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Ecomérage : ça sent le gaz …

Nous vivons pour l’instant, cher lecteur, une période de forte incertitude :

         Le pétrole au-delà des 100 dollars, niveau auquel il est censé nuire à la croissance économique pour les pays consommateurs, les US en tête

         Le drame japonnais qui a touché la 3e économie du monde et pour  laquelle les rejets de tonnes d’eau radioactive dans l’océan peuvent faire craindre l’apparition de nouveaux plats à base de sushis fluorescents, bien plus tendance que la cuisine note-à -note.

         L’inconnue quant aux successeurs des divers dictateurs nord-africains « priés » par leur peuple de prendre une retraite pas si méritée que cela

         Muammar Kadhafi qui s’accroche au pouvoir malgré les capacités de « police du monde » que viennent de se trouver les Européens

         Le problème des dettes souveraines qui reste latent un peu partout dans le monde et notamment en Europe où les agences de notation tentent de se refaire une respectabilité plutôt douteuse sur le dos des malheureux pigs.

         L’immobilier US qui continue à se « casser la figure »

         …………

 

Et pourtant … inexorablement, la bourse « monte » … Les principaux indices ont, depuis le début de cette année et dans leur monnaie respective, généré des rendements tout-à-fait corrects.  Une preuve de plus de ce que nous pensons depuis longtemps : prendre des décisions d’investissement judicieuses basées  sur la macro économie relève de l’exercice de haute voltige même si, reconnaissons-le,  ce n’est pas tout-à-fait impossible (des « Edouard Carmignac » et des « Eric Sprott » l’ont démontré ces dernières années).

Même sur le long terme, la macro économie n’est, à notre avis, que peu utile. Rappelons l’exemple que nous avions déjà cité précédemment   : alors que la Chine a présenté une des croissances économiques les plus fortes de ces 17 dernières années (10 % par an), son indice boursier a présenté un des rendements les plus faibles (- 35 % sur la même période).

Et pourtant, dans l’équipe des daubasses, l’un d’entre nous, pour son portefeuille personnel, a décidé d’investir sur un support déterminé en fonction d’une analyse essentiellement macro-économique.    Ce support, c’est le gaz naturel.

Sa décision d’investir sur le gaz dépend de deux facteurs.

Le premier facteur, c’est sa valeur.  Délicat pour un chasseur de daubasses habitué à valoriser des sociétés plutôt qu’une matière abstraite pour lui comme le gaz naturel. Pour déterminer cette valeur, notre ami a une double approche. 

La première approche, c’est de voir quels sont les coûts de production du gaz.  En effet, sur le long terme, le juste prix d’une matière première, c’est son coût marginal augmenté d’une petite marge pour les producteurs.  Le coût marginal, c’est le coût de la dernière unité produite pour répondre à la demande.  Pour les producteurs de gaz, d’après ses recherches, ce coût marginal se situe autour de 6 usd par 1000 pieds cubes (c’est l’équivalent du baril de brut).  Le coût moyen de production est quant à lui de 4 usd, soit plus ou moins le cours actuel.  Nous estimons donc qu’à moyen terme, le cours du gaz devrait rejoindre son coût marginal : pour l’instant, les producteurs perdent de l’argent sur certains gisements en fonction des prix actuels.  Il est probable qu’à moyen terme, ils ferment ceux- ci réduisant ainsi l’offre et entrainant donc une remontée mécanique des prix du gaz.

En outre, les producteurs d’électricité ont la capacité de commuter entre les carburants : Par exemple, quand les prix du gaz sont bas, les générateurs électriques peuvent commuter et employer du gaz naturel au lieu de charbon ou de fioul. Cette substitution de combustibles mène alors à une hausse de la demande du gaz naturel et donc une hausse de prix.

La deuxième approche sur le prix, c’est en comparant avec des alternatives.  Dans le cas présent, la meilleure alternative au gaz, c’est le pétrole.  Celui-ci couvre 35 % des besoins mondiaux en énergie contre 25 % pour le gaz.  Historiquement, le prix du baril est 10 fois supérieur au prix du gaz.  Or, actuellement, nous en sommes à un prix 22 fois supérieur, ce qui n’était plus arrivé depuis septembre 2010 et avant cela … le début des années 90.  Un retour à la moyenne ramènerait le prix du gaz autour de 10 usd les 1 000  pieds cube.

Le deuxième facteur, c’est l’environnement … macro économique (nous y voilà)

La chute des prix du gaz s’explique non seulement par le ralentissement économique (c’est l’industrie et les producteurs d’électricité qui sont les plus gros consommateurs de gaz) mais aussi par la  mise en exploitation des gaz dit non conventionnels essentiellement aux Etats Unis (qui viennent d’ailleurs de devenir le principal producteur de gaz au monde).  Ces gisements coûtent un peu plus cher à exploiter que ceux de gaz  traditionnel mais ils permettent à des pays qui ne détiennent pas de réserve de pétrole ou de gaz de se rendre plus indépendants des pays producteurs traditionnels (et souvent instables politiquement).

Au départ, le gaz présente moins d’intérêt que le pétrole car il coûte très cher à transporter et est dangereux à manipuler.  Depuis les chocs pétroliers, il y a eu un regain d’intérêt mais son exploitation étant récente, ses réserves, encore mal connues, sont abondantes.

Avec l’évolution technologique, la cartographie se modifie au gré des découvertes de gaz non conventionnel menant à une réévaluation des réserves de 60 à 250% selon les zones.

L’inconvénient de ces gaz shisteux, c’est le coût environnemental de leur extraction qui est plus élevé que celui  des gaz conventionnels.

Par contre, ils peuvent être produits dans des zones proches de leur lieu de consommation et donc réduire les coûts de transport.

En outre, la consommation de gaz naturel présente un bilan plutôt positif en terme environnementaux, du moins par rapport aux autres énergies fossiles : sa combustion n’émet pas de poussières et moins de CO2 que le charbon ou le pétrole.

 L’avenir du gaz naturel :

Au niveau des ménages (chauffage et eau chaude), la consommation représente 30 % de la consommation mondiale.  L’usage du gaz naturel dans le secteur résidentiel est favorisé par le fait qu’il ne nécessite pas de stockage.  Par contre, les mesures qui ont été prises pour limiter la consommation d’énergie dans l’habitat vont avoir un impact négatif sur l’utilisation du gaz dans ce secteur.

Au niveau de l’industrie (25 % de la consommation mondiale), la consommation de gaz devraient augmenter en raison de la demande des émergents.  Le gaz est très important pour la production d’engrais (tant comme combustible que comme matière première pour la fabrication d’amoniac) et dans la pétrochimie (fabrication d’additifs pour les carburants).

Au niveau de la production d’électricité (30 % de la consommation mondiale), la demande devrait être en forte croissance tant en raison de la croissance des émergents que d’une plus grande part prise par le gaz dans la production d’électricité des pays « matures ».  Son bilan environnementale est favorable (une centrale au gaz produit deux fois moins de CO2 qu’une centrale au charbon et elle ne produit pas de souffre) et surtout,  la construction d’une centrale au gaz est moins onéreuse tant en terme d’investissement de départ que de frais d’entretien et de maintenance.   Enfin, une nouvelle technologie (le « cycle combiné ») qui commence à être développée et qui associe turbine gaz et turbine vapeur permet d’améliorer le rendement de ces centrales de 35 %.   Nous ne vous rappellerons pas non plus l’effet « Fukushima » qui pourrait peut-être accélérer le processus de remplacement du nucléaire par le gaz naturel ou, pourquoi pas, d’autres énergies plus « propres ».

Au niveau des transports, un grand nombre de véhicules publics urbains comme les bus utilisent le gaz comme carburant.  L’utilisation du gaz naturel est particulièrement intéressante car elle ne nécessite pas de transformation majeure du moteur. Les moteurs au gaz naturel offrent par ailleurs un bon rendement énergétique combiné à un potentiel important de réduction d’émissions de CO2 . Toutefois, le stockage et l’approvisionnement posent de nombreux problèmes et freinent son développement. Si les véhicules au gaz naturel ne sauraient apporter une solution de substitution totale au pétrole, ils contribuent néanmoins à une certaine diversification énergétique.

De ces deux facteurs, nous tirons deux conclusions :

–       le gaz naturel n’est clairement pas cher mais pas « super bon marché » non plus compte tenu de la mise en exploitation des gaz schisteux (les USA détiennent suffisamment de réserves pour satisfaire leurs besoins des 100 prochaines années).  Une juste valeur de 6 usd (50 % au dessus du niveau actuel) serait, à notre avis, un bon prix.

–       La demande de gaz, surtout pour le secteur électrique, sera, à l’avenir, de plus en plus forte.  Conjuguée à la hausse de l’offre, nous  ne voyons pas le prix exploser à long terme mais bien les volumes.  Autrement dit, nous pensons que les gagnants à long terme ne seront pas ceux qui détiennent des positions sur le gaz lui-même mais bien sur des sociétés productrices qui bénéficieront de la hausse des volumes.

Et vous, cher lecteur, que pensez-vous de ces élucubrations macro-économiques ?

Ecomérage : Le plus vieux métier du monde ou presque… !

Comme vous le savez très certainement cher lecteur, la pierre angulaire de l’investissement, chez les Daubasses sous influence de Benjamin Graham, c’est la comptabilité. Et plus précisément un instantané de la santé de l’entreprise sous la forme d’un document comptable, aujourd’hui « PDFérisé », disponible en un clic et présenté chaque trimestre dans  les rapports de gestion.

Cette semaine, nous nous sommes finalement demandés qui avait bien pu inventer la comptabilité, depuis quand et jusqu’où remontaient ses racines.

Nous vous proposons donc dans cet écomérage un petit condensé de l’histoire de la comptabilité.

Ce qui est assez interpellant, c’est que l’invention de la comptabilité a précédé l’invention de l’écriture de trois siècles. On peut donc en déduire que l’homme a su compter bien avant d’écrire. Sans doute parce que c’était plus facile.

En fait l’invention de la comptabilité remonterait à 3600 avant Jésus Christ alors que celle de l ‘écriture remonterait quant à elle à 3300 années avant Jésus Christ.

Si nous faisons un petit calcul rapide, le premier janvier 2012, nous pourrons boire une petite coupe aux 5012 ans de la comptabilité. Sans nul doute le comptable est un candidat sérieux au titre de plus vieux métier du monde et si ce n’est pas le plus vieux métier du monde, on peux sans doute avancer sans gros risque de se tromper que la comptabilité est dans le top 5 des plus vieux métiers du monde. Tout un honneur !

L’histoire de la comptabilité a en fait commencé au milieu du quatrième millénaire avant notre ère à Sumer, entre le Tigre et l’Euphrate, où l’on a retrouvé les premiers témoignages écrits de l’inventaire de biens et de l’enregistrement d’échanges au moyen de tablettes d’argile gravées de pictogrammes. Ces comptes sont du type « à postes superposés », comportant les augmentations en haut et les diminutions en bas.

On a plutôt du mal a s’imaginer l’investisseur de l’époque commandant sa tablette d’argile pour consulter les comptes d’une « net-net ». Plusieurs problème devaient se poser.  Tout d’abord pour le facteur qui devait faire sa tournée en semi-remorque et surtout pour l’investisseur. Si comme votre chère équipe, l’investisseur de l’époque lisait plusieurs centaines de rapports annuels par an, où le stockait-il après lecture ? Une ou deux tablettes d’argile pour décorer un bureau peuvent éventuellement faire un très esthétique décor antique mais des centaines, ça devient tout de suite plus délicat ! Voyons la suite…

 

Quelques centaines d’années plus tard, les Egyptiens ont suivi une voie analogue à celle des Sumériens. La tenue comptable était bien sûr le domaine réservé des scribes. Au départ, seul le support d’écriture est différent : le papyrus, plus léger et plus maniable que les tablettes d’argile, est également plus sensible aux dégradations. Mais les scribes ont su faire évoluer les techniques comptables au fil du temps. C’est notamment eux qui ont imaginé les premiers la méthode des « comptes à colonnes séparées ». Plus tard, les Egyptiens de la période hellénique, qui savaient enregistrer des recettes, des loyers et des dépenses, ont montré qu’ils savaient également falsifier des comptes ou effectuer des enregistrements fictifs pour redresser certaines situations douteuses !

Et m… ! Et nous qui nous imaginions que la falsification comptable avait été inventée par les Yankee d’Enron ou de WorldCom, voire par les belges de Lernout et Hauspie ou les italiens de Parmalat, voire plus proche encore par les chinoiseries cotées sur les bourses US, voilà que nous apprenons ici que ce sont ces sacrés scribes égyptiens qui ont inventé l’art de faire avaler des couleuvres à l’investisseur. Toutefois l’avancée de taille est le support : le papyrus qui permettait à l’investisseur boulimique, à la recherche d’occasions, de ranger cela dans sa bibliothèque et donc bien entendu de pouvoir calculer la valeur d’une « VANTRe » en disposant des rapports des 10 dernières années.  Bon et ensuite…

La comptabilité grecque fut également très développée puisque les offrandes aux dieux se devaient d’être comptabilisées sur des plaques de marbre ou de calcaire (on en a retrouvé de nombreux vestiges). Au-delà de sa fonction religieuse, la comptabilité avait bien sûr en Grèce comme ailleurs une fonction économique. Les Grecs ont du reste étés les premiers à doter la comptabilité de la technique du virement (en mouvementant un même compte « tiers » en positif et en négatif pour éviter les transports de valeurs).

Même si nous considérons le support en marbre ou en calcaire comme une régression,  force est de constater que les Grecs parviennent à offrir à la comptabilité une dimension spirituelle de taille que nous n’imaginions même pas. Nous pouvons aussi en déduire qu’il s’agit en fait des premiers balbutiements d’une comptabilité macro-économique. En effet, l’investisseur de l’époque pouvait conclure, en lisant ces plaques de marbre, que plus il y avait d’offrandes aux dieux, plus la prospérité, voire le trend économique global, était positif et inversement. Au-delà de cet aspect spirituel, nous saluons l’invention de la technique du virement évitant ainsi les transports de valeur. Il faut toutefois savoir qu’à cette époque, des centaines de sociétés de transport de fonds ont fait faillite, le tout précédé comme toujours de grève au finish.  Tout s’est donc terminé de manière chaotique comme vous pouvez l’imaginer… Après c’est nous…. !!!!

La civilisation latine a quant à elle été la première qui a commencé à mécaniser le calcul, à l’aide de l’abacus, composé d’une table qui comporte plusieurs rainures parallèles, figurant les ordres de chiffres, dans lesquelles on pouvait faire glisser des petits cailloux et on obtenait ainsi l’équivalent romain des bouliers asiatiques.

La chute de l’Empire romain marque le début d’une période de recul des échanges. Le volume des transactions diminue considérablement, et les techniques commerciales et comptables périclitent.

On comprend donc que, comme les asiatiques de l’après-guerre, nous avons cette fois copié les calculatrices des asiatiques.  L’histoire n’est donc qu’une éternelle répétition de copies d’un bout à l’autre de la planète et depuis toujours, copies que l’on essaye d’améliorer. Mais nous jugeons quand même la technique des petit cailloux des latins assez flexible… Par exemple dans le cas où vous oubliez votre calculette à base de petit cailloux, il vous suffisait de vous arrêter dans un sentier caillouteux pour faire comme si de rien n’était ! Nettement plus pratique qu’une Texas Instrument que l’on a oubliée dans le tiroir du bureau !

Nous pouvons aussi comprendre que le premier krach de l’histoire n’est pas le krach des tulipes comme les historiens en finances nous le répètent à chaque explosion de bulle mais bien celui de la chute de l’Empire romain. Et cela entérine aussi une fois pour toute l’idée que les Latins sont capables du meilleur comme de l’inévitable « bordel ».

Pour poursuivre avec le meilleur de l’esprit latin, il faut quand même savoir que nous avons finalement définit les techniques comptables héritières directes des techniques d’aujourd’hui.

Au fil des siècles, les négociants italiens se réapproprient les techniques antiques. Ils finiront même par dépasser les techniques anciennes par la mise en place de « tableaux par type d’opération », qui présentent le débit et le crédit sur deux colonnes.

Vers la fin du XIIIième, les Vénitiens et les Florentins tiennent des comptabilités encore plus complexes : un compte par « client » ou par « fournisseur », chacun avec son débit et son crédit. Ils passent deux écritures pour chaque opération : une sur ces comptes « clients » ou « fournisseurs » et une sur le compte de caisse. Chaque écriture a obligatoirement une contrepartie. Le compte débité doit être égal au montant du compte crédité. C’est la naissance de la comptabilité en partie double appelée à ses débuts « méthode comptable vénitienne ».

Voilà donc enfin que surgit à travers les siècle cette idée de bilan, compte de résultat et flux de trésorerie dont nous nous régalons encore aujourd’hui. Il ne reste plus pour conclure qu’a vous présenter celui que nous pouvons considéré comme le père de la comptabilité.

A partir de la fin du XIVième, des savants, des intellectuels et des mathématiciens vont commencer à rédiger traités de comptabilité, comme Luca Pacioli.

Luca Pacioli est un fils d’artisan, placé très jeune chez un marchand de vin ou il apprend le commerce. Il entre ensuite dans les ordres pour pouvoir s’adonner à l’étude des mathématiques. Il publie en 1490 une œuvre majeure, la « Summa di arithmetica, geometrica, proportione et proportionalita ». Cet ouvrage, dont on peut traduire le titre par « Traité d’arithmétique, de géométrie, des proportions et de la proportionnalité » n’a pas un contenu exclusivement arithmétique  puisqu’on y lit aussi de longs développements sur les usages des marchands dans les principales régions du monde, ou sur la manière dont il convient de gérer une entreprise.

Dans le domaine comptable, Luca Pacioli n’invente rien. Il expose simplement dans un langage simple et compréhensible par tous les détails de la « méthode vénitienne », qui supposait selon lui l’utilisation de trois livres de comptes : le mémorial, le journal et le grand livre. Luca Pacioli explique la préparation et la tenue de ces livres, comment les ouvrir et les fermer (de préférence chaque année), comment rectifier les erreurs en passant des contre-écritures, comment tirer sa balance et constater le bénéfice ou le déficit. Il explique comment la fonction d’enregistrement chronologique est réservée au journal, la fonction d’enregistrement analytique est le domaine du grand-livre et la fonction de vérification est dévolue à la balance. Il donne même quelques conseils pratiques pour la tenue des archives !

Les grands principes comptables étant posés, la méthode comptable n’évoluera plus guère au fil des siècles. Seules les techniques d’organisation comptables évolueront encore significativement.

Ce qui nous a finalement le plus frappé, c’est cette filiation que nous trouvons assez étonnante avec la comptabilité grecque.  Rappelez-vous :  les Grecs comptabilisaient leurs offrandes aux dieux. Luca Pacioli, le père de la comptabilité  trouve l’inspiration en menant une vie monacale.

Pouvons-nous encore à ce stade, avoir des doutes sur le caractère sacré de la comptabilité, d’un bilan ou d’un rapport annuel ?

Chez les Daubasses c’est très clair, nous répondons non, plus aucun doute !

Si par contre vous hésitez encore ou ne parvenez pas à trouver de réponse satisfaisante, nous espérons qu’au moins, cette histoire condensée de la comptabilité vous permettra de briller dans un cocktail, entre amis : au lieu de poser la sempiternelle question « savez vous qui est le père de l’analyse financière? », demandez plutôt qui est le père de la comptabilité…

sources : http://www.fiduciaire-lpg.lu/histoire_comptabilite.html

 

Action gratuite : qui prend-on pour un con ?

Certains gros mastodontes de la côte sont « chéris » par les actionnaires individuels car ils distribuent des dividendes depuis des années. Et ceci de façon aussi régulière qu’un métronome. Si ce dividende augmente, même dans des proportions minimes, tous les ans, l’investisseur est ravi. Pourquoi pas.

D’autres « grands » noms de la place font plus : ils offrent à leurs actionnaires des actions gratuites. Super ! Nous diriez-vous cher lecteur. Attendez… Avec la démonstration du gâteau, nous allons voir ce qu’il en est réellement. Cette semaine, c’est le spécialiste du parapétrolier Bourbon qui a sévi. Il a en effet annoncé la distribution d’une action gratuite pour 10 détenues.

Est-ce que distribuer une action gratuite crée de la valeur ?

Eh bien, cher lecteur, prenez un gâteau. Par exemple, un gâteau au chocolat (notre préféré, celui avec des cerises à son sommet). Ce gâteau c’est Bourbon, l’entreprise cotée. Dans notre rhétorique, nous allons faire l’hypothèse qu’il n’y a que deux actionnaires qui ont un nombre d’actions égal. Bien entendu, Bourbon a des milliers d’actionnaires, mais cela ne change rien à la démonstration, il suffit de multiplier le nombre de parts… Bref, les deux actionnaires, avant la distribution d’actions, possédaient chacun 10 actions. Soit un total de 10 + 10 = 20 actions. Reprenons notre gâteau au chocolat, chaque actionnaire détient donc 10 parts sur un gâteau de 20 parts.

Maintenant, Bourbon propose de distribuer une action gratuite pour 10 actions détenues. Nos deux actionnaires qui ont chacun 10 parts de gâteaux sont, a priori, ravis : ils vont désormais posséder 10 + 1 parts de gâteaux, soit 11 parts. Excellente nouvelle ! C’est là que la magie intervient. On prend un gâteau, le même gâteau de 20 parts qu’on coupe désormais en 11 + 11 parts, soit 22 parts. Les actionnaires ont certes plus de parts, mais sur le même gâteau. Ce sont simplement des parts de plus petites tailles ! Il n y a donc aucune création de valeur. Financièrement, l’opération est neutre pour l’actionnaire, la valorisation de Bourbon restant identique.

Imaginons maintenant que le management annonce des résultats un peu en deçà des attentes, que l’entreprise a un fort actionnariat individuel et qu’elle ne souhaite pas distribuer un dividende en hausse pour maintenir son niveau de trésorerie – simples hypothèses. Ce management a alors la brillante idée d’attribuer à ses actionnaires une action gratuite pour x actions détenues. Cette opération est une simple écriture comptable, elle permet de diviser un même patrimoine en un peu plus d’actions. Rien d’autre.

Et pourtant, nous pensons que ce type de comportement managérial peut avoir du sens. Suite à ce communiqué, il y aura un effet d’annonce : « cette entreprise distribue des actions gratuites », ce qui pourrait, à court terme, maintenir le niveau du cours, voir même le pousser à la hausse. Enfin, c’est une décision qui ne coûte rien à l’entreprise. Alors si elle peut faire passer la pilule de résultats moins bons qu’attendus en contentant une partie de son actionnariat par un simple jeu d’écriture, elle aurait tort de s’en priver !

 


Ecomérage : Honte !!!!!

Cette semaine,  le paroxysme de l’idiotie a été atteint partout en Europe et à tous les niveaux.  Toute l’équipe des Daubasses éprouve une honte incommensurable mêlée à une colère contenue.

Voyons d’abord ensemble ce que signifie le mot Honte. La honte est une émotion complexe. À la différence des autres émotions, elle se distingue par sa dimension sociale, secrète, narcissique, corporelle et spirituelle. La honte a des aspects positifs et négatifs. Elle est différente de la culpabilité.

La honte est une émotion mixte, c’est-à-dire un mélange d’émotions simples (peur, colère, tristesse) et de sentiments.

Les aspects positifs de la honte sont de l’ordre de l’éducation, de l’apprentissage de la vie sociale. La honte régule les relations sociales. Elle protège chacun en signalant les bonnes limites à ne pas dépasser.

En fait, « les bonnes limites à ne pas dépasser », l’ont été dans les grandes largeurs avec la catastrophe de Fukushima.

Messieurs les journalistes, nous avons éprouvé une immense honte à votre place. Traiter une catastrophe sur le modèle d’un reality show relève de la psychiatrie. Vous nous parlez sans cesse d’éthique et d’information, mais dans les faits, vous faites du Koh-Lanta intégral à longueur de JT. Avec flash spéciaux en plus et soirée informative sur la foulure de Géraldine qui a dû escalader un escarpement pour aller chercher des bananes pour l’équipe rouge.

Messieurs les débatteurs et « blablateurs » télévisuels de tout poil, nous avons éprouvé une immense honte pour vous. Sous couvert de réflexions et de prises de conscience, voire pour tenter de faire bouger les choses, vous nous avez abreuvé d’inepties en boucle avec comme principal levier :  la « Trouille ». La compassion parfois exprimée dans un studio, bien chauffé, le cul dans un moelleux fauteuil, nous a donné l’envie de vomir. Si le ridicule tuait vous seriez déjà morts.  Le sommet du sommet qu’il nous a été permis d’entendre d’un esprit bien pensant participant a un X ièm débat, c’est « qu’avec cette catastrophe, le peuple japonais, du tout virtuel était enfin redevenu humain parce qu’il devait enfin faire la queue devant les magasins pour acheter un peu de nourriture« .  On est obligé de se palper, quand on entend ce genre de tirade, pour espérer être dans un rêve à la con, bien endormi … Et quand on constate que ce n’est pas le cas, cela débouche inexorablement sur une immense tristesse.

Messieurs les politiciens, nous avons éprouvé une immense honte à votre place. Votre attitude nous a fait pensé à une famille « quart-monde » réunie autour d’une personne agonisante occupée à discuter de l’héritage copieux qu’elle va encaisser.  Avec la palme de l’indécence à ces chers écolos, verts, groen, oranges, jaunes pisseux … Qui n’aiment pas les éoliennes en mer du nord ou dans d’autres paysages mirifiques et qui, dans le même temps, en profitent pour lancer des débats nauséeux pour quelques voix de plus aux prochaines élections. Et puis les chefs d’états indignes d’une école de maternelle qui annoncent des audits sécuritaire, des arrêts, des mesures de sérieux, … alors que toute personne normalement constituée pouvaient penser que tout cela était déjà en place, bien rodé, bien huilé … et bien non, ce n’est pas le cas … On en discute sur le coup, maintenant.

Messieurs les « forumeurs » de tout poil, nous avons éprouvé une immense honte à votre place. Nous ignorions complètement qu’il y avait autant de scientifiques de haut vol sur les forums, capables de débattre fission, fusion et refroidissement et d’émettre des avis éclairés sur les plans en cours et  à venir, la fin d’un pays et autres idioties et opinions cyniques. C’est vrai que l’on ne doit normalement rien attendre de bien reluisant d’un forum mais  transformer un drame en une diahrée verbale ininterrompue pour meubler ses journées nous fait quand même nous interroger sur la santé mentale d’une grande majorité de participants. Et nous vous avouons être inquiets.

Pour terminer et en conclusion, nous laissons la parole, par l’intermédiaire de l’AFP,  à quelques anonymes qui ne sont ni dans leur salon, ni dans un studio, ni dans un parlement, ni sur un forum mais dans la ville de Tokyo, les seuls à pouvoir légitimement s’exprimer sur ce qu’ils vivent …  au nom du respect et de la décence !

 

"Sept fois à terre, huit fois debout" Proverbe japonnais

 

Calme et discipline à Tokyo alors que le monde panique… !!!!!!!

Les 35 millions d’habitants de la plus grande mégapole du monde sont préoccupés par le drame national que vit l’archipel, mais à les regarder, pas sujets à la panique.

« Peut-être que ceux qui sont les plus angoissés ne sortent plus de chez eux », sourit Asako Shibata, un sexagénaire.

« Nous n’avons jamais connu un tel tremblement de terre », souligne Mme Shibata.

Et ce Nippon de 38 ans de confier: « si vous voulez savoir si les secousses telluriques me font peur, la réponse est oui ».

Et le nuage radioactif? Faut-il le fuir à défaut de pouvoir le stopper?

« Je ne pense pas une seconde à quitter Tokyo. Je redoute le pire, mais si tout le monde part, que va devenir la ville, la vie? », interroge Hideki Mitsuya, un ouvrier d’une cinquantaine d’années, patientant à côté de son camion.

« Je ne sais pas jusqu’à quel point le gouvernement nous dit la vérité, mais dans l’immédiat, je n’ai pas d’autre choix que d’écouter les explications et consignes », renchérit Hisashi Hara, marchand de primeurs.

« Parmi les irradiés d’Hiroshima et de Nagasaki, certains ont vécu 90 ans. La centrale de Fukushima est à 250 kilomètres de Tokyo », constate avec philosophie M. Nishi.

« Ce qui me rend anxieux, c’est la différence de ton entre les médias japonais et étrangers. Au Japon, les reportages sont factuels, à l’étranger ils décrivent un scénario catastrophe: la fin du Japon », poursuit-il.

« Il y a une part culturelle dans notre attitude, peut-être une influence de croyances bouddhistes: les catastrophes naturelles sont des problèmes que l’on ne peut résoudre, c’est le destin », ajoute Mme Shibata.

La panique est un phénomène contagieux qui résulte de l’égoïsme, du sauve-qui-peut, « il faut au contraire que nous soyons solidaires », résume M. Matsuya, qui met un point d’honneur à respecter les consignes du gouvernement demandant à chacun de faire des économies d’électricité puisque la centrale de Fukushima ne peut plus en fournir.