Petit retour sur les « diversifications dans la valeur »

Au mois de décembre, nous vous avions dévoilé, ami(e) lecteur(trice), le nom d’une société vendue par notre club d’investissement. Il s’agissait de First Farms, une entreprise danoise qui détient et gère des exploitations agricoles en Roumanie et Slovaquie.

A l’époque, nous avions expliqué que le club avait vendu cette ligne parce qu’elle ne répondait plus aux critères de « diversification value » que nous nous imposons.

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Dans cette partie « diversification value », nous intégrons des sociétés qui ne répondent pas à nos critères habituels de valorisation : ce ne sont ni des VANE ni des VANN.

Ces compagnies nous semblent intéressantes parce qu’elles nous permettent de nous exposer sur des zones géographiques ou des segments sur lesquels nous ne pouvons être exposés au travers de nos « daubasses » traditionnelles.

Ceci ne nous empêche pas de rester intraitables avec notre exigence de marge de sécurité par rapport à une valeur patrimoniale tangible.

Parmi les sociétés qui composent en ce moment cette partie du portefeuille, on trouve pêle-mêle 7 holdings ou fonds fermés nous permettant d’être exposés aux émergents, 4 holdings qui nous permettent d’être investis sur des big caps européennes, 3 mines d’or, une mine d’argent, une société productrice de « soft commodities » et un conglomérat actif dans les énergies fossiles et l’agriculture.

Nous pensons que ces diversifications pourraient être de quelques intérêts pour le chasseur de daubasses.

Tout d’abord, elles pourraient nous apporter une certaine décorrélation par rapport à nos lignes « deep value » traditionnelle.  Non pas que l’intrépide équipe des daubasses craignent la volatilité ni qu’elle soit finalement convaincue par les théories de gestion de portefeuille qui accorde tant d’importance au ratio de Sharpe.

(NDLR : Le ratio de Sharpe prend en compte le profil de risque d’un portefeuille par rapport à son rendement espéré … ce qui pourrait effectivement nous convaincre si ce n’est que le risque est mesuré par l’écart-type du portefeuille, c’est-à-dire sa volatilité.  Et vous qui nous connaissez, cher(e) lecteur(trice), vous vous doutez bien que la volatilité n’a jamais été, dans notre esprit, un indicateur de vrai risque.)

Revenons à nos diversifications : la décorrélation que pourrait nous apporter ces diversifications nous semble surtout intéressante parce que nous aurions là une classe d’actif qui se comporterait différemment des sociétés « daubasses » et qui nous permettrait, peut-être, si les daubasses présentent des décotes historiques, de réaliser nos diversifications avec plus-value et de pouvoir réinvestir le produit de la vente sur nos chères daubasses bien décotées comme on les aime.

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L’autre intérêt de ces diversifications, c’est qu’elles nous permettent de rester investis même lorsque le marché ne nous propose plus d’occasions à foison à prix bradé.  Mr Market peut rester béatement optimiste même lorsque les grosses opportunités ont disparu. Nous pourrions alors être tentés de « brader » nos exigences en termes de décote et de solvabilité pour, malgré tout, continuer à participer à la fête…

Tututututut … rien de tout ça chez nous : il n’est pas question d’accepter d’acheter avec une décote de seulement 10 % sur la VANE ou des sociétés surendettées. Par contre, grâce à cet autre axe d’investissement, nous pouvons rester sur le marché tout en maintenant notre philosophie d’investissement parfaitement « value ».

En effet, une condition reste incontournable pour que les valeureux boursicoteurs qui animent ce blog daignent accorder un regard à ce type de placement : il faut qu’au moment de notre achat, le cours de l’heureuse élue soit largement décoté par rapport à sa valeur intrinsèque. L’obtention d’un bon prix reste donc un élément indispensable pour intégrer le portefeuille du club des daubasses. Effectivement, l’ensemble des membres de l’équipe est intransigeant sur ce point : pas question de déroger à la règle d’airain qui veut que nous restions, envers et contre tout, des investisseurs « deep value » purs et durs.

investissement en actionsEt, pour le moment, il semble que cela « marche » : du 13 décembre 2013 (date à laquelle le dernier achat  a été réalisé) au 14/02/2014, la section  « diversification » a clairement pris le relais de nos traditionnelles « daubasses » pour nous apporter ce petit supplément de rendement que nous aimons. En effet, sur la période, elle a généré un rendement de 17,68 % alors que le reste de notre portefeuille affichait vaillamment 8,54 %… et que notre benchmark, le tracker msci world en euros dividendes inclus, se contentait d’un raisonnable 4,48 %.

Malgré ce succès que notre réalisme légendaire nous fera qualifier de court terme, il n’est pas question de nous engouffrer dans ce « créneau » toutes voiles dehors : cette partie pèse aujourd’hui 20 % de notre portefeuille mais l’essentiel du portefeuille restera bel et bien constitué de « bonnes vieilles daubasses » bien répugnantes. Nous remarquons aussi que la « montée en puissance » de notre section « diversification » ne date pas d’hier et qu’elle s’est faite de manière lente et régulière : elle fut initiée dès juin 2010 avec des émissions d’options put sur BP et a été confirmée ensuite par un investissement sur Ukraine Opportunity en février 2011.

Pour faire contrepoids à la (relative) tolérance en termes de prix mentionnée ci-dessus, il nous apparaît aussi indispensable que la direction fasse preuve d’un peu plus de compétences, voire de beaucoup plus de compétences, que le management d’une daubasse. C’est la raison pour laquelle nous évaluons, à la grosse louche, la capacité du management à créer de la valeur sur ces supports même si, reconnaissons-le honteux et confus, nous étions peu exigeants sur ce point lors de nos premières diversifications.

Dans le cas de First Farms et pour les raisons évoqués dans les différents articles que nous lui avons consacrée, nous avons eu la conviction que ce n’était pas le cas et nous avons donc balancé notre ligne sur le marché sans aucun état d’âme. D’autant que nous avons pu, dans le courant de cette semaine, nous exposer à nouveau au secteur agricole avec une nouvelle acquisition (Holding n°17 de notre portefeuille), une société dont la qualité des gestionnaires, dans ce cas-ci,  n’est plus à démontrer.

 

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