Les chroniques de l’investisseur chronique : les conseils en investissement

rp_chronique-investisseur-300x188.jpgCe texte fait partie de la série proposée par notre ami-chroniqueur Laurent Muller.

Même si nous ne partageons pas tout-à-fait les mêmes principes d’investissement, nous nous sommes trouvés énormément de points communs et les raisonnements développés parLaurent nous ont paru marqués par le sceau du bon sens.

Il nous a semblé intéressant de vous faire profiter de ces raisonnements et c’est la raison pour laquelle Laurent tiendra, sur ce blog et à intervalles réguliers, une chronique présentant ses principes d’investissement.

Ce sera l’occasion de débattre avec l’équipe des daubasses mais aussi avec vous, ami( e) lecteur(trice) des sujets qui seront développés par notre ami.

Lorsque j’ai débuté mes investissements en actions, j’ai acheté des SICAV actions en pensant que ce support me permettrait à la fois de diversifier mon placement, ce qui est correct, et de bénéficier de l’expertise d’un professionnel. Depuis, j’ai perdu un peu de ma naïveté sur les professionnels ou les personnes donnant des conseils car même si leurs compétences et leur expérience sont bien meilleures que les miennes, leur intérêt ne rencontre généralement pas le mien. Je vais volontairement grossir le trait dans cet article, ne prenez pas tous mes propos au pied de la lettre. En réalité, je ne pense pas que les banquiers et les gestionnaires de fonds soient nécessairement de mauvais conseils mais cet article a plutôt pour but d’inciter à la prudence.

Le banquier

Si j’étais banquier, je ne vous conseillerais que les produits financiers de ma banque, sur lesquels j’aurais un intéressement. Les meilleurs conseils que je pourrais vous donner seraient ceux qui me rapporteraient la commission la plus élevée. Grand seigneur, à commission équivalente, je vous conseillerais objectivement le produit qui me semblerait le mieux correspondre à vos attentes.

Si je devais aujourd’hui choisir un banquier, je commencerais par établir les caractéristiques d’un produit financier difficile à obtenir et auquel je serais prêt à souscrire (par exemple, un crédit lombard « amélioré » ou un crédit immobilier avec un taux difficile à obtenir). J’observerais alors l’aptitude des banquiers à répondre à mon besoin spécifique.

 

Votre voisin ou la presse financière

Si j’étais votre voisin ou la presse financière, je vous suggérerais d’acheter une action que j’ai déjà en portefeuille car si je parvenais à convaincre un nombre suffisant de personnes d’acheter la même action que moi, je pourrais certainement la revendre à un prix supérieur à mon prix d’achat.

Si je voulais aujourd’hui acquérir des connaissances dans le domaine de l’investissement actions, je préfèrerais lire des livres sur l’investissement valeur, dont l’auteur n’aurait pas d’intérêt à me donner un conseil plutôt qu’un autre.

 

Le courtier

Si j’étais courtier, je conseillerais à mes clients d’investir en utilisant des techniques d’analyse graphique sur l’horizon temps le plus court possible et acceptable pour mon interlocuteur, l’idéal étant bien évidemment d’arriver à convaincre mon interlocuteur d’investir en « day trading », le Graal du courtier.

La fréquence des transactions de mes clients serait le meilleur moyen pour moi de gagner de l’argent sur les frais de courtage que je facturerais, érodant progressivement mais sûrement leur patrimoine à mon profit.

Si je devais aujourd’hui choisir un courtier, je chercherais à minimiser les frais de courtage, étant entendu que les droits de garde devraient être nuls. Mes courtiers sont actuellement les suivants :

  • Fortuneo sur marché Français
  • Interactive Broker sur marché US

 

Le gérant de SICAV actions

Si j’étais gérant d’une SICAV actions, mon premier objectif serait de conserver mon poste. Il me semblerait alors important de pouvoir justifier tout investissement tournant de manière défavorable. Logiquement, acheter des blue chips connues de tous ayant une bonne notation Standard & Poors me semblerait une bonne option. Qui aurait pu prévoir qu’IBM, une entreprise d’avenir bien notée, pouvait chuter de 50 %, répondrais-je à mes clients insatisfaits ? Remplacez IBM par CONN dans cette phrase et le scénario tourne tout de suite à votre désavantage : ni les clients ni votre hiérarchie ne comprendraient alors votre choix.

Les fonds ont encore bien d’autres désavantages :

  • Frais d’entrée, de gestion, de performance, etc…
  • Vu le montant des actifs des fonds, des problématiques de profondeur de marché empêchent les gérants d’entrer sur de petites ou moyennes valeurs.
  • Dans les fonds ouverts, les vendeurs obligent le gestionnaire de fonds à vendre au mauvais moment, en cas de chute des cours, grevant la performance des investisseurs restants.
  • La distribution des fonds en fonction de leur performance est une gaussienne dont la performance moyenne est décalée de quelques pourcents en négatif par rapport à celle de l’indice de référence. Autant acheter un fonds indiciel !

 

Si je devais aujourd’hui acheter une SICAV, mon approche consisterait à observer les fonds que je retrouve au capital des entreprises dont j’achète les actions. J’ai par exemple noté que ces fonds se retrouvent assez fréquemment au capital d’entreprises de mon portefeuille :

  • Financière de l’échiquier
  • Amiral Gestion
  • Bestinver
  • Tocqueville finance

Avant d’investir dans un fonds, j’évaluerais les actions présentes dans ces fonds, j’étudierais si le montant des frais associés ne dégrade pas trop la performance et j’observerais si les gérants ont eux-mêmes investi tout leur patrimoine dans les fonds qu’ils gèrent.

 

Conclusion

Dans le domaine de l’investissement, l’important est de bien comprendre l’intérêt de la personne qui vous donne un conseil ou gère votre argent. Si l’investisseur dispose du temps nécessaire, il vaut généralement mieux qu’il gère son argent directement, en comprenant ce qu’il fait, plutôt que de le laisser gérer par d’autres, même s’ils ont plus de connaissances et d’expertise dans le domaine que vous.

Quelles sources utilisez-vous pour obtenir des conseils ?

2 réflexions au sujet de « Les chroniques de l’investisseur chronique : les conseils en investissement »

  1. Que pensez vous de l’action Volkswagen qui a perdu plus de 35% en une journee pour une raison qui n’a rien a voir avec sa sante financiere (qui selon le bilan et compte de resultat) semble excellente.

    1. Bonjour Arno,

      Nous n’avons pas l’habitude de donner un avis sur une action et réservons à nos abonnés les informations sur ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons.

      Ceci dit, si vous connaissez un peu notre philosophie d’investissement et vous penchez sur les rapports financiers de VW, vous devez pouvoir vous forger une petite idée sur la question 😉

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