Qui est le plus grand « chasseur de daubasses » de tous les temps ?

Le premier nom qui vient à l’esprit est évidemment Warren Buffet mais celui-ci chasse plutôt le tigre de Sibérie que la daubasse.

Non, pour nous, celui qui a le mieux garni sa gibecière de daubasses, c’est Walter Schloss.

Agé aujourd’hui de 92 ans, Walter Schloss est un personnage décalé à l’image de notre démarche d’investissement et de notre blog.

Nous allons vous parler d’un investisseur atypique, de celui qui, sur la durée et avec une méthode diamétralement opposée, est le véritable dauphin de Warren Buffett.

De 1956 à 2002, le fond géré par lui et son fils (qui l’a rejoint en 1973) a généré un rendement de plus de 15 % là où le S&P 500 générait en moyenne une dizaine de pourcents. Sur la durée, la différence est de taille : un dollar investi sur le S&P durant la période est devenu 93 dollars. Pas mal n’est-ce pas ? Mais un dollar investi par « Big Walt » est devenu … 780 dollars.

Agé aujourd’hui de 92 ans, Walter Schloss est un investisseur hors norme.

Sa carrière débute en 1934. Il a 18 ans et on est en plein dans « la grande dépression ». Fin des années 30, il suit les cours de Benjamin Graham. Celui-ci l’engage en 1946. Quelques années plus tard, il est rejoint par un jeune blanc-bec : Warren Buffett. Les deux hommes travaillent dans le même bureau et deviennent amis. Les investissements réalisés par les deux hommes à cette époque n’ont jamais fait l’objet de visite aux entreprises ciblées. De toute manière, d’après Buffett, Ben Graham était contre « car il pensait que ce serait tricher ».

Les deux plus illustres élèves de Ben Graham ne vont cependant pas travailler longtemps ensemble. Quelques mois après l’arrivée de Warren Buffett, Walter Schloss part créer son propre fond.

Walter Schloss et son fils sont des « anachronismes » dans la jungle de Wall Street. Leur bureau est constitué d’une seule pièce. Ils ne rencontrent que très rarement les dirigeants des sociétés et jamais les analystes afin de ne pas se laisser influencer.

Leurs clients sont fidèles : certaines familles ont même confié leur patrimoine à Walter Schloss pendant 3 générations. Les Schloss ne donnent jamais le nom des valeurs dans lesquelles ils sont investis, même pas à leurs clients tant certains titres semblent peu recommandables.

Chaque année, l’entièreté des gains est distribuée aux clients et ne sont, en principe et sauf demande exprès des clients, pas réinvestis dans le fond. Ceci permet d’éviter que les en-cours ne gonflent dangereusement, limitant ainsi le potentiel futur du fond.

Walter Schloss était exclusivement rémunéré sur une partie des gains et assumait aussi une partie des pertes. Ainsi, si le fond baisse en valeur, la part de chaque client diminue proportionnellement moins. Ceci, contrairement à l’énorme majorité des autres gérants de fonds, les a incité à limiter au maximum les pertes pour les actionnaires. Ainsi, sur les 45 années passées à la tête de son fond, « Big Walt » n’a connu que 7 années négatives (alors que le S&P 500 a connu 11 années négatives sur la même période).

Walter Schloss est aussi un véritable radin : il suit sa femme partout dans la maison familiale pour éteindre les lumières, récupère les timbres non oblitérés sur les enveloppes et « pique » l’exemplaire « value line » de son fils afin de ne pas payer l’abonnement.

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4 réflexions au sujet de « Qui est le plus grand « chasseur de daubasses » de tous les temps ? »

  1. Bonjour les daubasses !

    Est il intéressant pour un riche chasseur de daubasses ( tel que big walt) d’investir dans une daubasse a hauteur de 40%, 60%, voir 100% de la capitalisation boursiere de l’entreprise ?

  2. Merci de votre réponse rapide.

    – comme je l’avais déjà demandé a un membre de l’équipe des daubasses, je ne comprend pas comment on peut être a la fois être actionnaire majoritaire et espéré que le cours grimpe puisque toute les actions que l’on possèdent ne peuvent être ni vendu ni acheter (puisqu’on les conservent). Ce membre m’avait répondu, sans grande certitude, que oui théoriquement la volatilité du titre serait grandement diminué.

    Je ne comprend donc pas comment buffet a pu voir le cours de ces daubasses grimper ?

    1. Le cours d’une action n’est jamais que le thermomètre donnant la température du marché mais il ne donne pas la vraie valeur du bien détenu. Le fait que le cours monte ou descende ne signifie rien pour un investisseur « value ». Si Buffett a pu acquérir des actifs de qualité pour pas cher, il se moque de connaître l’évolution du cours de la société qu’il a acquis. Si vous achetez un immeuble avec la conviction de ne pas l’avoir payé trop cher, que vous importe qu’il existe une « bourse de l’immobilier » qui vous confirmera à court ou moyen terme votre sentiment ? Si les actifs acquis l’ont été à bon prix, il y aura deux possibilité pour l’actionnaire à 100 % : soit bénéficier des flux de cash flow généré par son investissement, soit revendre tout ou partie de ces actifs à bon prix à un concurent intéressé. La bourse n’est pas nécessaire pour faire cela.

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