Bas les masques – First Farms, des fermiers-vikings (1ere partie)

 

C’est un bas les masque un peu particulier que nous vous proposons avant les fêtes de fin d’année.  Et ce, pour deux raisons :

La première est que cette société a été vendue par notre club il y a quelques mois pour les raisons que nous allons énoncer  avec une petite moins-value de 2,5 %. Néanmoins, certains d’entre nous conservent l’action pour leur portefeuille personnel : en effet,  First Farms, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, permet d’investir dans des terres agricoles sans les inconvénients d’un investissement direct.  Ces inconvénients résident surtout dans le fait que la protection de l’exploitant agricole a été portée à un niveau tel que les droits de propriété ont été assez restreints.  Par contre, First Farms exploitant elle-même ses propres terrains, elle bénéficie pleinement de ses droits de propriété.  L’autre avantage étant, évidemment, que  tout le travail de gestion est, au travers de l’investissement dans une société exploitante agricole, est « sous-traité » au management. Ceux d’entre nous qui détiennent toujours cette ligne dans leur portefeuille considèrent donc qu’ils ont investi dans des terrains agricoles plutôt que dans des actions d’entreprises « classiques ».

La deuxième particularité de ce bas les masques est que , comme vous allez le voir, il est nettement plus conséquent que les précédents.  En effet, nous allons vous faire découvrir les « coulisses » de l’équipe.

Ainsi, avant d’aborder l’analyse financière proprement dite, nous vous proposerons de prendre connaissance du cheminement de nos interrogations, de nos doutes et des réponses que nous avons tenté d’apporter… mais aussi de notre lettre au management de la société et de la réponse de ce management. Nous allons donc vous présenter ci-dessous la majeure partie des 90 échanges que nous avons eus entre nous du 20 Janvier 2012 au 8 Février 2012, avant, pendant et après l’achat de nos actions.

Nous espérons que cela vous permettra de bien comprendre la société First Farms et son environnement « géo-économico-politique » d’une part et d’autre part le travail de fond que nous fournissons en aval avant toute prise de décision d’investissement. Même si tous les dossiers ne sont pas aussi étoffés … heureusement !

Vu la longueur de cet article, nous allons le « découper » en trois tranches dont les deux dernières  seront publiées respectivement  demain et après-demain. Pour rappel, ces textes avaient été proposés à nos abonnés lors de notre lettre de mars 2012, une partie des données proposées ne sont peut-être plus entièrement d’actualité même si, dans les grands principes, nous notons peu de réelles modifications.

First Farms

 

La société First Farms est donc une société danoise cotée sur la bourse de Copenhague qui déroule ses activités dans deux pays de l’Est de L’Europe : la Slovaquie où elle est active principalement dans la production laitière avec un cheptel de 2700 vaches laitières et la Roumanie où elle déroule une activité de grande culture céréalière et surtout où elle est propriétaire de 7536 Hectares de terres agricoles.

Commençons par faire une esquisse rapide des deux pays de l’Est. Avec des chiffres datant de 2011.

La Slovaquie

La Slovaquie est un des pays les plus avancés d’Europe de l’Est. C’est avec la Slovénie, le second pays de la Zone Est européenne à faire partie de la zone Euro. Le premier janvier 2009, la Couronne Slovaque est remplacée par l’Euro. Avec un PIB de 22 200$ par habitant, nous ne pouvons plus réellement parler de pays émergent. Pour vous donner un ordre de grandeur, le PIB par habitant du Portugal est de 23 000$ par habitant et celui de l’Espagne 29 000$ par habitant. La dette publique représente 44% du PIB, ce qui, vous en conviendrez, reste plus que raisonnable.

La Slovaquie compte 5,4 millions d’habitants pour une superficie de 49 035 KM². La surface agricole représente 29% e la superficie du pays.

Sur la carte, vous pouvez découvrir la localisation des trois fermes de First Farm (points noirs et gris) situées au nord de Bratisalava, non loin de l’aéroport et dans une zone à la fois industrielle (implantation des usines Volskvagen – Skoda) et agricole. First Farms exploite dans cette zone 8200 hectares de terrains en location.

production laitière slovaquie

 

La Roumanie

La Roumanie est un des pays les moins développés de l’Union Européenne avec un PIB de 11 500 $ par habitant. La dette publique représente ne représente que 34% du PIB.

La Roumanie compte 31,8 millions d’habitants pour une superficie de 237 500 Km². La surface agricole représente 40% de la superficie du pays.

C’est évidemment en Roumanie que se trouve, selon nous, la valeur cachée de First Farms avec des terrains évalués au bilan à 2 000 euros l’hectare.

Sur la carte, vous pouvez découvrir la zone où se trouvent les terrains détenus par First Farms. C’est une des zones les plus fertiles de Roumanie mais nous y reviendrons un peu plus tard.

agriculture roumanie

Place maintenant à la discussion que nous avons eue. Une fois n’est pas coutume, nous allons vous préciser « qui dit quoi », principalement pour plus de compréhension, mais aussi plus de clarté !

Pierre

Bonjour à tous,

La traduction Google Français-Roumain n’est pas trop mal, j’ai relooké quelques phrases, mais pas tout ce serait trop long…..

Je pense que c’est compréhensible.

Je me demande quand même si un investissement pour le club ne serait pas approprié. Je vous laisse lire l’article pour que vous me disiez ce que vous en pensez… Mais au niveau des prix avancés à l’hectare, nous sommes plus proche des zones fertiles avec les terrains détenus par First Farm que de la fourchette courante … Je dirais que nous devrions faire une moyenne entre le haut de la fourchette courante et le bas des terres fertiles…

En plus, la pression sur les prix va sans doute monter jusqu’en 2016 ou 2020 selon l’accord ou pas avec l’UE…

Je sais que First Farm n’entre pas dans nos critères purs même si le prix actuel est proposé avec une décote de 30% sur la VANT… Mais nous avons les moyens d’estimer beaucoup mieux qu’habituellement la valeur des terrains et surtout de mettre cette valeur en perspective. Je pourrais éventuellement trouver sur des sites Roumains le degré de fertilité des zones où sont situés les terres de Firstfarm, classées par le ministère de l’agriculture et peut-être aussi des annonces de prix de vente d’un hectare dans la zone, à titre d’information …

Qu’en pensez-vous avant d’aller plus loin ?

Bien a vous. Pierre

PS. Bien entendu, nous en avions déjà discuté avec Louis P, l’idéal serait d’acheter directement. Une part du club de 3.33%, nous permettrait d’acheter 2 hectares et quelques ares ! Mais il faut passer par la constitution d’une société et cela se complique trop !

Le premier article (en roumain, traduction automatique de Google) :

La Roumanie demande à l’UE de reporter à 2020 la décision sur la vente de terres à des non-résidents. Roumanie fera une approche par l’Union européenne qui ne sont pas obligés de vendre des terres à des non-résidents, en 2020, a déclaré à Berlin, ministre de l’Agriculture Valeriu Tabara.

« La Roumanie n’est pas prête à ce moment d’ouvrir la terre et les terres agricoles et à cette fin la Roumanie va faire une demande a l’UE pour nous permettre de prolonger le délai après 2016, alors que le pays n’est pas obligé de vendre des terres à des non-résidents, alors comment les autres Etats ont fait. Bien sûr, il reste à voir la position de l’Union européenne et notre capacité à négocier, mais c’est la position du MADR et le gouvernement roumain », a déclaré le ministre de l’Agriculture.

investissement terrains agricoles

Il a ajouté que la Roumanie est conditionnée par le traité d’adhésion de commencer la vente des terres pour 2016 aux non-résidents. Le Chef de l’Agriculture a déclaré qu’actuellement, environ 7-8% des terres arables de la Roumanie est utilisé par les étrangers qui ont acheté en conformité avec la loi ou ont loué les terres aux deux conditions que l’on trouve dans le Code civil . Ainsi, il y a une obligation pour les
individus d’être domicilié en Roumanie et aux entreprises ou associations personnelles être basée en Roumanie s’ils veulent posséder des terres ou pour le travail.

Selon MADR, la surface agricole détenue par des étrangers en Roumanie à la fin de 2011 s’élève à plus de 700.000 hectares, soit 8,5% des terres arables de la Roumanie. Dans un classement des acheteurs de terrains en Roumanie, l’Italie est au premier rang avec 24,29%, 15,48% pour l’ Allemagne et 9,98% pour  les pays arabes. Par ailleurs, la Hongrie avait 8,17% des 700.000 hectares de terres agricoles au cours achetés en Roumanie, l’Espagne (6,22%), Autriche (6,13%), Danemark (4,52%), la Grèce et les Pays-Bas , 4% et 0,78% en Turquie.

Selon Valeriu Tabara, les prix des terrains en Roumanie l’année dernière se situait entre 1500 et 2500 euros par hectare, et en 2011 dans les zones fertile atteignait 4000-5000 euros par hectare.

La Roumanie participent au Salon International de cette année pour l’alimentation, l’agriculture et l’horticulture « Semaine verte » à Berlin (Allemagne), en tant que partenaire de l’Etat, les 62 sociétés opérant dans l’industrie alimentaire, l’agriculture et l’horticulture dans notre pays de donner des produits dans le Hall 10.2 de Messe Berlin Pavillon des Expositions, une superficie de 1000 m².

Source: AGERPRES

Le second article (en roumain avec traduction automatique Google) :

La Roumanie pourrait devenir l’une des grandes puissances de l’agriculture en Europe.

La Roumanie pourrait être les prochaines grandes puissances de l’Europe par le développement des fermes agricoles et des unités de transformation.

Développement des moyennes et grandes exploitations, et les unités de transformation pourrait propulser la Roumanie dans les puissances agricoles de l’Europe, estime le ministre fédéral de la protection des aliments, Agriculture et de la consommation de l’Allemagne, Ilse Aigner.

« La Roumanie pourrait être le prochain puissances agricoles qui continueront à développer des moyennes et grandes exploitations, mais qui doit également développé une industrie de transformation de ces produits de base de qualité.

acheter des terrains agricoles

La Roumanie doit continuer à développer l’agriculture, si elle veut être puissante », a déclaré à l’Agerpres, Ilse Aigner, lors de sa rencontre avec des journalistes accrédités auprès de la« Semaine verte ».

Le ministre allemand Aigner, les nouvelles technologies peuvent être utilisées sur une petite échelle, mais les exploitations moyennes et grandes sont essentielles.

En outre, l’officiel allemand a déclaré que l’Allemagne était dans la structure actuelle de l’agriculture roumaine, soit 1,6 millions d’exploitations agricoles, il y a 50 ans, mais l’application de la technologie, l’innovation et la recherche de leur nombre ne dépasse pas 300 000 aujourd’hui.

La Roumanie souhaite la performance dans l’agriculture Pendant ce temps, le Roumain Valeriu Tabara ministre de l’Agriculture a déclaré qu’il était heureux qu’il peut apprendre à faire des performances d’un pays avec des ressources, pas très riche, mais qui pourrait devenir l’une des grandes puissances agricoles du monde.

« La Roumanie souhaite être performante dans l’agriculture, surtout face au problème avenir – la sécurité alimentaire – liée étroitement à l’agriculture. Vous devriez envisager une relation plus étroite entre les agriculteurs et les transformateurs et une juste et honnête avec le consommateur », a déclaré Valeriu Ta-bara.

La «Semaine verte» se déroulera du 20 janvier au 29 2012 à Berlin et est l’exposition la plus importante dans l’industrie alimentaire mondiale, l’agriculture et l’horticulture.

Source: Agerpres

Louis P.

Personnellement, j’ai une grosse conviction à très long terme sur Firstfarms avec une seule réticence : un repli de la Roumanie sur elle-même et ses anciens démons ne la fera-t-elle pas exproprier les « capitalistes » étrangers ou même nationaux ?

La valo des terrains de Firstfarm est donc pile dans la moyenne. Apparemment, sauf s’ils sont particulièrement fertiles, il n’y aurait pas d’heureuse surprise court terme à attendre de ce côté là.

Franck

3,33%, ça ferait 2 ha ??

Ce serait intéressant de calculer combien on obtient d’ha avec Firstfarm pour le même montant en actions ? Ce n’est pas directement comparable car ce sont des terrains exploités mais je trouve que ce serait un ratio pertinent : le nombre d’ha par action !

Je suis plutôt pour un investissement du club pour 1 portion en tant que diversification dans la valeur et protection contre l’inflation.

Louis P.

Si on tient compte que les dettes sont couvertes par les stocks, les cultures sur pieds, le troupeau de vaches, les créances et les installations de production, qu’on considère que les quotas laitiers ne valent rien (ce qui n’est pas, pour le moment, le cas car ils seraient aisément négociables), en achetant 650 actions (soit 4 000 euros), on obtient 1,1 ha et une demi vache. Mais il y a des richesses cachées comme les droits au bail sur 4 000 ha supplémentaires ou les bâtiments (que je ne parviens pas à différencier des terrains).

Franck

Merci Louis P, c’est excellent comme statistique !

Pierre, est-ce que tu pourrais couper tes informations pour nous sortir un prix à l’ha moyen. Et voir ainsi si nous obtenons une décote ?

Si on est puriste, il faut prendre en compte ce qu’on obtient en plus du terrain et tenter de les valoriser : le bâti, la 1/2 vache, le droit au bail + exploitation des terrains et les fonctions de l’entreprise : gestion, prospection pour achat, bénéfices, …

En France, le prix moyen 2010 ressort à environ 5 200 EUR et 3 600 EUR pour les terrains et prés loués.

Source :

http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/foncier-les-prix-de

http://www.proprietes-rurales.com/fr/pageseditos.asp,pk,37.rwi.html

Donc, oui, c’est moins cher en Roumanie mais peut-on réellement parler d’aubaine ?

Je ne connais pas la valeur d’1/2 vache…

producteurs agricoles cotés en bourseLouis P.

Franck, le plus simple, c’est de se baser sur les comptes de Firsfarms : une décote de 29 % sur la VANT et des terrains valorisés à 2 000 euros l’hectare dans les comptes. Un terrain loué ne se valorise que 5 000 euros l’hectare en France mais c’est normal : le propriétaire légal n’est jamais réellement propriétaire, le droit est fait pour que ce soit celui qui exploite la terre qui en soit le vrai propriétaire (notamment avec une législation sur les baux à ferme très très stricte vis-à-vis du propriétaire). Dans mon coin, c’est +/- 10 – 12 000 euros l’hectare libre de droits mais les terres ne sont pas très riches. En Hesbaye, les terres sont plus fertiles et on doit au moins débourser 20 000 euros l’hectare pour des terres libre de bail.

Mais avec Firstfarms, les terres sont libres de bail puisque c’est Firstfarm qui les exploite.

 

Pierre

Merci pour vos réactions… Je vais essayer de creuser un peu dès lundi, pour avoir les prix réels de la zone et le niveau de fertilité.

La suite … c’est demain 🙂

 

 

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