Qui peut battre la performance des daubasses ? Nos abonnés (3e partie)

Depuis le 24 avril 2009, nous avons échangé plus de 6500 mails avec nos abonnés et lecteurs. Nous n’avions jamais imaginé au départ que la rencontre avec d’autres investisseurs puissent prendre une part aussi importante dans l’aventure « Daubasse ». Une manière d’investir finalement et quoi qu’on en dise plutôt « marginale ».

En fait, si nous sommes parvenus à créer des relations privilégiées basées sur le dialogue et l’échange, nous le devons sans doute à la ligne que nous avons choisie au départ, une ligne logique et de bon sens. Nous n’avons jamais voulu poser une relation maître – élève, voire investisseur « sachant » vs investisseur « ignorant » entre nos abonnés et nous et ceci tout simplement parce que nous ne savions pas plus qu’eux si la méthode que nous avions décidé d’appliquer avec nos propres deniers et en direct sur notre blog porterait ses fruits.benjamin graham

Le seul maître que nous connaissions était simplement Benjamin Graham. Nous tenons à dire que nous n’avons pas inventé le fil à couper le beurre. Nous nous sommes contentés de bien comprendre la théorie de Benjamin Graham, de l’ajuster avec les critères qui nous semblaient les mieux adaptés à nos personnalités, d’écrire le process que nous allions appliquer et qui a fait l’objet de très nombreux articles sur notre blog et ensuite d’appliquer ce process à la lettre.

Bien entendu, comme nous aimons aussi la créativité, nous avons aussi inventé quelques appellations « 100% Daubasse » comme la VLMV (pour Valeur en cas de Mise en Liquidation Volontaire), VANE (pour Valeur d’Actif Net Estate) ou VANTRe (pour Valeur d’Actif Net Tangible REntable).

Nous pensions aussi que toute personne dotée qu’un QI moyen était capable de comprendre la théorie de Benjamin Graham en lisant L’investisseur intelligent et en essayant de comprendre la comptabilité basique avec l’un ou l’autre bouquin comme, par exemple,  L’interprétation des Etats financiers de Benjamin Graham et Sprencer Meredith … ou encore en lisant la cinquantaine d’articles dans lesquels nous expliquons chaque point qui permet d’appliquer le process que nous nous sommes choisi avec des exemples concrets ainsi que les réponses que nous avons tenté d’apporter à nos questionnements.

En effet, pour déterminer un prix d’achat ou de vente par rapport aux actifs de la société, une décote sur la valeur net-net ou net-estate, il suffit de faire des additions, des multiplications, des soustractions ou des divisions en allant chercher quelques chiffres dans les postes du bilan.

Cinq ans et demi plus tard, nous n’avons pas changé d’un iota et nous pensons toujours que chaque investisseur décidé à appliquer la méthode d’investissement de Benjamin Graham doit d’abord faire l’effort de la comprendre, seul comme un grand, avec tous les outils à sa disposition.

Tout simplement parce qu’il doit l’adapter à sa personnalité d’investisseur, à l’ensemble de son patrimoine mais aussi aux sommes d’argent qu’il a décidé d’investir sur les Daubasses, à la fiscalité de son pays et à un tas d’éléments strictement personnelles. C’est pour cette raison que  « nous ne conseillons rien, nous expliquons juste ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons, mais en aucun cas ce que vous devez faire ». Cette maxime que nous répétons à l’envi surprend parfois les nouveaux abonnés. Pourtant, une fois qu’on a compris notre ligne de conduite et admit le fait que nous fournissons principalement un travail de recherche et des analyses pour expliquer dans le détail pourquoi telle ou telle société correspond entièrement à nos critères, nous pouvons aller plus loin dans l’échange et le dialogue, d’investisseur à investisseur.

L’entretien qui va suivre va précisément vous amener au cœur de ce sujet et il constitue l’illustration de l’indépendance d’esprit de nos abonnés, au travail personnel qu’ils ont fourni à tous les niveaux et enfin à la performance qu’ils ont pu dégager.

investisseur en bourse

En effet, après l’approche de Daniel, c’est avec celle de Michel que nous vous proposons de faire connaissance. Michel est un artiste-plasticien et sculpteur professionnel. Il nous a fait le plaisir de nous autoriser à présenter quelques une de ses œuvres pour illustrer cet article.

Michel nous a contacté le 25 Juillet 2011 à 23H23 avec ce mail :

Bonsoir, Je souhaite m’abonner à votre formule PREMIUM. Merci de me préciser les modalités Cordialement Michel

Le 25 Juillet 2014, cela fera trois ans que Michel est abonné à notre lettre et donc 3 ans que nous échangeons régulièrement avec lui. Idées variées et confrontations de point de vue sur des sociétés ont donc été au menu. Ce n’est que lorsque nous avons demandé a Michel s’il acceptait cet interview, qu’il nous a parlé de son parcours professionnel et de son parcours d’investisseur… Et là, chère lectrice, cher lecteur, on peut dire qu’il y a de l’épaisseur !

Michel, Bonjour. cela nous fait vraiment plaisir que vous ayez accepté de répondre a nos questions. Et nous espérons surtout que votre expérience personnelle en matière d’investissement pourra offrir à tous ceux qui vous liront, des pistes de réflexion auxquels ils n’avaient pas pensées jusqu’à présent.

Equipe des Daubasses selon Benjamin Graham : Pourriez-vous vous présenter brièvement en tant qu’investisseur ?

Michel : La cinquantaine désormais passée, je pratique la bourse depuis 1992, soit 22 ans à me confronter aux marchés financiers avec plus ou moins de bonheur. Mais il s’agit d’un parcours plutôt atypique. A 30 ans, je travaille dans l’industrie quand il me faut gérer un portefeuille familial hérité sans y avoir été préparé. Devant moi, quelque chose d’inconnu : gérer un capital qui à l’époque dépasse notre logique de gens comme les autres. Une tâche immense s’ouvre à moi : comprendre la bourse et gérer de l’argent. Je n’y connais rien ! Je fais donc une formation en comptabilité et gestion d’entreprise. Le portefeuille n’a rien de « normal » : 170 lignes d’actions – 105 lignes d’obligations. J’installe donc ma « petite affaire » et je gère, en collaboration avec la banque. C’était avec le Minitel, Chronobourse en temps réel avec une box sur le téléviseur, le début de l’internet avec un abonnement à CompuServe. Bref, des temps antédiluviens… Sur le plan financier, j’ai fait de très belles opérations – profitant de la bulle internet des années 90-2000 – mais aussi une période où j’ai fait des investissements catastrophiques. Pour certains placements, j’ai tout perdu (quand on s’accroche trop à des valeurs « exotiques »). Ça forme, croyez-moi.

J’ai même testé le capital-risque… de manière parfois désastreuse (c’est surtout le risque qui s’est révélé être là). Fin des années 1990, après avoir réduit très sensiblement le nombre de valeurs, le portefeuille a presque doublé en 6 ans. De nombreuses plus-values servent alors à une diversification dans l’immobilier. Honorable performance pour quelqu’un qui n’y comprenait rien au début. Il faut dire aussi que cette période a été faste pour l’investissement. Rien ne semblait impossible…

EDBG : Pourriez vous nous expliquer comment vous investissiez avant de faire partie de la famille « Daubasse » ?

M : Mes livres de chevet étaient Si la Bourse m’était contée d’André Kostolany que j’avais en quelque sorte « reçu » en héritage et Et si vous en saviez assez pour gagner en Bourse de Peter Lynch que j’avais acheté parmi d’autres nombreuses revues et autres livres. Trouver sa méthode quand on débute n’est pas chose aisée mais j’ai inconsciemment, au fil du temps, fabriqué la mienne sur des principes simples.

Après avoir pratiqué, un temps l’analyse technique où je pense désormais que l’homme fabrique inconsciemment ses propres croyances à ce sujet, j’ai toujours investi dans des choses que je comprenais très rapidement (que fait la société, quel marché, suis-je consommateur de leurs produits…) sur les principes de Peter Lynch. Si au bout de 15 mn je n’avais toujours pas compris ce que faisait la société, je laissais tomber. Et au-delà des chiffres qui confortaient mon analyse, ce qui me portait à investir, c’était le constat réel que j’observais moi-même sur le terrain. Deux exemples simples : J’ai parcouru de nombreux kms sur la route toute ma vie et dans les années 95 j’ai remarqué qu’un transporteur devenait de plus en plus visible sur nos belles routes. C’était Norbert Dentressangle. J’ai rapidement étudié la chose et j’y ai investi. L’opération a été un succès. Pareil pour Sabaté à cette époque, fabricant de bouchons en liège. Quand vous êtes amateur de vin, que vous en consommez régulièrement et que vous constatez que le marché du vin est en expansion, alors on y investit là aussi avec succès. Mais il y a eu aussi des gamelles, investissements non validés par ma « méthode » et que je qualifie donc d’exotiques (mes « chinoiseries » personnelles) comme Stelax, fabricant d’aciers inox spéciaux, coté sur le marché libre français (notre OTC français) où le PDG était un « mafieux ». Ou encore Starnet, une fumeuse action de l’OTC américain dans le gaming en ligne aujourd’hui disparue, perte sèche là aussi !

Cela m’a conforté dans mon approche qu’avoir un « lien » tangible avec la société ne peut qu’améliorer ses propres performances : vous connaissez ou utilisez ses produits, vous voyez de visu ce qu’elle fait (magasins, site web…), vous avez un ami ou de la famille qui travaille dans la société, le business est simple et tout cela montre que l’entreprise fonctionne bien. Dans ce cas, c’est l’atout que vous possédez sur les autres, qui est d’une simplicité enfantine, qui va servir à tirer la performance vers le haut. Serait-ce utile, dans mon cas que je mentionne Microsoft, Apple ou Google ? En 1985, j’ai utilisé mon premier ordinateur HP dans la société ou je travaillais avec un système d’exploitation développé par une entreprise inconnue : Microsoft. Si j’avais su à l’époque… J’ai aussi raté comme ça Apple alors que j’avais bien vu leurs belles machines vendues dans les commerces dans les années 97-2000 lors de la résurrection de la marque et son come-back presque évident. J’ai aussi raté Google à l’introduction à 100$ et pourtant je l’utilisais tous les jours… Contres exemples criant de vérité sur le fait que l’on va parfois chercher trop loin les pépites que l’on a sous les yeux, qu’il suffit juste de ramasser et de laisser germer. Mais le raisonnement humain est parfois pernicieux, j’en ai donc souvent fait l’expérience.

oeuvre d'un abonné aux daubasses selon Benjamin Graham

EDBG : Qu’est-ce qui vous a poussé à tenter l’expérience d’un abonnement à notre lettre mensuelle ?

M : Ce qui m’a poussé à m’abonner, c’est que j’étais convaincu que votre approche me correspondait : des faits clairs et tangibles. Les miens sont principalement ancrés dans ce que j’observe sur le « terrain » ou dans un domaine technique ou un marché que je connais assez bien, les vôtres sur des chiffres qui donnent la réalité financière d’une entreprise avec le bonus de ce que l’on appelle « les valeurs à la casse ».

3 ans bientôt à m’aider de vos conseils ou normalement, je ne déroge pas à ma « règle » : investir dans une entreprise que je peux analyser rapidement, un business simple à comprendre. Si ce n’est pas le cas, je passe mon chemin et vos Daubasses n’y échappent pas. Cela a été très profitable pour moi et à ce jour c’est globalement très positif.

Les opérations que j’ai clôturées sur les daubasses :

10/07/13 – FFP : +27,4%

15/07/13 – NET ESTATE 9 : +34,4%

31/10/13 – FIRST FARMS : -17,3%

31/10/13 – REC SOLAR : +268,0%

02/12/13 – UKRAINE OPP : -11,4%

14/02/14 –  PV Crystalox : +21,2%

18/03/14 – SIGMATRON : +82,8%

 

Les valeurs toujours en portefeuille :

HOLDING 2 : +104,91%

HOLDING 5 : +77,63%

NET ESTATE 7 : +76,64%

REC SILICON : +66,74% (j’ai suivi l’opération de scission de REC)

PV CRYSTALOX SOLAR : +188,12% y compris versement du dividende exceptionnel

NET ESTATE 8 : +34,14%

PLAZA CENTERS : +0,17%

HOLDING 13 : -1,26%

MINE D’OR 14 : -7,62%

NETNET 12 : -16,37%

FONDS FERME 1 : -28,57%

NDLR : les valeurs « masquées » sont issues de notre portefeuille.

abonné à une lettre financièreEDBG : Qu’est-ce que vous faites précisément avec le travail de recherche que nous vous proposons et donc avec les analyses de sociétés, mais aussi les news ?

M : Désormais, mon temps consacré à la bourse s’est réduit ayant d’autres activités par ailleurs. Pour les daubasses, comme pour le reste, cela implique de cibler rapidement mes choix toujours sur mes critères de base sans pouvoir aller trop au-delà de vos analyses. Je m’en tiens donc à des faits simples : pertinence du business par rapport au marché global (niche, coûts d’entrée élevés, savoir-faire, management…), compréhension simple et rapide de l’activité, connaissance +/- poussée du secteur d’activité, timing d’investissement. Je considère que ma prise de décision sur un titre ne prend pas plus de 2 à 3 heures d’analyse dont lecture de vos dossiers et recherches personnelles sur le sujet.

Ensuite les news et l’évolution des cours me permettent de juger de la pertinence de mes choix mais il m’arrive d’aller à contre-courant de vos décisions (RecSolar ou PV Crystalox par exemple) où mes performances vont au-delà de ce que vous avez réalisé en vous basant uniquement sur la VANT ou d’autres critères de solvabilité. Moi je regarde dans ce cas-là, le marché global et ses perspectives.

EDBGQu’est-ce qui a radicalement changé dans votre manière d’investir, après être entré dans la famille Daubasse, par rapport à ce que vous faisiez avant ?

M : Je n’ai pas changé de méthode. Tout au plus, j’apprécie de disposer d’une analyse poussée d’entreprises « daubasses ». Analyse qu’il me serait impossible de faire par manque de temps bien qu’ayant les bases de l’analyse financière. D’autre part, aller à contre-courant du marché, sur des titres massacrés ou délaissés alors que les potentialités sont bien réelles me plait. Ayant l’esprit « contrarian », j’adhère totalement à ce type d’investissement même si j’attends parfois que le marché réveille une valeur pour y entrer (voir ci-après, le timing).

EDBG : Nous allons maintenant passer tous les critères de notre process en revue et vous demander si vous en tenez compte ou pas, voire quels sont vos critères personnels et pourquoi vous les avez ajustés de cette manière. Nous allons aussi vous demander l’importance que vous accordez à ce critère qu’il soit identique au notre ou qu’il soit entièrement modifié, en les notant de cette manière : Note 3 : très important. Note 2 : Important mais sans plus. Note 1 : Pas important.

Solvabilité de 40% minimum. Calcul : (Fonds Propres + Cash + Placement court terme) / Actif total ?

M : Note : 3

EDBG : Valeur d’Actif Net Tangible (VANT). Calcul : Fonds Propres – Intangible – goodwill – Impôt différé ? Est-ce que vous exigez une décote de 30% minimum pour acheter, en vous préoccupant d’autres valeurs ou pas comme la valeur net-net ou net-estate et est-ce que la VANT est pour vous un seuil de vente ?

M : Note : 2 – le pourcentage de décote est important à mes yeux mais la VANT n’est pas un seuil de vente pour moi, juste une indication. Il m’est arrivé de vendre en dessous de la VANT ou au contraire de conserver quand le seuil était dépassé. Je me base plus sur l’évolution du marché dans lequel intervient la société.

EDBGValeur d’actif Net-Net (VANN). Calcul : Actif Courant – Passif Total. Est-ce que vous exigez une décote de 30% minimum par rapport au cours de la société, ou pas ?

M : Note : 2

EDBG : Valeur d’Actif Net-Estate (VANE). Calcul : Actif Courant – Passif Total + 80% des immeubles et des terrains au coût d’acquisition. Est-ce que vous exigez une décote de 30% minimum par rapport au cours de la société, ou pas ?

M : Note : 3

EDBG : Est-ce que vous retraitez la VANN et la VANE, par rapport a un allongement de la durée de rotation des stocks ? Calcul : Stock moyen sur 3 ans / Coût des produits moyen sur 3 ans. Même calcul sur 1 an. Si la rotation sur 1 an est supérieure de 20% à la durée de rotation sur 3 ans, nous soustrayons la différence aussi bien de la VANN que de la VANE.

M : Note : 1 (je n’ai pas le temps de faire ce type d’analyse)

EDBGEst-ce que vous retraitez la VANN et la VANE par rapport à un allongement de la durée de paiement des factures clients ? Calcul : Créance moyenne sur 3 ans / Chiffre d’Affaire moyen sur 3 ans. Même calcul sur 1 an. Si la durée de payement sur 1 an est supérieure de 20% a la durée de payement sur 3 ans, nous soustrayons la différence aussi bien de la VANN que de la VANE.

M : Note : 1 (je n’ai pas le temps de faire ce type d’analyse)

oeuvre d'un adepte de l'analyse fondamentale

EDBG : Est-ce que la Valeur de Mise en liquidation Volontaire (VLMV) que nous présentons aussi dans nos analyses, vous est utile ? Calcul : Valeur de l’actif amputé de l’ensemble des dettes du bilan et hors-bilan dans l’hypothèse d’une liquidation volontaire de la société, c’est-à-dire dans l’hypothèse que les liquidateurs disposent de suffisamment de temps pour réaliser au mieux les actifs de la compagnie en question.

M : Note : 1 (je n’ai pas le temps de faire ce type d’analyse)

EDBG : Est-ce que la Valeur de la Capacité Bénéficiaire (VCB), quand il est possible de la calculer, vous est utile ? Calcul : Valeur actualisée des excédents de trésorerie générés par la société dans le cadre de son exploitation augmentée de ses actifs financiers et diminuée de ses dettes financières.

M : Note : 2

EDBG : Au niveau diversification, et donc du nombre de lignes, vous savez que nous prônons la diversification et que nous limitons les positions à 3,33% du total du portefeuille. Qu’est-ce que vous appliquez sur ce point ?

M : Mes positions en daubasses sont comprises entre 1,3% et 6% de mon portefeuille pour une moyenne qui se situe entre 2 et 3%. Ce qui correspond plus ou moins à vos critères.

art plastique

EDBGAuriez-vous des points à ajouter qui ne figurent pas dans le process et qui feraient partie de votre process ?

M : Simplifier autant que possible ! Quand je dis cela, c’est que je considère que nous sommes de plus en plus sollicités par de multiples stimuli (information, publicité, consommation, produits, technologies…). Vouloir tenir compte du flux permanent d’informations pour investir est impossible, ce serait illusoire et invivable. Chercher l’efficience avec le moins d’efforts possibles me parait essentiel (quitte à faire malheureusement des erreurs). Ce que j’appelle pour ma part la simplification volontaire. Il est donc nécessaire de trouver quelques sources fiables, être sélectif : si vous êtes un tant soit peu curieux avec quelques compétences financières et/ou techniques, vous êtes alors la première source, comme je l’ai expliqué avant. Et c’est la moins chère de toute, juste du temps. C’est de l’observation et un peu d’analyse.

Ensuite s’entourer de ce qui vous manque. Dans mon cas, les Daubasses, m’ont apporté la complémentarité à ma propre démarche dans un langage clair, formel et précis une fois par mois (suffisant pour du long terme). Cela veut dire aussi que c’est à l’investisseur de se forger ses propres convictions, ses propres méthodes (la mienne n’est pas transposable à 100% à un autre investisseur) avant de penser trouver le graal ailleurs. L’investissement ne fonctionne pas ainsi, c’est une affaire personnelle…la confier totalement à son banquier, par exemple, ne peut me convenir. Imagineriez-vous acheter de l’immobilier ou un lave-vaisselle via un intermédiaire sans rien voir, sans rien analyser, sans rien tester auparavant ? Et pourtant, nombreux sont ceux qui laissent leur banquier acheter telle ou telle action sans se préoccuper de rien ! C’est toujours étonnant quand il s’agit d’argent qui représente parfois le labeur de toute une vie. Ne pas s’en préoccuper soi-même alors que dans le même temps on peut passer une journée entière à comparer 15 lave-vaisselles à 700€ pour une économie de quelques dizaines d’euros me laisse perplexe.

EDBG Sur le renforcement d’une position. Vous savez que plus les marchés grimpent, plus nous devenons prudents et préférons ouvrir une nouvelle ligne qui pèse 1% voir 1,5% plutôt que directement 3,33% en nous disant que cela nous permettra de renforcer sur baisse des cours; en gros tout l’inverse du dicton : ne jamais essayer de rattraper un couteau qui tombe. De quelle manière renforcez-vous une position ?

M : Je suis très sensible au timing et j’observe les cours et les volumes, préférant renforcer sur une bonne nouvelle et une hausse (même sensible) avec de gros volumes quitte à rater 10 ou 15% plutôt que sur un cours qui plonge inexorablement vers le bas. Dernier exemple, hors daubasses, sur la FNAC ou je fais +45% en moins de 2 mois bien qu’ayant raté une bonne partie de la hausse depuis 6 mois. A noter, toujours suivant mes principes, que je suis adhérent de la FNAC et je note ce que je vois en magasin ou sur le site (m’étant tourné moi-même vers la FNAC pour mes achats depuis quelques mois en remplacement d’Amazon).

L’achat à bon compte n’est jamais certain et dans ce cas il faut savoir patienter longtemps, voire très longtemps, quitte à être en moins-value pendant un bon moment : Plaza Centers, le fonds fermé 1 ou la netnet 12 quoique pour cette dernière je crains que ce ne soit cuit pour tout le monde (NDLR : nous aussi). Ce n’est pas une stratégie qui me convient totalement. Est-il utile de bloquer 2 à 4% de son portefeuille pendant plusieurs mois sur un titre pour voir son analyse se révéler payante un beau jour ? Je ne suis pas certain car entre temps d’autres opportunités peuvent se faire jour que l’on peut alors rater. Il sera temps de rentrer quand le titre se réveille, quitte à rater le début de la hausse. Je préfère globalement un timing que je qualifie « de suiveur » à un timing de « dormeur ».Contrarian mais pas trop non plus…

EDBG De quelle manière agissez vous, par exemple, face une tromperie de la direction dans le bilan, comme ce fut le cas pour nos chinoises, voire pour quelques autres sociétés ?

M : Comment appréhender des faits que nous ne pouvons maîtriser ? La tromperie est parfois présente et le seul constat possible est : chute du cours, suspension, voire radiation… Il faut accepter ce risque inhérent à tout investissement et considérer perdre 2 à 3% de son portefeuille. Minimiser cela est possible en évitant les marchés peu réglementés (Marché Libre, OTC…) et on évite déjà une part du pire…ce que je fais désormais.

EDBGAvez-vous d’autres points que nous n’avons pas abordés et qui font partie de votre style de gestion personnelle ?

M : La « richesse » d’un homme ce sont ses expériences bonnes ou mauvaises et cela le porte à continuer à expérimenter toute sa vie. Rien n’est acquis à la bourse et comme l’a dit en son temps Kostolany : « 2×2 = 4, voilà un théorème infaillible dans les calculs de l’ingénieur mais pas dans ceux du spéculateur. Je dirais plutôt qu’à la bourse 2×2 font -1+5, ou 2×2 font 3+1 mais jamais 2×2 font 4. Puis tout rentre dans l’ordre : -1+5 valent bien 4, 3+1 aussi, on arrive au même résultat que l’ingénieur, avec la différence qu’avant que l’on ne prononce -1, la partie est perdue si l’on ne peut pas tenir… ». La clé est là pour investir : savoir tenir dans la durée.

EDBG : Merci Michel pour ce partage d’expérience.

Une réflexion au sujet de « Qui peut battre la performance des daubasses ? Nos abonnés (3e partie) »

  1. Bonjour Michel, merci pour cet interview. J’ai bien reconnu au travers de ces lignes un esprit imprégné de Lynch, en particulier lorsque vous parlez d’acheter ce que vous connaissez, et qui se trouve juste à côté de vous. Vous citez notamment Dentressangle, qui est une entreprise remarquable.
    J’ai quand-même un gros problème avec cette approche et je souhaiterais connaître votre sentiment, vous qui semblez investir dans la valeur: à quel moment estimez-vous la valeur de l’entreprise ? Avez-vous déterminé une marge de sécurité sur Dentressangle ? Car acheter des titres Google à 100 USD cela paraît évident aujourd’hui, mais je vous rappelle qu’à 300 USD, le PER de Google était énorme, et rien ne prédisait que l’entreprise allait se lancer dans la téléphonie et s’y installer en tant que leader.
    Donc, êtes-vous réellement convaincu qu’investir dans des produits qui nous plaisent est une bonne idée ? Je dirais qu’au contraire, au regard de ce que j’observe chez des néophytes, c’est une erreur classique.

Répondre à boris Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *