Nous tenons à vous rassurer tout de suite cher lecteur, nous n’allons pas cette semaine, vous parler de la chanson de Michael Jackson, mais des vilains petits Chinois qui espionnent les piles électriques de l’Hexagone.
Est-il besoin de résumer l’histoire ? En gros, Renault en collaboration avec Nissan, développe une voiture électrique et a comme ambition de devenir le numéro un mondial dans le domaine. Les deux constructeurs ont investi 4 milliards dans l’affaire. La semaine dernière, trois membres de la R&D de ce projet ont été mis en cause pour avoir divulgué des secrets sur la pile électrique à certaines sociétés chinoises contre monnaie sonnante et trébuchante. Et comme l’état Français est actionnaire de Renault à hauteur de 15%, les services de renseignements français sont entrés en piste pour tirer les chose au clair !
Voici donc quelques réflexions sur ce Thriller que nous classons d’emblée dans la catégorie Z !
Pourrait-on imaginer, la CIA entrer en piste pour tirer au clair, un espionnage qui aurait eu lieu sur la recette de la barre caramel chocolat au lait de Mars parce que l’état Américain serait actionnaire de 15% de Mars sans pouffer de rire ?
Un peu plus sérieusement. Quel est le discours de l’état Français (ou d’autres d’ailleurs) dans le domaine de la santé ? « Copie, Copions, Copiez » pourrait-être le générique de la bande annonce du film ? En fait dans le domaine de la santé, le discours des états institutionnalise la copie, drapé dans les besoins de réduire les coûts ou trous de la sécurité sociale. Dans ce cas l’état se moque complètement des frais en R&D des grands groupes pharmaceutiques et encourage même, on l’a vu ces dernière année, les sociétés pharma qui commercialisent uniquement des génériques, à copier des brevets qui ne sont pas encore arrivés à expiration. Et pourtant les budgets R&D annuels de grands groupes comme Pfizer, c’est 8 milliards de $, ou Merck , c’est 5 milliards de $…
Si on suit le raisonnement de l’état sur ce point générique rapporté au cas de Renault, on peut dire que les chinois préparent une voiture générique beaucoup moins chère pour le consommateur. Tout aussi noble que les médicaments génériques finalement !
Mais il semblerait que les états aient des doubles foyers et des avis à la carte selon les évènements… Les copies génériques, c’est bons pour le consommateurs… Les copies de moteurs électriques, ce n’est pas bon pour le consommateur… Même si dans les deux cas le consommateur paiera moins cher pour les copies… !!
Un peu plus sérieusement encore… La juste concurrence que les états imposent et plus encore, les états Européens (souvenez vous des amendes imposées à Microsoft, Intel et des menaces sur Google), c’est quoi au juste, sinon une copie, voir une tentative de copie ? Seuls les produits avec une sérieuse barrière contre la concurrence parviennent à s’en sortir. Il faut donc que Renault sache que tôt, voir trop tôt , ce qui est le cas ici, ou tard, il sera copié si sa voiture électrique est révolutionnaire… mais aussi que le client préfèrera, quitte à payer plus cher, le savoir-faire de Renault à la copie chinoise. Voir l’image de marque de Renault à la copie chinoise…
Le plus sérieusement du monde, pour conclure. Si nous étions à la place de Carlos Ghosn, nous nous poserions certaines questions sur la culture d’entreprise de Renault. Et surtout si celle-ci est suffisante dans l’ensemble, mais plus particulièrement dans les départements où des cerveaux préparent les profits de demain. Est-ce que le travail de recherche, qui est quand même un travail éprouvant voir parfois décourageant, est suffisamment gratifié et rétribué lorsqu’il aboutit et qu’il est quand même à la base de milliards de profits futurs pour la société ? Nous ne voulons pas remettre en cause les bonus et autres salaires des PDG mais il nous semble logique que ces même PDG soient obligés de récompenser à leur juste valeur dans le temps ces équipes de chercheurs. Dans le cas contraire, il nous semble assez difficile de s’offusquer que l’un ou l’autre préfère lâcher quelques morceaux contre quelques centaine de milliers d’euros. C’est donc peut-être la juste valeur de leur travail que ces hommes ont voulu rétribuer, en commettant un acte condamné par la moral et surtout hors la loi.
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