Dans le dernier chapitre de son livre The Little Book of Behavioral Investing, James Montier met en avant le rôle essentiel du process pour réussir en matière d’investissement.
Pour illustrer son propos, il y partage une anecdote de Paul Depodesta, qui a inspiré le film Moneyball (nous avions déjà écrit un article au sujet de ce livre ensuite transposé au cinéma).
Quand la chance vous sourit…
« Nous sommes samedi soir, le casino est plein à craquer. Je suis assis à une table de black jack où se trouve un joueur qui joue terriblement mal. Il semblait là avant tout pour profiter des boissons offertes. Toutes les 20 minutes, il remettait la main à la poche pour en sortir de l’argent.
Au cours d’une partie, il obtint un 17 avec ses deux premières cartes. À la grande surprise de la table, il demanda un ‘hit’ (tirer une carte supplémentaire). Le croupier, presque désolé pour lui, le servit. Évidemment, ce fut un 4 ! L’euphorie s’emparait de la table, le joueur exultait ! (Le but au black jack étant d’essayer d’obtenir une somme totale de 21 ou le plus proche possible de 21).
Et vous savez ce que le croupier a dit : ‘nice hit’ (= bon coup !). Je me suis dit ‘nice hit’ ? C’était peut-être un bon coup pour le casino mais c’était un coup terrible de la part du joueur. La décision ne peut pas être justifiée parce qu’elle a fonctionné.
En discutant de cette anecdote avec Michael Mauboussin, qui a écrit More Than You Know, il m’a montré une matrice très simple de Russo et Schoemaker qui explique ce concept :
Réussite | Échec | |
---|---|---|
Bon process | succès mérité | Coup dur |
Mauvais process | Coup de chance | Justice équitable |
Nous voulons tous être dans la case en haut à gauche : un succès mérité résultant d’un bon process.
C’est généralement là que se trouvent les casinos. La case en haut à droite est cependant la dure réalité à laquelle on doit faire face lorsque l’on évolue dans un univers dominé par l’incertitude. Un bon process peut conduire à un échec. C’est ce qui arrive au casino lorsque le joueur fait 17 points et s’empare de la mise. »
Le parallèle avec le monde de l’investissement est évident. En tant qu’investisseur, nous sommes bien souvent obnubilés par les résultats, alors que nous n’avons en réalité aucun contrôle sur ces derniers. En revanche, il nous est possible d’avoir une emprise sur notre process. Et vous le savez (cf. notre Commentaire hebdo du 29 février), ce n’est pas la tourmente dans laquelle se trouve actuellement les marchés financiers qui va nous conduire à déroger à ce dernier ! Ou alors très peu…
Au travers de cet exemple, James Montier nous rappelle également qu’il est souvent très difficile de regarder en arrière après un succès éclatant et d’admettre que l’on a eu de la chance. Les gens jugent souvent une décision passée sur la base des résultats obtenus plutôt qu’en fonction de la qualité de la décision au moment où elle a été prise. Cette posture conduit inévitablement à rester sur la voie d’un mauvais process.
Process, variable temps et volatilité
En matière d’investissement, les résultats sont très volatils car ils dépendent de la variable temps. On peut parfaitement avoir raison sur une période de 5 ans et avoir tort sur une période de 6 mois et inversement. Il est aussi nécessaire d’accepter le fait que la volatilité des prix est beaucoup plus importante que la volatilité des fondamentaux.
En nous focalisant sur notre process et en faisant abstraction de la volatilité des prix, nous sommes convaincus que nous maximisons notre potentiel à générer de bons résultats sur le long terme.
Pour résumer : process, process et process ! Pour nous, cela se résume en 4 mots : diversification, long terme, fondamentaux et discipline ! Rien de plus, rien de moins.