Lettre annuelle 2019 de Berkshire Hathaway
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4 enseignements
Remarque préalable
Si vous trouvez que notre compte-rendu n’est pas le reflet à 100% de la lettre de Berkshire Hathaway, c’est parce que nous avons forcément adopté le prisme des daubasses lors de notre lecture et de cette restitution.
Nous avions fait l’exercice l’année dernière et en avions tiré également quelques enseignements. Quatre pour être précis. N’hésitez pas à relire ce résumé, puisque les écrits de l’oracle d’Omaha traversent les années sans prendre une ride.
La première chose qui apparaît au lecteur assidu des écrits annuels de l’investisseur légendaire, c’est que non seulement la lettre est un peu plus concise (moins de pages). Buffett évoque également une nouvelle fois la fin de son règne. Le sage se veut rassurant. Certes, la fin approche, mais d’après lui la relève est là pour pérenniser son œuvre. On l’espère… mais on espère encore plus qu’on aura encore le plaisir de lire ses lettres quelques années de plus !
Vous pouvez directement lire la version originale en ligne ici : Warren Buffett’s Letters to Berkshire Shareholders – 2019
Selon notre lecture, il y a essentiellement 4 points à retenir pour faire de chacun de nous de meilleurs investisseurs. Les voici :
1. Pensez long terme !
Ne tenez pas compte des variations trimestrielles – voire annuelles ! – du cours de vos actions. Vous devez raisonner sur un investissement global et sur le long terme. En plein marasme lié au coronavirus, les investisseurs investis à plein pot apprécieront la finesse du propos.
Vous avez mal ? Pensez long terme !
Notre avis :
=> Warren a raison. N’accordez pas trop d’importance à la volatilité. Mais les daubasses pensent qu’il ne faut tout de même pas rester les bras croisés. Vous pouvez profiter d’une volatilité exacerbée pour vendre, acheter ou renforcer une position à condition que vos décisions soient dictées par la raison ou votre process et non par les émotions… Même en ayant une vision long terme, il faut parfois être opportuniste à plus court terme !
2. N’achetez pas les gros rendements / les dividendes élevés
Raisonner en « rendement sur dividende » est une bien mauvaise approche de l’investissement en actions. C’est ne comprendre qu’une petite partie du mécanisme de création de valeur à long terme pour des copropriétaires d’entreprises, ce que vous êtes quand vous détenez des actions.
Ce sont en effet les réinvestissements des bénéfices années après années avec un bon taux de rentabilité qui vont créer l’essentiel de la valeur à long terme. Buffett dit même que l’idéal, pour une entreprise, est de ne distribuer aucun dividende et de réinvestir tous ses bénéfices chaque année dans des business à fort rendement. C’est mathématique.
Et c’est exactement ce qu’il fait lui-même : Berkshire Hathaway (« BRK ») n’a JAMAIS distribué de dividende. Cela n’a pas empêché l’action de connaître un parcours tout à fait exceptionnel avec un cours multiplié par plus de 1000x (!) en quelques décennies.
Notre avis :
=> Ne privilégiez pas les entreprises qui distribuent tous leurs bénéfices sous forme de dividendes. Si elles ont de bons retours sur capitaux, vouloir faire plaisir à court terme aux actionnaires en distribuant régulièrement un dividende est un cadeau empoisonné. C’est un coût d’opportunité énorme et un signe que le management n’alloue pas ses capitaux de la manière la plus optimale. Si l’entreprise a peu d’opportunité d’investissement pour créer de la valeur à long terme, la meilleure des solutions est alors de racheter des actions sur le marché pour les annuler.
3. Les petits ont plus d’opportunités à saisir. Youpi !
Être « petit » est un avantage. Votre univers d’investissement est plus grand et vous permet d’acquérir des actifs inaccessibles aux gros investisseurs. BRK, le conglomérat géant géré par Warren Buffett, fait partie de ces mastodontes dont le plus gros défi est de continuer à faire croître ses fonds propres à un taux acceptable en trouvant suffisamment d’actifs rentables. Les entreprises avec une taille suffisante pour être une cible potentielle de BRK sont peu nombreuses. Les opportunités sont donc très rares.
Notre avis :
=> C’est en effet en achetant des daubasses – comme nous – dans les années 50 (ou plutôt, c’est nous qui faisons actuellement ce qu’il faisait dans les années 50 !) qu’il a produit ses premiers résultats exceptionnels et qu’il a pu établir sa réputation d’investisseur hors pair. Bien plus tard, il se tournera vers les sociétés d’assurances, attiré par leur float qu’il optimisera avec brio. Ce changement de cap était nécessaire pour lui permettre de continuer à faire grossir la boule de neige car avec la taille croissante des capitaux sous gestion les daubasses de la première heure ne rentraient déjà plus dans son périmètre investissable.
Petits investisseurs, profitez-en, vous avez presque un univers infini de possibilités pour faire croître votre patrimoine ! Pensez au pauvre Warren Buffett qui n’a plus cette chance…
4. Vous avez fait des erreurs, vous faites des erreurs et vous continuerez à en faire.
Et alors ?
Warren a réalisé des dizaines et des dizaines d’opérations d’acquisitions de sociétés au cours de sa carrière. Bien entendu, comme nous tous, à chaque fois, il pensait faire une bonne affaire. Quand un investisseur / un entrepreneur, passe à la caisse, c’est qu’il croit dur comme fer dans son projet d’acquisition. Mais bien sûr, cela n’empêche pas que de nombreux investissements tournent au fiasco. Hé oui !
Plus souvent qu’on ne le croit, les résultats ne sont pas à la hauteur de nos attentes. C’est ainsi. C’est un fait. Et ce n’est pas grave, cela arrivera toujours. Il faut juste, comme le souligne Warren, que les bonnes décisions (achats d’entreprise / investissements) soient en moyenne plus nombreuses que les mauvaises décisions.
Nous voyons ici l’importance, d’une part d’avoir un process qui génère plus de gagnants que de perdants à long terme, et d’autre part de multiplier les positions (diversification). Il est vain de rechercher à tout prix d’éviter les pertes. Sauf cas exceptionnels, de type charlatan, essuyer des échecs est inhérent au processus même d’investissement.
Malgré tout, nous sommes bien sûr les premiers à nous efforcer de réduire nos erreurs. Nous nous appuyons pour cela sur notre process, forgé au cours des années. Notre ratio de solvabilité maison, par exemple, nous permet de nous assurer que les sociétés que nous achetons – sous formes d’actions – ne sont pas excessivement endettées. Malgré ce garde-fou, nous avons déjà connu de mauvaises surprises et nous savons que nous en connaîtrons d’autres dans le futur.
Évidemment, le meilleur moyen de ne pas perdre d’argent en bourse, ou dans le monde des affaires, est de rien faire, de rester à l’écart. Prise de risque nulle… OK, mais les espoirs de gain seront également nuls. En investissant, vous allez prendre des risques, allez faire des erreurs (et en tirer des leçons !). Le but étant d’être fidèle à un process qui vous correspond et qui, sur le long terme, fera pencher la balance en votre faveur !
Bonjour Daubasses,
Merci pour ce super blog sur la culture financière.
Je suis un lecteur régulier depuis plusieurs semaines et j’apprécie la qualité des articles.
Merci et à bientôt sur d’autres articles.
Anthony