Archives de catégorie : Big Walt, le plus grand chasseur de Daubasses de tous les temps

Walter Schloss : ce qu’en dit Warren Buffett

Vous connaissez, cher lecteur, toute l’admiration que nous vouons à Walter Schloss que nous considérons comme le meilleur chasseur de daubasses de tous les temps.

Nous lui avons consacré trois articles ici, ici et ici.

 

The Superinvestors of Graham-and-Doddsville

Warren Buffett, immense parmi les grands, ne tarit d’ailleurs pas d’éloge pour « Big Walt ». Dans son célèbre discours “The Superinvestors of Graham-and-Doddsville”, voici ce qu’il en dit :

« Je commencerai cette étude de résultats en revenant sur un groupe de quatre d’entre nous, qui a travaillé à la Graham-Newman Corporation de 1954 à 1956. Il n’y avait que quatre personnes ; je ne les ai pas sélectionné parmi des milliers d‘autres. J’avais proposé de travailler à la Graham-Newman pour une bouchée de pain après avoir suivi les cours de Benjamin Graham, mais ce dernier refusa, assurant que j’étais sur-évalué. Il prenait son idée de valeur très au sérieux ! Après moultes sollicitations, il accepta finalement de m’engager. Il y avait trois associés et nous quatre qui avions rang de “serf”. Nous avons tous les quatre quitté l’entreprise entre 1955 et 1957 lorsque la société était en liquidation, et il est possible de retracer le parcours de trois d’entre nous.

Le premier exemple est celui de Walter Schloss. Walter n’est jamais allé à l’université mais prenait des cours du soir avec Ben Graham au New York Institute of Finance. Walter quitta Graham-Newman en 1955 et il réalisa en 28 ans des performances époustouflantes. Voici ce qu’en dit Adam Smith dans son livre « Supermoney » après que je le lui ai présenté :

“Il n’a pas de relations ni d’accès aux informations utiles. Pratiquement personne ne le connaît à Wall Street et personne ne l’aide. Dans les livres et les rapports annuels qu’il étudie, il ne s’intéresse qu’aux chiffres. C’est à peu près tout ce qu’il fait. Après qu’il m’eut présenté Walter Schloss, Warren m’avait dit : “Il n’oublie jamais qu’il gère de l’argent qui ne lui appartient pas, ce qui ne fait que renforcer l’aversion qu’il a de perdre ». Il est très intègre et connait parfaitement ses limites. L’argent et les actions sont des choses bien concrètes à ses yeux, c’est pour cela qu’il est attiré par le principe de marge de sécurité.”

Walter s’est énormément diversifié. Il n’est pas inhabituel qu’il détienne plus de 100 titres en portefeuille. Il sait repérer les titres qui se transigent bien en-dessous de la valeur qu’ils représentent auprès d’opérateurs industriels. Et c’est tout ce qu’il fait. Il ne se préoccupe pas de savoir que l’on soit en janvier ou que l’on soit un lundi, ni de savoir si c’est une année d’élections. Il dit simplement que si une société vaut un dollar mais qu’il peut l’acheter pour 40 centimes, quelque chose de bien peut lui arriver. C’est comme ça qu’il procède, encore et toujours. Il détient beaucoup plus d’actions que moi et s’intéresse beaucoup moins que moi au modèle économique de l‘entreprise. Je n’ai pas l’air d’avoir beaucoup d’influence sur Walter. C’est d’ailleurs l’une de ses forces : personne n’a beaucoup d’influence sur lui. »

 

Si vous voulez lire l’intégralité de “The Superinvestors of Graham-and-Doddsville” qui constitue tout de même une des oeuvres majeures de l’oracle d’Omaha, vous pourrez en trouver la traduction française intégrale faite par Laurent sur le site de nos amis du Café de la Bourse. Ce discours de Buffett offre une fascinante étude sur la façon dont les disciples de Benjamin Graham ont exploité sa philosophie d’investissement.

 

<< Walter Schloss (4/9) : sa vision de la crise de 2008

>> Walter Schloss (6/9) : les 16 commandement de l’investissement deep value (partie 1)
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Que pensent les vieux dinosaures de l’investissement de la crise actuelle ?

Le magasine américain « Smart Money » a interviewé des « super-investisseurs de Graham & Doddsville » (comme les appelait Warren Buffett) parmi ceux qui ont connu la grande dépression de 1929 et leur a demandé leur point de vue sur la crise actuelle et le marché des actions.

 

A tout seigneur tout honneur : Walter Schloss

Nous avons consacré deux articles à ce champion de la chasse à la daubasse de 92 ans (ici et ici). « Big Walt » ne pense pas que les difficultés actuelles sont comparables à celle de la « grande dépression ».

« À l’époque, dit-il, l’économie était dépendante d’une poignée d’entreprises, comme les banques, les chemins de fer, les services publics et les compagnies pétrolières. Aujourd’hui, la croissance économique provient d’un beaucoup plus large éventail d’industries. »

Schloss dit aussi que si les investisseurs laissaient moins de place à leurs émotions, ils constateraient que la période actuelle est une excellente occasion d’investir pour autant qu’ils sélectionnent soigneusement leurs sociétés en fonction de leur bilan.

Walter Schloss a actuellement la moitié de son portefeuille investi en actions.

 

Un autre investisseur « value » célèbre, Irving Kahn

Âgé de 103 ans, Kahn a travaillé en étroite collaboration avec son ami Benjamin Graham durant la grande dépression. Il l’a d’ailleurs aidé à écrire sa première œuvre « Security Analysis ». Co-fondateur de la société new-yorkaise des analystes financiers (avec un certain … Walter Schloss), il a poussé les entreprises à plus de transparence. Contrairement à « Big Walt », il préconise les rencontres avec la direction des entreprises dans lesquelles il investi. Il se concentre sur les entreprises de bonne qualité, négligées, peu endettées et qui se négocient sous la valeur de leur actif net.

Aujourd’hui, il est le président du Kahn Brother Group et continue à travailler cinq jours par semaine. Malgré son âge, Irving Kahn est en excellente santé : par beau temps, il parcourt quotidiennement le kilomètre qui sépare son appartement de son bureau. Et par mauvais temps, il prend le bus : il prétend que la dépense pour utiliser les services d’une voiture serait indécente …

Kahn Brother Group a généré une performance annuelle moyenne de 10,9% depuis 1994, loin devant le S & P 500 de 6,8%.

Irving Kahn déclare qu’il est « absurde » de penser que les Etats-Unis se dirigent vers une autre « grande dépression ». Selon lui, à l’époque, le gouvernement fédéral avait refusé d’aider les banques et a été impuissant à ajuster les taux d’intérêt ».

Kahn ne minimise cependant pas les problèmes et recommande des obligations du gouvernement pour une partie de son portefeuille. Mais en tant qu’investisseur ayant vécu des dizaines de ralentissements économiques, Kahn pense que nous ne faisons que vivre un cycle naturel des marchés ».

« Les investisseurs n’ont pas de raison d’être baissiers», dit-il. « D’ailleurs, les vrais investisseurs « value »sont heureux quand les marchés sont en baisse. »

 

Sources

http://theguruinvestor.com/2009/04/07/a-superinvestor-and-other-depression-survivors-weigh-in/

 

<<  Walter Schloss (3/9) : sa philosophie d’investissement

>> Walter Schloss (5/9) : ce qu’en dit Warren Buffet

Walter Schloss, sa philosophie d’investissement

Nous abordons ici le deuxième volet consacré à Walter Schloss, celui que notre jury a élu à l’unanimité « plus grand chasseur de daubasses de tous les temps ».

En fait, si on demande à « Big Walt » d’énoncer sa stratégie d’investissement, il répond invariablement « acheter des titres sous évalués ».

En réalité, les titres qui attirent l’attention de Walter Schloss sont ceux dont le cours est au plus bas sur les 2 ou 3 dernières années. Lui et son fils aiment aussi les titres dont le cours plonge brutalement. Il conseille par exemple d’acheter quand une société réduit ou suspend carrément son dividende.

Les Schloss n’achètent que des actions et aucun produit dérivé. S’il arrivait à « Big Walt » de vendre à découvert au début de sa carrière, il ne le pratique plus, jugeant ces opérations trop stressantes. Il n’a pas non plus un intérêt marqué pour les obligations.

Quand « Big Walt » repère une société sous évaluée, il peut très bien l’acheter sans attendre, avant même d’avoir achevé son analyse. À son avis, la meilleure manière de connaître une société est de la détenir.

Au début de sa carrière, Walter Schloss achetait essentiellement des « net-net ». Cependant, avec la disparition de ces opportunités, il a dû se rabattre sur les sociétés cotant sous leur valeur d’actif net. Il préfère effectivement acheter des sociétés sur base de la valeur patrimoniale car il estime que cette valeur est plus stable que les bénéfices : même si une société ne gagne pas d’argent, les actifs garantissent le prix payé pour l’acquisition. De plus, il estime qu’il convient d’en connaître beaucoup sur une entreprise si on base sa décision d’achat sur les bénéfices.

Lorsque Walter Schloss s’intéresse à une société, il va analyser soigneusement les états financiers de celle-ci. Le point de départ de l’analyse sera la valeur des fonds propres. Au fur et à mesure de celle-ci, il les redressera.

Par exemple, il recherchera s’il existe ou non des dettes hors bilan (il veille à ce que les dettes ne dépassent pas 100 % des fonds propres). Outre les dettes, Walter Schloss réévalue aussi les actifs de la société : il tente d’évaluer la valeur réelle des marques (par exemple en fonction des dépenses publicitaires) ou des investissements réalisés (en vérifiant la vétusté des équipements).

Walter et Ewin ne se rendent qu’à peu de réunion d’actionnaires. La base de leur analyse est constituée par les états financiers de la société. Et comme ils conservent leurs titres 4 ou 5 ans, ils finissent par très bien connaître leurs entreprises.

Souvent, lorsqu’ils repèrent une société sous évaluée, ils balaient l’ensemble des sociétés du même secteur afin de vérifier qu’il n’existe pas d’opportunité plus belles encore.

Walter Schloss est patient : il sait que ce n’est pas parce qu’il vient d’acheter une action, aussi sous évaluée soit elle, que son cours va immédiatement partir à la hausse. Des « – 50 % » sont fréquents dans son portefeuille mais cela ne le perturbe pas outre mesure : ce qui compte, c’est que le raisonnement ayant amené à la décision d’achat soit correct et non que le marché soit en accord avec l’investisseur.

Nous sommes conscients de n’avoir fait que survoler la philosophie d’investissement d’un des plus grands investisseurs « value ». Buffett l’avait même désigné un jour comme « celui qui se bat contre le S&P, seulement armé d’un guide boursier, de son air hautain, dans un petit bureau sous-loué à Tweedy Brown, avec des clients tirés du registre d’Ellis Island ».

Nous avons vu quel a été le résultat de cette bataille…

Sources :

Investir dans la valeur : De Benjamin Graham à Warren Buffett et au-delà de Bruce Greenwald, Judd Kahn, Paul Sonkin et Michael Van Biema. Editions Valor

http://www.forbes.com/forbes/2008/0211/048.html

http://www.gurufocus.com/news.php?id=21786

 

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>> Walter Schloss (4/9) : sa vision de la crise de 2008

Qui est le plus grand « chasseur de daubasses » de tous les temps ?

Le premier nom qui vient à l’esprit est évidemment Warren Buffet mais celui-ci chasse plutôt le tigre de Sibérie que la daubasse.

Non, pour nous, celui qui a le mieux garni sa gibecière de daubasses, c’est Walter Schloss.

Agé aujourd’hui de 92 ans, Walter Schloss est un personnage décalé à l’image de notre démarche d’investissement et de notre blog.

Nous allons vous parler d’un investisseur atypique, de celui qui, sur la durée et avec une méthode diamétralement opposée, est le véritable dauphin de Warren Buffett.

De 1956 à 2002, le fond géré par lui et son fils (qui l’a rejoint en 1973) a généré un rendement de plus de 15 % là où le S&P 500 générait en moyenne une dizaine de pourcents. Sur la durée, la différence est de taille : un dollar investi sur le S&P durant la période est devenu 93 dollars. Pas mal n’est-ce pas ? Mais un dollar investi par « Big Walt » est devenu … 780 dollars. Continuer la lecture de Qui est le plus grand « chasseur de daubasses » de tous les temps ?