Tout d’abord une petite précision ami(e) lecteur(trice) : si le rendement que nous avons obtenu en 2014 se situe bel et bien sous notre indice de référence (le msci world en euro, dividendes réinvestis) et qu’à ce titre, il ne nous satisfait effectivement pas outre mesure, il n’en demeure pas moins qu’il ne s’agit en rien d’une « catastrophe » notamment en regard de la plupart des grands indices boursiers européens. 4 années de surperformance sur 6 et un capital multiplié par 7 quand, dans le même temps, notre indice de référence double : ce sont des statistiques qui suffisent largement à notre bonheur.
Prenons un exemple … Bestinfond qui est sans doute le meilleur fonds de placement « Value » en Europe sur une très longue période. Depuis sa création il y a plus de 20 ans, il a généré un rendement total de 2 358 % (là où son indice de référence faisait 583 %). Et pourtant, il a sous-performé ce fameux indice durant 9 années sur ses 20 années d’existence.
Vous comprenez qu’avec cet exemple, ce n’est pas une année de contreperformance qui remettra en question notre conviction qu’investir sur base d’une valeur patrimoniale d’une société permet de générer des rendements supérieurs.
Tout ceci pour vous expliquer que la nouvelle stratégie « RAPP » n’est pas une réaction au rendement de 2014 mais plutôt le fruit d’un ensemble de réflexions et de constats que nous menons depuis plusieurs mois.
Les net-net et net-estate se font rares
Le principal constat, c’est qu’il n’existe pratiquement plus de net-net sur le marché et seulement quelques net-estate : nous avons vu notre watch-list fondre sur toute l’année 2014 et les nombreuses chasses que nous avons menées (d’ailleurs bien plus nombreuses durant l’année écoulée que durant les autres années) ne nous ont pas permis de trouver de nouvelles cibles… ou alors, quand nous en trouvions, les décotes étaient très faibles. Nous en avons néanmoins une watch-list bien garnie mais avec des potentiels cours/VANT compris entre 15% et 40%, ce qui nous semble vraiment risqué avec des entreprises qui ont souvent de gros problèmes.
La recherche d’un consensus
Notre réflexion a essentiellement porté sur l’attitude à tenir si le marché poursuit sa hausse. Plusieurs propositions ont été posées sur la table. Des propositions hors investissement « value » et l’apport de spécialistes extérieurs à l’équipe ont même été évoquées mais aucune n’a fait l’unanimité.
Nous sommes donc revenu à l’investissement Value en déterminant tout d’abord ce que nous ne voulions pas faire c’est-à-dire du « fan de Buffett », de « l’à peu près » ou du « n’importe quoi » … en gros tout ce qui fonctionne dans un marché haussier comme celui–ci, un marché dans lequel tous les investisseurs se prennent pour des génies et dont les 75 années d’expérience cumulées de l’équipe nous laissent penser que, souvent, cela finit plutôt mal.
La nouvelle catégorie a été élaborée par tâtonnement et, avouons-le, avec difficulté car nous étions tous les quatre très ancrés psychologiquement sur les net-net et net-estate et nous avons éprouvé beaucoup de difficultés à nous accorder sur une ligne précise.
Deux lectures nous ont fait avancer : la xème re-lecture de L’investisseur intelligent de Ben Graham et l’interview de Walter Schloss présentée sur le blog… mais aussi, en toile de fond, l’interview de Bill Gross qui explique qu’il est primordial pour un investisseur de toujours s’adapter aux conditions de marché.
La première idée qui a fait l’unanimité, c’est que la nouvelle catégorie devait découler d’un process aussi précis que les deux autres catégories VANN et VANE.
La seconde idée, c’est que ce process devait aller chercher de la valeur cachée, de la valeur qui ne « saute pas aux yeux du marché », en parcourant juste un bilan ou en employant un screener.
Nous avons donc peaufiné cette ligne jusqu’à ce que tous ces points fassent l’unanimité au sein de l’équipe et qu’une watch-list puisse être établie.
Résultat de nos réflexions et conclusion
Dans un premier temps, nous avons été déçus par la petite taille de la liste de sociétés correspondant aux critères de ce nouveau process : nous aurions préféré une grande liste nous donnant la possibilité d’y puiser des opportunités à notre guise. Mais finalement cette taille restreinte nous a confortés sur les exigences du process. C’est aussi grâce à ce constat que nous sommes confortés dans notre conviction que les exigences posées sont élevées, voire très élevées.
Voilà pourquoi, ami(e) lecteur(trice), le lancement de cette nouvelle catégorie de sociétés n’est pas une « pulsion » due à une année un rien décevante en termes de rendement mais plutôt le résultat d’une réflexion murie durant de longues semaines et imposées par un Mr Market trop exigeant en terme de prix.
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