Archives de catégorie : Bas les masques

Quelques analyses dévoilées

Bas les masques : Conn’s

Cela faisait longtemps, cher(e) lecteur(trice) que nous n’avions plus démasqué de lignes de notre portefeuille. Nous vous proposons donc de dévoiler une des sociétés de notre portefeuille, société dont le cours actuel représente environ le double (+100% !) de notre coût d’acquisition il y a moins d’un an.

Cet achat provient d’une démarche un peu particulière que nous vous avions exposée sur notre blog : l’émission d’option put.

Le 24 juin 2010, nous avions émis des options put sur l’action Conn’s à un prix d’exercice de 5 usd échéance janvier 2011. Pour ces options, nous avons encaissé, après déduction des frais, 0,60 usd par option. 

Notre raisonnement était le suivant : si, à l’échéance, le cours de l’action était supérieur à 5 usd, nous aurons généré pour nos liquidités un rendement brut de 12 % en 7 mois (0,60/5). Si le cours de l’action se situait sous les 5 usd, nous étions alors obligé d’acheter les actions au cours de 5 usd.  Ce qui amènerait notre prix de revient à 4,40 usd (5 usd – 0,60 usd de prime encaissée) … et c’est ce qui s’est passé : le 18 janvier 2011, le cours de la société se situait à 4,46 usd et nous avons donc été contraints de payer 5 usd pour acquérir nos actions. Il s’agit de la société n°17 dans la situation du portefeuille au 21 octobre.

Avons-nous sombré dans les affres et les angoisses ?

Absolument pas.  Tout simplement parce que nous avions la conviction que la société valait bien plus que ces fameux 4,40 usd décaissés. 

Nous vous expliquons pourquoi dans l’analyse ci-dessous qui est, en réalité, le simple « copié-collé » de l’analyse que nous avions mis à disposition de nos abonnés à l’époque.

Conn’s Inc

Conn’s a été fondée en 1890. Il s’agit d’une chaîne de magasins de détail spécialisés en « électronique grand public ». La société commercialise 3 000 références différentes essentiellement des téléviseurs, appareils photos, PC, blu- ray, DVD, GPS et home-cinema mais aussi électro ménager (réfrigérateurs, lave-vaisselle, cuisinière, …), du mobilier et du matériel de jardinage (comme des tondeuses à gazon). L’entreprise commercialise la plupart des grandes marques du domaine.

 

Fin 2009, son réseau se composait de 76 magasins, ce qui en fait un acteur relativement modeste dans son segment.

La société réalise une bonne partie de ses ventes à crédit et notamment au travers de deux programmes de crédit : un portefeuille de crédit principal reprenant les débiteurs ordinaires et un portefeuille de crédit secondaire reprenant les débiteurs « à risque » bénéficiant de conditions financières moins intéressantes. Cette activité de crédit semble importante pour Conn’s en terme de fidélisation de la clientèle.

La société commercialise aussi des « assurance solde restant dû » sur ces crédits.

En cas d’exercice, le prix de revient de nos actions Conn’s sera donc de 4,40 usd ( 5 usd – 0,60 usd). Nous travaillons avec les comptes arrêtés au 30/04/2010.

 

I.                   La Valeur d’Actif Net Net (VANN)

Un rappel technique sur cette notion ici

Nous avons acquis un actif courant de 35,67 usd essentiellement composé de créances (les en cours de financement aux clients) pour 29,16 usd. Nous avons déduit les dettes pour 24,61 euros ainsi que 0,105 usd en raison d’un ralentissement dans la rotation des stocks. La VANN s’établit donc à 10,96 usd par action et, à notre hypothétique coût d’achat de 4,40 usd, notre marge de sécurité s’établirait à 60 %.

 

II.                 La Valeur d’Actif Net Estate (VANE)

Un rappel technique sur cette notion ici

Nous constatons que la société est propriétaire d’immeubles acquis pour un montant de 0,79 usd. Nous prenons notre traditionnelle marge de sécurité de 20 % sur cette valeur et l’ajoutons à la VANN : nous obtenons une VANE de 11,59 usd par action.

 

III.              La Valeur en cas de Mise en Liquidation Volontaire (VMLV)

Un rappel technique sur cette notion ici et ici

Nous revenons d’abord sur l’actif courant et tout d’abord sur le principal poste du bilan : les créances qui représentent 75 % de l’actif de la société.

Avec un tel poids dans la valeur de la société, il est important de se pencher sur son degré de recouvrabilité. D’abord, nous constatons que la direction a d’ores et déjà acté des réductions de valeur équivalentes à 5 % de leur montant brut.

Or, nous constatons qu’au cours des trois derniers exercices comptables, Conn’s a supporté des pertes réelles sur créances de respectivement 2,9 %, 3,2 %, et 3,9 % soit largement sous les 5 % actuellement provisionnés.  La valeur de l’encours tel que présentée dans les comptes nous semble donc refléter la réalité et ce, de manière prudente. 

Néanmoins, comme nous aimons les bonnes surprises, nous allons considérer que la perte potentielle sur l’en cours actuel représente le double de ce qu’elle a été au cours de l’année 2009 soit 7,8 %.  Nous allons donc, sur le total des créances inscrites au bilan, acter une marge de sécurité supplémentaire de 2,8 % (7,8 – 5).  Cette marge de sécurité sera donc de 0,82 usd par action.

Parmi les autres postes de l’actif courant,  nous relevons le stock qui représente 71 jours de vente.  Si nous pouvons comprendre la nécessité de présenter une large gamme de produits pour satisfaire au mieux la clientèle, l’importance de ce montant, son évolution à la hausse et le fait que certains de ces articles pourraient être soumis à une vétusté rapide nous incite à prendre une marge complémentaire de 20 % par rapport à sa valeur aux livres, soit 0,79 usd.

Nous ne tenons pas compte non plus, dans une optique de mise en liquidation, des impôts différés et amputons donc la VANE de 0,68 usd supplémentaire. 

Mis à part les immeubles, nous décidons de ne pas tenir compte des autres actifs fixes : l’essentiel consiste en aménagements des locaux loués, aménagement qui ne « vaudraient plus tripette » en cas de liquidation.

Malgré son activité de financement complexe, la société n’a que très peu d’engagement hors bilan : la société indique bien une estimation du coût futur des garanties octroyées sur les produits vendus et, depuis le 30/04, les dettes portant sur les  créances qui ont été titrisées apparaissent bien au passif.  On a donc une bonne idée de l’importance du risque sur l’ensemble des créances et des engagements de la société sur les créances qui ont été cédées.  Nous notons tout de même les loyers à payer sur les baux restant à courir qui représentent tout de même 6,82 euros.  Nous décidons de considérer qu’en cas de mise en liquidation, Conn’s devrait s’acquitter de 75 % de ce montant soit 5,12 usd.

Compte tenu de ce qui précède, nous établissons donc la VMLV de Conn’s à 4,18 usd, soit un peu en dessous de notre coût éventuel d’achat.

 

IV.             La Valeur de la Capacité Bénéficiaire (VCB)

Un rappel technique de cette notion ici et ici

Conn’s est active dans un secteur très concurrentiel et ne semble pas présenter une taille suffisante pour se construire un solide avantage compétitif.

Son point fort nous semble être le fait qu’elle soit capable de proposer du crédit à ses clients et notamment aux moins solvables tout en présentant un historique de recouvrement très honorable malgré les risques apparents qui ont été pris. L’avantage est mince, nous en convenons, mais il témoigne néanmoins d’un certain savoir-faire.

Contrairement aux autres sociétés que nous évaluons, nous décidons de déterminer la VCB de Conn’s non pas en fonction de son résultat d’exploitation mais bien de son résultat net : en effet, une bonne partie de ses recettes proviennent des intérêts encaissés sur les financements octroyés, financements qui ont pu être réalisé au prix d’un endettement financier certain. Il  nous semble donc important de tenir compte des charges de dettes dans notre évaluation.

Au cours des 5 derniers exercices, la société a réalisé un résultat net moyen de 1,38 usd par action. Nous pensons qu’il sera difficile de réitérer dans le futur une telle rentabilité notamment en raison du resserrement du crédit aux US et probablement aussi d’un moins grand appétit à consommer des ménages. Nous tablons donc sur un résultat moyen amputé de 25 % pour les années à venir, soit 1,04 usd. Nous actualisons ce montant à 12 % et obtenons une VCB de 8,67 usd.

 

 

V.               Conclusions

A notre coût hypothétique d’achat de 4,4 usd, nous obtiendrions une marge de sécurité de :

         60 % sur la VANN

         62 % sur la VANE

         49 % sur la VCB

Comme quelques autres sociétés tirant une partie de leurs revenus d’activités de financement (par exemple Blue Green que nous détenons en portefeuille), la société nous semble fortement sous-évaluée comme si le marché anticipait des pertes pour 10 ou 20 % des prêts octroyés. Pour notre part, ces perspectives nous semblent particulièrement pessimistes et nous avons le sentiment qu’en achetant  Conn’s, nous disposons justement d’un important collatéral sous forme de créances diverses et variées en garantie de notre investissement.

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AC Moore : un acquéreur qui ne fait pas une fleur aux actionnaires !

Nous revenons, ami(e) lecteur(trice), sur une de nos plus vieilles participations. Il s’agit d’AC Moore achetée lors de la création de notre portefeuille en novembre 2008

Cette société commercialise des produits liés au bricolage pour enfants, à la couture, au crochet, à l’artisanat alimentaire, bijoux, perles pour enfants, voir aux décors personnalisés pour la maison. C’est également un important fleuriste, proposant aussi des produits liés à l’art floral.
A l’heure actuelle, la valeur de son actif tangible net de dettes (VANT) s’élève à 5,59 usd par action.  A notre cours d’achat de 0,94 usd, nous pensions avoir, non seulement une belle marge de sécurité en cas de « coup dur » mais aussi un joli potentiel de hausse.

En février 2011, l’action cotait à 2,85 usd et le conseil d’administration annonçait qu’il étudiait la possibilité de vendre la société.  Déjà, nous pouvions nous lécher les babines dans l’espoir de voir notre portefeuille réaliser son xe bagger.

Hélas, le 4 octobre, la direction, triomphante,  annonçait avoir décidé de vendre la société au groupe S’Bar, un gros du secteur et ce, pour  un prix de 1,60 usd par action, soit une prime de 68 % par rapport au dernier cours mais… 3 fois moins que sa VANT !

Ce qui nous interpelle dans cette opération, c’est le fait que, le 13 juillet, l’action cotait encore à 2,39 usd. Une OPA à un prix inférieur au cours d’il y a trois mois sans qu’il n’y ait eu, entretemps,  une destruction de valeur massive a de quoi nous laisser songeurs. La chute du cours de 60 % depuis cette date nous interpelle également (sur la même période, le Russell 2000 – un indice de small caps US – ne perdait que 18 %) tout comme le fait que le prix de vente s’établit 44 % plus bas que celui auquel cotait l’action au moment où l’intention de vendre était annoncée.

Quoi ? On vend notre bien pour une bouchée de pain ? Un peu comme le ferait le CA d’une banque exsangue obligée de faire appel à la générosité des pouvoirs publics pour sauver sa peau ? Sauf que AC Moore n’est pas exsangue… Loin de là.

D’ailleurs, trois cabinets d’avocats ne s’y sont pas trompés et comptent engager des poursuites contre le conseil d’administration de la société.  

Pour l’heure, nous étudions encore pour quelle choix nous allons opter : apporter nos titres à l’offre avec l’amer sentiment de nous faire « entuber » même si nous réalisons une plus-value en dollars d’environ +70 % sur cette ligne ou conserver nos titres et participer aux poursuites qui pourraient bien être lancées dans l’espoir d’obtenir un « petit quelque chose » en plus.

Quoi qu’il en soit, nous vous tiendrons évidemment au courant des rebondissements de cette affaire dans laquelle nous avons la nette impression que tout n’est pas très « clean ».

 

Bas les masques : Tesfran

C’est à nouveau un « bas les masques » un peu particulier que nous vous proposons. En effet, tout comme pour Cottin, il s’agit d’une société qui n’est pas détenue par le portefeuille de notre club d’investissement présenté sur ce blog mais bien dans les portefeuilles de certains d’entre nous et  dont nos abonnés ont pu prendre connaissance au travers d’une analyse « en extra » que nous leur avons proposée le 13 septembre 2010.

Vous découvrirez cette analyse ci-dessous. Depuis, le scenario que nous avions envisagé à l’époque s’est réalisé : une OPR va être lancée à 20,10 EUR qui représente pratiquement le double de celui auquel on pouvait acheter la société il y a cinq mois.

Voici donc, cher lecteur, les élucubrations que nous avions alors proposées à nos abonnés qui vous permettra de constater une fois de plus les bons ingrédients pour obtenir un rendement appréciable : beaucoup de sous-évaluations, peu de dettes et un catalyseur présentant des chances honnêtes de se réaliser.

 

I. Introduction

 

Tesfran est une société française gestionnaire de patrimoine appartenant au Groupe Sacyr. La nouvelle société naît de l’intérêt croissant du Groupe Sacyr Vallehermoso pour le marché français, dans le but d’y développer sa notoriété et sa visibilité à travers l’acquisition d’actifs à haut rendement, initialement sur la zone de La Défense, à Paris, un des principaux marchés européens, aussi bien en termes de taille, avec plus de 48 millions de m2 en location, qu’en volume de transactions.

Cette présence sur le marché français répond à un besoin de diversification géographique. Le positionnement de Tesfran sur ce marché immobilier a commencé avec l’acquisition de la Tour Adria, un immeuble qui développe presque 54 000 m2 d’une valeur estimée à 605 millions d’euros et sans taux de vacance en raison du bail ferme signé avec Technip qui prend fin au 31 mars 2021.

Aujourd’hui, la Tour Adria est le seul et unique actif détenu par Tesfran et l’actionnariat est composé à 99,14% de Testa – la filiale immobilière du groupe Sacyr – ainsi que des administrateurs. Soit un flottant de 0,86%.

 

II. La valeur d’actif net net (VANN)

 

Sur base des résultats arrêtés au 30.06.2010, nous avons un actif courant de 4,87 euros par action, duquel nous avons déduit 0,04 euros de dettes. Et oui, la spécificité de Tesfran (au-delà du fait de ne détenir qu’une tour « neuve » à la Défense) réside dans le fait de n’avoir aucune dette financière. La Valeur d’Actif Net Net s’établit donc à 4,83 euros, ce qui nous laisse aucune une marge de par rapport au cours actuel de 10,51 euros.

 

III. La valeur d’actif net estate (VANE)

 

L’immeuble situé à la Défense a été acquis (pour info, la tour Adria a été acheté neuve) pour un coût de 17,95 euros. Nous déduisons une marge de sécurité de 20 % sur cette valeur et l’ajoutons à la VANN. Nous obtenons donc une VANE de 19,19 euros, ce qui, au cours de 10,51 euros procure une marge de sécurité de 45 %.

 

IV. La valeur en cas de mise en liquidation volontaire (VMLV)

 

Passons d’abord en revue l’actif courant et son poste principal : les créances. En ce qui concerne les créances clients et du fait de la qualité de l’unique bailleur (Technip, noté BBB+ par Standard & Poor’s avec 2,7 Md euros de fonds propres, soit plus de 30% des actifs et une trésorerie nette de 1,5 Md euros au 30.06.2010), nous les reprenons telles quelles. Soit 0,31 euros par action.

Tesfran étant une filiale de Testa, elle-même filiale de Sacyr, la société prête 156,2 M euros à Testa. Cette créance d’exploitation représente 4,68 euros par action. Nous avons donc fouillé les comptes du mastodonte Sacyr pour en estimer sa qualité d’emprunteur. Sacyr est un conglomérat à l’origine actif dans le BTP et qui a développé des activités de concessions, de services et d’immobilier. Au 30.06.2010, sa dette financière nette est de 11,6 Md euros et ses capitaux propres sont de 3,3 Md euros. Deux points essentiels nous ont convaincu de la solvabilité de Sacyr. Tout d’abord, son carnet de commandes de concessionnaire lui assure une visibilité et une récurrence de cash flow sur le long terme. Deuxièmement, l’entreprise espagnole a lourdement investi dans une autre compagnie espagnole : le géant pétrolier Respol. Elle en est même le premier actionnaire avec plus de 20% du capital. Les titres Repsol et des filiales de concessions représentent 8,0 Md euros. Nous considérons que ce sont non seulement des actifs de qualité et qui peuvent être facilement cédés (soit sur le marché, soit à un autre investisseur). Néanmoins, par conservatisme et au vu du montant nominal élevé de la dette et afin d’envisager le pire des cas, nous retenons donc ce prêt à la maison mère pour 0%. Nous vous rappelons tout de même qu’en tant que société cotée, Sacyr peut faire appel au marché soit par augmentation de capital, soit par augmentation de capital soit par émission d’obligations si elles devaient faire face à des difficultés financières. Nous prenons donc là une belle marge de sécurité.

A noter que cette avance de trésorerie, selon la convention de trésorerie signée par les deux parties, est rémunérée à hauteur de 1,5%.

Enfin, les disponibilités qui représentent 0,04 euros par action sont prises en intégralité.

Dans l’actif immobilisé, nous trouvons uniquement l’immeuble de la Défense. Par prudence, nous prenons les éléments du bilan, à savoir l’immeuble au coût d’acquisition avec prises en compte d’amortissement, soit 14,85 euros par action. Cet élément étant clairement le plus sensible, nous allons reprendre sur ce montant une nouvelle marge de 20%, ce qui nous donne donc une estimation de 11,88 euros par action.

Une fois tous ces éléments considéré, nous obtenons une VLMV de 12,23 euros bien en deçà de la VANE car nous avons pris énormément de sécurité sur la valeur de la tour Adria ainsi que sur la créance sur la maison mère. Nous obtenons ainsi une marge de sécurité de 14% sur la VMLV à un cours de 10,51 euros.

 

V. La valeur de la capacité bénéficiaire (VCB)

 

Du fait de sa composition, la société Tesfran peut être analysée comme une obligation. Considérons tout d’abord les éléments connus :

  1. Technip a signé un bail jusqu’en 2021 avec des loyers de 26 M euros, 28 M euros et 29 M euros pour 2010, 2011 et 2012
  2. Au-delà de 2012, le loyer sera indexé selon un indice lors du 2ème trimestre 2011. Nous allons poser l’hypothèse conservatrice d’une croissance des loyers de seulement 1% par an
  3. Nous faisons l’hypothèse que les refacturations de charges de 2 M euros par an suivront la même croissance
  4. D’un point de vue cash, nous ne considérons pas les amortissements, ni les produits financiers, ni d’éléments exceptionnels
  5. Les dépenses retenues sont uniquement les charges et taxes diverses pour 2,6 M euros par an et elles croissent à un taux de 1% par an.
  6. Nous prenons encore une fois une hypothèse conservatrice en prenant en compte le fait que la foncière n’obtiendra pas le statut de SIIC (nous reviendrons sur cet élément plus tard) et la société sera imposée à 33 ,33%.
  7. Nous actualiserons ces flux à un unique taux de 5% reflétant le rendement moyen des foncières cotées. Nous ne revaloriserons pas l’immeuble ni le terrain en considérant qu’aucun frais d’entretien et d’amélioration / maintenance n’a été pris en compte.

 

A échéance 2021 (fin du bail de Technip), nous estimons donc que Tesfran aura généré 200,5 M euros de cash, soit 6,01 euros par action. Une nouvelle fois, la prudence est de mise puisque nous considérons que la société, au-delà de 2021 ne générera plus de cash flow. A ce montant, nous ajoutons le montant actuel de l’immeuble amorti dans les comptes au 30.06.2010 (nous ne prenons en compte ni revalorisation de l’immobilier, ni dégradation), soit 14,85 euros. Enfin, nous ajoutons le montant de la VANN, soit 4,83 euros. Encore une fois, par prudence, nous ne prenons pas en compte les intérêts payés pendant 15 ans concernant le prêt octroyé à la maison mère.

La VCB de Tesfran ressort donc à 25,69 euros par action, soit une marge de sécurité de 59% selon les hypothèses que nous avons retenues.

 

VI. Conclusions

 

Par rapport au cours actuel de 10,51 euros, il est donc possible d’acheter Tesfran avec une marge de sécurité de :

45 % sur la VANE

14 % sur la VMLV

59% sur la VCB

Comme vous avez pu le lire le long de cette analyse, Tesfran a selon nous deux aspects spéculatifs. C’est-à-dire deux belles cerises sur le gâteau.

Tout d’abord, le flottant est extrêmement faible, et il apparaît vraisemblable que la maison mère de Tesfran retire les titres minoritaires du marché avec une éventuelle prime. Le coût d’un tel retrait serait peu significatif car le flottant représente moins de 1%.

Enfin, le régime favorable fiscalement de SIIC n’est plus attribuable à la société lequel prévoit notamment l’exonération d’impôts sur les sociétés au titre des revenus résultant de la location d’immeubles ou droits réels assimilés et plus‐values résultant de la cession d’immeubles, ou de certains droits réels ou titres. En effet, la participation directe ou indirecte d’un actionnaire majoritaire ou d’un groupe d’actionnaire agissant de concert doit être inférieure à 60% du capital social et des droits de vote de la société.

Ainsi, le taux de droit commun s’applique désormais, soit 33,33%. Dans cette perspective, il paraît peu avantageux pour Sacyr de détenir majoritairement Tesfran. De deux choses l’une, ou bien Sacyr vend des parts à d’autres investisseurs ou bien Sacyr vend Tesfran à une foncière qui bénéficie elle du régime de SIIC.

Dans les deux cas, il est envisageable de penser qu’une prime intéressante sur le cours actuel soit octroyée aux minoritaires.

Nous ne détenons pas le titre dans le portefeuille Daubasses, mais certains d’entre nous en ont dans leur portefeuille personnel.

Bas les masques – Cottin Frères

Ce n’est pas exactement un « bas les masques » que nous vous proposons aujourd’hui puisque la société en question n’a pas été acquise pour le portefeuille du club.

Cependant, le 11 novembre dernier, nous avions mis à la disposition de nos abonnés l’analyse que nous vous proposons ci-dessous.  De plus,  la société a été présente pendant plusieurs semaine sur notre watch list « pea ».

Depuis ce fameux 11 novembre, le cours de Cottin Frères (puisque c’est d’elle qu’il s’agit) a gagné 68 %. La raison en est, une fois de plus, assez simple : des actifs, sous évalués dans les comptes ont pu faire apparaître leur « vraie valeur ». Dans le cas de Cottin, il s’agit d’un vignoble, cédé pour un prix supérieur au prix auquel on pouvait acquérir l’ensemble de la société pendant des mois.  Suite à cette opération, un dividende exceptionnel sera attribué aux actionnaires.

Comme vous pourrez le constatez à la lecture de l’analyse de l’époque, nous avions, de manière conservatrice, établi la valeur de tout l’immobilier de Cottin à 4,06 euros par action.  Or, la vigne a été cédée pour 5,3 euros. Ne connaissant pas la part de cette vigne dans l’ensemble de l’immobilier, il nous semble difficile de déterminer avec précision la nouvelle valeur de  Cottin. Il nous faudra attendre les comptes 2010 pour l’établir avec précision. Néanmoins, pour nos propres portefeuilles, nous ne comptons pas céder nos actions en dessous de 9,50 euros qui constitue notre « juste valeur approximative ».

Cette opération tend, en tout cas, à nous conforter dans notre objectif de traquer les « actifs cachés ». Nous pensons aussi que notre approche VANE est, d’une manière générale, relativement prudente quant aux valorisations qu’elle nous propose.

Voici donc pour vous, cher lecteur, l’analyse que nous avions mis à disposition de nos abonnés et qui, par la force des choses, ne tient pas compte des évènements récents.

I. Introduction

Le groupe français Cottin Frères est spécialisé dans la production, la mise en bouteille et la commercialisation principalement de grands vins de Bourgogne (Chablis 1er cru, Mersault 1er cru, Pommard 1er cru, Gevrey-Chambertin, Nuits-Saint-Georges, Mercurey…). Les produits sont essentiellement vendus sous les marques Labouré-Roi et Nicolas Potel par le biais de grands magasins spécialisés et de compagnies aériennes (Air France, Lufthansa, Emirates Airlines, British Airways, Royal Jordanian…). 75% des ventes sont réalisées à l’international.

Laboué-Roi est la marque phare du groupe. Cette maison a été fondée en 1832. Les vins Labouré-Roi reçoivent couramment des récompenses internationales.

La société est cotée en bourse depuis le 21 janvier 1999.

Concernant la géographie du capital, Cottin Frères est détenu à 50% par la famille Cottin. A noter que le management est également familial car  Louis et Armand Cottin sont respectivement PDG et le DG délégué.

II. La valeur d’actif net net (VANN)

Sur base des comptes semestriels consolidés arrêtés au 30.03.2010, nous avons un actif courant de 9,47 euros par action, duquel nous avons déduit 5,88 euros de dettes. La Valeur d’Actif Net Net s’établit donc à 3,59 euros. Nous n’avons donc aucune marge de sécurité par rapport au cours actuel de 4,31 euros.

III. La valeur d’actif net estate (VANE)

Dans le cadre de ses activités viticoles, l’entreprise possède en propre des terrains et bâtiments ainsi que des vignobles. Nous reprenons les terrains et immeubles à leurs coûts d’acquisitions auxquels nous retranchons une marge de sécurité de 20% et les terres à vignes à leurs juste valeur à laquelle nous retranchons également par prudence une marge de sécurité de 20%. Ce qui correspond à une valeur de 4,06 euros par action. Ainsi, en ajoutant ce montant à la VANN, nous obtenons une Valeur d’Actif Net Estate de 7,65 euros par action. Au cours actuel, la marge de sécurité est de 44% sur la VANE.

IV. La valeur en cas de mise en liquidation volontaire (VMLV)

Nous allons passer au crible, un à un, les éléments de l’actif courant. Le poste le plus important est composé des stocks pour 5,88 euros par action. Le montant des stocks et la spécificité de l’activité appellent une analyse particulière. Tout d’abord, il est important de prendre en compte le « nettoyage » des stocks effectué en 2009. Lors de l’exercice clos au 30.09.2009, la société a acté par prudence à une dépréciation des stocks de 2,9 M EUR concernant les millésimes 2007 et 2008. Enfin, les grands crus produits par Cottin Frères sont des vins de gardes et nous permettent de croire que la direction a une attitude conservatrice. Ainsi, nous n’appliquons qu’une décote de 10% la valeur des stocks tels que publiés dans les comptes. Nous les valorisons ainsi à 5,30 euros par action.

Le second poste le plus important est composé des créances. Elles ont été payées à 70 jours en 2009 contre une moyenne de 76 jours pour les trois derniers exercices. Nous avons donc une légère amélioration des délais de recouvrements. Elles représentent 3,26 euros par action. Par prudence sur ce calcul de valeur à la casse, nous appliquons sur ces créances, une marge de sécurité de 20%, pour nous couvrir de clients défaillant potentiels. Nous retenons ainsi une valeur de 2,60 euros par action.

Pour le dernier poste de l’actif courant : la trésorerie, nous reprenons le montant inscrit au bilan, soit 0,33 euros par action.

Dans l’actif immobilisé, nous retrouvons les terrains, immeubles et terres à vignes. Nous gardons notre approche conservatrice utilisée lors du calcul de la VANE pour 4,06 euros par action.

Les autres actifs immobilisés sont essentiellement des installations techniques et des actifs biologiques acquis initialement pour 14,9 M euros amortis à la fin du premier semestre 2010 pour 10,7 M euros, soit une valeur nette de 4,2 M euros. Par le passé, la société a généré des bénéfices, nous estimons donc que ces actifs ont une valeur. Néanmoins, dans notre position, il est difficile d’évaluer leur valeur marchande et s’il serait possible d’en tirer quelque chose s’ils étaient vendus en cas de liquidation. C’est pourquoi nous allons reprendre la valeur nette de ces actifs avec une marge de 70%, soit 1,19 euros par action.

Enfin, Cottin Frères a une participation dans une société de distribution américaine. Elle a également accordé un prêt à un tiers. Ces deux actifs sont comptabilisés pour 0,11 euros par action. Nous prenons une marge de sécurité de 40% sur ces montants car nous n’avons pas plus de détails de la qualité financière de la participation et du débiteur. Ainsi, nous ajouterons à la VLMV 0,07 euros.

Nous n’avons rien trouvé hors bilan ni de risque de dilution.

En additionnant tous ces montants, nous obtenons des actifs pour 13,55 euros par action auquel nous retranchons tout le passif du montant obtenu, soit -5,88 euros par action.

Compte tenu de ces éléments, nous estimons la valeur de Cottin Frères en cas de Mise En Liquidation Volontaire à 7,67 euros. La marge de sécurité par rapport à notre prix de revient est donc de 44 %.

V. La valeur de la capacité bénéficiaire (VCB)

Malgré une série d’exercices rentables avant 2008, nous ne sommes pas en mesures de calculer une VCB pour Cottin Frères du fait d’un exercice 2009 très lourdement déficitaire.

VI. Conclusions

Au cours actuel de 4,31 euros, nous avons des marges de sécurité de :

44 % sur la VANE

44% sur la VLMV

Même si nous n’avons pu calculer de VCB pour l’entreprise vinicole, nous voulons mettre l’accent sur la spécificité de l’exercice clos au 30.09.2009 : nous avons l’impression que la direction a « profité » de la médiocrité de l’exercice 2009 pour faire un véritable nettoyage de bilan. En effet, sur une perte courante avant impôt de -7,1 M euros, nous observons les événements suivants :

–         Une dépréciation des écarts d’acquisition (goodwill) pour -1,4 M euros ;

–         Une dépréciation des stocks pour -2,9 M euros ;

–         Des frais de restructuration pour -0,3 M euros ;

–         Une diminution de la valeur des terres à vignes pour -1,0 M euros.

Ce sont ainsi des coûts non récurrents d’un montant total de 5,6 M euros qui ont été actés sur le précédent exercice. Nous pensons que les valeurs comptables inscrites au bilan ont été taillées « à la serpe » et doivent désormais avoir une valeur marchande proche.

Enfin, sur le premier semestre 2010 clos à fin mars, la rentabilité est au rendez-vous et la direction est confiante pour sortir un exercice rentable sur l’ensemble de l’exercice.

Les mauvaises surprises, sauf événements extraordinaires, ont été au maximum anticipées. L’entreprise est maintenant prête à un redémarrage de son activité avec retour à la rentabilité.

Nous ne détenons pas le titre dans le portefeuille Daubasses, mais certains d’entre nous en ont dans leur portefeuille personnel..