Archives de catégorie : Bas les masques

Quelques analyses dévoilées

Bas les masques : Key Tronics

Nous poursuivons, ami(e) lecteur(trice), le démasquage des sociétés arrivées à maturité. Cette fois, c’est de Key Tronics qu’il s’agit (net estate n°8 de la dernière situation du portefeuille). 

Nous avons ici l’exemple éclatant d’une société bien gérée connaissant une mauvaise passe d’origine purement conjoncturelle. Nous avons acquis le 11 octobre 2011 des actions de cette entreprise au coût de revient de 3,68 usd, frais de courtage inclus. Des résultats trimestriels meilleurs que prévus et des perspectives encourageantes ont permis au cours de littéralement « exploser » dépassant rapidement sa VANT de 6,17 usd.

Fidèles à notre technique, nous avons décidé de tenter d’accompagner la hausse et, cette fois-ci, l’opération fut gagnante puisque le cours de l’action culmine aujourd’hui à 10,27 usd (soit 2,8x notre coût d’achat). Pour l’instant, nous conservons notre ligne en espérant bénéficier encore un petit peu de l’état euphorique de Mr Market, mais nous la surveillons malgré tout comme « le lait sur le feu ».

Évidemment, comme d’habitude, nos abonnés ont été avertis en temps réel de cette opération. Nous vous proposons ci-dessous l’analyse que nous avions mis à l’époque à leur disposition et reprenant nos motivations d’achat.

Excellente lecture. Continuer la lecture de Bas les masques : Key Tronics

Bas les masques : Benetton ou « Acheter des brands réputés, oui … mais pas à n’importe quel prix ! »

Nous poursuivons le démasquage de nos sociétés avec, cette fois-ci une probable sortie « par le haut ».

Le 12 janvier 2012, dans le cadre de notre traque « italienne », nous achetions des actions Benetton à un coût de revient, frais de courtage inclus, de 2,99 euros. Il s’agit de la « VANTRe 5 » dans le récapitulatif du portefeuille dans l’article précédent. Il est rare de pouvoir acquérir un « brand » réputé à un prix aussi « raplapla ». Vous pourrez lire ci-dessous l’argumentaire justifiant cette acquisition et que nos abonnés ont pu découvrir dans nos lettres mensuelles. 

Seulement quelques jours plus tard, la direction décidait de racheter toutes les actions en circulation sur la marché en vue d’une fusion avec le leader de prêt-à-porter, l’espagnol Inditex, plus connu chez nous grâce à l’enseigne Zara. La direction propose de payer 4,60€ pour les actions en circulation. Par rapport à notre prix d’achat c’est 53% de plus-value en 1 mois. Bien entendu, nous jugeons cette direction une fois encore un peu trop avare à notre goût puisque la valeur d’actif Tangible est de 6,76€. Depuis, le marché semble attendre une sur offre un peu plus réaliste puisque l’action cote systématiquement quelques cents au-dessus de ce prix. Nous aussi…

 

Benetton Group SpA

(Milan, Ticker: BEN.MI / ISIN : IT0003106777)

 

 I.             Introduction

La société a été fondée en 1989. Son siège social est situé à Canton… Oh, non… encore une chinoiserie à la « noix de coco », a-t-on envie de s’exclamer à première vue ! C’est bien du fabriquant de « fringues » italien spécialiste de la publicité que nous qualifierons pour être gentil de « débilitante » dont nous allons vous parler dans cette analyse.

L’histoire commence plutôt bien : Luciano Benetton naît en 1935 en Italie, à Trévise. En 1945, son père meurt alors qu’il n’a que 10 ans. Dans cette Italie d’après-guerre, le petit vénitien doit vendre des journaux pour aider sa famille.

L’histoire de l’entreprise Benetton est une véritable affaire de famille. Tout débute grâce à Giuliana, la soeur de Luciano Benetton, qui tricote si bien que tous les deux décident de monter une petite production artisanale de pull-overs en 1955. Elle crée les modèles de laine (contrairement à la tendance du moment qui est à l’acrylique) et sous-traite la fabrication, alors que Luciano assure la fonction de représentant de commerce.

La famille Benetton

A partir de 1963, les Benetton développent progressivement leur production. Ils choisissent de créer un réseau de distributeurs exclusifs et d’avoir recours à la sous-traitance, contrairement aux autres petits producteurs qui se lancent dans la grande distribution. En 1964, l’entreprise emploie 120 personnes.

1965 est la date de naissance officielle de l’entreprise Benetton : c’est un effet l’année de l’ouverture de la première boutique, mais également celle du changement de nom des produits qui troquent la marque « Très Jolie » au profit de « Benetton ». En 1966, la styliste française Lison Bonfils vient les conseiller et collabore avec eux pendant dix ans. La réussite est telle que Luciano Benetton acquiert et restaure la Villa Minelli, qui devient le siège social de la société et ouvre sa première usine. Dès 1968, les produits Benetton sont disponibles dans 300 boutiques à travers l’Italie.

C’est après que cela se gâte, si l’on peut dire, avec comme principal destructeur de valeur la publicité. Si de nouveau, le début du concept publicitaire est plutôt de bon aloi avec la fraternité entre les peuples, dès les années 90 le concept publicitaire change radicalement.

Ce concept ne laisse personne indifférent et provoque de nombreuses polémiques, allant parfois jusqu’à des procès, comme ce fut le cas pour la campagne HIV positive, qui a mis le feu aux poudres en France. C’est plus précisément en 1991 que débute la provocation. Cette année-là, on peut découvrir des affiches montrant un nouveau-né possédant encore son cordon ombilical et un prêtre embrassant une religieuse. Cela fera scandale dans plusieurs pays.

Avec les campagnes de 1992, montrant des oiseaux victimes de la marée noire, des boat people, un mercenaires sud-africains brandissant un fémur humain, et surtout David Kirby, un américain en train de mourir du sida, entouré de sa famille en pleurs, la publicité Benetton abandonne radicalement son image pacifique et multiraciale pour des photographies d’actualité. Le paroxysme de la polémique est atteint en 1993, avec la campagne HIV positive qui déclenche de nombreuses réactions d’indignation dans différents pays. En effet, cette campagne, acceptée sans difficulté en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne ou aux Etats-Unis, a fait l’objet d’un violent rejet en France. Suite à cette campagne, Benetton est poursuivi en justice par l’agence française de lutte contre le sida (AFLS) et est dénoncé par certaines agences de publicité comme utilisant des causes éthiques et humanitaires à des fins publicitaires.

C’est Oliviero Toscani qui a hissé Benetton jusqu’à sa situation actuelle, au rang de marques les plus connues dans le monde, mais à quel prix. Il ne s’est en effet pas privé de donner forme à une nouvelle communication, d’une efficacité scandaleuse. Il déclare vouloir instruire « le procès de Nuremberg » de la publicité. Contrairement à d’autres photographes, il a pu s’émanciper des canons de la publicité traditionnelle grâce au soutien de Luciano Benetton qui lui a laissé carte blanche pour la création des campagnes. Toscani affirme ainsi qu’il est payé pour se faire plaisir. La diffusion et la valorisation de l’image internationale de Benetton, lui a valu de nombreuses récompenses, parmi lesquelles le Grand Prix d’Affichage et le Grand Prix Unesco. En 1989, il s’est vu décerner le Lion d’Or au Festival de Cannes, pour l’un des nombreux films publicitaires qu’il a réalisé.

Ce que nous ne comprenons pas bien, c’est justement cette carte blanche donnée par la direction de Benetton, ou il y a manifestement une confusion, entre art photographique, sans aucun doute et marketing. Si l’on peut encore comprendre la tentative d’explorer un nouveau type d’image publicitaire, il faut aussi comprendre rapidement qu’heurter un client, n’est pas vraiment bon pour les affaires. Avec des conséquences sonnantes et trébuchantes. Et la véritable phase de science-fiction, c’est que la direction va s’entêter pendant 10 ans. Et nous pouvons sans doute affirmer sans grand risque de nous tromper que ces campagnes publicitaires ont été les plus chères du monde et de tous les temps, car à leur coût de production, il faut ajouter les pertes encourues.

Certaines campagnes publicitaires d’Oliviero Toscani ont été boycottées par plusieurs distributeurs européens, persuadés qu’elles sont partiellement responsables de la fuite des clients. En France, le nombre de magasins a fortement chuté en l’espace de quelques années, notamment suite aux campagnes provocantes. En 1992, la marque y disposait de 650 points de vente et réalisait un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de francs. Trois ans plus tard, il n’y a plus que 350 magasins pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliards. En 1999, il ne reste plus « officiellement » que 300 boutiques. Et les fermetures se poursuivent… Dans la plupart des villes moyennes, il n’existe désormais plus de boutique Benetton.

En Allemagne, en Espagne et en Italie, certains distributeurs sont allés jusqu’à se regrouper en associations et même jusqu’à engager des procès contre leur fournisseur. En 1994, ce sont 150 franchisés allemands (pour un total de 650 en Allemagne) qui se sont ainsi opposés à l’affiche montrant un vêtement ensanglanté d’un soldat bosniaque, assassiné à 23 ans. La campagne de Benetton sur la peine de mort n’a pas vraiment fait recette du côté des distributeurs américains. La chaîne de grands magasins Sears, qui distribuait la marque dans 400 de ses unités depuis 1998, décide de ne plus vendre de vêtements Benetton. Aux Etats-Unis, Benetton ne compte plus que 200 boutiques contre 700 auparavant.

Si au début des années 2000, la direction comprend enfin que des revenus par pays ont été sciés en 2, juste pour la « Hype » et les nombres de magasins parfois sciés en 3, voire 4, elle ne semble toujours pas sortie complètement du virus de faire parler d’eux avec leur pub, même si Oliviero Toscani ne travaille plus pour Benetton… Pour preuve, la dernière campagne de « baisers aux haleines peu fraîches » de 2011 !

Ce qui est vraiment énervant, c’est finalement cette débâcle créée par le concept publicitaire, alors que les magasins Benetton sont décorés et achalandé avec un raffinement très italien d’un bon goût absolu.

Si la description historique peut sembler un peu longue, nous pensons qu’elle explique bien le fait que nous retrouvons le Goupe Benetton, aujourd’hui, dans le cheptel « Daubasse » et surtout que sa direction est typiquement une direction « daubassienne » destructrice de valeur, avec peu de déférence pour l’actionnaire.

En plus de ce que nous venons de vous expliquer, nous retrouvons dans le bilan pour 9.5 millions d’euros de dépenses pour voyages et pubs et aussi un jet privé dans les actifs long terme! La totale, dirons-nous !

Finalement, Benetton est l’archétype même de la « Daubasse » pour laquelle on éprouve un mépris envers l’investisseur. Mais comme nous l’avons souvent expliqué, c’est à partir de cette perception extrêmement négative que nous allons tenter de produire une analyse, la plus objective possible, sans le moindre cadeau et en exigeant à chaque tournant, des marges de sécurité.

Le groupe Benetton compte aujourd’hui 6 000 magasins dans le monde et s’appuie sur cinq marques pour générer du chiffre d’affaire : United Colors of Benetton, Sysley, Playlife, Killer et Loop.

La répartition du chiffre d’affaire 2010 par continent est la suivante :

Europe 79% (50% de ce pourcentage en Italie)

Asie 16%

Amérique du Nord 3.8%

Reste du monde 0.8%

Cette répartition explicite bien, à notre sens, que si le « brand » Benetton est assez connu dans le monde, ses revenus restent tout de même concentrés en Italie à hauteur de 40%, ce qui nous semble insuffisant pour une société qui existe depuis plus de 50 ans.

Nous nous sommes enfin demandé ce que valait le brand « Benetton » ? Après une recherche dans les archives d’Interbrand, nous retrouvons en 2001 dans le top 100 mondial, Benetton à la 100ième position, avec une valeur de sa marque estimée a 1.002 milliard de $. Ensuite, disparition complète du top 100 mondial Interbrand. Nous la retrouvons notée par une société moins connue qu’Interbrand, MP Consulting. En 2011, nous retrouvons Benetton à la 10ième place d’un Top 100 de brands italiens avec une valeur estimée de 1,258 milliards. Soit une croissance de la valeur du brand de 25% sur 10 ans.

Pour comparaison, le premier brand Italien, « Gucci », était classé en 2001 a la 50ième place du top 100 mondial Interbrand et était estimé a 5,363 milliard de $. Gucci était classée à la 39ième place du top 100 mondial et était estimé a 8,700 milliard de $, soit une progression de la valeur du brand de 62% en 10 ans.

Nous voyons bien avec cet exemple que ceux qui croient à la valeur d’un brand, même dans une activité facile à comprendre comme le vêtement, n’est pas synonyme automatique d’avantage dans le temps et surtout de création de valeur. Bien au contraire, d’après Yahoo Finance et un cours de clôture ajusté au split et au dividende, Benetton cotait le 1 janvier 2003 à 6,37 euros, alors qu’il cote aujourd’hui 2,89 euro, soit une destruction de valeur traduite dans le cours de plus de 50%. Ce qui nous amène quand-même à douter de la valeur estimée du Brand de MP Consulting… Et aussi des brands de manière plus générale.

Cette analyse est produite à partir du bilan de septembre 2011 et au cours de 2,89euros.

 

II. La Valeur d’Actif Net Net (VANN)

L’actif courant de la société s’élève à 8.21 euros par action, duquel nous déduisons l’endettement total de 8,36 euros, ce qui nous donne une valeur d’actif Net-Net négative de -0,15 euros.

 

III. La Valeur d’Actif Net Estate (VANE)

La société possède des terrains et des immeubles au prix d’acquisition pour une valeur par action de 5,27 euros. Amputé de 20% (notre marge de sécurité), nous obtenons une valeur Net Estate de 4,06 euros.

 

IV. La Valeur de Mise en Liquidation Volontaire (VMLV)

Revenons sur l’actif courant et les stocks d’une valeur de 1,905 euros par action. Nous observons que la rotation des stocks de 125 jours sur les 9 premiers mois est supérieure par rapport à la rotation moyenne, sur les 3 dernières années qui était de 115 jours. La direction a passé une provision sur ce stock de 2% et cette provision semble régulière dans le temps. Toutefois, en cas de mise en liquidation volontaire, nous pensons que la valeur de ce stock qui n’est malheureusement pas détaillé, vaudrait 50% de moins. Nous reprenons donc une valeur de 0.80 euros. Nous trouvons dans ce bilan des liquidités d’une valeur de 0,38 euros que nous reprenons intégralement. Nous trouvons ensuite des créances clients pour une valeur de 5.168 euros par action. Nous observons également que la direction a passé des provisions pour créance douteuse de 7% de la valeur des créances et que ces provisions sont également régulières dans le temps. De plus, ces créances sont réparties sur plusieurs milliers de magasins franchisés, ce qui diminue le risque selon nous. Toutefois, une augmentation du délai de paiement est observée. Le délai moyen sur 3 ans était de 159 jours : il est de 183% sur les 9 premiers mois de l’année. Nous prenons donc une marge de sécurité supplémentaire de 5%, ce qui ramène les créances client à 4,91 euros par action.

Dans le poste autres créances, nous reprenons seulement la somme de 0,07 euros par action, qui sont des créances aux parties liées. Nous ne valorisons pas les pré-paiements. Dans le poste créances financières divisé en trois volets, dettes à court termes des parties liées, différentiel positif sur les couvertures des devises et les intérêts sur les prêts aux parties liées, mais sans répartition précise, nous reprenons le poste pour 50% de sa valeur, soit 0.10 euros par action.

Passons maintenant aux actifs immobilisés. Le plus gros poste de cet actif immobilisé, ce sont les terrains et les immeubles d’une valeur d’acquisition de 5,28 euros par action. Vu l’existence de plus de 50 ans de la société, notre marge de 20% sur cette valeur d’acquisition nous semble suffisante. Nous reprenons donc ces terrains et immeubles pour la somme de 4,22 euros par action. Nous reprenons l’ensemble des équipements, véhicules, jet privé, et l’électronique, en n’incluant pas le matériel en leasing. Cela nous fait 0,19 euros par action. Comme d’habitude, nous ne tenons pas compte des intangible et du goodwill. Dans la partie autres actifs immobilisés, nous reprenons intégralement les prêts et intérêt aux parties affiliées reprises sous le terme investissements, des créances clients à plus long terme net de provision et des cessions d’actif immobilisé que la société doit encaisser. Cela s’élève à 0,05 euros par action.

Actif courant :

Stock 0,80 euros

Liquidités 0,38 euros

Créances clients 4,91 euros

Créances aux parties liées 0,07 euros

Créances financières 0,10 euros

Actif immobilisé :

Terrain et immeubles 4,22 euros

Machine et équipement 0,19 euros

Autre actif immobilisé 0,05 euros

Ce qui nous fait un actif total de 10,72 euros

Nous déduisons également des leases pour une valeur de 0,22 euros par action, L’actif total est donc de 10,50 euros par action. Quant aux stocks options à un prix d’exercice de 8,98 euros, nous n’en tenons pas compte car ils sont nettement supérieurs à la VANT de la société.

Si nous soustrayons l’ensemble des dettes d’une valeur de 8.364 euros, la valeur de la mise en liquidation volontaire est donc de 2,13 euros par action.

 

VI. La Valeur d’actif Net Tangible rentable (VANTRE)

Comme la société Benetton fait des profits, il nous a été possible de calculer la valeur d’actif net tangible rentable. Le rendement sur le capital investi ou ROCI est en moyenne de 7,54% sur les 5 dernières années (2006-2010). Comme nous exigeons un rendement minimum sur le capital investi de 7%, nous estimons que la valeur d’actif net tangible rentable est égale à la valeur d’actif net tangible, soit 6,77 euro.

 

VI. La Valeur de la Capacité Bénéficiaire (VCB)

Pour calculer la VCB de la société, nous allons prendre le résultat moyen d’exploitation des 5 dernières années (2006-2010), soit 1,16 euros par action, et amputer ce résultat d’un impôts de 30%, soit 0,35 euros par action. Ce qui nous donne 0,81 euros par action.

Nous allons actualiser à un taux de 12%, ce qui nous donne une VCB de 6,75 euros par action.

A laquelle nous allons ajouter 0,85 euros de liquidités. Nous retranchons ensuite les dettes financières de la société qui s’élèvent à 4,71 euros.

La VCB de Benetton ressort donc à 2,89 euros.

 

VII. Conclusions

Au cours du 10 janvier 2012 de 2,90 euros, il est donc possible d’acquérir des actions de Benetton avec une marge de :

28 % sur la VANE

57% sur la VANTre

Si nous avons relativement bien défini dans l’introduction les raisons pour lesquelles la société Benetton se retrouve aujourd’hui dans notre parc à « Daubasse » (un management délirant et des revenus généré à hauteur de 40% en Italie, pays comme vous le savez tous en difficulté financière) soit un manque de diversification internationale, nous pensons quand même que le collatéral immobilier de 4 euros par action est suffisamment solide pour réduire le risque d’un investissement dans la société.

Le point central négatif, alors que c’est généralement un point positif, c’est le management familial qui ne risque pas de changer. Bien entendu, nous pourrions supposer logiquement, qu’acculée à une situation désastreuse avec la sanction des marchés sur le cours de la société, la direction pourrait une fois pour toute remiser au placard ces pubs qui font parler d’elle et qui génèrent des effets financiers négatifs, et se mettre au travail avec les atouts qu’ils possèdent sur leurs lignes de vêtements. Mais vous aurez compris que nous entrons dans le monde merveilleux des suppositions bon marchés et que nous ne sommes pas pour prendre ce type de raisonnement au sérieux.

La cerise sur le gâteau dirons-nous, c’est le brand. Si nous reprenons l’estimation avancée en 2001 par Interbrand, la valeur du brand est de 5,47 euros par action. Si nous le coupons en deux, il y a toujours une valeur de 2,73 euros par action, soit en gros la valeur du cours actuel. Vous savez tous que l’équipe apprécie les cerises. Mais il faut bien avouer que nous nous concentrons toujours et d’abord sur la solidité du gâteau.

Nous pensons enfin qu’un investissement dans Benetton comporte bien entendu le risque de voir se dégrader les chiffres de la société (management – crise), mais possède également un collatéral immobilier confortable.


Bas les masques : Cycle Country Accessories

Nous poursuivons ici le « démasquage » de sociétés que nous avons vendues fin janvier. Après Giga Tronics, voici la deuxième société que nous vendons parce qu’elle ne répond plus à nos critères. Il s’agit de Cycle Country Accessories. Les prochains articles porteront sur les sociétés que nous comptons vendre prochainement pour des raisons plus heureuses : à savoir une sortie « par le haut ».

Comme vous pourrez le constater à la lecture de l’analyse que nous avions mise à la disposition de nos abonnés au moment de l’achat (fin 2009), nous avions basé pas mal d’espoir sur Cycle Country Accessories et surtout sur sa capacité à générer des bénéfices dans le futur.

Malheureusement, ce retour aux bénéfices n’a pas (encore) eu lieu mais, plus grave, le 23 janvier, nous apprenions que la société était menacée de delisting par la SEC pour avoir publié dans ses rapports de gestion, un nombre erroné d’actions en circulation. 

La coupe était pleine et nous liquidions cette ligne en subissant une moins-value d’une quarantaine de pourcents.

De cette affaire, nous avons tiré deux conclusions qui ne sont en réalité que deux confirmations :

          Ne jamais espérer un retour aux bénéfices comme principal catalyseur d’une hausse de cours : ce retour est incertain et ne peut constituer qu’une cerise sur le gâteau mais non l’élément nécessaire à une revalorisation de l’action

          Une fois de plus, nous découvrons ici les vertus de la diversification : le fait de ne pas avoir consacré plus de 3 % de notre portefeuille sur une ligne qui nous semblait alléchante au départ nous a permis de ne pas payer trop cher notre choix erroné.

 

Voici donc, pour votre information, l’analyse que nous avions mise à disposition de nos abonnés au moment de notre acquisition. Nous vous en souhaitons une bonne lecture.

 

I. Introduction

Cycle Country Accessories Corp. est le résultat de la fusion, en 2001, entre Cycle Country Accessories Corp. (fondée en 1983) et Okoboji Industries Corporation. Le groupe est l’un des plus grands fabricants au monde d’accessoires pour quad. Selon la direction, les produits sont de hautes qualités.

La clientèle est composée de 9 distributeurs en Amérique du Nord et 11 distributeurs internationaux qui vendent les articles de Cycle Country dans 30 pays différents.

Mais l’entreprise est aussi le plus gros fabricant d’enjoliveurs pour voitures de golf au monde (70 % du marché). Elle fabrique également des accessoires pour tondeuses.

Les trois principaux clients (qui achètent les produits Cycle Country depuis plus de 20 ans) représentent 53 % des ventes. La direction souhaite, à l’avenir, réduire le poids de ces acteurs dans les ventes grâce à la croissance des autres branches d’activité.

A l’origine, l’entreprise fabriquait des lames de chasse neige adaptées pour les quads. Aujourd’hui, sa gamme comprend des socles de charrue, des pulvérisateurs, des tondeuses, des herses, des attaches remorques, des treuils, …

Entre le 17 et le 25/11/2009, nous avons constitué notre ligne en Cycle Country Accessories Corp au prix de revient, frais de courtage inclus, de 0,405 usd. Nous travaillons avec les chiffres de 9 mois d’exercice, arrêtés au 30/06/09 (l’année comptable est clôturée le 30/09).

 

II. Valeur d’actif net net (VANN)

Nous avons acheté un actif courant de 1,947 usd par action (dont le poste principal est constitué des stocks qui pèsent à eux seuls 1,322 usd). Nous avons déduit les dettes représentant 2,574 usd par action. La valeur d’actif net net est donc négative de 0,627 et nous n’avons donc aucune marge de sécurité sur cette valeur.

 

III. Valeur d’actif net estate (VANE)

Dans les comptes de l’année 2008 (le détail est absent lors des clôtures trimestrielles mais il ne semble pas y avoir eu de grosses cessions d’actifs sur ces 9 premiers mois), nous apprenons que la société possède des terrains et constructions pour une valeur d’acquisition de 1,884 usd. Nous appliquons une marge de sécurité de 20 % sur cette valeur, l’ajoutons à la VANN et obtenons une VANE de 0,880 usd. Nous avons donc acquis nos actions avec une marge de sécurité sur cette valeur de 54 %.

 

IV. La Valeur en cas de mise en liquidation volontaire (VLMV)

Revenons tout d’abord sur l’actif courant.

Nous n’avons, lors du calcul de la VANN, effectué aucun redressement pour ralentissement de la vitesse de rotation des actifs courants. Est-ce à dire que nous pouvons prendre pour « argent comptant » les valeurs qui nous sont données par la direction ?

Nous nous penchons tout d’abord sur le stock qui représente, à lui seul, 68 % de la valeur totale de l’actif courant. Nous constatons tout d’abord que la direction, dans sa grande prudence, a acté des dépréciations équivalentes à 12,7 % de la valeur brute du stock. Nous constatons aussi que le stock représente un peu plus de 3 mois et demi d’activité, ce qui ne nous semble pas excessif pour une entreprise « à intégration verticale » (la société a acheté en 2005 son fournisseur de pièces en acier) et qui fabrique de nombreuses « bricoles ». Néanmoins, nous allons prendre une marge de sécurité complémentaire de 20 % et amputons donc la VANE de 0,264 usd.

Nous décidons également de reprendre les impôts différés pour 0 et amputons la VANE de 0,177 usd complémentaires.

Nous passons à présent aux actifs immobilisés.

Outre l’immobilier, nous trouvons des actifs tangibles sous forme de machines, outillages, équipements de bureau et véhicules pour 0,455 usd par action en valeur d’acquisition. Nous les reprenons pour 10 % de cette valeur, soit 0,046 usd.

Conformément à nos habitudes, nous ne tenons pas compte des actifs intangibles.

Hors bilan, nous constatons des obligations d’achat de matériel pour 0,171 usd par action.

Enfin, il existe des stock options dont nous ne tenons pas compte, le prix d’exercice étant largement supérieur à la valeur de mise en liquidation.

Nous établissons donc la VMLV comme suit :

– VANE : 0,880

– Marge de sécurité sur stock : – 0,264

– Elimination des impôts différés : – 0,177

– Installations, machines et outillages : 0,046

– Obligations d’achat : – 0,171

Soit une valeur en cas de mise en liquidation volontaire de 0,314 usd. Nous n’avons donc pas de marge de sécurité sur cette valeur.

V. La valeur de la capacité bénéficiaire (VCB)

Au cours des 10 dernières années, la société n’a jamais généré que des profits nets… sauf en 2008 et probablement en 2009. En 2009, la perte devrait même probablement être considérée comme « record ».

En effet, sur les 9 premiers mois de 2009, la perte d’exploitation s’élève à la somme astronomique de 2,05 usd par action. Nous avons néanmoins l’impression que si la société est bel et bien touchée par la crise (son chiffre d’affaires ne représente plus que le tiers de ce qu’il était l’année précédente sur la même période), la direction a  également procédé à un véritable « windows dressing » ou « nettoyage de bilan » en vue de présenter des résultats bien plus favorables dans les années qui viennent.

Mise à 0 du goodwill et réductions de valeur massives sur les stocks : sans ces opérations, la perte d’exploitation ne se serait élevée qu’à 0,31 usd. De quoi la relativiser. Ajoutons à cela le fait que l’Ebitda reste positif au cours de ces 9 premiers mois et vous comprendrez que nous n’avons que peu de craintes pour la survie à moyen terme de Cycle Country Accessories.

Nous pensons que dans le futur, la société sera capable de générer un résultat d’exploitation après impôt équivalent à la moyenne des 6 dernières années, impôts déduits et année 2009 comprise, soit 0,11 usd par action. Nous déduisons 0,05 usd de charges d’intérêt et fixons la VCB de Cycle Country Accessories Corp., actualisée à 11 %, à 0,55 usd par action.

 

VI. En conclusion

A notre prix de revient de 0,405 usd, nous avons obtenu :

Une marge de sécurité de :

54 % sur la VANE

26 % sur la VCB

Nous avons donc acheté une entreprise en payant plus cher que sa valeur de mise en liquidation volontaire. Mais cette VMLV qui constitue aussi la valeur minimale de l’entreprise n’est pas si loin de notre prix d’achat : 25 % plus bas. Cette valeur de mise en liquidation constitue pour nous la valeur plancher de l’entreprise. Pour la première fois, nous avons acquis une entreprise dans le but de la voir renouer avec les profits. En effet, nous pensons que Cycle Country Accessories constitue une « vraie » entreprise cyclique (comme son nom l’indique) et que les pertes encourues sont essentiellement dues à une période économique défavorable.

Nous pensons que la société redeviendra bénéficiaire avec la reprise économique.

.

Analyse financière : Les actifs d’impôt différés … attention piège à c …

Comme annoncé, nous allons vous dévoiler, cher(e) lecteur(trice), l’ensemble des positions arrivées à maturité  depuis le début de cette année et ce, au fil de différents articles successifs.

La première, c’est Giga Tronics. Nous avions acheté cette société le 11 octobre 2011 au coût de revient, frais de courtage inclus, de 1,3296 usd. Ci-dessous, vous pourrez lire l’analyse qui nous avions mis à disposition de nos abonnés et qui présentait nos motivations d’achat. Sa Valeur d’Actif Net Tangible était alors 4,62 usd.  otre marge de sécurité était donc, en apparence, assez conséquente.

Pour rappel, nous calculons de la Valeur d’Actif Net Tangible en amputant des capitaux propres les actifs intangibles, c’est-à-dire les actifs « qu’on ne peut pas toucher », dans notre cas le goodwill et les immobilisations incorporelles.

Jusqu’à présent, nous ne considérions pas les actifs d’impôts différés comme un actif intangible.

 

>> « C’est kwaaaa un actif d’impôts différés ? »

Il s’agit de « droits » pour une société de déduire, dans le futur, des charges constatées dans le présent. Par exemple : les provisions pour pension sont prises en charge dans les comptes lorsqu’elles sont constituées par l’entreprise mais ne seront déductibles fiscalement que lorsque l’entreprise procédera au paiement de celles-ci ou encore les pertes fiscales subies lors d’un exercice qui ne pourront être déduites que dans le cadre de bénéfices futurs. Dans certains pays, des frais de recherches et développement peuvent donner droit à des déductions fiscales supplémentaires lors d’exercices fiscaux futurs.

Ainsi donc, comme nous le précisions plus haut, nous considérions, jusqu’à présent, ces droits comme des actifs tangibles puisqu’ils représentaient bien de l’argent à valoir dans le futur que ce soit parce que la société générera des profits  ou parce qu’un éventuel repreneur pourrait s’en servir en cas de relance de l’outil. Néanmoins, il existe une condition pour que ces actifs puissent présenter une  réelle valeur : que la société, d’une manière ou d’une autre, génère dans l’avenir des profits imposables. Et c’est là que le bât blesse …

Ainsi, pour revenir à Giga Tronics, la direction a considéré que ces actifs d’impôts différés ne pourraient pas être réalisés dans un avenir plus ou moins proche et a décidé, ni plus ni moins, d’acter une réduction de valeur sur ce poste, estimant qu’il ne valait plus rien. Nous ne pouvons que saluer la prudence de la direction quant à la valorisation des actifs présentée dans les rapports financiers… malheureusement, cette prudence, sur ce coup-là , ne nous arrange pas du tout. En effet, suite à cette opération cumulée à d’autres réductions de valeur sur les stocks et une perte d’exploitation « ordinaire », la VANT de Giga Tronics s’est effondrée à 1,50 usd … SOUS le cours de l’action au moment où nous prenions connaissance de ces évènements.

Même s’il est possible que la direction ait voulu « charger la barque » et présenter « des comptes bien nets », la discipline que nous nous imposons nous a contraint à vendre cette ligne, pourtant prometteuse, sans aucune hésitation.

Certes, la plus-value de 18 % obtenue en trois mois n’est pas négligeable mais nous nous sentons un peu « frustrés » par rapport à nos espoirs d’une appréciation de notre investissement bien plus conséquent au départ.

De cette aventure, nous avons tiré une conclusion sans appel : non, les actifs d’impôts différés ne sont pas des actifs tangibles. Tout au plus pouvons-nous les considérer comme « des cerises sur le gâteau » mais certainement pas comme un part intégrante de la valeur fondamentale de la société analysée et, à l’avenir, c’est de cette manière que nous les considérerons.

Nous vous laissons découvrir à présent, quelle a été notre réflexion, in illo tempore non suspecto, au sujet de Giga Tronics, réflexion que nos abonnés ont pu découvrir dans une précédente lettre mensuelle. Nous vous en souhaitons une bonne lecture.

 

Giga-tronics Inc.

(Nasdaq, Ticker: GIGA / ISIN : US3751751062)

I. Introduction

Giga-tronics avec son super nom high tech futuriste, est une entreprise américaine cotée sur le NASDAQ qui produit un tas de bidules très sophistiqués qui ont l’air très cools, mais dont, nous devons bien vous l’avouer, nous ne comprenons pas grand-chose…

C’est un fabriquant leader en ingénierie et conception de best-in-class RF et de générateurs de signaux micro-ondes, amplificateurs de puissance micro-ondes, de capteurs de puissance USB, mesureurs de puissance micro-ondes, ATE signal de commutation et d’unité d’interface RF (RFIU) de composants micro-ondes et sous-ensembles.

La R & D, la production et les gestionnaires de test, les scientifiques, les ingénieurs et techniciens sont implantés mondialement. Ils utilisent et testent les équipements de Giga-tronics dans le but d’améliorer la productivité et de faciliter l’utilisation dans de nombreuses applications: systèmes ATE, aérospatiale et défense, communications et toutes sortes de tests à composante micro-ondes.

Son siège social est localisé à San Ramon en Californie. La société est certifiée ISO 9001 et AS 9100 entreprises et emploie environ 100 personnes.

En date du 25.06.2011, son carnet de commande représente 5,7 M USD (pour un CA annuel en 2011 de 21 M USD – exercice clos le 26.03.2011). L’entreprise est dépendante du marché électronique de la défense, ainsi que du marché des télécommunications sans fils. L’administration américaine et plus particulièrement le ministère de la défense américain sont les plus gros clients de Giga-Tronics.

Nous avons acquis des titres le 11 octobre à un coût de revient, frais inclus, de 1,3296 USD.

Nous avons tenu compte dans nos calculs d’une dilution potentielle de 851 889 actions liées à des options exerçables à un cours de 1,93 USD, ainsi que 90.000 actions qui seront allouées au management si des objectifs sont atteints en 2013. Pour ces dernières, le prix d’exercice est de 2,34 USD. Nous en tenons compte dans la dilution même si la direction estime que les objectifs ne seront pas atteints (sic!) et ne permettront pas la distribution de ces titres.

 

II. La Valeur d’Actif Net Net (VANN)

Sur base des comptes arrêté au 25 juin 2011, la valeur d’actif net-net s’élève à 1,96 USD par action. A notre prix d’achat, la marge de sécurité est donc de 32%.

 

III. La Valeur d’Actif Net Estate (VANE)

L’entreprise ne détient aucun immeuble ou terrain, il nous est donc impossible de calculer la VANE.

 

IV. La Valeur de Mise en Liquidation Volontaire (VMLV)

Nous raisonnons sur l’analyse suivante en données potentiellement totalement diluée avec les données financières publiées au 25.06.2011.

Commençons par les actifs les plus liquides : l’actif circulant. Tout d’abord, son plus gros poste : les stocks. Ils représentent une valeur de 0,95 USD par action. Même si la rotation des stocks d’une moyenne de 186 jours les trois dernières années s’améliore sur le dernier exercice à une rotation de 162 jours, le niveau reste élevé. La prudence est donc de mise, surtout que les produits sont hyper spécialisés et très technologiques, donc également rapidement obsolète. Par prudence, nous allons appliquer une marge de sécurité de 50%, et reprenons ainsi un montant de 0,48 USD par action.

Le second poste de l’actif circulant le plus important est le cash. Il représente 0,61 USD par action et n’appelle aucun commentaire.

Viennent ensuite les créances clients. Elles représentent au bilan 0,33 USD par action. Malgré la (toute relative) qualité de son principal créancier (l’Etat américain), nous constatons que sur le dernier exercice, les délais moyens de paiement ont augmenté par rapport aux années précédentes (+15 jours en moyenne) à 98 jours. Dans ces conditions, nous préférons prendre une marge de sécurité de 30%. Ainsi, nous retenons un montant de 0,23 USD par action.

Les équipements et outils sont amortis à hauteur de 97% dans le bilan. Nous ne sommes pas en mesure d’évaluer ce poste du bilan d’un point de vue économique. Cependant, reprendre le montant inscrit au bilan, soit une valeur nette représentant 3% du coût d’achat semble conservateur. Ainsi, c’est 0,09 USD que nous ajoutons à la VMLV.

Enfin, dans l’actif circulant et l’actif immobilisé nous retrouvons un poste qui représente le plus gros morceau des actifs de Giga Tronics : les reports fiscaux. Ils représentent en effet un montant de 2,27 USD par action. Dans le cadre d’une mise en liquidation de l’entreprise, même volontaire, cet actif intangible ne vaut finalement pas grand-chose. En effet, seulement en cas de continuité d’activité et de génération de profits ces actifs ont une valeur. C’est pourquoi nous valorisons ces reports fiscaux déficitaires pour 0 dans le calcul de la VMLV.

A tout cela, nous retranchons tout le passif du bilan, soit 0,41 USD par action.

Nous n’avons pas trouvé de hors-bilan dans les comptes.

Pour résumer :

  • + stocks = 0,48
  • + cash = 0,61
  • + créances clients = 0,23
  • + équipements = 0,09
  • – passif = -0,41

= 1,00 USD par action

Par rapport à notre prix d’achat, suivant notre approche conservatrice, il n’y a aucune marge de sécurité sur la VMLV.

 

V. La Valeur de la Capacité Bénéficiaire (VCB)

L’entreprise a généré des profits opérationnels de bons niveaux sur les exercices 2011 et 2010 pour respectivement 847 k USD et 1 302 k USD. Malheureusement, du fait des pertes sur les exercices 2009, 2008 et 2007, il nous est impossible de calculer une VCB car la moyenne des résultats opérationnels des cinq dernières années est négative.

 

VI. Conclusions

Nous avons donc pu acquérir des actions de Giga-Tronics avec une marge de sécurité de :

32% sur la VANN

Au-delà de l’évidente décote sur son actif net-net (le genre de cible privilégiée par Benjamin Graham et Warren Buffet) Giga-Tronics présente selon nous un double intérêt spéculatif. Ce que nous appelons des « cerises ».

Tout d’abord, un élément non quantifiable mais qui a certainement de la valeur : ce sont les frais de recherche et développement. L’entreprise a dépensé pour son compte propre (en fait nous excluons la R&D externalisée pour le compte des clients seuls) la somme de 11,6 M USD en R&D ces 5 dernières années. Soit l’équivalent de 153% de sa capitalisation boursière potentielle diluée ! De toute évidence, cette entreprise possède un savoir-faire dans les émissions micro-ondes qui vaut quelque chose. Et encore, nous n’avons valorisé ici que les dépenses des 5 dernières années, alors que la société technologique existe depuis maintenant plus de 30 ans…

L’autre petite surprise dans le bilan de la société, ce sont ses pertes fiscales reportables. Elles atteignent 13,5 M USD. Un montant largement supérieur à la valeur de l’entreprise en bourse. De deux choses l’une. Soit l’entreprise confirme sa croissance rentable et est alors assurée de ne pas payer d’impôts sur ses bénéfices pendant un paquet d’années. Ce qui signifie alors que les résultats opérationnels sont égaux aux résultats nets (hors exceptionnels).

Ou bien, un concurrent un peu malin peut faire d’une pierre deux coups : il rachète la société et profite non seulement de toutes les connaissances et compétences liées à la R&D acquises au cours des 30 dernières années, mais également d’une superbe réduction d’impôts de plus de 13 M USD. Ce serait un achat, cher lecteur, que nous estimons tout à fait rationnel.

Enfin, nous avons constaté en fouillant les publications financières des dernières années, que la société est en croissance : aussi bien au niveau de l’activité (+9% en 2010 ; +10% en 2011) qu’au niveau de la rentabilité (résultat opérationnel moyen des deux dernières années = 1,07 M USD pour une capitalisation boursière de 6,42 M USD avant dilution, ou 7,60 M USD totalement diluée).

Sans vouloir préjuger du futur, ni de la tendance continue ou non de la croissance rentable actuelle, nous avons avec Giga-Tronics un collatéral de qualité qui pourrait sérieusement tenter une entreprise concurrente si le cours de bourse continue à ne pas refléter la valeur patrimoniale de ses actifs.

<< Les actifs intangibles : Pourquoi sont-ils difficiles à valoriser ?

>> Évaluer la compétence des dirigeants : faire preuve de bon sens