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Question des lecteurs : pourquoi ne prenez-vous pas vos bénéfices, après un doublement du cours par exemple ?

En faisant une « fixette » sur son « PRU », l’investisseur lambda a tendance à encaisser ses plus-value rapidement et à conserver ses titres en moins value pendant de longues périodes. Cette manière de faire provient de la crainte de perdre ces fameuses plus-values … et c’est cette peur que nous voulons éviter.

C’est la raison pour laquelle nous ne prenons pas nos décisions de vente en fonction de notre prix d’achat. Nous tentons même de l’ignorer complètement.

En effet, afin d’éviter que nos émotions ne prennent le dessus sur le rationnel, nous nous fixons comme repère non pas le prix d’achat qui est totalement inutile, mais bien la valeur estimée maximale de la société.

Comme vous le savez cher lecteur, nous pensons pour notre part, que la valeur maximale d’une entreprise, à quelques exceptions près, est sa valeur d’actif net tangible (VANT). Ainsi, si le cours d’une société double mais que la juste valeur de la société se situe encore 200 % plus haut, pourquoi devrions nous la vendre ?

Est-il logique de vendre à un prix toujours bradé parce qu’on estime que « l’on a assez gagné comme ça ? » Et a contrario, est-il raisonnable de conserver un titre sur lequel nous perdons de l’argent si sa « vraie valeur » a baissé sous notre prix d’achat parce qu’on se dit « pas vendu, pas perdu » ?

Nous vous rappelons aussi que, si la VANT constitue bien ce que nous estimons être plus ou moins un juste prix, nous ne vendons pas nécessairement : comme nous l’expliquions ici, nous plaçons, une fois ce seuil atteint, un stop loss pour tenter de profiter des exagérations de Mr Market et, si possible, vendre au dessus de ce juste prix.

Pour notre part, nous tentons d’oublier, voir d’effacer de notre mémoire, le prix payé pour acquérir nos actions. Vendre quand Mr Market nous propose le juste prix de notre investissement nous semble l’approche la plus rationnelle et la plus sensée. Que cette vente génère un profit ou une perte ne devrait, selon nous,  pas influencer d’un iota la décision de l’investisseur.

Votre portefeuille vient de connaître cinq mois de sous performance. Ca doit vous foutre les boules non ?

Cette question nous est souvent posée ces derniers temps par bon nombre d’entre vous.

Nous allons tenter d’y répondre, cher lecteur, par une autre question : que pensez-vous d’un fonds qui, depuis sa création il y a 12 ans, présente un écart type annuel presque deux fois plus élevé que celui de son indice de référence et qui, surtout, a sous performé son indice de référence une année sur deux ?

Pas grand-chose de bien probablement …

Nous allons à présent vous présenter un petit tableau comparatif des performances de ce fonds « mystère » et celle du S&P 500 dividendes inclus.

Années S&P 500 fonds mystère
1998 28,58% 3,50%
1999 21,04% 8,50%
2000 -9,10% 53,80%
2001 -11,89% 47,60%
2002 -22,10% -17,70%
2003 28,68% 66,40%
2004 10,88% 12,20%
2005 4,91% 25,30%
2006 15,79% 14,90%
2007 5,49% 79,40%
2008 -37% -48,20%
2009 26,46% 10,40%
30/09/2010 5,99% -4,90%

En réalité, ce fonds, c’est le CGM Focus, géré par l’excellent Kenneth Heebner.  Ce fonds a procuré à ses détenteurs, depuis début 1998 une rentabilité de plus  de 450% alors que dans le même temps, le S&P 500, dividendes inclus, générait un rendement de 50% !

Certes, les unités de temps ne sont pas identiques mais nous constatons que, tout comme CGM Focus, nous avons sous performé notre indice de référence (le tracker MSCI World dividendes inclus) 6 mois sur 10 au cours de cette année … mais ces sous performances périodiques ne nous ont pas empêché de surperformer globalement en 2010 ce même indice d’une vingtaine de pourcents.

Comparaison n’est pas raison mais cet exemple nous semble assez percutant sur la manière dont nous envisageons l’investissement en actions : ce qui compte, c’est le rendement final obtenu à notre horizon d’investissement et nous souhaitons effectivement, comme tout investisseur rationnel, qu’il soit le plus élevé possible.

Que pour y parvenir nous devions supporter une volatilité élevée ou même de longues périodes de sous performances nous importe peu : la conviction que nous avons en notre approche est bien plus importante et nous estimons toujours que sur une longue période, nous continuerons à surperformer Mr Market.

Le CGM Focus présente actuellement un en-cours de 2,7 millards de dollars et Ken Heebner parvient à assumer parfaitement le terrible impératif institutionnel auquel il doit être soumis par les multiples détenteurs de parts lors de ces nombreuses années de sous performance. Pourquoi, dans ce cas, les joyeux boursicoteurs que nous sommes devraient, pour leurs menues économies personnelles, « avoir les boules » pour quelques mois de moindre rendement ?

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Question des lecteurs : Ne serait-il pas préférable d’investir dans des entreprises plus proches de votre horizon géographique d’investissement comme la Belgique ou la France afin d’acheter ce que vous connaissez le mieux ?

Voilà une excellente question, cher lecteur et vous rejoignez en cela le légendaire Peter Lynch qui, dans son livre « Et si vous en saviez assez pour gagner en Bourse », ne préconise rien d’autre.

Morceau choisi : « En gardant un oeil ouvert, vous trouverez des sociétés exceptionnelles  depuis votre bureau ou dans votre centre commercial, bien avant que Wall Street ne les découvre. Il est impossible d’être un consommateur américain avec une carte de crédit sans avoir fait de l’analyse fondamentale sur des douzaines de sociétés – et si vous travaillez dans l’industrie c’est encore mieux. C’est là que vous découvrirez les « 10-baggers ». De mon perchoir à Fidelity, j’en ai eu la preuve des dizaines de fois. »

Ou encore : « On raconte cette fameuse histoire d’un pompier de Nouvelle Angleterre. Vraisemblablement dans les années cinquante, il remarqua l’étonnante expansion d’une usine locale de Tambrands (qui s’appelait alors Tampax). Il songea que c’était là un signe de prospérité, et sur cette supposition, investit avec sa famille 2 000 dollars. Mieux encore, chaque année pendant cinq ans, ils investirent 2 000 dollars supplémentaires. En 1972, le pompier était millionnaire. »

Si nous partageons à 100 % l’opinion de l’ancien gérant « star » de Fidelity, nous devons cependant dire aussi que le point fort de notre approche, c’est qu’elle autorise à l’investisseur d’être « moins connaisseur » de l’activité de la société.  Walter Schloss ne disait d’ailleurs pas autre chose : « On doit en connaître nettement plus sur une entreprise si on base sa décision d’achat sur les bénéfices. ».

 Statutairement, notre club se doit d’investir dans les sociétés les plus sous évaluées quelle que soit leur origine géographique et il se fait que la majorité de celles-ci ne sont ni françaises ni belges.

Néanmoins, il se pourrait, qu’en raison de nos connaissances limitées des aspects légaux et fiscaux d’outre atlantique ainsi que de la langue de Shakespeare, l’impact de l’un ou l’autre « petit caractère » d’un rapport de gestion nous échappe.  C’est une des raisons pour lesquelles nous diversifions autant notre portefeuille.

C’est aussi pour cela que, dans le cadre de nos portefeuilles personnels, nous achetons, non seulement des sociétés déjà présentes dans nos portefeuilles d’investissement mais aussi quelques sociétés francophones pour lesquelles nous pouvons nous forger des convictions un peu plus fortes en raison de leur environnement qui nous est plus familier.

Outre LNC dont nous avons déjà traité, nous sommes investis sur une poignée de ces « daubasses de proximité », trop peu sous évaluée que pour être achetée par notre club mais suffisamment pour intégrer nos portefeuilles personnels.  Nos abonnés peuvent d’ailleurs prendre connaissance de ces entreprises éligibles au PEA directement dans la Zone Premium de notre site.

Ceci, cher lecteur, devrait donc répondre à votre question : oui, il est préférable d’investir dans ce que l’on connait le mieux … à condition que ce soit suffisamment sous évalué. Nous pensons aussi qu’une grande marge de sécurité sur une valeur d’actif tangible protège correctement l’investisseur contre une éventuelle méconnaissance.  Mais nous avons la conviction que la meilleure protection pour un patrimoine consiste à obtenir une très grande marge de sécurité sur un actif tangible … que l’on connait bien.

Question des lecteurs : « Si vous avez généré un si gros rendement, c’est parce que vous avez pris beaucoup de risques, non ? »

Cette question ou plutôt cette affirmation, nous l’avons souvent lue que ce soit dans les mails que nos fidèles lecteurs/abonnés nous adressent ou sur différents forums boursiers.

Effectivement, « l’acceptation populaire » veut que « risque élevé » et « rendement élevé » aillent de paire et que pour obtenir le second, il est nécessaire de passer par le premier.

Nous trouvons ce raisonnement bizarre car, si on prend beaucoup de risques, on augmente donc les « chances » de perdre et où se situe le rendement élevé dans ce cas ?

 

Pas question pour nous donc de prendre des risques inconsidérés avec nos précieuses économies.

C’est pourquoi, dans nos approches de l’investissement quelle qu’elles soient, nous veillons à appliquer les deux règles fondamentales  de Warren Buffett : « ne pas perdre de l’argent » et « ne jamais oublier cette règle ».

Dans nos investissements en daubasses, nous pensons que, plus que jamais, nous mettons ces règles en pratique et ce, pour trois raisons :

–         la première, c’est que, volontairement, nous conservons un portefeuille diversifié : nous détiendrons, si nous sommes « full invest » toujours au moins 30 lignes différentes.  C’est inscrit dans les statuts de notre club et nous le pratiquons aussi pour nos propres portefeuilles.  Nous avons déjà expliqué  les raisons de cette diversification.

–         la deuxième, c’est la sous évaluation même de nos sociétés et l’importance de la marge de sécurité que nous prenons par rapport au collatéral représenté par les actifs tangibles de la société.  Dans cet article, Loïc Abadie se base sur la valeur de l’actif tangible des sociétés composant le CAC 40 pour déterminer, selon lui, un potentiel de baisse maximum en cas de très gros crash.  Ce seuil se situe 75 % sous son niveau actuel !

Fidèles à notre philosophie, nous ne présageons en rien la survenue d’un tel évènement … ni même sa « non survenue » : vous nous connaissez, cher lecteur, tirer des conclusions correctes d’éléments macro économiques est hors de nos compétences.

Cependant, nous aimons imaginer ce qu’il pourra survenir à nos précieuses économies si le « pire » survenait.  Nous nous sommes donc livrés au petit exercice suivant : envisager un scénario aussi noir que celui présenté par notre confrère et son impact sur notre portefeuille.  Nous sommes donc parti des hypothèses suivantes : en cas de grave crise déflationniste,

  1. Les actions de notre portefeuille coteront à un ratio cours/valeur d’actif net tangible de 0,80.
  2. Bien que nous ne détenions aucune banque, nous prenons comme postulat que la valeur d’actif net tangible de nos sociétés diminuera en moyenne de 30 %.

Dans ce cas extrême, la valeur de notre portefeuille sera de 120 680 euros soit … une augmentation de 42 % par rapport à sa valeur marchande actuelle.  Vivement ce gros crash ! 🙂

Certes, les sociétés composant le CAC 40 génèrent des flux de trésorerie bien plus importants que « nos » sociétés et ceci peut justifier une différence de valorisation.  Néanmoins  nous pouvons dire que nous détenons bien plus d’actifs bien tangibles en garantie de notre investissement que si nous avions composé notre portefeuille avec les sociétés du CAC 40.

–         le troisième point qui nous permet de dire que notre approche est prudente et tout-à-fait dans l’optique du « bon père de famille », c’est le fait que nous éliminions toute société trop endettée. Comme vous le savez, pour être « éligible à l’AOC daubasse », une société doit satisfaire un critère de solvabilité assez strict : nous éliminons toute entreprise présentant un ratio inférieur à 40 %. Mais il y a mieux : nous avons calculé le ratio de solvabilité global de notre portefeuille et l’avons comparé avec celui de l’ensemble des sociétés du CAC 40.

Le CAC 40 présente un ratio de solvabilité de 34,52 % sur base des comptes arrêtés au 31/12/2009. Évidemment, il est composé de banques et d’assureur qui, traditionnellement et en raison même de la nature de leurs activités, présentent une solvabilité inférieure aux autres sociétés. Nous avons donc amputé le CAC 40 des banques et de la compagnie d’assurance qui le compose et recalculé sa solvabilité globale et avons obtenu et retenu le chiffre de 40,61 %.

Et notre portefeuille de daubasses ? Pas terrible allez-vous penser ? Et bien sa solvabilité s’élève à 79,4 % … presque le double de celle du CAC 40.

Après cette petite démonstration, pensez-vous encore, cher lecteur, que risque et performance sont indissociables en investissement ?.

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