Quelle est la différence entre ces deux messages ? Il n’y en pas vraiment …

enigme financiereVoici le moment, ami(e) lecteur(trice), de vous dévoiler la réponse à la question que nous vous avions posée la semaine dernière.

Comme l’ont fait remarquer Flouch et Boss, il y a bien une différence de style entre les deux messages, le deuxième semblant plus argumenté que le premier.

Et pourtant, comme Stéphane,  nous ne voyons… aucune différence quant au fond.

Dans les deux messages, la thèse de son auteur est que Vet’Affaires est à éviter pour deux raisons essentielles : l’importance que constituent les stocks parmi l’actif et la faiblesse de ceux-ci en tant que collatéral et aussi la médiocrité supposée de la direction.

Disons-le d’emblée : nous sommes absolument d’accord avec ces deux points. Néanmoins, si nous voulions analyser de manière qualitative chacune de nos sociétés, nous trouverions sans doute des éléments aussi recevables pour la grosse majorité et donc… des bonnes raisons de ne pas investir.

« Mais alors, si ces deux messages sont les mêmes, pourquoi nous avoir demandé ce qui était différent ? Je sais que vous avez l’esprit tordu mais là, vous vous surpassez. J’en ai eu des insomnies moi, à tenter de résoudre votre énigme».

Rassurez-vous, ami(e) lecteur(trice), il y a bien une différence entre ces deux messages et cette différence, c’est le moment où ils nous sont été envoyés comme l’ont soupçonné zzyyxx et Boss.

Le premier message a été rédigé le 5 janvier 2009, peu après notre premier achat de Vet’Affaires et au tout début de l’aventure daubasses. Dans ce message, son auteur critique la politique commerciale de la direction, signale des conflits entre actionnaires et l’importance du stock.

Nous répondions ceci à notre correspondant :

« Tout d’abord nous tenons à vous remercier pour l’intérêt que vous portez à notre travail.

Au sujet de Vet’Affaires, vous avez entièrement raison : c’est une véritable « daubasse » mal gérée et dont l’avantage compétitif qui reposait sur une « entourloupe » juridique au sujet des statuts des gérants de magasins semble être remis en question. Nous avions également remarqué le fait que le stock de Vet’Affaires représente 370 jours de vente (au prix d’achat).

Bref pas brillant du tout … tout comme 80 % des sociétés que nous avons en portefeuille.

Mais ce n’est pas si grave à nos yeux car voyez-vous, notre club d’investissement n’achete pas des sociétés à proprement parlé (comme le ferait Buffett dont vous faites mention) mais essentiellement des actifs et ce, avec une marge de sécurité que nous estimons intéressantes.

Nous n’excluons d’ailleurs pas la disparition de l’une ou l’autre de nos sociétés en portefeuille. C’est d’ailleurs la raison de la grande diversification avec laquelle nous avons opéré.

Par contre, nous pensons que les sociétés qui survivront (et malgré tout, nous pensons que Vet’Affaires survivra) subiront trois destins :  

– soit elles retrouveront une rentabilité importante et nous connaîtront alors un retour de leur cours à des niveaux significativement plus élevés

– soit elles seront rachetées par des concurrents (nous penchons pour ce scénario avec Vet’Affaires) et dans ce cas la cession devrait se faire à des valeurs supérieure à la valeur du fond de roulement net

– soit elles « vivoteront », verront leur valeur d’actif péricliter voir perdre de sa valeur et dans ce cas, l’investissement réalisé ne sera pas vraiment excellent.

Bref vous aurez compris que l’approche que nous privilégions pour notre club de « daubasses » est assez originale. Elle tient lieu à la fois d’une conviction raisonnable qu’elle devrait nous permettre de générer un rendement intéressant à moyen terme mais également de centre « d’expérimentation » afin de vérifier le bien-fondé de nos élucubrations.

Nous vous souhaitons une excellente année 2009. »

Et un peu plus de deux ans plus tard, nous revendions nos actions avec une plus-value nette de frais et de taxe de 258,88 %

Le 16 juillet 2012, à la suite d’une nouvelle chute de cours, nous investissions à nouveau sur Vet’Affaires. Nous renforcions d’ailleurs pendant la chute de ce couteau le 7/09/2012 puis le 6/08/2014.

Et le 23/11/2014, nous recevions le 2e message de notre abonné.

Nous n’avons certes pas déroulé tout le raisonnement que nous avions tenu lors de son premier message mais nous aurions pu. Nous avons simplement répondu ceci :

« C’est une Daubasse. Nous ne connaissons pas l’avenir… Simplement, dans un portefeuille diversifié, cette position a du sens. 

On verra ce qu’il en est dans quelques mois / années»

L’avenir, on le connait à présent, Vet’Affaires a été mis en redressement judiciaire, nous avons vendu notre position le 6 août 2015 (soit exactement un an après le dernier message de notre abonné) en encaissant une perte de 75,06 %.

« Donc votre abonné avait raison sur ce coup-là ? »

Non seulement notre abonné avait raison sur ce coup-là mais sur le précédent également tout comme nous avions raison lors de nos deux achats.

En effet, si nous avions évité d’investir dans Vet’Affaires en prenant en compte les arguments, tout-à-fait recevables mais finalement identiques, portant sur la faiblesse de sa direction ou de la valeur du collatéral sous forme de stocks, nous évitions une perte de 75 % en août 2015 mais aussi une plus-value de 260 % en mars 2011.

Nous rejoignons donc William : on peut toujours trouver une bonne raison de ne pas investir sur une daubasse : parfois, cette « bonne raison » se justifiera et entrainera des pertes importantes. Mais si les éléments ayant conduit à sélectionner les actions pour son portefeuille sont rationnels et permettent de disposer d’un avantage statistique, nous considérerons alors les pertes occasionnelles subies sur l’une ou l’autre ligne comme un évènement normal dans la gestion de ses investissements.

Notre approche est fondée sur l’avantage statistique : nous achetons des sociétés qui, statistiquement, ont plus de chances de performer que la moyenne. Mais il arrive qu’il y ait un « bide » dans la sélection.

C’est l’intérêt de la diversification telle que nous la pratiquons. Certains investisseurs disent que plus on diversifie, plus on se rapproche de la moyenne. Ils ont raison. Mais si la diversification se fait exclusivement sur un segment qui, dans son ensemble, doit faire mieux que la moyenne, on se rapprochera de la moyenne… « du mieux que la moyenne » et on créera de la surperformance sur le long terme.

 

4 réflexions au sujet de « Quelle est la différence entre ces deux messages ? Il n’y en pas vraiment … »

  1. L’intérêt de votre diversification, c’est que vous en récolter tous les avantages, sans subir l’inconvénient majeur, se rapprocher de la moyenne. C’est très fort 🙂

    Excellent article au passage.

  2. Merci à l´équipe pour ce partage 🙂

    Pour continuer l’historique de la valeur, elle avait subit une grosse décote en fin juillet et début aout 2015 ( valeur cotée à 1€). Je l’avais identifiée comme valeur à suivre mais je ne me suis pas positionné à ce moment-là. Vet a eu un rebond quelques semaines plus tard pour coter à environ 2,5€.

    La conclusion de votre article rejoint mon expérience à savoir que que je trouvais toujours un argument pour ne pas me positionner dessus malgré le travail d’analyse fournit.

    Tout cela pour dire que l’aspect psychologique de l’investisseur est aussi important que l’application d’un process quelqu’il soit.

    Cet article et l’application de votre process mettent également en lumière un point très intéressant de mon point de vue: l’analyse des sociétés se fait au cas par cas mais le raisonnement global s’effectue au niveau du portefeuille. Et cela, il est facile de l’oublier quand on se jette sur les rapports financiers en quête de bonnes affaires 🙂

  3. Je vous conseille la lecture d’un livre « Quantitative Value » de Tobias Carlisle qui montre exactement que statistiquement, votre approche fonctionne. Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est que les études qu’il fait montre que les daubasses qui « perdent de l’argent » offrent un meilleur rendement (40% de mémoire) que les daubasses profitables, ce qui est contre-intuitif. Le livre est complètement fondé sur une analyse statistique donc je me suis dit qu’il vous intéresserait car il montre la validité (chiffres à l’appui) de votre approche sur une très longue période.
    Seul point noir, il est anglais donc peut être du mal à lire pour les francophones…

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