste les « utilities » et les financières
– déterminer la valorisation de l’entreprise en divisant le résultat opérationnel par la valeur d’entreprise. La valeur d’entreprise s’obtient en additionnant la capitalisation boursière d’une entreprise et ses dettes financières (ou en soustrayant la trésorerie excédentaire).
– déterminer le rendement sur capital investi en divisant le résultat opérationnel par les capitaux investis. Ceux-ci s’obtiennent en ajoutant les dettes financières (ou en soustrayant la trésorerie excédentaire) aux fonds propres.
– classer les sociétés en combinant les deux ratios
– investir en se constituant un portefeuille de 20 à 30 sociétés en accumulant 2 à 3 postes par mois sur une période de 12 mois
– une fois le portefeuille constitué, effectuer un rebalancing une fois par an
– tenir cette stratégie à long terme

 

Le marché peut-il aller plus bas ?

Nous n’en savons rien …

Tout ce que nous pouvons dire, c’est que le marché nous semble bel et bien sous évalué (cfr notre article de fin 2008) mais nous sommes dans l’impossibilité d’émettre quelque avis que ce soit sur le sens du marché dans les 18 mois qui viennent.

Malgré tout, nous venons de nous replonger dans nos petits tableaux contenant les données du S&P 500 depuis 1925.

Pour le moment, concernant cet indice, nous ne sommes pas encore dans le marché baissier le plus long : dividendes réinvestis, l’investisseur qui avait acheté le S&P en janvier 1929 a du attendre fin 1942 pour retrouver sa mise, soit 14 ans.

A l’heure actuelle, sur le même indice, l’investisseur qui se trouve aujourd’hui sur le S&P 500 a du investir avant mars 1998 pour récupérer sa mise (à condition d’avoir réinvesti ses dividendes) soit 10 ans et 2 mois.

Par contre, si on tient compte de l’inflation, nous nous trouvons bel et bien dans le plus long marché baissier depuis 1925 :

Celui qui a investi fin septembre 1929 a du attendre novembre 1936 pour récupérer son investissement en dollar constant, soit 7 ans et 3 mois

Celui qui a investi en janvier 1974 a du attendre janvier 1985 pour récupérer son investissement en dollar constant, soit 11 ans et 1 mois.

Et celui qui est investi fin janvier sur le S&P 500 a du investir avant avril 1997 pour conserver son pouvoir d’achat en dollar, soit 11 ans et 9 mois.

Notre conclusion : à défaut de connaître l’euphorie et la liesse d’un superbe bull market, nous vivons une expérience unique, riche d’enseignements pour notre avenir d’investisseur. Et nous pourrons dire à nos petits-enfants : « j’y étais » …

J’ai fait un rêve …

Hier soir, épuisé par plusieurs heures de chasse à la daubasse, je me suis endormi sur mon bureau ….

Et ensuite, miracle ! je pouvais enfin dialoguer avec le maître. C’était d’autant plus réjouissant qu’il s’exprimait en français, m’évitant ainsi de baragouiner un anglais que d’ailleurs je ne maîtrise pas.

– Bonjour Maître Graham, si vous saviez comme je suis heureux de vous rencontrer …

– Bonjour Petit Scarabée

– Pourquoi m’appelez-vous « Petit Scarabée » ?

– Vieille plaisanterie que nous aimons faire Maître Po et moi (NDLR : pour ceux qui aurait un « trou » dans leur culture télévisuelle http://kung-fu.serieslive.com/). Lui-même appelle à présent tous ses moines Shaolin « Warren ». Va savoir pourquoi …

– J’imagine qu’on vous demande souvent si l’année 2009 sera une bonne année boursière ? D’ailleurs, je me pose moi-même la question.

– As-tu lu mes écrits Petit Scarabée ?

– Bien sûr Maitre.

– Alors souviens-toi de ce passage Petit Scarabée : «Nous sommes convaincus que si l’investisseur intelligent s’efforce de faire du timing de marché, il finira dans la peau d’un spéculateur et aura des résultats de spéculateur»

– C’est vrai Maître mais il faut reconnaître que vos enseignements, s’ils paraissent simples au premier abord, sont difficiles à appliquer, surtout dans les conditions actuelles. C’est vrai que j’aurais dû vous demander plutôt si les actions présentaient des valorisations suffisamment faibles pour justifier un investissement.

– Petit Scarabée, tu es presqu’aussi dissipé que ne l’était ce galopin de Warren. Relis « The Intelligent Investor ». La réponse à ton interrogation est dedans …

Je me réveillais alors en sueur, triste d’avoir déçu le maître … heu pardon, ce n’était qu’un rêve et cette canaille de Ben à mieux à faire que s’intéresser au sort d’un petit boursicoteur amateur comme moi.

N’empêche, je me jetai sur « The Intelligent Investor » à la recherche des éléments permettant de déterminer à quel niveau de valorisation se situe aujourd’hui le marché des actions. Finalement, je compris que la recommandation de Graham est de comparer le ratio bénéfices/cours inversé des actions avec le rendement des obligations. La comparaison entre les deux rendements devrait permettre de déterminer lequel des deux supports est le plus attrayant pour l’investisseur.

Il ne me restait plus qu’à m’emparer de ma calculette et rechercher quelques bases de données sur le net.

Voici donc le résultat de mes élucubrations

De 1961 à fin novembre de cette année, le S&P500 a procuré un rendement, dividendes réinvestis de 9,1 %. Bon ça c’est un point mais ça ne m’avance guère.

Sur cette période, le price earning ratio moyen du S&P500 a été de 17,8. Pour cette année, au niveau actuel, il est de 18. Est-ce à dire que le marché est toujours légèrement sur évalué ?

J’ai décidé de comparer le per inversé (c’est-à-dire en divisant 100 par le per) avec le rendement des emprunts d’état US à 10 ans.

Surprise : sur la période de 1961 à ce jour, la moyenne des rendements des t-bond 10 ans et le per inversé sont presque similaires : 6,61 % pour le per inversé et 6,75 % pour les obligations. Autrement dit, durant ces 47 dernières années, en moyenne, les actions ont été valorisées sans marge de sécurité par rapport aux placements sans risque.

Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, l’écart entre le taux des obligations sans risque à 10 ans et le per inversé est de 3,41 %. Au cours de ces 47 dernières années, il n’y eut que 4 années qui se sont terminées avec une marge de sécurité supérieure à celle que nous connaissons actuellement : 1974 (5,57 %), 1978 (3,69%), 1977 (3,67 %) et 1979 (3,44 %). Et en moyenne, l’année qui a suivi a procuré aux actionnaires un rendement, dividendes inclus, de 23,6 %.

Si je prends comme base de calcul le consensus pour 2009, la marge de sécurité par rapport aux obligations tombe à 2,73 % suite aux prévisions de bénéfice en baisse. Et malgré cette révision, cela reste dans le top 5 des plus grands écarts positifs enregistrés depuis 1961.

J’en conclus que les actions semblent bel et bien sous évaluées et que, sur base statistique, l’année 2009 s’annonce prometteuse. Voilà pourquoi à la question posée par notre collègue de Québec Bourse à propos de l’évolution du S&P500 en 2009, j’ai répondu « Progression supérieure à 10% ».

Mais une autre maxime, pas de Graham cette fois, souvent utilisée par les gestionnaires de fonds me revient en mémoire : « les performances passées ne sont pas garantes des performances futures ».

Bon ben me voilà bien avancé …

Dores et déjà, nous souhaitons une excellente année 2009 à tous nos lecteurs …