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Quelques analyses dévoilées

Bas les masques : Cofigeo

Une de nos daubasses « mystère », la société n°6 de la dernière situation hebdomadaire, a connu depuis son achat en décembre 2009, une hausse de son cours de près de 65 %.  Voici donc le moment venu de dévoiler, pour vous, cher lecteur, le nom de cette société.

Il s’agit de la société Cofigéo dont nous avions acheté des titres en décembre 2009 au cours de 179 euros.  Evidemment, comme d’habitude, nos abonnés ont été tenus au courant, en temps réel, des détails de cette opération et des raisons qui nous ont poussés à acheter.

Cofigéo est une société agro alimentaire spécialisée dans les plats préparés et les sauces appertisées dont les marques-phares sont Roquelaure et Zapetti.  Il s’agit d’une société française et, par conséquent, éligible au PEA (ben oui, on trouve aussi des perles délaissées en Europe).

Lors de notre achat, nous avions payé bien plus cher que la VANN de la société (1,4 fois la VANN pour être précis) mais le patrimoine immobilier de la société avait attiré notre attention.  En effet, en valeur d’acquisition, l’immobilier d’exploitation représentait 321 euros par action, soit deux fois notre cours d’achat !

En prenant une marge de sécurité de 20 % sur cette valeur d’acquisition, en incluant les immeubles mis en location qui représentent  21 euros par action ainsi que la VANN de la société, nous obtenions une valeur patrimoniale tangible de 403 euros par action en ne payant que 179 euros … et en sus tout le portefeuille de marques et les outils de production  gratuitement !

Depuis, la société a connu le retour aux bénéfices et le cours s’est apprécié.  Mais il y a mieux : Monsieur Bindschelder, membre du directoire et patron d’une société d’emballage, achète régulièrement des actions de Cofigeo.  Peut-être une manière « larvée » d’en prendre le contrôle total et de créer ainsi une jolie structure à intégration verticale.

Au cours actuel de 300 euros, nous conservons plus que jamais l’action car le chemin jusqu’à la Valeur d’Actif Net Tangible qui constitue notre juste prix est encore long : elle s’établit en effet à 553 euros.

Bas les masques : Blonder Tongue Laboratories

Après qu’elle ait plus que doublé son coût d’achat, nous vous proposons, cher lecteur, de dévoiler la société masquée n°4 : il s’agit de Blonder Tongue Laboratories. 

Cette société a été acquise en novembre 2009 et nous mettons à votre disposition ci-dessous, l’analyse que nous avions rédigé à l’époque pour nos abonnés.  Attention, celle-ci n’a pas été mise à jour même si, dans les grandes lignes, elle nous semble toujours d’actualité.

 

La société a été fondée en 1950 par Ben Tongue et Isaac Blonder. 

Blonder Tongue Laboratories assure aujourd’hui le développement et la fabrication de produits numériques et de solution à large bande sur le marché du cable pour le marché du logement, de l’hôtellerie et des institutionnels comme les hôpitaux et les prisons.

Les produits à haute intensité de main d’œuvre sont fabriqués en Chine. 

Les 17 et 18 novembre 2009, nous avons acheté des actions de la société au prix de revient de 1,003 usd, frais de courtage inclus.

I.                  La valeur d’actif net net (VANN)

Au 30 septembre, nous avons un actif courant de 2,328 usd par action.  Il est composé de stocks pour 1,557 usd et de créances pour 0,473 usd.  Nous avons déduis des dettes pour 0,946 usd par action.  Nous avons également réduit la valorisation que nous donnons aux stocks en raison d’un ralentissement de leur rotation de 0,079 usd.

Nous avons donc acquis un actif courant net de 1,303 usd au prix de 1,003 usd, soit une marge de sécurité de 23 %.

II.               La valeur d’actif net estate (VANE)

La société possède des terrains et constructions pour une valeur d’acquisition de 0,70 usd.  Nous appliquons notre traditionnelle marge de sécurité de 20 % sur cette valeur et reprenons ces immeubles pour 0,563 usd. 

 Ajouté à la VANN, cet actif immobilier nous permet d’obtenir une VANE de 1,866 usd, soit une marge de sécurité de 46 % par rapport à notre coût d’achat.

III.           La valeur en cas de mise en liquidation volontaire (VMLV)

Revenons d’abord sur les actifs courants.

Le principal poste est représenté par  les stocks qui représentent 67 % de l’actif courant.  Nous constatons tout d’abord que les articles en stocks y séjournent en moyenne 198 jours, ce qui nous semble énorme pour des produits high tech.  Et ce, d’autant plus qu’il y a aussi des stocks dans l’actif non courant : la direction y impute les articles qu’elle estime qu’elle ne vendra pas dans les 12 mois qui viennent.  En cumulant les deux postes, nous obtenons un « délai de séjour moyen » en stock de 293 jours.

 Nous reviendrons sur les stocks non courants plus loin mais nous pensons que sur la partie « stocks courants », il est nécessaire de prendre ses précautions d’autant que la direction n’a acté aucune réduction de valeur sur ce poste.  Nous prenons donc une marge de sécurité  de 40 % de la valeur reprise aux comptes (en plus de la réduction automatique de 5 % calculée ci-dessus)  et réduisons donc la VANN de 0,623 usd.

 La direction a acté 6 % de provision pour créances douteuses sur les en cours des clients.  Nous constatons également un délai moyen de paiement très raisonnable de 36 jours.  Pour ces deux raisons, nous ne rabattons ce poste que de 10 % soit 0,047 usd par action.

 Nous reprenons également les impôts différés pour 0 dans l’optique d’une mise en liquidation et déduisons de la VANN 0,07 usd supplémentaires.

 Les actifs non courants sont composés :

 –         des stocks non courants : nous avons vu plus haut ce qu’il en était.  Bien que la direction ait acté des réductions de valeur équivalentes à 38 % de leur valeur brute, nous pensons que c’est encore trop optimiste et déduisons 50 % supplémentaires sur cette valeur.  Nous reprenons donc les stocks non courants pour  0,373 usd.

–         des immeubles que nous reprenons comme signalés ci-dessus pour 0,563 usd

–         des installations, machines et équipement de bureau pour une valeur d’acquisition de 1,625 usd. Nous les reprenons symboliquement pour 5 % de cette valeur soit 0,081 usd

–         des intangibles dont, fidèles à nos principes, nous ne tenons pas compte.

Hors bilan

 Nous trouvons des leasings opérationnels pour payables jusqu’en 2013 pour un montant de 0,062 usd par action.

 Nous établissons donc la VMLV de la société à :

 VANN : 1,303

Marge de sécurité sur stock : -0,623 usd

Marge de sécurité sur créances commerciales : – 0,047 usd

Stocks non courants : 0 ,373 usd

Immeuble : 0,563 usd

Installations, machines, équipement de bureau : 0,081 usd

Hors bilan : – 0,062 usd

 Soit une valeur de mise en liquidation volontaire de 1,588 usd, ce qui nous procure par rapport à notre coût d’achat une marge de sécurité de 37 %.

IV.            La valeur de capacité bénéficiaire (VCB)

La société génère bien des bénéfices d’exploitation mais ceux-ci sont trop faibles par rapport aux dettes financières pour justifier d’une valeur de capacité bénéficiaire.  L’Ebitda de l’entreprise lui permet cependant, sur le long terme, de faire face, sans problème aux échéances de remboursement (l’endettement à long terme est inférieur à 3 X l’Ebtida moyen des 5 dernières années).

En conclusion

A notre prix d’achat de 1,01 usd, nous avons obtenu une marge de sécurité de :

–         23 % sur la VANN

–         48 % sur la VANE

–         37 % sur la VMLV

Nous pensons aussi que la société présente, grâce à son know how, de gros actifs intangibles, difficiles à valoriser pour nous.  Mais le fait qu’ils permettent de générer des résultats d’exploitation positifs et le montant des frais de R&D conséquents (1,37 usd par action pour les 5 dernières années) nous permettent de penser que ce know how est bien présent et que, tôt ou tard, il sera valorisé que ce soit par une direction plus dynamique ou un concurrent attiré par ces technologie.  Reste à déterminer la date de cette revalorisation … Et ça, c’est une autre histoire.

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Forbes Medi Tech : une liquidation qui « ne tourne pas » à l’avantage des actionnaires …

 

Comme vous le savez, cher lecteur, la valeur de mise en liquidation volontaire constitue, pour nous, la valeur que, dans notre esprit, nous sommes certains d’encaisser lorsque nous achetons une action.

A tel point qu’il nous arrive de souhaiter que la direction mette en liquidation  certaines des sociétés que nous détenons.

C’est d’ailleurs dans cet optique que nous avions acheté, le 17 novembre 2009, Forbes Medi Tech (daubasse masquée n° 4 dans la situation du portefeuille du 16 juillet)   au prix de revient, frais de courtage inclus, de 0,386 usd.

Il s’agit d’une société canadienne, créée en 1985.   A l’origine une compagnie de prospection minière, elle a changé d’orientation en 1992 et s’est lancée dans la recherche pharmaceutique.  En 2008, la société a décidé d’arrêter de développer ses propres médicaments et de se concentrer sur la nutraceutique.

Son produit-phare, le Reducol, qui permet de réduire le cholestérol de façon naturelle.  Il peut servir d’ingrédient dans divers produits alimentaires comme les yaourts, les fromages, le lait ou la margarine.

Forbes Medi Tech est un « gouffre à fric » : elle n’a jamais fait que générer des pertes, en tout cas au cours de ces 10 dernières années et rien n’indique qu’elle parviendra à générer des profits un jour.

Pourquoi avions-nous donc effectué cet investissement ?  Et bien justement parce que nous espérions sa mise en liquidation.  En effet,  dans les rapports financiers de la société, nous apprenions que la direction envisageait, ni plus ni moins que la mise en liquidation de la société si elle ne parvenait pas à nouer un partenariat stratégique. 

A l’époque, sur base du rapport trimestriel arrêté au 30/09, nous avions calculé la Valeur de Mise en Liquidation Volontaire à 0,52 usd.  Cependant, nous avions aussi relevé deux points, selon nous, essentiels :

–          parmi les clients de Forbes, on trouve Albert Heijne, Auchan, Tesco ou le principal producteur laitier d’Uruguay

–          au cours des 5 derniers exercices, la société a dépensé pour 4,3 usd par action en frais de recherche et développement

Nous n’avions évidement aucune certitude mais nous pensions tout de même que ces actifs intangibles, c’est-à-dire le réseau de clients et le savoir faire induit par ces frais de R&D ”valaient quelque chose”.

Lors des comptes arrêtés au 31/03/2010, les pertes de la société ont entraîné une fonte de la VMLV à un montant de 0,15 usd … et nous avons pourtant décidé de conserver l’action parce que nous avions toujours une conviction raisonnable que les « intangibles » de la société avaient une « valeur ».

Hélas, inconscients et vaniteux que nous avons été sur ce coup-là.

Le 13 juillet, nous apprenions que la direction mettait la société en liquidation. YOUPIE ! … mais que le produit de cette liquidation tournerait entre 0,08 et 0,13 cad 🙁

A cette annonce, le cours de l’action, qui avait logiquement connu une lente érosion depuis notre achat, s’est effondré à 0,08 usd.  Ce cours se situant dans le bas de la fourchette annoncée par la direction, nous avons décidé de « laisser traîner » un ordre de vente à 0,10 usd.

Le 20 juillet, le cours de l’action atteignait miraculeusement ces 0,10 usd et notre vente était exécutée … à contre temps ici aussi car le lendemain, nous apprenions que « les loups sortaient du bois » et qu’un concurrent se montrait intéressé par cette foutue daubasse et qu’il était susceptible de payer sensiblement plus que le prix annoncé par la direction.

Enfin, ce 29 juillet, la direction annonce que la société Pharmachem est intéressée par les actifs de Forbes et que suite à cela, il devrait revenir aux actionnaires entre 0,14 et 0,19 cad par action, soit aux alentours de notre dernière VLMV !

Sur cette opération, nous avons perdu plus de 70 % de notre investissement initial … mais nous nous sentons malgré tout plus riches en expérience.  Ce que nous en retenons :

1. Il faut se méfier des sociétés qui n’ont jamais été capables, sur les 10 années, de présenter ne fut-ce qu’une seule année bénéficiaire.  Parce que, dans ce cas, des actifs n’ayant jamais été rentables … ont peu de chance d’intéresser réellement un repreneur.  Notons cependant que certains de nos multiples baggers ne présentaient pas nécessairement beaucoup de profits même sur une longue période écoulée.  Nous pensons donc qu’il faut se méfier, prendre des marges de sécurité supérieures mais pas nécessairement écarter ce genre de sociétés de manière systématique.

2. L’investisseur « deep value » doit toujours disposer d’un collatéral tangible en garantie de son investissement.  Nous avons fait une entorse à cette règle en imaginant des « intangibles » conséquents.  Pourtant, si nous l’avions appliquée, nous aurions vendu plus tôt et réduit nos pertes.  Peut-être avons-nous commis là un petit péché de vanité … ou, à tout le moins, nous sommes-nous égarés dans le monde merveilleux des rêves au lieu de rester dans le monde réel comme nous le préconisons pourtant à longueur de blog.

3. L’investisseur « deep value » ne vend pas si le collatéral tangible est significativement plus élevé que le cours de bourse : nous avions évalué, assez justement, la VMLV après le 1er trimestre 2010 à 0,15 usd … et nous vendons 30 % plus bas à 0,10 usd.  A noter que l’offre de Pharmachem se situe justement aux alentours de cette valeur à casser ainsi d’ailleurs que le cours actuel.

En résumé, si nous pensons que notre achat dans cette société se justifiait bien, nous ne pouvons que constater que, par la suite, nous n’avons pas appliqué strictement nos propres principes : nous avons conservé l’action au dessus de la valeur de ses actifs tangibles et ensuite, l’avons vendue sous cette valeur.  Une magnifique double entorse à nos principes !

Nous avons malgré tout également  une confirmation : la diversification reste une vertu mais nous reviendrons sur ce point dans un prochain article.

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Bas les masques – Gévelot

Voici venu le moment, cher lecteur, de vous dévoiler le nom de la société masquée n°8 de notre portefeuille. Certains parmi vous l’avaient deviné : il s’agit de Gévelot. Nous vous proposons ci-dessous l’analyse que nous avions mis à disposition de nos abonnés au moment de notre achat.

Attention, elle date du mois de novembre [2009] et doit donc être adaptée en fonction des évènements survenu depuis lors et notamment un deuxième semestre qui a surpris agréablement.

Bonne lecture !

Gevelot a été fondée en 1820. A l’origine, l’entreprise produisait des amorces, des cartouches de chasse et des munitions de guerre. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, cette activité a laissé place à une diversification dans le domaine de la mécanique de précision.

Aujourd’hui, le Groupe Gevelot compte environ 1600 personnes et 8 sites de production au service de trois secteurs d’activité :

–         extrusion à froid et usinage

–         pompes et technologie des fluides

–         mécaniquement et équipement des moteurs

La société est extrêmement cyclique notamment en raison du fait qu’une bonne part de son chiffre d’affaires est liée au marché automobile.

Nous avons acheté des actions de Gevelot le 9 décembre 2009, profitant d’un important ordre de vente « ATP » à un cours, frais de courtage inclus, de 19,25 euros.

I.                  La valeur d’actif net net (VANN)

Au 30 juin, la société possédait un actif courant de 93,13 euros par action. Nous avons déduit les dettes de 85,15 euros ainsi que les intérêts des minoritaires (0,03 euros) et établi la VANN de Gevelot à 7,94 euros par action. A notre coût d’achat de 19,25 euros, nous n’avons donc aucune marge de sécurité sur cette valeur.

II.               La valeur d’actif net estate (VANE)

 Nous remarquons que la société détient un important parc immobilier, acquis pour une somme globale de 41,51 euros par action. Nous amputons ce montant de notre traditionnelle marge de sécurité de 20 %, l’ajoutons à la VANN et obtenons une « valeur d’actif net estate » de 41,15 euros par action. A notre coût d’achat de 19,25 euros, nous avons donc obtenu une marge de sécurité de 53,2 % sur cette valeur.

III.           La valeur en cas de mise en liquidation volontaire (VMLV)

Nous allons tout d’abord revenir sur les actifs courants.

Le poste plus important est celui des stocks.  Ils représentent 35,87 euros par action.  Au 30/06, ils représentent 79 jours d’activité, ce qui nous semblent cohérent avec des activités nécessitant un long cycle de production. Nous constatons aussi que la vitesse de rotation du stock n’est guère affectée par la crise : 79 jours d’activités couvertes au 30/06 contre 73 en moyenne en 2007. Malheureusement, nous ne trouvons pas dans ces comptes semestriels, la répartition des stocks en fonction de l’avancement des provisions ni la part des réductions de valeur qui ont été opérés par la direction.

Pour ce faire, nous devons nous référer au rapport de gestion du 31/12/08. Nous pouvons y lire que les matières premières représentent 39,2 % du total des stocks, les en cours de production 19,5 % et les produits finis 41,3 %. Nous apprenons également que la direction avait acté des réductions de valeur pour 7,1 %.

Nous allons supposer que cette répartition est restée identique au 30/06 et décidons de reprendre les matières premières pour 90 % de leur valeur brutes, les en-cours pour 50 % et les produits finis pour 75 % de leur valeur. Nous allons donc appliquer une marge de sécurité sur les stocks de 8,61 euros par action.

Les créances commerciales représentent 35,11 euros par action. Le délai moyen de paiement des clients est de l’ordre de 80 jours (dans les habitudes du secteur) et nous ne constatons pas, ici non plus, de dégradation significative : fin 2007, le délai moyen était de 79 jours.  Malheureusement, le rapport semestriel ne nous donne pas plus que pour les stocks beaucoup d’information sur ce poste qui constitue pourtant une part importante de la valeur patrimoniale de la société. Tout ce que nous pouvons constater, c’est que fin 2008, la direction avait procédé à des provisions pour créances douteuses pour 3,9 % du total des créances et que durant cet exercice, la société avait encouru des pertes réelles d’une valeur de 0,04 % de l’encours au 31/12. Nous avons donc l’impression que ce poste est bien suivi et géré et décidons donc de n’appliquer que 15 % de marge de sécurité sur ce poste. Nous déduisons donc 5,27 euros à la VANE.

Un poste « autres débiteurs » est essentiellement composé de créances sur l’état ou des collectivités. Nous pensons qu’il n’appelle aucune correction pas plus d’ailleurs que les autres postes de l’actif courant composé essentiellement de trésorerie et de placements de trésorerie.

Nous passons à présent aux différentes rubriques de l’actif immobilisé.

Nous allons d’abord revenir sur les immeubles que nous avions abordés dans la VANE.  L’intérêt du rapport de gestion de Gevelot, c’est qu’il nous permet de distinguer les immeubles de bureau des immeubles industriels. Nous pensons qu’il s’agit là d’un intérêt indéniable dans l’établissement de la « juste valeur ». Nous allons donc « ventiler » la marge de sécurité en fonction de ces deux critères : nous appliquerons une marge de sécurité de 10 % sur les immeubles de bureau et de 30 % sur les immeubles industriels.  De cette manière, ce que nous estimons être la « juste valeur » de l’immobilier de Gevelot s’établit à 31,04 euros alors que la marge de sécurité « générale » de 20 % sur l’ensemble de l’immobilier nous donnait une valeur de 33,21 euros. Nous déduisons donc la somme de 2,17 euros à la VANE.

La société détient aussi d’autres importants actifs tangibles, essentiellement des installations et des machines. Ces installations ont été acquises pour la somme de 199,25 euros et sont amorties pour 69 % de ce coût d’achat. Comme souvent, nous sommes très prudents avec ce genre de poste et le reprenons pour 20 % de sa valeur APRES amortissements soit 12,19 euros.

Gevelot détient également des participations non consolidées dans des sociétés associées (en réalité, une canadienne et une chinoise).  Nous reprenons ces participations pour la quote-part de Gevelot dans leur fonds propres diminuées d’une marge de sécurité de 30 %.  Nous les valorisons donc à 5,01 euros.

Comme vous en avez l’habitude à présent, nous signalons que nous considérons, dans une optique de mise en liquidation volontaire, que les goodwill et incorporelles valent 0.

Il n’y a aucune « stock option » en circulation ni d’autres risques de dilution.

Nous n’avons trouver aucune trace de risque hors bilan ou de litiges non provisionnés si ce n’est un « aval, caution et garantie » pour un somme de pour une somme de 0,96.

Nous pouvons donc établir la valeur de Gevelot en cas de mise en liquidation volontaire à :

VANE : 41,15

Marge de sécurité sur stocks : – 8,61

Marge de sécurité sur créances : -5,27

Marge de sécurité supplémentaire sur immobilier : -2,17

Installations, machines et outillages : 12,19

Participations non consolidées : 5,01

Hors bilan : -0,96

Soit une VMLV de 41,34 euros sur laquelle nous avons, en fonction de notre prix d’achat, une marge de sécurité de 53,4 %.

IV.            La valeur de la capacité bénéficiaire (VCB)

L’étude des comptes de Gevelot nous a tout d’abord donné l’impression qu’il s’agissait d’une entreprise « bien gérée », génératrice de gros cashflow qui, même au cours de ce très mauvais premier semestre, a pu maintenir son Ebitda à l’équilibre.

Nous avons une conviction raisonnable, qu’en cas de reprise économique, la direction sera à nouveau capable de générer les profits d’antan. Nous allons poser les hypothèses suivantes pour calculer la VCB de Gevelot :

–         Résultat net moyen des prochaines années égale au résultat net des années 2005-2006-2007-2008 et 2009 amputé d’une marge de sécurité de 30 %

–         Résultat 2009 déficitaire pour 9,60 euros

–         Taux d’actualisation de 9,5 % (taux sans risque de 4 % augmenté de 2,5 % pour le risque de hausse de taux, de 1 % pour le risque « corporate », de 1 %  pour la cyclicité de l’entreprise, de 1 % pour l’absence de franchise évidente)

Sur base de ces hypothèses, nous établissons la VCB de Gevelot à 21,07 euros.

V.               Conclusions

A notre coût d’achat, nous avons obtenu une marge de sécurité de :

53,2 % sur la VANE

53,4 % sur la VMLV

8,6 % sur la VCB

Selon nous, nous avons, avec Gevelot, l’exemple même d’une crise de maniaco dépressivité de Mr Market : il suffit actuellement qu’une entreprise soit liée au secteur de l’automobile, même partiellement, pour que le troupeau des investisseurs se détourne de ses actions. Et pourtant, cette société semble être un des exemples les plus flagrants même de l’entreprise « hyper cyclique » qu’on peut cueillir en période de déprime profonde.