Nouvelle expérience « daubasses » : un laboratoire sur les petites sociétés européennes + analyse Gaumont

Vous nous connaissez, chère lectrice, cher lecteur, nous sommes toujours à l’affût d’anomalies de marchés et de décotes en tout genre sur tous les places financières, sur tous les secteurs, … tant qu’il y a des actifs et un moyen de les valoriser avec des éléments financiers, nous répondons toujours « présents ! »

Nous avons contacté vendredi le propriétaire de notre headquarter pour qu’il nous loue un étage supplémentaire en haut de notre gratte-ciel (si seulement…) afin d’agrandir notre laboratoire dans lequel nous allons faire tourner nos méninges et nos machines détectrices de valeurs à potentiel (et, espérons le, de gains futurs !).

L’idée est de commencer un projet qui prendra la forme d’un pseudo portefeuille qu’il sera possible de suivre toutes les semaines. Pour vous, lecteurs(trices), comme abonné(e)s, c’est sans risque : c’est du plus, du  « gratuit ». Profitez-en !

Faisant preuve d’une grande originalité, nous avons pour le moment choisi de nommer cette expérience les « Pépites PEA daubasses ».

Le PEA (pour Plan d’Epargne en Action) est une enveloppe fiscale qui permet au contribuable français de subir une fiscalité plus avantageuse sur ses plus-values. Il comporte cependant l’inconvénient de devoir être uniquement investi en actions de sociétés dont le siège social est localisé au sein de l’Union Européenne.

L’objectif de cette nouvelle expérience est double :

  1. Apporter une offre supplémentaire à la communauté Daubasses (notamment aux français avec leur PEA) et aux lecteurs(trices) du blog, puisque certaines sociétés seront dévoilées ici. Ce qui permettra d’ailleurs un débat d’idées via les commentaires.

2. Essayer de capter de la valeur avec une approche différente et complémentaire aux Daubasses 100% pur jus, qui sont des décotes extrêmes sur actifs net de toute dette. La gestion sera moins normée, c’est-à-dire sans process strict. En gros : plus de souplesse… et potentiellement plus de décisions irrationnelles (principal risque !). Les objectifs de cours seront prédéfinis et les arbitrages toujours expliqués (achat et vente) dans les lettres mensuelles.

Ce seront parfois des actions déjà analysées dans les lettres mensuelles, mais qui ne respectent pas dans les ratios exigeants permettant d’obtenir le label « daubasse » pour entrer dans notre portefeuille Daubasses, mais présentant tout de même un intérêt.

Ce seront parfois des sociétés inédites qui auront pour but d’améliorer le potentiel moyen du portefeuille « Pépites PEA ». Il est possible que ces actions soient des connaissances de l’équipe. Si l’un des membres de l’équipe est actionnaire d’une des sociétés, nous le mentionnerons systématiquement.

Le portefeuille entièrement dévoilé a déjà été envoyé à nos abonné(e)s. Les cours retenus sont ceux de clôture du vendredi 30/06/2017.

Comment cela va fonctionner ?

Contrairement à notre portefeuille réel 100% Daubasses, nous allons partir avec un portefeuille virtuel modestement garni de 10 000 EUR. Le but est de progressivement trouver 10 actions de sociétés européennes pour remplir notre panier et qui présentent un risque identifié comme faible avec un potentiel appréciable. Toujours facile dans la théorie, vous direz-nous… nous verrons ce que donnera la pratique.

Nous considérons des frais de courtage de 2 EUR par transaction. Ce qui affectera le prix de revient.

Les cours d’achats retenus seront systématiquement les cours de clôture du jour.

Et, vous nous connaissez, nous mettrons en avant sans faute nos réussites, mais aussi nos échecs, fidèles à notre principe de transparence.

Et le suivi ?

Chaque semaine (jour encore à définir), la performance sera calculée et publiée ici, sur le blog.

Les abonnés auront accès au portefeuille complètement dévoilé, mis-à-jour également chaque semaine.

Le benchmark sera le CAC Mid & Small (indice des moyennes et petites valeur françaises). Sa valeur de départ est donc de 13 770,75. Ce référentiel permettra de remettre en cause, ou non, ce projet « PEA » si sur le long terme il n’y a manifestement pas de surperformance.

Rien ne dit comment cette nouvelle aventure va évoluer. C’est à la fois un mélange d’excitations et d’appréhensions. Soyez donc indulgents, cher(e) lecteur(trice), envers votre équipe si elle est fébrile durant cette première phase d’approche. Même si nous savons que c’est le prix à payer quand on se lance dans une nouvelle aventure, qui nous l’espérons, vous apportera satisfaction.

On appuie sur le bouton.

Et… c’eeeeeessssssst parti !!


Analyse « Pétpite PEA » : Gaumont

Nous commençons tout de suite donc la première action dévoilée qui va faire son entrée dans notre expérience « Pépites PEA daubasses »: Gaumont.

Cours d’achat : 87,50 EUR (clôture du vendredi 30 juin 2017)
nombre d’actions achetées : 11

Éligible au PEA : OUI

Gaumont est certainement l’un des producteurs et distributeurs de contenues (séries et films) le moins cher de la place de Paris (d’Europe ?). Principalement du fait d’opérations récentes créatrices de valeur.

Sauf indication contraire, les données sont issues du rapport annuel 2016 arrêté au 31 décembre 2016.

La société a finalisé le lundi 26 juin 2017 une OPRA (Offre Publique de Rachats d’Actions) à 75 EUR par action. Offre à laquelle la famille Seydoux (à travers la société Cine Par, majoritaire au capital), n’a pas souhaité participer. Et on comprend pourquoi, à 75 EUR, la société est valorisée 321 M EUR et on a pour ce prix :

– de l’immobilier (et cela doit être une fourchette basse pour que cela apparaisse dans le rapport …) pour 107,5 M EUR. Voici le détail issu du rapport de l’expert sur les estimations immobilières (cf p. 86 à 89 du rapport) :

+ siège sur les Champs Élysées (estimation de février 2017) = 86,5 M EUR
+ immobilier à Neuilly (estimation de novembre 2014) = 20 M EUR
+ Maison de Chatou (estimation de mai 2010) = 1 M EUR

Soit un total de 107,5 M EUR (B) ;

– une dette nette de 205,8 M EUR (C) ;

la vente des cinémas à Pathé pour 380 M EUR (D), qui sera comptabilisée en créances car payée sur plusieurs exercices. Ce qui ne rendra pas la lecture du bilan aisée. Et c’est tant mieux pour les fouineurs comme nous ! ;

– la société a réussi à racheter 30% de son flottant (dont la part des Dassault + Bolloré + First Eagle qui ont profité d’une liquidité inespérée sur un investissement qui date de plusieurs années, voire dizaines d’années !). Exactement 1 284 112 actions pour un montant total de 96,3 M EUR (E). La capitalisation boursière post rachat est donc de 3 005 962 actions x 75 EUR = 225,5 M EUR (A). On arrive à une valeur d’entreprise retraitée (VE = capitalisation boursière – immeubles improductifs + dette nette + produit de la vente des salles de cinéma- coûts d’actions du 30% de flottant) de :

VE = 40,1 M EUR = (A) – (B) + (C) – (D) + (E), avec (A) = capitalisation à 75 EUR par action avec 30% du flottant racheté

Et avec un EBITDA 2016 de 117,5 M EUR, on obtient donc :

=> un ratio EV / EBITDA = 0,34x
Un niveau très faible. Même pour le secteur !

Or, toujours dans le rapport de l’expert, les multiples boursiers du secteur ressortent à 6,0x pour la moyenne et à 4,1x pour la médiane :

https://www.devenir-rentier.fr/uploads/10933_20170626_-_comparables_cotes_-_moyenne_-_mediane.pngEn  appliquant un ratio EV / EBITDA = 4,0x, on obtient un objectif de cours = 219 EUR par action. Un niveau qui paraît a priori ambitieux, mais qui est plutôt conservateur au vu des concurrents cotés valorisés parfois jusqu’à 8x ou 11x ce même ratio ! Soit un potentiel de +150% par rapport à notre prix d’achat.

A noter que nous avons les cerises sur le gâteau suivantes :

– le recentrage les séries. Une activité porteuse avec par exemple Narcos qui est dans le TOP 5 des séries les plus populaires sur Netflix ;

– l’exploitation du catalogue de films déjà amorti. Et donc, offert par la maison ;

– la possibilité d’un blockbuster pour l’activité « films », type « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça » ou « Intouchable« , dans les prochaines années qui peuvent booster le CA et donc les bénéfices sur un exercice. C’est le côté imprévisible / intéressant du secteur ;

– et la potentiel croissance si de bonnes décisions stratégiques sont prises.

 


2017.04.26 – OPR Gaumont à 75 EUR – rapport Expert Indépendant

12 réflexions au sujet de « Nouvelle expérience « daubasses » : un laboratoire sur les petites sociétés européennes + analyse Gaumont »

  1. Super nouvelle pour ce nouveau portefeuille! Je me sens plus familiarisé avec les valeurs européennes les fréquentant au quotidien.
    En voulant refaire l’exercice, je remarque que votre VE ne compte pas le rachat d’actions (contrairement à la formule)

  2. Merci pour votre commentaire et votre relecture Fabien. L’erreur provient du fait que l’analyse initiale était pré-offre et nous nous sommes emmêlés les pinceaux en actualisant les chiffres… ce qui ne change, vous le remarquerez, fondamentalement rien à la conclusion sur la sous-évaluation.

    En fait, nous sommes désormais partis de la capitalisation après le rachat, ce qui signifie qu’il y a 30% de titres en moins en circulation.

    On ajoute à cette capitalisation la dette nette + le montant relatif aux 30% du capital racheté et on retranche la valeur de l’immobilier (cf. travail de l’expert) ainsi que la créance qui va être reçue sur plusieurs exercices pour la vente de la quote-part détenues dans les cinémas avec Pathé.

    Et… le petit chat finit par retomber sur ses pattes ! 🙂

    1. j’avoue que j’ai du mal à vous contacter alors je le fais par là.
      J’aime bien votre idée du PEA et donc
      je me suis intéressé *au titre BE1* auquel vous avez posé une question sur leurs salaires dithyrambiques, que vous ont ils répondus à l’AG du 30 05 eh bien : mystère et boulle de gomme. Actuellement je préférerais être salarié qu’actionnaire !

      1. Bonjour Patrick,

        Nous diffuserons dans la prochaine lettre mensuelle la réponse du Directeur Financier sur cette question des salaires. Nous pensons nous rendre à la prochaine AG. Car les salaire sont 3x à 4x plus élevées quand dans les autres foncières cotées du même type (nombre de biens / surfaces).

        Pour débloquer de la valeur sur cette valeur, il faudrait que les « petits » actionnaires qui sont les actionnaires – importants de le rappeler ! – se fassent un peu entendre en AG.

        Est-ce normal que l’équipe dirigeant qui détient moins de 30% du capital capte toute la valeur créée par la société via les salaires ?
        A notre avis, la réponse est : NON.

        Merci pour votre commentaire.

  3. Pssst psstt…
    Gevelot (valo tres basse et Cash + immo couvrent un gros %age de la capi) , I2s (2x CA en 5 ans et des tonnes de cash + Cbail), coil (en se pincant le nez sur la gouvernance).
    Merci pour Gaumont! Bonne analyse aussi chez Project L.
    🙂

  4. Bonjour, c’est une excellente initiative. Je me permets d’y apporter deux commentaires : -2 Euros de frais de courtage c’est réaliste pour Euronext mais sur des valeurs européennes de Francfort,Londres ou Milan c’est plus difficile.
    – Vous vous êtes fixé un potentiel donc un cours de vente mais quelles seront vos critères de sortie d’une valeur si l’objectif n’est pas atteint, car même si le process est moins rigide que sur les Daubasses, je suppose que certains critères doivent s’appliquer. Merci et bon weekend

    1. Bonjour Eric,

      Merci pour le commentaire.

      2 EUR : ok, un peu faible hors Euronext en tant que frais de courtage Encore que… On parle ici de lignes de 1 000 EUR seulement. Le but est quand même de simplifier les choses au maximum. Et les lecteurs(trices) / abonné(e)s comprendront que ce petit écart simplificateur ne remettra pas en question la sous ou sur-performance du portefeuille Pépites PEA daubasses à long terme.

      Le potentiel est un indicateur pour savoir si un titre est intéressant ou non. Surtout dans le cas d’un arbitrage. Si à risque équivalent (perçus comme tels), il y a un titre en portefeuille avec un potentiel de +80% et une cible avec un potentiel de +150%, il sera alors rationnel de vendre le premier (même si son objectif de cours n’est pas atteint) pour acquérir le second.

  5. Bonjour,

    Etant novice, je ne sais pas si ma remarque est juste. Cependant, je trouve étrange de comparer un ratio VE/EBITDA « maison » (avec prise en compte des estimations des biens immobiliers )avec les autres du secteurs. Pouvez-vous m’éclairer si’l vous plaît ?

  6. j’imagine qu’Arthur se posait des questions sur la pertinence de comparer des sociétés en éliminant certains biens (immo). J’imagine ainsi qu’il comprendrait mieux qu’on les compare avec l’ensemble patrimonial.
    Pour ma par j’apprécie votre approche, elle permet de comparer la valeur des biens productifs, épissant donc ce qui n’influe pas sur la rentabilité.
    Nous comparons ainsi VE/ebitda que j’appellerais « fonctionnel ».
    Avec pour effet d’être plus proche de la réalité économique, et de ne considérer les biens non productifs comme de potentielles options.
    Ma compréhension sied bien à tout le monde?

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