Process pour les investissements liés aux matières premières (2e partie)

Cet article constitue la suite de celui-ci dans lequel nous vous présentions nos observations quant à l’évolution des cours de l’or et du pétrole.

2e partie : Que faire de ces observations pour améliorer le Process ?

Nous partons de deux éléments inconnus qui s’ajoute à tous les autres quand nous investissons sur des sociétés dépendant des fluctuations des matières premières : le temps que durera la baisse et le % de cette baisse de la matière première.

Dans un esprit « value », nous ne pouvons pas agir sur le temps que durera la chute et nous continuerons à ne pas faire de timing car nous n’avons pas la moindre solution pour déterminer le moment quand investir ou ne pas investir.

C’est donc sur l’ampleur de la baisse entre le plus haut et le plus bas que nous avons trouvé une solution.

Dans notre cas, une solution consiste à trouver un procédé qui pourra être répété mécaniquement et appliqué par n’importe qui et qui fera gagner plus que ce qu’il ne fera perdre. Il est important de garder à l’esprit le gain et la perte comme nous l’avons souvent expliqué et encore récemment avec l’avantage statistique de notre process.

C’est pour cette raison que nous allons aussi le plus explicitement possible vous parler des avantages et des inconvénients de notre solution.

La première idée est la découpe de l’investissement en trois périodes, définies, par deux prix de « référence »

La première période ne peut pas être définie car c’est tout simplement quand la société-cible correspond à tous nos critères habituels de décote et de solvabilité. Mais lors de ce premier achat, un prix que nous appellerons notre  » prix de référence » va être noté : à la date de l’achat de la société, le prix de la matière première sous-jacente était de x dollars. Ce sera notre premier prix de référence

La seconde période au cours de laquelle nous nous autoriserons à renforcer sur le secteur, que ce soit sur les sociétés déjà achetées ou des nouvelles cibles sera définie de la sorte à un niveau correspondant à notre premier prix de référence sur la matière première tel que défini ci-dessus amputé de -25%. Ce niveau sera notre second prix de référence.

Le troisième et dernière période où nous nous autoriserons à renforcer une seconde fois sur la même matière première sera définie par notre second prix de référence -25%.

Prenons deux exemples avec notre portefeuille pour lequel ces règles sont en vigueur depuis le 17 août 2015.

Nous avons acheté notre première mine d’or le 14 octobre 2011 car la société correspondait à nos critères de décote et de solvabilité. Le prix de l’or à cette date était de 1 682$ l’once. C’est notre premier prix de référence.

La seconde période pour renforcer ou acheter des nouvelle mines est donc fixé par notre premier prix de référence -25% soit (1682*75%) = 1261$ qui devient notre second prix de référence.

La troisième et dernière vague d’achat ou de renforcement de mines liées à l’or est donc fixée par notre second prix de référence -25% soit (1261$*75%) = 946$ l’once

Pour les parapétrolières, notre premier achat date du 3 février 2015 et notre premier prix de référence qui est le cours du baril WTI est fixé à 53.86$

La seconde zone d’achat est donc fixée -25% plus bas soit à un cours du WTI à 40.39$

Et la troisième zone d’achat 25% en dessous de 40.39$, soit 30.29$.

La seconde idée est la pondération des trois périodes d’investissement. Nous pourrions même parler d’une sous-pondération. Notre règle de base est un investissement maximum de 3.33% du total du portefeuille sur 1 société. Comme nous ajoutons un facteur risque avec le sous-jacent (or, pétrole et matières premières en général), nous avons décidé de limiter la pondération de chaque tranche d’investissement à 3.33% du total du portefeuille sur le prix d’achat. Quoi qu’il se passe, nous ne pouvons donc pas nous exposer sur des sociétés liées à une matière première précise pour plus de 9.99% du portefeuille, arrondissons à 10%.

Ces deux premières idées ont été inscrites dans le process et sont appliquées depuis août 2015.

La troisième et dernière idée n’a pas été écrite car elle dépend de certaines circonstances d’offre et de conjoncture mais elle tombe tellement sous le bon sens pour tout investisseur qui a compris l’importance de la diversification.

Quand on investit dans un secteur dont la rentabilité dépend d’une matière première spécifique et qu’on sait que la baisse de cette matière première peut être longue (facteur temps) et importante (facteur pourcentage à la baisse), il nous semble évident qu’il vaut mieux trouver 3 sociétés correspondant au critère de décote et de solvabilité qu’une seule société. « Surdiversifier » à ce stade s’impose car, si sur les 3 sociétés qui vont subir la baisse du sous – jacent, une connait la faillite avant la seconde période, il reste deux sociétés et la perte se limite à 1.11%. Si vous avez investi sur une seule société et que cette société fait malheureusement faillite, vous perdez trois fois plus que dans le premier scénario.

Au second palier, quand le sous-jacent a perdu 25% du premier cours de référence, il se peut qu’une voire deux des trois premières sociétés soient en difficulté. Vous n’allez pas forcément renforcer les sociétés qui semblent le plus en difficulté mais au contraire les sociétés qui paraissent les plus solides à ce moment-là : celles qui possèdent encore un bon matelas de liquidités, peu de dettes, qui ont des nouveaux contrats malgré la crise du secteur,…

Au troisième palier de 25% sous le second prix de référence, tous ces éléments sur la diversification que vous avez sont encore plus clairs et vous allez renforcer une nouvelle fois les sociétés qui ont le mieux résisté, qui présentent une belle solvabilité, des liquidités.

En résumé de cette troisième idée, si dans la première phase d’investissement tous les chats décotés et solvables sont gris et qu’il est quasiment impossible de dissocier les plus solides sur pattes, la seconde et la troisième phase vous permettront de juger de manière objective plus facilement la solidité de la société. Il vous suffit d’élaborer une petite grille avec quelques éléments importants hors critères principaux.

Le ratio perte annuelle / liquidité vous informera par exemple sur le nombre d’années que peut résister la société sans apport de capitaux. Une bonne diversification géographique est un plus et revoir en priorité le critère de base : les coûts d’extraction. Et dans le cas plus spécifique des parapétrolières qui dépendent indirectement du prix du pétrole et vendent des services ou des matériaux, une diversification du portefeuille de clients nous semble être un plus aussi.

En résumé quelques points quantifiables qui vous évitent de travailler au doigt mouillé ou à la conviction qui est l’ennemi mortel de l’investisseur value selon Benjamin Graham. Dans la phase deux et trois de l’investissement, il ne faut plus prêter attention au potentiel théorique ( VANT / Cours) qui ne vous donne pas la moindre information sur la santé de la société. Il est important de ne pas être avide dans ces deux phases pour se concentrer sur la solidité objective de la société.

 

Résumons de manière synthétique les avantages et les inconvénients de ces ajouts au process

 

Avantages

 

1° Psychologiquement, vous avez compris à 300% les risques supplémentaires en investissant dans une société liée aux matières premières.

2° Le fait d’avoir un process précis sur ce secteur qui est simple et compréhensible vous permet d’investir dans l’ordre et le calme. Vous avez une feuille de route et vous êtes préparé à un recul important des cours dans un laps de temps que vous savez indéterminé.

3° Quand vous investissez sur ce type de société, vous savez, en gros, à l’avance de quelles liquidités vous avez besoin pour mener à bien le process spécifique.

4° Si vous ratez le deuxième voire le troisième renforcement, est-ce un problème ? Non bien entendu car cela veut dire que la chute de la matière première s’est arrêtée et que cela risque de remonter !

5° Quand on observe dans les tableaux présentés plus haut, du plus haut au plus bas, le cycle suivant du plus bas au plus haut, voici ce que cela donne même si c’est à titre purement indicatif et que l’effet levier que nous avons explicité au début est à ajouter.

petrole

 

or

 

Inconvénients

1° En investissant dans une société liée aux matières premières dont le cours est occupé à chuter lourdement, vous êtes quasi certain de perdre malgré la solution que nous proposons 50% voire plus de votre mise au premier investissement, 25% et plus au second investissement et 25% supplémentaire au troisième investissement. avant de gagner le moindre cent.

2° Le temps que va durer le supplice de vos pertes et la possibilité de gain doivent être envisagés à 5 ans minimum mais cela peut-être plus long.

3° Vous ne parviendrez pas à acheter au plus bas et à vendre au plus haut. Tout au plus vous pourrez réussir à acheter au plus bas un tiers de ce que vous avez alloué au secteur. Et vous aurez vraiment eu de la chance ! Quand à vendre au plus haut, n’y pensez même pas : nous n’avons jamais rencontré ce cas de figure en 7 années d’investissement.

4° Vous pourrez manquer un palier de peu. Et à -22% ou -23%, ce sera frustrant de ne pas pourvoir renforcer, seulement parce que vous avez fixé -25%. Mais suivre un process au plus serré et à la lettre, c’est aussi parfois très frustrant.

En conclusion, nous venons de vous expliquer ce que nous ferons à l’avenir et pourquoi nous allons investir de cette manière et en aucun cas ce que vous devez forcément faire.

En l’absence de ce process, nous devons constater que nous avons sans doute renforcé le secteur des mines d’or trop rapidement. Dans les détails de l’avantage statistique, vous pouvez par exemple observer que nous avons renforcé 4 fois notre premier investissement minier aurifère en 2013, le 20/02, le 18/04, le 17/05, le 16/07. Quatre petits renforcements qui ont été menés par le fait que le cours de l’or est passé début janvier 2013 de 1692$ a 1176$.en fin d’année. Si nous avions eu à notre disposition le process que nous venons de vous expliquer, nous aurions renforcé une seule fois cette minière canadienne et pas quatre fois. Et nous aurions calmement attendu le dernier palier de 996$ l’once.

Ajoutons pour terminer que tout investisseur dans la valeur type « Daubasses selon Benjamin Graham », peut finalement décider de faire l’impasse complète sur les sociétés liées directement ou indirectement aux matières premières.

Une réflexion au sujet de « Process pour les investissements liés aux matières premières (2e partie) »

  1. Et bien… Cela a le mérite d’être précis et quantitatif, pas de place aux sentiments et au feeling, un risque de perte limité et maitrisé.
    Excellent article, merci à l’équipe des Daubasses!

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