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Analyse financière adaptée aux daubasses : attention à la « fausse » trésorerie nette !

Comme vous le savez à présent cher lecteur, nous sélectionnons nos daubasses sur base de la valeur du « fond de roulement net ». Nous vous avons, en son temps, expliqué en quoi consistait ce fameux fond de roulement.

Une autre notion, le pendant du fond de roulement, est le « besoin en fond de roulement ».

En quoi consiste ce besoin en fond de roulement ? Continuer la lecture de Analyse financière adaptée aux daubasses : attention à la « fausse » trésorerie nette !

Glossaire français-anglais

Un de nos lecteurs nous demande, afin d’analyser par lui-même les comptes des sociétés que nous présentons, s’il nous serait possible de publier un petit « glossaire » français-anglais des termes utiles à l’analyse des sociétés américaines et anglaises qui composent notre portefeuille.

Un mot, un geste … l’équipe des daubasses fait le reste !

Voici donc ce petit dictionnaire français-anglais sans prétention mais qui devrait permettre de survivre dans les méandres de la comptabilité anglo-saxonne.

Avant toute chose, il convient de faire remarquer que la présentation des bilans anglo-saxons est différente de ce que nous connaissons en France ou en Belgique : chez nous, les postes de l’actif sont présentés du moins liquide (en haut) comme les immobilisations vers le plus liquide (en bas) comme les liquidités en banque. De même, au passif, les postes sont présentés du moins exigible (en haut) comme le capital souscrit vers le plus exigible (en bas) comme les dettes à court terme. Nos amis américains, quant à eux, font exactement l’inverse.

Passons à présent à ce fameux « dictionnaire » :

actif asset
actif circulant ou courant current asset
actif immobilisé fixed asset
action share
actionnaire shareholder
amortissements cumulés accrued depreciation, accumulated depreciation
bail lease
bénéfice earning, income
bénéfice reporté accumulated profit
bilan balance sheet
capitaux permanents investment capital
charge expense
charge financière financial cost
charges à payer accruals accounting, accrued expense
comptabilité accounting
compte account
compte de résultat income statement
conseil d’administration board
consolidé consolidated
constructions building
créances douteuses bad debt, default loan
dépôt à terme fixed term déposit
dette debt
dette à court terme current debt, short-term debt, current liabilities
dette à long terme long term debt
dette d’échéance de la dette debt maturity
dettes liabilities
dotation aux amortissements amortization
effet à payer note payable, account payable
effet de commerce commercial paper
emprunt au taux du marché commercial borrowing, commercial loan
encaissement collection
exercice comptable financial year
flux de trésorerie  cash flow
fond de roulement  working capital
fonds propres  equity, stockholders’ equity
fournisseurs  account payable
frais administratif  administrative expense
gain de change gain from currency adjustments
garantie collateral
hypothécaire mortgage
immobilisation financière financial asset
immobilisation incorporelle intangible asset
immobilisation corporelle property and equipment
impôt tax
installation, machine et outillage machinery
intérêt comptabilisés d’avance accrued interest
investissements investments
leasing capital lease
levier financier leverage
liquidités disponibles cash and cash equivalents
marge brute gross margin
normes comptables internationales IAS (International Accounting Standards)
passif liabilities and equity
perte loss
placement à court terme cash equivalent
plus-values réalisées capital gain
point mort break even point
produits à recevoir accruals accounting, accrued income
prêt loan
produit income
produit des placements investment income
provision reserve
provisions pour créances douteuses loan loss reserve
recettes revenues
recouvrement collection
rendement des fonds propres ROE, return on equity
rendement sur capital investi ROI, return on investment
résultat d’exploitation EBIT, income from operations
résultat d’exploitation avant amortissements (EBE) EBITDA
rotation turnover
seuil de rentabilité break even point
solvabilité solvency
stock inventory
survaleur goodwill
tableau des flux de trésorerie cash-flow statement,
terrain land
titrisation securitization
valeur comptable book value
valeur de marché market value
valeur nette comptable net book value
variation des capitaux propres change in equity position
variation du besoin en fond de roulement change in working capital

<< L’effet de levier

>> Les méthodes de valorisation des stocks

Passat : tentative de calcul d’une triple marge de sécurité

 

La fiche de Passat sera un peu plus complète que celles que vous avez l’habitude de lire. Pour cette micro cap de la bourse de Paris, nous allons tenter de déterminer, outre la valeur du fond de roulement net sur base de laquelle nous avons effectué notre achat, deux autres valeurs qui doivent nous permettre de cerner avec plus de précision à la fois le potentiel d’appréciation du cours et la marge de sécurité maximale en cas de « pépins ».

Le 26 novembre 2008, nous avons donc acheté Passat (PSAT.PA) au prix, frais inclus de 2,12 euros. 

http://www.passat.fr/ 

Passat est le leader européen du « video corner » c’est-à-dire la vente assistée par l’image. Passat propose ses produits, implantés dans des espaces de ventes agrémentés par des animations vidéo. La société utilise également les canaux du téléachat et de la vente par correspondance pour écouler ses produits. 

Ses produits se retrouvent dans les domaines de l’outillage, du bricolage, du jardinage, des produits ménagers et électroménagers, des loisirs ou encore de la forme. 

La société est active essentiellement en France, en Espagne, au Portugal et aux Etats-Unis. 

Il est clair que la crise actuelle et le ralentissement de la consommation qui en découle vont entraîner une diminution des « achats d’impulsion » et forcément nuire à la rentabilité de Passat. 

Néanmoins, il semble que le marché tienne largement compte de ce facteur : au cours d’achat, l’action est valorisée en tenant compte d’une réduction de valeur de 70 % sur son stock. Lorsque l’on sait que les ventes s’effectuent en moyenne avec une marge brute de 54 %, cela signifie qu’au prix actuel, le marché s’attend à ce que Passat doivent vendre l’intégralité des marchandises en stock 86 % moins cher que les prix qu’elle a l’habitude de pratiquer en moyenne sur un an. 

En fait, nous avons principalement acheté du stock à 2,23 euros par action ainsi que des créances pour 3,18 euros par action et des liquidités et placements pour 1,43 euros, soit des actifs courant s’élevant à 6,94 euros par action desquels nous avons soustrait la totalité des dettes de 3,09 euros par action, soit 3,85 euros de fond de roulement net pour la modique somme de 2,12 euros. 

Mais est-ce là la seule marge de sécurité ? 

Nous allons saisir ici l’opportunité de mettre en pratique quelques enseignements que nous avons retenus depuis que nous avons lancé ce blog : des enseignements de Benjamin Graham, bien sûr, mais aussi de Walter Schloss. 

Ainsi, l’actif courant net de dettes de Passat s’élève sur base des comptes S1 2008 à 3,85 euros. Mais les actifs courants sont-ils les seuls actifs « négociables » de Passat. Passons donc en revue l’actif de la société : 

– nous voyons d’abord des immobilisations incorporelles : il s’agit d’une part de licence de logiciel informatique et d’autre part de brevet pour la commercialisation de bûche de ramonage. En cas de mise en liquidation de la société, il est clair que les licences informatiques ne vaudraient pas « tripettes ». Par contre, on peut supposer que le brevet pour la commercialisation de la fameuse bûche de ramonage pourrait se négocier. Par prudence, reprenons la pour la ½ de sa valeur nette d’amortissement soit 0,08 euros par action. 

– Deuxième postes de l’actif : les écarts d’acquisition. Il s’agit de la différence entre le prix payé pour acquérir une société et la valeur de ses fonds propres. Très clairement, une telle différence se justifie par une rentabilité élevée de la filiale acquise. En cas de mise en liquidation de Passat, il est plus que probable que ces écarts d’acquisition ou « goodwill » ne vaudront rien. 

– Viennent ensuite les immobilisations corporelles composées d’immeubles, d’aménagements ou de matériel audio-visuel. Ici aussi, nous pensons qu’il convient de nous montrer prudent en cas de scénario d’arrêt des activités : le matériel vidéo a une durée de vie très courte et les aménagements et agencements ne vaudront rien. Reste l’immobilier. En réalité, deux entrepôts situés en France pour une surface totale de 7 100 m². Le coût d’acquisition de ces deux bâtiments, avant amortissements, est de 0,31 euros par action. Nous pensons pouvoir retenir cette valeur prudente. 

– Nous reprenons également les actifs d’impôt différés pour 0 dans une optique de cessation des activités. 

– Quant aux immobilisations financières, nous n’avons pas vraiment d’explications suffisantes pour nous forger une idée sur leur valeur reprise au bilan. De plus, leur montant est vraiment insignifiant. Nous décidons donc de les reprendre pour la moitié de leur valeur inscrite, soit 0,01 euro par action. 

– Il reste également un poste « actif disponible à la vente ». En réalité, un entrepôt situé en Espagne qui n’est plus utilisé. Par prudence, nous le reprenons pour 70 % de sa valeur aux comptes, soit 0,05 euros. 

Concernant l’actif, il nous reste à vérifier que les stocks et les créances sont effectivement bien « réalisables » dans des conditions « normales ». Le calcul du délai moyen de paiement client au 30/06/08 nous démontre que celui-ci est de 118 jours. « C’est long » nous direz-vous … exact mais on constate que la moyenne des trois exercices précédents était de 126 jours. On peut donc considérer qu’il n’y a pas eu de dégradation dans la qualité des crédits accordés aux clients. 

De même, nous calculons la rotation des stocks au 30/06/08 à 2 ,14 alors que la moyenne des 3 derniers exercices est de … 2,13. Ici aussi, on peut raisonnablement considérer que les stocks restent évalués à leur juste valeur. 

Il nous reste un dernier point à vérifier avant d’établir la marge de sécurité maximum dont nous disposons pour Passat : existe-t-il des engagements hors bilan ? Nous trouvons essentiellement des cautions de la maison-mère au profit des filiales qu’il n’est pas utile de prendre en compte étant donné que ces engagements se situent à l’intérieur du groupe. Par contre, il existe un engagement d’attribution gratuite d’actions aux managers pour 104 700 titres. Au cours actuel de 2,10 euros, cela représente une somme de 0,05 euros par action. 

En résumé, nous établissons le « collatéral »  de Passat au 30/06/2008 à : 

– fond de roulement net : 3,85
– brevet bûche de ramonage : 0,08
– immeubles : 0,31
– actifs finaciers : 0,01
– entrepôt espagnol : 0,05
– engagement d’attribution d’actions gratuites aux dirigeants : – 0,05 

soit un actif prudent en cas de cessation d’activités de 4,25 euros que nous avons payé pour moins de la moitié du prix. 

Cependant, même si nous accordons de l’importance au patrimoine de l’entreprise que nous acquérons, nous sommes encore plus heureux si celle-ci présente une capacité bénéficiaire intéressante. 

Pour Passat, nous nous attendons à des exercices 2009 et 2010 difficiles sur ce point. Mais à long terme, nous ne v
oyons pas pourquoi la société ne pourrait pas générer une capacité bénéficiaire équivallente à celle générée en 2007 (qui a été une très mauvaise année, il faut le rappeler). 

Selon nous, la capacité bénéficiaire d’une entreprise consiste en l’excédent de cash qu’elle génère après avoir payé ses frais et ses investissements de maintien. 

Pour Passat, nous avons considéré que la capacité bénéficaire de 2007 serait la capacité bénéficiaire moyenne générée dans le futur par Passat. 

Nous sommes partis du résultat d’exploitation soit 2 212.
Nous y avons ajouté les amortissements sur les immeubles (car nous considérons qu’une fois amortis, ils ne devront pas être remplacés) soit 80.
Nous avons calculé un impôt moyen sur le résultat opérationnel de 35 % soit 774. 

Nous considérons donc qu’à long terme, Passat générera un excédent de cash annuel moyen de 1 512 ou 0,36 euros par an. 

Ce montant, nous l’actualisons au taux des emprunts en euros sans risque (4,5 %) augmenté de 2,5 % pour le risque de hausse des taux d’intérêt, 1 % pour le risque « corporate », 1 % pour la cyclicité de l’activité, 1 % pour l’absence de barrière contre la concurrence et 1 % pour le fait que la direction ne nous semble pas exceptionnelle. La valeur de la capacité bénéficiaire de Passat est donc établie à 0,36 / 11 % soit 3,28 euros par action. 

A cette valeur, il reste à ajouter les capitaux excédentaires, non nécessaires à l’exploitation de la société : nous prenons évidemment le cash et les liquidités soit 1,43 euro, nous déduisons une somme forfaitaire égale à 1 % du chiffre d’affaires, sensée représenter le « fond de caisse » nécessaire à Passat pour son exploitation soit 0,1 euro par action. Nous déduisons également les intérêts des minoritaires 0,1 euro, les dettes financières (0,95 euro) et ajoutons 70 % de la valeur de l’entrepôt espagnol inutilisé (0,05). Il nous reste donc 0,33 euro par action de capitaux excédentaires que nous ajoutons à la valeur de capacité bénéficiaire de Passat, ce qui la fixe à 3,61 euros par action. 

Conclusions : nous nous sommes livrés ici à un petit exercice intellectuel afin de vérifier si, en achetant des « net net », nous acquérions bien de la richesse cachée qu’elle soit patrimoniale ou sous forme de « bénéfices futurs ». Dans le cas de Passat, l’exercice nous semble concluant : nous avons acheté avec MOS tant par rapport à la valeur du fond de roulement net (45 %), que par rapport à la valeur de l’actif net en cas de cessation d’activité (50 %) que par rapport à la valeur de la capacité bénéficiaire (41 %). Il convient cependant de préciser que lorsque nous avons débattu entre nous de cette activité de « corner video » doublée de « télé-achat », nous avions tous fait la moue sur son aspect « kitch et ringard » . 

Analyses financières adaptées aux daubasses (6)

La valorisation des actifs courants par le contrôle de la rotation des postes de l’actif courant

Dans notre club, lorsque nous investissons, nous achetons des stocks, des créances et du cash plutôt que des entreprises proprement dites : cela nous l’avons déjà expliqué.

Cependant, il existe un risque que les stocks et les créances que nous acquérons soient finalement réalisés à un prix inférieur à la valeur inscrite au bilan.

Pour tenter de minimiser ce risque, il existe deux possibilités :

– la décote automatique de ces postes que nous avons abordée dans un précédent billet
– le contrôle de la rotation de ces postes

La semaine dernière, nous avons abordé la décote automatique.

Pourtant, si cette méthode est défendable, elle n’apporte, comme nous le suggérons en fin d’article, qu’une marge de sécurité théorique. L’investisseur qui souhaite investir de manière plus réfléchie et en connaissance de cause n’a finalement aucune certitude que la valorisation donnée par les comptes aux différents postes de l’actif courant est fiable. Simplement, il décide de payer moins cher les postes supposés être les plus « à risque ».

Dès lors la question se pose : comment, nous, petits boursicoteurs européens, pouvons-nous vérifier la fiabilité de la valeur des stocks d’un fabricant de semi conducteurs américain ou des créances détenues par un prestataire de services télécom chinois ?
Impossible direz-vous … Pas tout-à-fait répondons-nous …

Si la certitude n’est pas de ce monde boursier, les rapports de gestion peuvent nous être d’une certaine utilité pour tenter de détecter certains signaux d’alerte. Et finalement, mieux vaut de « l’à peu près juste » à du « tout-à-fait à côté de la plaque ».

C’est pourquoi nous vous proposons aujoud’hui d’aborder la deuxième méthode : le contrôle de la rotation des postes de l’actif courant.

 

1. La rotation des stocks

Pour vérifier la pertinence de la valeur des stocks nous sommes partis du raisonnement suivant : un stock qui perd de sa valeur doit avoir de plus en plus de difficultés à être écoulé.
Partant de ce constat, nous pensons qu’un stock qui « tourne » de moins en moins vite se vend de moins en moins bien. Et qu’un stock qui se vend de moins en moins bien perd de sa valeur.

Dans la pratique, nous calculons la rotation des stocks des 4-5 derniers exercices comptables.
Pour calculer la rotation des stocks, nous divisons le montant des stocks de l’exercice par la rubrique « coût des ventes » et multiplions par 365. Nous obtenons ainsi le nombre de jour moyen pendant lequel une marchandise ou une matière première reste dans le stock.
En comparant l’évolution de cette durée de détention en stock sur les 4 ou 5 derniers exercices, nous pouvons déjà constater si la tendance est à la hausse.
Pour notre part, nous préférons calculer la durée moyenne de détention en stock de ces derniers exercices et la comparer avec la durée de détention du dernier exercice. Si le dernier ratio calculé est supérieur à la moyenne des 5 derniers exercices, un petit signal d’alerte doit tinter dans un petit coin de notre cerveau.

 

2. Le délai de règlement clients

Pour les créances, nous procédons avec le même raisonnement que pour les stocks : des créances payées de plus en plus tard sont, par la force des choses, de plus en plus difficilement réalisables.

Dans cette optique, nous comparons donc le délai de paiement moyen des clients du dernier exercice avec la moyenne des 4 ou 5 derniers exercices.

Ici, pour calculer le délai moyen de paiement des clients, nous divisons le montant des créances commerciales par le chiffre d’affaires et multiplions par 365.

Nous aurions aimé appliqué une deuxième option pour les créances : effectuer la comparaison entre les provisions pour créances douteuses actées par la direction et les pertes réellement encourues sur créances. Mais nous nous sommes rendu compte malheureusement que si les sociétés publiaient quasiment toute le détail des réductions de valeur sur créances, rares étaient celles qui détaillaient les pertes réelles …

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