Question des lecteurs : Un krach boursier majeur pourrait arriver, pourquoi ne vous couvrez-vous pas ?

se protéger des krachs boursiers… parce que nous n’avons pas froid …

C’est sans doute la réponse humoristique que nous aurions pu faire à notre ami abonné lors de la question ci-dessous qu’il nous a fait parvenir par mail si nous avions été d’humeur facétieuse.

« … Pourquoi ne vous couvrez-vous pas avec des options « put » (achat) sur le Nasdaq ? … En effet, un krach (majeur, bien plus fort que les précédents à cause des produits dérivés) est souvent évoqué ici ou là, même si je comprends bien que votre philosophie soit en dehors de ces considérations et serait l’opportunité de faire « des affaires » (achat de nouveaux titres / renforcement de ceux déjà en portefeuille)

=> Les banques centrales soutiennent artificiellement les cours (pour l’instant) mais l’issue pourrait être dramatique durant de longues années….. avant de repartir ? … »

En réalité, les considérations macro-économiques et le « market timing » ne font absolument pas partie de notre stratégie.

Certains sont sans doute capables d’obtenir des rendements intéressants avec cette approche mais, pour notre part, même s’il nous semble que les marchés deviennent chers, nous ne nous aventurons pas dans cette voie.

Simplement, si nous ne trouvons plus d’opportunités, nous restons « liquide » : les couvertures coûtent cher notamment avec les effets de beta slippage ou de contango et surtout « le marché peut rester irrationnel plus longtemps que nous ne pouvons être solvables« .

Si le timing de couverture n’est pas idéal, si les stop loss ne sont pas correctement placés, ces couvertures ne peuvent que faire perdre beaucoup d’argent et … ne rien couvrir du tout.

La gestion optimale de ces couvertures nécessite aussi un travail psychologique particulier, sans doute un peu différent de celui que nous utilisons pour nos investissements « normaux » et nous n’avons ni l’envie, ni même la nécessité de faire ce travail.

Et pourtant, à l’instar de certains qui « font  des vers sans en avoir l’air », il nous arrive de « faire de la macro-économie sans en avoir l’envie ».

Mais il s’agit d’analyses macroéconomiques « à l’envers ». Souvent, nous constatons a posteriori qu’il y a un problème sur un secteur économique ou une zone géographique tout simplement parce que nous investissons dedans !

Vous vous souvenez sans doute de nos surpondérations sur le segment immobilier en 2009-2010 (avec des investissements dans Barratt + 528 %, Adler Real Estate + 155 %, AV Home + 90 % ou LNC +15 %), dans le photovoltaïque en 2011 (PV Crystalox + 156 %, Amtech + 101 % et Renawable Energy – 13 %), l’Italie lors de la « crise de l’euro » en 2012 (Benetton + 54 %, Ricchetti + 84 % et Panaria + 135 %) ou encore les valeurs technologiques fin 2012 (Performance Technology + 105 %, Xyratex + 54 %, Pursuit Dynamics – 52 % et Electronic System + 101 %).

Globalement, ces investissements « anti macroéconomie » se sont soldés par une plus-value moyenne de 108 %.

Chaque fois, c’est parce que nous trouvions des opportunités dans ces segments de la cote que nous nous rendions compte qu’il s’agissait précisément de segment « à problème ».

Certes, nos entrées n’ont pas toujours été optimales en termes de timing : souvent, les positions acquises l’ont été un peu trop tôt et le cours a continué de baisser après nos premières prises de position.

Mais, avec le recul, nous constatons que nous sommes chaque fois sortis de nos positions « par le haut » : la plupart du temps en plus-value et souvent même en générant des « baggers ».

C’est assez intuitif et courant pour un investisseur « value » : celui-ci investit souvent trop tôt et vend souvent trop « tôt »… tout simplement parce qu’il ne se laisse pas guider par le sentiment de la « foule » qui est souvent excessif tant dans ses inclinations pessimistes que dans l’euphorie. L’investisseur « value » se laisse guider uniquement (du moins dans notre cas) par la valeur de ce qu’il achète ou de ce qu’il vend.

Cette année 2015, même si elle n’est pas encore terminée, ne fait pas exception à la règle : sur les 24 achats ou positions haussières initiées depuis le début de l’année, 54,2 % ont été concentrés sur 2 secteurs bien particuliers, secteurs qui s’avèrent bel et bien « en difficulté ».

Le premier secteur est sans doute le plus évident : c’est celui des énergies fossiles. Reconnaissons qu’en ce qui le concerne, nous savions dès nos achats que le cours du pétrole était à ses plus bas. Comment l’ignorer avec le tapage médiatique sur le sujet ?

En 2015, nous avons procédé à 7 achats sur ce secteur. Au sein de notre portefeuille, il représente aujourd’hui un poids de 9,8 % de la partie investie et se répartit sur 9 lignes différentes.

La sinistrose dans l’autre secteur est moins médiatique et, pour tout dire, jusqu’à la lecture récente d’un article économique, nous n’en avions pas pris conscience.

Cet article expliquait entre autres que la crise de 2008 et les mesures monétaires qui ont été prises à sa suite avaient eu pour conséquence de réduire la classe moyenne américaine.

Cet élément nous a interpelés et aussi le fait de constater que Walmart, le géant américain de la distribution, cotait 35 % sous son sommet.

C’est alors que nous nous sommes rendu compte que nous avions particulièrement investi sur le secteur de la consommation américaine au cours de cette année. En résumé, nous avons procédé à 6 achats de sociétés (une majorité de distributeurs) dont la rentabilité dépend fortement de l’humeur du consommateur américain. En réalité, 4 de ces achats ont été réalisés au cours des 4 derniers mois. Aujourd’hui, la consommation US pèse pour 7,9 % de la partie investie de notre portefeuille.

Rappelons à toutes fins utiles que nos abonnés ont été tenus au courant en temps réel de ces mouvements.

L’actualité macro-économique n’est absolument pas le point cardinal de notre politique d’investissement. Au contraire, ce dernier exemple sur la consommation américaine montre que notre process d’investissement nous fait devancer l’actualité sans que nous ne comprenions toujours nos choix au-delà des chiffres.

Néanmoins, certaines interventions d’économistes nous permettent finalement de comprendre les raisons de nos choix et de relier les choix effectués au travers de notre process chiffré avec les chiffres de l’actualité, de remettre la « microéconomie » dans un ensemble « macroéconomique ».

C’est ce qui fait toute la force de notre approche : être en avance pour profiter des prix bas créés par la peur qui s’installe et obtenir ainsi des marges de sécurité confortables lors de nos acquisitions.

2 réflexions au sujet de « Question des lecteurs : Un krach boursier majeur pourrait arriver, pourquoi ne vous couvrez-vous pas ? »

  1. Comme vous l’avez déjà évoqué dans vos lettres mensuelles la « diversification dans la valeur » avec les minières de métaux précieux peut constituer une forme de couverture. J’écris « peut » car en 2009 l’or et surtout les mines (creux très impressionnant mais limité à nov/dec 2009) n’ont pas vraiment joué ce rôle de protection. Les raisons évoquées à l’époque par les « gold bug » était pour l’or des ventes massives de spéculateurs qui avaient besoin de cash pour couvrir les pertes généralisées dans les autres secteurs. Coté mines si ma mémoire ne me fait pas défaut on avait plutôt des craintes sur l’accès aux financements.
    Si un krach survient demain, je ne crois pas que les mines subiront la même purge (mais je peux me tromper…). Notamment car les financements sont déjà difficiles à trouver et aussi car de nombreuses minières sont assises sur du cash grâce aux années fastes 2010-2012. Bien sûr, il faut aussi que l’or et l’argent tiennent le choc en cas de krach boursier. Normalement, c’est le cas en cas de crise lorsque le niveau de peur augmente. Normalement…

    1. Bonjour Okavongo,

      Oui l’or n’est pas toujours décolérée du marché d’actions mais il arrive qu’il le soit. Ainsi, investir en mines d’or dans le marché baissier inflationniste des années 70 permettait d’amortir la chute d’un portefeuille d’actions pris dans son ensemble, mais aussi lors de la crise déflationniste des années 30. Par contre, effectivement, les métaux précieux n’ont été d’aucune utilité lors de la crise de 2008.

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