Archives de catégorie : Questions des Lecteurs

Question des lecteurs : Vous aviez vu juste l’année dernière en prévoyant une hausse des marchés supérieure à 10 %. Que prévoyez-vous pour 2010 ?

Effectivement, cher lecteur, nous avions, comme vous dites, « vu juste ». 

Pourtant, nous nous refusons à tenter de prévoir le sens du marché. C’est un exercice qui se situe largement au-delà de notre cercle de compétence … et cela nous est bien égal d’ailleurs car nous n’achetons pas « les indices » ou « les bourses » ou « des actions » mais bien des actifs bien précis répondant à des critères de valorisation stricts.

Il est vrai qu’en cette fin d’année 2008, c’était la première fois (et peut-être la dernière) que nous nous étions lancés dans ce genre de pari avec une certaine conviction : nous avions l’impression de ne pas prendre de risque inconsidéré en anticipant une hausse générale des marchés d’actions : ceux-ci étaient tellement sous évalués qu’un rapprochement vers leur « juste prix » nous semblait presque obligatoire à moyen terme.

Mais aujourd’hui, la situation est un peu différente : les indices se sont redressés (le S&P 500 a gagné à ce jour près de 25 %) et les taux d’intérêts à long terme se sont légèrement tendus (les « Treasury notes » à 10 ans ont pris 1,5 %).

Autrement dit, vous l’aurez compris cher lecteur, la marge de sécurité énooorme que nous offrait Mr Market fin 2008 a bel et bien fondu. Si elle est aujourd’hui, en fonction des PER estimés pour 2009 et du niveau des taux d’intérêt, encore supérieure à la moyenne de ces 50 dernières années, elle n’est plus suffisamment « évidente » pour que nous puissions nous « mouiller » quant à l’orientation des marchés boursiers.

Effectivement, nous n’avons pas pour vocation de jouer aux pythies : nous ne voudrions pas vous imposer le sacrifice d’une malheureuse chèvre innocente et préférons écluser un bon pot de bière plutôt que de mâchonner des feuilles de lauriers. Quant à nous faire entrer en transe, même un S&P 500 en hausse de 25 % par an n’y suffit pas.

A défaut d’oracles, nous avons tout de même une « vision » : s’il semble bien que Mr Market ait pris une bonne dose de Xanax au cours de l’année écoulée, celui-ci n’en subit pas moins de graves accès de « maniaco-dépressivité » lorsqu’il se penche sur le cas de certaines sociétés particulières.

Ce sont ces anomalies que nous traquerons en 2010 et tenterons, plus que jamais, d’acquérir des actifs d’un dollar en payant 50 cents.

En attendant, nous vous souhaitons un joyeux Noël et d’excellentes fêtes de fin d’année.

Question des lecteurs (13) : Depuis que vous avez décidé d’ajouter l’immo aux nets-nets, pouvez-vous déjà en tirer des conclusions quant à la …

………………… pertinence de cette extension de la notion de net-net ?  

Difficile, cher lecteur, de déjà tirer un enseignement sur l’investissement en « net estate » (notre première acquisition date d’à peine trois mois).

Cependant, il nous semble, a priori, que les sociétés achetées sous leur VANE sont plus solides que les net-net : des collatéraux importants, moins d’actions privilégiées et souvent, à défaut de bénéfices, des Ebitda positifs.

Par contre, elles semblent, généralement, receler moins d’actifs cachés (intangibles du style savoir-faire, licence ou marque) que les net-net. Nous croyons que ce n’est pas dû à leur statut de « net estate »mais bien à la répartition sectorielle : avec les net-net, nous avons pas mal de technos (ces sociétés nécessitent souvent peu d’investissement et ont juste, comme actifs tangibles, des stocks et des créances).

Avec les « net estate », on s’oriente vers des sociétés plus industrielles, nécessitant des investissements en immobilisés plus importants.

Des explosions sur quelques mois comme Netlist ou Value Vision Media nous semblent plus difficiles à obtenir avec les VANE mais nous pensons que nous sommes mieux protégés en cas de retournement de tendance et avons également la conviction que ce segment, à long terme, nous permettra aussi de surperformer le marché.

Question des lecteurs (12) : après la formidable hausse de votre portefeuille, celui-ci ne voit-il pas tout son potentiel épuisé ?

Que du contraire cher lecteur …

Comme vous le savez, nous avons un modèle théorique de calcul du potentiel du portefeuille très simple (pour notre égo, nous n’osons dire « simpliste »).

Nous partons donc du principe que la « vraie » valeur des sociétés de notre portefeuille, c’est son actif net tangible (c’est à dire diminué de la valeur aux comptes des immobilisations incorporelles et des goodwill). Nous anticipons aussi, toujours de manière théorique, que 10 % de nos sociétés vont connaître une fin tragique (c’est-à-dire la faillite pure et simple) et que les sociétés que nous avons en portefeuille étant de vraies daubasses, elles perdront, en moyenne, 10 % de leur valeur d’actif net tangible.

Lors du lancement de notre portefeuille, nous avions calculé ce potentiel en l’établissant à 266 % du capital de départ.

Il y a quelques semaines, après une hausse de 180 %, nous avons fixé la « vraie » valeur de notre portefeuille 94 % au dessus de sa valeur de bourse de l’époque.

Et aujourd’hui, alors que la valeur boursière a augmenté de 25 % ? Et bien notre approche théorique nous laisse penser que nous pourrions encore grapiller … 156 %.

C’est la magie de ce que nous expliquions ici : les belles opportunités qu’on constituées l’OPA sur Nucryst et l’envolée de Netlist nous ont permis de dégager suffisament de liquidités pour racheter des sociétés meilleur marché, relevant de cette manière notre potentiel d’appréciation.

Evidemment ,ce que nous disions déjà il y a un an reste valable : » nous ne pouvons déterminer quand Mr Market nous proposera un bon prix pour nos sociétés » .

Il n’empêche qu’à l’heure actuelle, nous détenons « un dollar pour 39 cent investis » et avons la conviction que c’est la meilleure sécurité que nous puissions avoir pour notre épargne.

Double question des lecteurs : Ne vendez-vous pas trop vite ?

Certain titres ne sont t’il pas vendu bien trop tôt par rapport au « rattrapage possible « qu’ils pourraient effectuer par rapport à leurs cours normal moyen historique ?

Cette double question d’un fidèle abonné ne manque pas de pertinence. Celui-ci reprend l’exemple de Passat que nous avons vendu à 4,30 euros alors que le cours actuel de l’action se situe au-delà de 8 euros.

Quelle aurait été la performance du PTF Daubasses en n’ayant vendu aucun titre depuis l’origine du 24 Nov 2008 ?

D’une manière générale, ce constat correspond à ce qu’on peut souvent lire au sujet des investisseurs « value » : ceux-ci ont souvent tendance à acheter trop tôt et vendre trop tôt.

Pour répondre à la première question, nous allons d’abord répondre à la deuxième. La performance au 06/11/09 du portefeuille « daubasses », si nous n’avions effectué aucun arbitrage, aurait été de 187,6% au lieu de 173,4% effectivement réalisé.

Est-ce à dire que nous n’aurions rien dû arbitrer ? Oui si on se base sur la performance pure, quoique l’essentiel de l’écart se situe dans l’économie de frais de courtage que nous aurions réalisée en l’absence d’opération.

Mais honnêtement, nous ne nous serions pas sentis « à l’aise » car en n’effectuant aucun arbitrage, nous détiendrions aujourd’hui un très grand nombre de sociétés cotant largement au dessus de la valeur de leurs actifs tangibles. Ainsi, nous avons vendu Telestone Technology après avoir multiplié notre investissement par 4,5x. Aujourd’hui le cours de l’action se situe à un multiple de 10 de notre prix d’achat ! Mais en l’absence de collatéral, comment aurions-nous pu mesurer les avantages compétitifs de cette société high tech chinoise ?

Modestement, nous nous devons de reconnaître nos limites et celles-ci nous indiquent que déterminer la valeur d’une société au-delà de la valeur de son actif est un exercice périlleux… trop périlleux pour notre gestion de « bon père de famille »..