Vive les daubasses technologiques ! 💡⚙️

[édito proposé aux abonnés dans la Lettre mensuelle d’avril 2021]

Vive les daubasses technologiques !

Dans notre édito du mois de février, nous vous avons livré quelques statistiques du Portefeuille daubasses 1. Cet exercice rétrospectif nous avait permis d’établir un profil type de la daubasse et de nos baggers (société dont le cours a été multiplié par 2x ou plus) durant les 10 premières années de l’aventure.

Nous avions déjà remarqué que les sociétés qui investissaient massivement dans la recherche et le développement (R&D) pouvaient créer de la valeur cachée pour les actionnaires. Cela nous avait conduit à lancer notre ratio technologique maison en 2014.

Près de 7 ans plus tard, un coup d’œil sur nos 20 plus gros baggers du 1er portefeuille permet de valider ce constat empirique.

Pour rappel, voici le top 20 du portefeuille 1 (extrait de notre édito du mois de février) :

Parmi ces plus gros succès, nous retrouvons 75% d’entreprises « techno » au sens large du terme.

Nous avons donc décidé d’aller un peu plus loin dans l’exploitation de notre ratio maison. Il sera désormais calculé pour toutes nos daubasses qui ont des dépenses de R&D (lorsque les montants sont communiqués) et il apparaitra dans le portefeuille pour faciliter les comparaisons (comme cela nous a été suggéré sur le forum). Le montant des dépenses de R&D sera mis à jour à chaque publication de rapport annuel.

Alors non, ce n’est pas une révolution et on ne prétend en aucun cas avoir trouvé une martingale. Les dépenses de R&D sont et resteront une cerise sur le gâteau. Nous continuerons d’utiliser le ratio technologique pour éventuellement arbitrer entre deux actions qui présentent des niveaux de décote similaires et un potentiel proche.

Un suivi plus poussé va aussi nous donner la possibilité d’affiner un peu plus encore nos statistiques et ainsi de voir dans quelle mesure ce facteur « techno » serait un paramètre de surperformance (ou non) dans la durée.

Ce calcul nécessite d’aller fouiller dans les rapports annuels et c’est donc un petit plus pour les chasseurs d’anomalies de marché que nous sommes. Contrairement au ratio VANN (Valeur d’Actif Net-Net) ou au price-to-book tangible, vous ne trouverez pas ce ratio dans un screener ou sur des sites d’information financière.

Portefeuille 2, même combat !

Nous avons calculé le ratio technologique (au moment de l’achat) des sociétés vendues du portefeuille daubasses 2. Parmi nos 5 plus belles performances, nous retrouvons 4 sociétés disposant de gros budgets de R&D (Geomatec, Westell, Parrot et O2Micro) avec des ratios technologiques qui vont de 76% à 506% (!) et une performance moyenne de +136% pour une durée de détention moyenne de 181 jours.

Ces chiffres doivent toutefois être pris avec des pincettes. La taille de l’échantillon n’est pas suffisante pour tirer des conclusions nettes et définitives. On n’oublie pas non plus que 3 sociétés du top 5 ont été achetées en plein krach boursier alors que « Mr Le marché » avait complètement perdu les pédales et valorisait de manière totalement absurde des entreprises avec les poches pleines de cash (nous avons en effet acquis en mars 2020 bon nombre d’entreprises valorisées sous la valeur de leur trésorerie nette !).

On peut également souligner que le titre Tiemco a été vendu pour des raisons « techniques » (comptes non consolidés) ou encore que le titre Voxx International (avec un joli ratio technologique de 57% lors de notre achat) est un 4-bagger depuis que nous avons cédé la ligne… gloups.

Cela étant dit, il nous est difficile de rester totalement indifférents face à ces chiffres qui corroborent nos observations passées.

Nous vous avons donc préparé un classement des actions actuellement dans le Portefeuille daubasses 2 qui ont fait de l’innovation leur fer de lance. Comme toujours, à chacun d’utiliser ces chiffres comme bon lui semble. Nous ne détenons aucune vérité et nous n’avons bien entendu aucune certitude que les sociétés avec les meilleurs ratios seront les baggers de demain !

Nous mettons simplement un outil de plus à votre disposition. Si votre cœur balance entre deux daubasses, vous pouvez par exemple trancher de manière objective en fonction de cet indicateur supplémentaire.

A noter que ce ratio est désormais repris dans la Lettre mensuelle dans les « notes » et une colonne a été ajoutée dans le reporting hebdomadaire.

Le trophée de la daubasse technologique du moment revient à [réservé aux abonnés]. Sur l’exercice 2020 (clôture le 31.03.2020), RAPP JAP 3 a dépensé 1 864 M JPY en recherche et développement. Sur les 5 derniers exercices, ce sont 8 400 M JPY qui ont été consacrés à l’innovation pour une capitalisation boursière de 6 476 M JPY.

Le ratio technologique de la société est donc de 8 400 / 6 476 = 130%. La société mène des recherches dans les domaines de [réservé aux abonnés]… pour 11 familles de produits bien dans l’esprit daubasses : [réservé aux abonnés].

Évidemment, nous n’avons pas acheté cette entreprise parce qu’elle dilapidait son cash dans des projets à l’issue très incertaine. Pour rappel, RAPP JAP 3 est avant tout une RAPP (Rentabilité à Petit Prix) avec une VE (Valeur d’Entreprise) négative et une trésorerie nette qui s’élevait au dernier pointage à 984 JPY par action pour un cours de… XXX JPY (au 7 avril). À ce prix, la R&D et le potentiel savoir-faire accumulé, ainsi que l’ensemble du business, sont donc totalement cadeau !

Est-ce que les dépenses de R&D de RAPP JAP 3 lui permettront un jour de révolutionner le marché des [réservé aux abonnés] ? Rien n’est moins sûr. Il est possible que l’entreprise investisse à fonds perdus pendant de nombreuses années. Dans ce cas, le retour pour l’actionnaire sera nul. Par contre, si la société sort un produit novateur avec un fort pricing power, c’est le carton garanti ! C’est tout ce que nous souhaitons à RAPP JAP 3 et à nos daubasses qui ont des budgets de R&D conséquents ([réservé aux abonnés] …)

En profitant gratuitement de cette cerise sur le gâteau, nous faisons un pari asymétrique. Pile, la société accumule les échecs en matière d’innovation, mais nous disposons de collatéraux tangibles – comme du cash – avec un risque de perte limité. Face, les efforts de R&D sont couronnés de succès et dans ce cas c’est bingo pour les actionnaires ! (donc pour nous et peut-être pour vous, si vous avez quelques-unes de ces actions « technologiques »).

Conclusion

Au risque de se répéter une nouvelle fois, le ratio technologique n’est pas une martingale.

Il faut être d’autant plus prudent dans son utilisation que la frontière entre les dépenses qui peuvent être considérées comme de la recherche et développement ou pas, n’est pas toujours bien définie.

Par ailleurs, certaines entreprises ne communiquent pas les montants qu’elles consacrent à la R&D ou alors de manière approximative (par exemple en pourcentage du chiffre d’affaires). Il nous est donc impossible de calculer un ratio technologique pour un certains nombres d’entreprises. C’est le cas de [réservé aux abonnés] qui n’apparaissent pas dans notre classement, alors même qu’elles disposent elles aussi d’un savoir-faire immatériel.

Nous avons donc en portefeuille plus de 20 entreprises qui dépensent des sommes non négligeables en R&D. Pas mal sur 37 lignes, surtout que nous avons 6 actions liées à l’immobilier, et qui sont donc par définition exclues automatiquement de la catégorie « entreprises technologiques ».

Ce ratio nous semble être un bon complément à nos ratios habituels qui tiennent compte exclusivement des actifs tangibles. Les dépenses de R&D, qu’elles soient immobilisées à l’actif du bilan ou comptabilisées en charge, contribuent à augmenter la valeur patrimoniale intangible d’une société.

Si en plus d’un joli rabais sur la valeur des actifs tangibles, on nous fait cadeau d’un savoir-faire immatériel, pourquoi s’en priver ?

 

7 réflexions au sujet de « Vive les daubasses technologiques ! 💡⚙️ »

  1. la donnée que vous pourriez ajouter pour compléter est la transformation de ces investissement R&D en brevets, juste voir s’ils ont une stratégie pour sécuriser leurs investissements, mais ça marche plutôt pour des sociétés techno non logiciel, mais cela reste discutable

    Par exemple Netlist, portefeuille de 25 familles, 19 délivrés (donc plutôt qualitatif), 2 sous licence, 3 en contentieux (donc plutôt pertinents ! ), couverture géographique honnête, USA, Chine, France, Allemagne…

    Zoom Telephonics, portefeuille de 3 brevets

    Westell ont aussi quelques brevets, 3 a priori

    1. Bonjour Gregory,

      Excellente idée.. mais quel travail de recherches en perspective !

      N’hésitez pas à faire part de votre remarque sur le forum. Avec plus de 1 500 abonnés, on aura certainement la capacité de réaliser ces travaux.

  2. Bonjour,

    Je me permets de lancer un pavé dans la marre, sans animosité, mais plutôt pour comprendre les arguments des investisseurs actifs que vous êtes, et qui semblent relativement sérieux : comment pouvez-vous encore penser que vous seriez capables de « battre le marché » alors que toutes les recherches académiques fiables prouvent que ce n’est pas / plus possible et que les plus grands investisseurs de la planète (dont les pères de l’investissement value) se sont rangés derrière cette théorie ?

    Quelques arguments répandus et documentés notamment sur lesquels il serait intéressant d’avoir votre vue :
    – Des milliards d’euros sont dépensés par des hedge funds, banques d’investissement, etc. pour rechercher des anomalies de marché, trouver des facteurs de surperformance, etc. Comment penser que des particulier avec beaucoup moins de moyens pourraient les battre et que ces anomalies subsisteraient suffisamment longtemps pour être exploitées par des particuliers sur une longue période ?
    – Serait-il possible de voir la surperformance du portefeuille daubasse 1 ajustée du risque (perte maximale / volatilité) vs. l’indice de référence ?
    – Pour un particulier qui serait abonné à votre lettre, il faudrait investir 15 à 20 k€ par an pour que les frais de l’abonnement soit au niveau des frais des ETF des indices de référence, cela semble conséquent, qu’en pensez-vous ?
    – Pourquoi vendre une martingale si celle-ci fonctionne et vous permet de devenir riche ? A priori, et si votre philosophie d’investissement fonctionne, vous pourriez devenir beaucoup plus riche avec un effet de levier maximum et sans vendre d’abonnement, et auriez plutôt intérêt à ne pas partager vos analyses pour éviter que les opportunités disparaissent.

    Merci beaucoup pour vos réponses

    1. Bonjour Franck,

      Merci pour vos questions.

      1/ C’est un sujet qui a déjà été débattu sur le blog, notamment dans cet article :

      https://blog.daubasses.com/2019/02/24/non-les-marches-ne-sont-pas-efficients/

      Nous y donnons plusieurs exemples de facteurs d’inefficience sur les marchés : mécanique des flux, émotionnel, bulles, flash krach… En tant qu’investisseurs particuliers, nous sommes d’autant plus à même de profiter de ces anomalies que notre terrain de jeu est différent de celui des hedge funds, banques d’investissement… Ces derniers, pour des questions de taille de position et de liquidité, ne peuvent pas intervenir sur les plus petites capitalisations de la cote. C’est un avantage considérable pour les petits porteurs que nous sommes.

      2/ Nous ne mesurons pas la volatilité du portefeuille car nous ne la voyons pas comme une menace. C’est au contraire un allié dont nous nous efforçons de tirer parti.

      https://blog.daubasses.com/2019/08/19/votre-amie-nommee-volatilite/

      3/ Notre offre est parmi les moins chères sur le marché français (la moins chère ? : https://www.capital.fr/votre-argent/les-meilleurs-sites-pour-debuter-en-bourse-1241779).

      Si beaucoup de nos abonnés sont fidèles depuis maintenant plus de 10 ans (et on imagine qu’ils ont déjà entendu parler des ETF), c’est sans doute qu’ils doivent y trouver leur compte 🙂

      4/ Il n’existe pas de martingale en bourse et nous ne détenons pas de méthode miracle qui permettrait de s’enrichir du jour au lendemain. Nous pensons simplement qu’il est possible de faire mieux que le marché. Nous l’avons prouvé avec le 1er portefeuille daubasse (près de 10 ans d’existence) et avec le portefeuille Pépites PEA depuis 4 ans et nous restons convaincus que notre approche nous permettra de continuer à surperformer les indices dans la durée.

      5/ Pour ce qui est de ne pas partager nos analyses pour en profiter que pour nous. C’est une excellente idée. Mais en fait nous n’avons pas assez de capitaux (moins de 10 M EUR) pour exploiter toutes nos pistes d’investissement. Dès lors, les partager nous permet de faire profiter la communauté des abonnés sans nous léser.

      Un effet de levier maximum ? Volontiers ! Vous nous faites un prêt ? 😉

      1. Merci beaucoup pour cette réponse !

        – Warren Buffet a considérablement évolué dans ses propos entre 1995 (que vous citez), période qui semblait plus propice à l’exploitation de l’inefficience des marchés (ne serait-ce que par la diffusion beaucoup plus lente de l’information) et maintenant. Par ailleurs, Warren Buffet a probablement une influence sur ses investissements qu’un particulier n’a pas.

        – J’imagine que les flash kraks sont trop rares, imprévisibles et rapides pour être exploités par un humain. Je suis d’accord sur la mécanique des flux (exemple hedge funds sur games stop), mais là aussi, le laps de temps est souvent relativement court
        – Sur les bulles, vous dîtes « Comment le marché pourrait tenir compte a priori de toutes ces anticipations qui évoluent dans le temps ? » –> mais comment un particulier le pourrait ? J’aurais tendance à penser qu’un consensus constitué de milliers d’investisseurs professionnels secondés par de puissants algorithmes et de nombreux indicateurs non accessibles aux particuliers sera plus juste (il me semble qu’une banque utilisait le nombre de véhicules sur les parking de centre commerciaux comme indicateur avancé de leur performance…)
        – Sur la crise du Covid, qui pouvait imaginait les confinements, etc. il y a 1,5 ans ? Qui pouvait imaginer qu’on trouverait si rapidement un vaccin, etc. ? Ces deux paramètres ont un impact sur les valorisations que personne ne pouvait anticiper

        Pour la volatilité, êtes vous d’accord pour dire que la performance doit nécessairement être discutée en regard du risque pris, même si la définition du risque peut varier. Sans cela, on pourrait croire de façon trompeuse que beaucoup de traders / investisseurs avec une philosophie beaucoup plus risquée, battent la performance des daubasses, à commencer par ceux qui ont investi sur les cryptomonnaies. Quel mesure du risque vous semble représentative de votre philosophie ?

        Merci beaucoup

        1. Avec plaisir Franck. Nous avons toujours eu à cœur d’être proche de nos lecteurs.

          – Évidemment, loin de nous l’idée de vouloir se comparer à Warren Buffett. C’est un sujet sur lequel nous avons également rédigé plusieurs articles.

          « ACHETER AUJOURD’HUI DES BLUE CHIPS COMME BUFFETT SIGNIFIE QUE VOUS N’AVEZ RIEN COMPRIS DE BUFFETT » (1ÈRE PARTIE)

          Buffett disposait de deux avantages de poids par rapport à un investisseur particulier : une cash machine avec ses activités d’assurance et un cercle d’amis/connaissances de 1ère classe.

          – Tout dépend de ce que vous entendez par relativement court. Vous citez l’exemple de Game Stop, ça fait maintenant 8 mois que le titre s’échange à des niveaux de valorisation complétement déconnectés des fondamentaux. Les bulles peuvent souvent durer plusieurs mois, voire plusieurs années avant d’éclater.

          – Nous ne cherchons pas à anticiper le potentiel d’un secteur/marché. Notre approche repose principalement sur l’estimation de la valeur patrimoniale au moment présent et sur le concept de marge de sécurité.

          – Nous avions comparé au début de notre aventure, l’évolution du portefeuille daubasses avec celle du CAC 40 et d’un indice monde dans des périodes de forte volatilité.

          « L’INVESTISSEMENT « VALUE », UNE BONNE PROTECTION CONTRE LES CRASHS ?

          La conclusion que nous avions tirée est que la volatilité d’un portefeuille daubasses très diversifié était inférieure à celle du marché (CAC 40 et Indice Monde). James Montier faisait un constat similaire dans une étude menée de 1987 à 2007 aux USA, Europe et au Japon. À partir de là et au regard de la diversification actuelle (38 valeurs), nous ne voyons pas la volatilité de notre portefeuille comme un risque. Et surtout on dort très bien la nuit, ce qui ne serait sans doute pas le cas avec un portefeuille de cryptomonnaies ! Actifs tangibles vs. actifs immatériels. Au risque de vous décevoir, c’est sans doute cela notre meilleur moyen de mesurer le risque.

          Également sur la question du risque, une réponse à un de nos abonnés en 2010 :
          Question des lecteurs : « Si vous avez généré un si gros rendement, c’est parce que vous avez pris beaucoup de risques, non ? »

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