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Question des lecteurs : quel « diviseur » utilisez-vous pour calculer les valeurs par actions ?

Nous n’allons pas faire patienter Olivier plus longtemps quant à ses interrogations au sujet des possibles dilutions auxquelles peuvent être soumis l’évaluateur.  Voici la question qu’il nous posait, il y a maintenant un bon mois et demi.

Concernant le nombre d’actions que vous retenez pour faire vos analyses sur une société donnée, que choisissez-vous?

Le nombre d’actions composant le capital social en fin d’exercice ou le nombre moyen pondéré (dilué ou pas?) d’actions ordinaires en circulation? Est-ce que vous déduisez ensuite les actions propres ou pas?

Comment tenir compte des éventuels plans de stock-options et autres attributions gratuites ou encore des obligations convertibles ?

Tout d’abord la partie la plus simple : comme nous travaillons sur base de la situation patrimoniale de la société, c’est le nombre d’actions ordinaires existantes que nous prenons en compte.  Diviser le patrimoine de l’entreprise entre ses différents associés, c’est effectivement la solution de bon sens.  Dans un premier temps, nous ne tenons donc pas compte du nombre « dilué » d’actions puisque nous travaillons toujours sur le présent et non sur le futur.

Est-ce à dire qu’il nous faut ignorer les possibles dilutions que pourraient subir les actionnaires ?  Évidemment que non.

Mais tout d’abord, c’est quoi exactement une dilution ?

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Question des lecteurs : Ne serait-il pas judicieux de conseiller à vos lecteurs d’attendre de nouveaux points bas avant de nouvelles entrées ?

Nous copions ci-dessous la question que nous a posée par mail l’un de nos abonnés et ensuite, la réponse que nous tentons d’apporter.

« Bonjour,

 Je suis un fervent adepte de votre approche sur le fond, mais j’aimerai vous challenger sur quelques points :

 Nous sommes en période de forte volatilité depuis 2008. Vous avez constitué bon nombre de lignes de votre portefeuille sur une période où les cours ont été bas de oct 2008 à mars 2009.

 Vous avez tiré les bénéfices de ces entrées sur le dernier trimestre 2009 et le premier 2010. Quand on regarde vos lignes depuis le T2 2010, on s’aperçoit que les performances sont faibles voire négatives… normal le marché est en train de se retourner.

 Etes-vous en mesure de produire la rentabilité de votre portefeuille hors acquisition faites sur les points bas ?

 Ne serait-il pas judicieux de conseiller à vos fervents lecteurs d’attendre de nouveaux points bas avant de nouvelles entrées ?

 De mon point de vue, il est dangereux actuellement d’entrer en actions…

 Cordialement »

Tout d’abord un rappel de routine mais qui répond à votre dernière question : nous disons ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons mais ne disons pas ce que vous devez faire et, quoi que nous pensions, nous ne conseillerons jamais à personne de rester à l’écart des actions… ni  d’y investir d’ailleurs.

Nous sommes évidemment entièrement d’accord avec vous : il est préférable d’investir sur « des points bas ». On peut même dire qu’il s’agit d’un truisme.

Le problème, c’est de le trouver ce fameux « point bas » : y sommes-nous à l’instant où nous écrivons ces lignes ? Le trouverons-nous dans une semaine, trois ans, dix ans ? Pour notre part, vous connaissez notre philosophie d’investissement : nous investissons dans des supports sous évalués et nous abstenons dans le cas contraire. Nous avons souvent insisté sur le fait que nous sommes incapables de prédire le sens du marché.

Il y a évidemment des périodes au cours desquelles nous avons sous-performé le marché. Il y en aura d’autres et elles pourraient même durer très longtemps. Mais nous sommes persuadés qu’à long terme, notre approche nous permettra de générer des rendements supérieurs et appréciables.

A notre connaissance, il n’existe aucun investisseur capable de surperformance chaque trimestre pendant une longue période… sauf peut-être un certain Madoff . C’est d’autant plus vrai pour nous que, volontairement, pour le portefeuille du club, nous n’utilisons aucun instrument de couverture.

D’ailleurs, nous avons déjà exposé notre avis sur la volatilité : ce qui importe pour nous, c’est le résultat final obtenu par notre investissement.  Que pour y parvenir, nous devions passer par une case -50% ou -60% importe peu… si la rentabilité finale est au rendez-vous.

Rappelons aussi que nous n’avons pas investi « au plus bas » (le portefeuille a été initié le 24/11/2008 et le plus bas du S&P 500 s’est situé 21 % plus bas et 3 mois et demi plus tard) mais bien « à une période où il était possible de trouver un grand nombre d’actions sous évaluées ».  Aujourd’hui, leur nombre s’est raréfié (mais il y en a toujours et la plupart des sociétés qui composent notre portefeuille répondent à cette définition) et nos lecteurs/abonnés peuvent constater que nous diversifions nos supports d’investissement non plus en achetant des sociétés sous évaluées mais bien en vendant des assurances sur des sociétés sous évaluées (nous pouvons vendre ces assurances assez cher grâce à la volatilité actuelle, plutôt élevée).

Sur le fait de rester à l’écart des marchés, nous vous renvoyons aussi à cet article qui expliquait la manière dont nous raisonnons.

Nous voudrions néanmoins attirer l’attention de nos lecteurs sur les dettes des états, problème bien réel et conséquent s’il en est. Couplé au vieillissement de la population occidentale, il est certain que ce phénomène aura une incidence sur l’évolution future des marchés. La grande question est évidemment : laquelle ?

Comme vous le savez, nous estimons que ces considérations macro économiques sortent largement de notre cercle de compétence. Des investisseurs et économistes bien plus compétents que nous divergent d’ailleurs sur les conclusions à tirer de la situation actuelle : certains parlent de déflation, d’autres d’hyper inflation ou de stagflation. Il y en a qui préconisent de rester totalement liquide, d’autres d’acheter massivement des matières premières et nous en avons même lus récemment qui étaient partisans d’un investissement massif en actions. Et chacun avance des arguments qui, pris individuellement, tiennent parfaitement la route.

Pour illustrer toute la difficulté de prendre les bonnes décisions en fonction des prévisions macro économiques, nous retranscrivons ici une  petite devinette posée par Pirtroll, un forumeur de Boursorama.

«J’étais à une présentation de sicav ce midi par un gérant très connu, qui nous a proposé une tite devinette.

3 Pays : France, Chine, Suisse.

3 taux de croissance sur 17 ans : 10%/ 1,7%/1,4%.

3 perfs de placements pour un boursicoteur qui aurait investi il y a 17 ans dans chacun de ces pays, sur l’indice du pays : + de 200%, 111% et -35%

Reliez chaque pays à son taux de croissance, et au taux de PV du boursicoteur investisseur. »

……….

Et la réponse est :

« Suisse : 1,4% de croissance, +200% en bourse.

France : +1,7%, +111% bourse

Chine : 10% de croissance annuelle, -35% en bourse en 17 ans. »

Cet exemple est  bien la démonstration éclatante, selon nous,  de la problématique que nous venons d’exposer : celui qui aurait pronostiqué le taux de croissance exact de chacun de ces pays aurait-il, malgré tout, investit sur le pays présentant la plus faible croissance alors qu’il s’agit aussi de celui qui a  généré le meilleur rendement boursier ?

Face à ces divergences, nous nous en tenons à ce que nous savons faire : acheter des supports sous évalués (parmi ceux sur lesquels nous sommes capables de mettre une valeur) et ne rien acheter si nous ne trouvons rien.

Tout ceci est évidemment notre opinion et la vôtre vaut largement la nôtre : peut-être d’ailleurs avez-vous raison au sujet de la « dangerosité des actions ». Pour notre part, nous maintenons que nous n’ avons aucun avis sur le sujet…

Question des lecteurs : les amortissements, ça sert à quoi ?

Flo, un de nos lecteurs, nous posait il y a peu la question suivante : « j’ai du mal à comprendre la notion d’amortissement ??Je sais que c’est la prise en compte de perte de valeur d’un bien mais concrètement je n’arrive pas à cerner son utilité. Si vous pouvez m’expliquer cette notion ce serait instructif pour moi débutant de comprendre votre approche. »

 

Disons le d’amblée, il n’entre pas dans nos intentions de donner ici un cours complet d’analyse financière mais nous allons tenter de vous expliquer comment, dans notre approche pratique, nous utilisons cette notion.

Comme le précise Flo, l’amortissement est « la constatation comptable de la perte de valeur subie par un bien du fait de son utilisation ou de sa détention par l’entreprise. Il recouvre donc, de fait, deux phénomènes distincts : l’usure due à l’utilisation d’un bien (machines, agencements, carrières, véhicules, immeubles, etc.) et l’obsolescence, due au fait que les actifs de production utilisés par l’entreprise peuvent devenir désuets compte tenu de l’évolution technologique du secteur d’activité ».  Source : Vernimmen

En pratique, les actifs fixes subissent tous un amortissement : les bâtiments, les incorporelles, les installations et les machines …  Quelques exceptions cependant : les terrains, le goodwill et les immobilisations financières.

De manière pratique, ça se passe comment ?

Imaginons une entreprise qui achète une machine pour 100 000 euros.  La direction estime la durée de vie de la machine à 10 ans.  Lors de l’achat, la société dispose donc d’un actif fixe évalué à 100 000 euros.  Chaque année, les comptables de l’entreprise acteront une charge (qui fera diminuer le bénéfice réalisé) de 10 000 euros et la valeur de la machine inscrite au bilan diminuera à due concurrence.  Et au bout des 10 ans ?  la machine est reprise pour 0 dans les comptes de la société et il est probable qu’elle ne vaut effectivement pas beaucoup plus. L’entreprise pourra toujours la revendre pour une somme modique, voir la désaffecter tout simplement.

Supposons maintenant que la société achète un bâtiment pour la somme de un million d’euros. Elle amorti ce bâtiment en 40 ans.  Lors de l’achat, la société dispose donc d’un actif fixe évalué à 1 000 000 euros.  Chaque année, les comptables de l’entreprise acteront une charge (qui fera diminuer le bénéfice réalisé) de 25 000 euros et la valeur du bâtiment inscrite au bilan diminuera à due concurrence. Et au bout des 40 ans ? Et bien l’immeuble sera repris dans les comptes pour 0 … mais il est certain qu’il vaudra beaucoup plus contrairement à une machine ou un pc.

Pour cette raison, nous considérons deux choses lorsque nous analysons une société :

– D’une part l’amortissement d’immeubles ne constitue, selon nous, pas réellement une charge pour la société et il nous arrive de l’ajouter au bénéfice pour déterminer sa capacité bénéficiaire.

– D’autre part, nous évaluons, comme nous l’avons déjà expliqué, la valeur d’un immeuble à son prix d’acquisition et non à la valeur amortie reprise dans les comptes.  De ce fait nous pensons que plus le nombre d’années est élevé depuis l’acquisition de cet immeuble, plus sa « vraie valeur » est élevée par rapport à sa valeur comptable.

 


Question des lecteurs : que pensez-vous de l’action Footstar Inc ?

Plusieurs lecteurs nous ont posé dernièrement cette question.

Comme toujours, nous aimons à rappeler tout d’abord que nous ne conseillons rien à personne.  Tout juste pouvons-nous dire si oui ou non nous serions tentés de prendre telle ou telle action en portefeuille.

Ceci dit, nous avons été un peu étonnés d’un tel engouement pour cette société …jusqu’à ce que nous en comprenions la raison : lorsque nous prenons les chiffres tels qu’ils sont publiés par MSN ou d’autres bases de données gratuites, la société répond bel et bien et de manière flamboyante au label « daubasse » avec  un potentiel extraordinaire.

Voici maintenant  la réponse que nous faisons à nos aimables lecteurs au sujet de cette société :

« La société Footstar inc qui est sortie de faillite en 2006, est  en phase de liquidation depuis 2008.  Il y a eu quelques amendements à cette dissolution ensuite et les actionnaires ont approuvé ce plan de dissolution en mai 2009. Vous pourrez voir dans le rapport du premier trimestre 2010 que le montant net de cette liquidation des actifs de la société s’élève à 8.7 millions de $.  Si l’on rapporte ce chiffre au nombre d’actions soit 21.2 millions, nous obtenons une valeur de liquidation de 0.42$ … alors que le cours est de 0.31$ !

En admettant qu’il n’y ait aucune surprise de dernière minute sur cette liquidation, le potentiel est seulement de 35% !  Or, en tant que résidents belges, nous devrons nous acquitter d’un double précompte mobilier américain et belge de respectivement 15 et 25 % sur le produit de cette liquidation.

De notre point de vue donc, l’investissement dans Footstar, n’en vaut vraiment pas la « chandelle ». Et cette société ne figure pas dans nos listes. »

L’enseignement que nous tirons de ceci, c’est celui que nous répétons à l’envi depuis un bon moment.  Soyez excessivement prudents avec les informations reprises dans les bases de données : elles contiennent souvent des erreurs ou des informations trop partielles que pour vous faire une idée de la vraie valeur d’une société.  Notre crédo reste le même depuis le commencement : pour trouver des daubasses, il n’y a qu’une solution … enfiler son pince-nez  et plonger en apnée dans les rapports financiers du plus grand nombre possible de sociétés.