Mai 2019 fut le pire mois du portefeuille daubasses n°2 depuis son lancement le 31 octobre 2018 avec une « performance » de -5,5%.
Cette situation engendre de nombreuses émotions négatives : frustration, gêne, incompréhension, doute, inquiétude, peur, jalousie, douleur, …
Les émotions constituent le pire ennemi de l’investisseur (cf. nos 14 articles sur les biais psychologiques en investissement). Dans de telles conditions, il faut souffler un bon coup et se poser les bonnes questions.
Est-ce que se comparer avec le marché fait sens ?
Bien entendu, oui. Mais pas sur une « courte période ». Inutile de se flageller si sous-performance il y a sur une période très courte. Idem, la gloriole lors de surperformance, même significative, sur moins d’un an ne fait aucun sens. Certes, ça fait toujours plaisir d’écraser le marché, mais ce qui compte c’est d’avoir une performance de qualité, c’est-à-dire reproductible sur le long terme car basée sur un process maîtrisé. Il faut donc essayer au maximum d’ignorer les jugements court-termistes, trop positifs comme trop négatifs. Ne pas tomber dans le piège de la surréaction. Piège que le marché tend tous les jours aux investisseurs sollicités par des variations quotidiennes des cours des actions et avec des médias qui exacerbent toutes les nouvelles.
Quelques mois de sous-performances vis-à-vis du marché justifient-ils de tout remettre en cause ?
Non.
Joel Greenblatt, investisseur émérite, et auteur du célèbre ouvrage Le petit livre qui bat le marché mettant en avant sa « formule magique », a parfaitement illustré la problématique liée à la gestion du temps qui nuit aux investisseurs :
« Des méthodes simples pour battre le Marché sont connues depuis un certain temps [ouvrage de 2005]. Nombre d’études ont confirmé que les stratégies fondées sur la valeur d’une société battent le Marché sur le long terme, et que les différents modes de mesure de la valeur d’une société ont fait leur preuve.
Par exemple – et la liste n’est pas exhaustive -, la sélection des sociétés par des cours bars comparés aux actifs nets, ou à la capacité d’autofinancement, ou aux ventes réalisées et/ou aux dividendes versées. Comme pour la formule magique, ces stratégies simples, fondées sur la valeur des sociétés, ne marchent pas systématiquement mais, à long terme, elles fonctionnent.
Pour autant, malgré l’abondante littérature sur le sujet, la plupart des particuliers et des professionnels n’ont pas la patience requise pour les utiliser. De longues périodes de sous-performance les rendent difficiles à appliquer, et, pours certains professionnels, pratiquement impossibles à mettre en œuvre. »
D’après Greenblatt, il faut persévérer au minimum 2 ans sur ces méthodes « simples mais efficaces » pour en récolter les fruits. Et 2 ans, quand on a une variation quotidienne de ses actions en portefeuille, et avec parfois une année dans le rouge alors que le marché progresse, c’est difficile de tenir et de ne pas abandonner en se disant : « mer**, ça marche pas ce truc ! ».
Pour relativiser, mettez-vous à la place d’un investisseur institutionnel. C’est encore pire pour lui ! Il doit justifier ses résultats au minimum tous les mois devant son comité de gestion ! En tant que particulier, nous avons un avantage comparatif indéniable : personne ne va nous taper sur les doigts si la performance n’est pas au rendez-vous au bout de 3 mois.
Un process ne doit donc jamais être remis en cause ?
Bien sûr, un process doit être remis en question. Mais on ne peut pas désavouer un process sur une si courte durée de 7 mois (31 octobre 2018 au 31 mai 2019).
Si après 2 ans, la sous-performance continue d’être significative, il faudra forcément se poser des questions sur la pertinence de son process, et donc, ici, du process daubasses.
Un portefeuille qui sous-performe avec des titres atypiques, voire « exotiques » selon certains, attire peu de monde. Les abonnés sont mécontents et les observateurs méfiants. Bref, le portefeuille ne fait pas du tout consensus, en plus d’être en perte. Et alors ?
Quand on est contrariants et qu’on va là où les autres ne vont pas, c’est sûr, on n’est hors du consensus. Cela ne nous fait ni chaud, ni froid de ne pas suivre la tendance. Bien au contraire, cela aurait plutôt tendance à nous rassurer. Il est hors de question de se ranger dans le douillet confort du troupeau moutonnier. Le meilleur moyen de réaliser une performance moyenne, c’est de faire comme la moyenne. Clairement, les daubasses sortent des cases. C’est cette indépendance de recherche et d’investissement qui pourra créer la différence à long terme. Alors s’il faut manger une double ration de soupe à la grimace pendant encore quelques mois, en sachant qu’on aura une double dose de pain blanc pendant les mois suivants, on signe deux fois plutôt qu’une !
Nous savons par expérience qu’investir sur des actifs décotés en diversifiant et en tenant ses positions crée un avantage statistique indéniable. Laissons juste agir le dernier ingrédient indispensable : la patience. Les gains se font surtout pendant l’attente.
Un potentiel au plus haut
Le potentiel du portefeuille ne fait que gonfler semaines après semaines, au fil des publications financières et des arbitrages. On sent que l’élastique commence à sérieusement se tendre (cf. le modèle de l’élastique). Le capital n’a jamais été aussi bien sécurisé qu’avec les 31 titres actuels en portefeuille. Un très joli pot-pourri de ce qui se fait a priori « de pire » (si on regarde les valorisations de marché), et donc de ce qui se fait de mieux en agrégé, au niveau décotes sur actifs.
Dans l’histoire des daubasses, le portefeuille n’a connu que 2 périodes avec un potentiel moyen de +200%. La première fois, c’était fin 2009. Pour quels résultats ? Sur l’année 2010, la performance a atteint +38,1%.
La seconde fois, c’était fin 2011. Le portefeuille a ensuite réalisé une performance sur l’année 2012 de +24,2%.
On espère que les prochains mois ressembleront à ce qui s’est produit par le passé. Rendez-vous est donc pris dans 12 mois pour voir si des performances similaires vont se répéter dans la fourchette [+24% à +38%].
Un panier de décotes
Regardez un tableau de la vague impressionniste : lorsque vous regardez de très près, ce sont des multitudes de tâches multicolores, sans grand intérêt. Aucune harmonie ne s’en dégage. Vous prenez un peu de recul, et ô magie, ces points de couleurs deviennent des jeux d’ombres et de lumière, des contrastes apparaissent et des mouvements émergent des juxtapositions. Finalement, au lieu d’une accumulation tâches colorées, vous avez sous les yeux un magnifique tableau vivant et éclatant de vie. C’est comme ça que nous voyons le portefeuille daubasses.
Conclusion
Pour résumer, la position adoptée par les daubasses en phase de sous-performance consiste à :
– garder son indépendance dans ses analyses comme dans la composition du portefeuille ;
– penser à son horizon de placement (= long terme) ;
– et rester rationnel en respectant son process.
Le principe de fidélité dans un process a ses limites. Le process peut (et doit !) être remis en cause… en cas d’échecs répétés sur longue période (au moins 2 ans). Pour le moment, les mots d’ordre sont patience et discipline.
Bonjour,
Le portefeuille v1 avait aussi sous-performé sur certaines périodes, tout en sur-performant sur le long terme.
Il me semble que j’avais déjà attiré votre attention lors de la publication d’un article tel que celui-ci :
https://blog.daubasses.com/2018/09/16/rapport-de-gestion-juillet-2018/
La courbe de performance que vous tracez est biaisée, celle-ci doit être tracée en log selon « y ».
Vous m’aviez répondu que vous faisiez ainsi, car les grands gérants de fond le font ainsi.
En corrigeant l’affichage de cette courbe de performance, vous verriez plus clairement que :
* Vous avez égalé le MSCI world la plupart du temps
* Vous avez énormément sur-performé le MSCI world sur de courtes périodes
* De petites périodes de sur-performance
* De petites périodes de sous-performance
Cela me ferait plaisir que vous « corrigiez » l’affichage de cette courbe, car il me semble que vous dites que vous n’êtes pas là pour vendre du rêve mais que par contre vous aimez la transparence. Je le ferais bien moi même si j’avais les données numeriques.
L’affichage « log » se lira ainsi : En comparant la pente du MSCI vs la pente de Daubasses, vous saurez lequel sur-performe à un instant T ou bien sur un intervalle de temps choisi.
Bon we
Bonjour Stéphane,
Merci pour votre commentaire.
Nous ne cherchons en effet nullement à vendre du rêve mais à relater la réalité du portefeuille. Et comme nous ne sommes pas des professionnels et que nous ne maîtrisons pas les graphique en « log » et bien… nous ne l’avons pas fait. 😉
Vous devez avoir reçu un mail avec toutes les données mensuelles du portefeuille n°1. Si vous réalisez ce graphique, nous le publierons avec grand plaisir !
Bonne fin de dimanche.
Je crois que l’investissement value était très efficace par le passé et a bien surperformé le marché durant le dernier siècle.
Mais je crains que l’investissement value soit désormais de moins en moins pertinent et efficace, avec les évolutions de marchés et les nouvelles technologies. Pour moi, l’investissement passif est de loin la meilleure méthode pour un particulier de nos jours.
Bonjour Laurie,
Sur quelles données basez-vous votre assertion sur la fin de l’investissement dans la valeur ?
Sinon, nous sommes prêts à relever le défi : donnons-nous rendez-vous dans 2 ans !
Et nous verrons qui des indices mondiaux ou des daubasses a réalisé la meilleure performance. 😉
J’ai lu cet article, certes très critiquables, mais je partage la conclusion. Il est devenu de plus en plus complexe et lourd de faire de l’investissement value qui surperforme le marché (sauf à être chanceux, ça marche une fois sur deux).
http://etre-riche-et-independant.com/strategie-value-inefficace-bourse
Dans votre article référence, l’auteur annonce « qu’il n’y croit plus ». Quand on approche le domaine des croyances… on est très loin du rationnel et de l’investissement boursier tel que nous le concevons.
Tant mieux qu’il y ait des divergences de point de vue, c’est ce qui permet d’augmenter la volatilité. Et… ce désamour de l’investissement dans la valeur est une chance pour nous, comme déjà évoqué dans un article que nous avons écrit en mai 2009 (il y a plus de 10 ans) et toujours d’actualité : « Sur le désintérêt des investisseurs pour l’investissement « dans la valeur »« .
Bonne lecture.
hum… 2 ans, c’est du court terme ça, non? Très court même.
(et n’est-ce pas un peu risqué que de se mettre un objectif?)
Laurie, comment peut-on annoncer ceci, avec si peu de recul? je veux dire, quelle est votre approche intellectuelle, qu’ai-je raté pour arriver à cette conclusion?
Oui, 2 ans c’est court… même si on est la plupart du temps rationnel, on a parfois un côté « joueur » ! 😉
Et on suppose aussi que Laurie a lancé son site sur l’investissement il y a peu et qu’il va comme bon nombre d’autres sites disparaître assez rapidement… donc, 2 ans, c’est déjà du long terme.
Et en même temps en ce moment je m’ennuie…
(les gamins font des conneries surtout quand ils s’ennuient, n’est-ce pas?)
pas bon signe, pas envie de laisser des biais prendre le dessus : la discipline est encore plus de rigueur. En fait depuis un certain temps je ne garde qu’un œil volontairement « blasé » sur ces choses, et occupe mon esprit sur de saines et instructives lectures, je prépare le terrain, ou m’occupe avec d’autres domaines.
Je laisse les autres devenir impatients et faire un faux pas, quoi…
Laurie, ce n’est absolument pas correct si c’est bien le cas, et de cette manière j’imagine (peut-être à tord et je l’espère) que vous avouez une faiblesse.